6 mars 2002 - Seul le prononcé fait foi

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Discours de M. Jacques Chirac, Président de la République et candidat à l'élection présidentielle 2002, sur la vocation européenne de Strasbourg et la construction européenne, Strasbourg, le 6 mars 2002.

Madame le Maire,
Monsieur le Président de la Communauté,
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Merci pour ces paroles de bienvenue. Je suis heureux d'être aujourd'hui avec vous, à Strasbourg.
Strasbourg dont le Général de Gaulle disait qu'elle était la ville la plus proche de son c¿ur.
Strasbourg, métropole d'exception, qui rayonne par sa vie culturelle, par son dynamisme économique, par sa tradition d'hospitalité.
Strasbourg, si souvent écartelée dans les siècles passés. Strasbourg où a pris corps l'idée de la réconciliation et de la paix. Strasbourg aujourd'hui siège du Parlement européen, du Conseil de l'Europe et de la Cour européenne des droits de l'homme. Strasbourg occupe une place unique au sein de notre continent.
Cette vocation européenne que Strasbourg doit autant à la géographie qu'à l'histoire, je l'ai toujours défendue. Elle doit être confortée, vous l'avez dit, par l'amélioration de la desserte aérienne de la ville, par la réalisation de la ligne TGV jusqu'ici, et au-delà de nos frontières. Vous pouvez compter sur ma détermination à faire aboutir ces projets. Car je veux que la capitale alsacienne, capitale européenne, puisse assumer, dans les meilleures conditions, cette responsabilité qui est la sienne dans la vie et le développement de l'Union européenne.
Mes chers amis,
En sept ans, que de chemin parcouru dans la construction européenne. Que de grands projets réalisés. L'euro, la défense, l'Europe des citoyens. Nous pouvons en être fiers. Les Français ont voulu ces progrès, nous les avons accomplis.
Le grand débat qui s'est déroulé l'année dernière l'a montré : il y a, chez nos compatriotes, une attente forte d'Europe, mais il y a aussi des interrogations. Elles sont légitimes car l'Union européenne va connaître des mutations profondes au cours des prochaines années.
L'élargissement à dix nouveaux pays, puis à d'autres, constitue en effet un moment décisif après un demi-siècle d'existence. Cet élargissement, nous ne le subissons pas. Nous l'appelons de nos v¿ux. Parce que nous devions accueillir des peuples que l'Histoire a si longtemps interdits de liberté. Parce que notre continent ne pouvait demeurer divisé sans que renaissent à nos portes de nouvelles menaces. Parce que cette unité retrouvée est une véritable chance pour l'Europe.
Mais l'élargissement est aussi un défi. Chacun sait qu'il pourrait, si nous n'y prenons garde, donner un coup d'arrêt au projet inspiré de Jean Monnet et Robert Schuman. Un coup d'arrêt au rêve des fondateurs de susciter la renaissance d'une Europe que les deux conflits mondiaux avaient effacée. Ce projet a magistralement joué son rôle, et la prospérité est venue de surcroît. L'enjeu est donc immense.
Aujourd'hui, cette histoire européenne nous oblige. Nous avons la responsabilité de ne pas laisser se défaire l'¿uvre accomplie, une ¿uvre dont la France a tant bénéficié. C'est fort de cette conviction qu'il y a bientôt deux ans, devant le Bundestag à Berlin, j'avais jugé le moment venu de refonder le projet européen. Le premier, parmi les membres du Conseil européen, j'avais souhaité l'adoption d'une Constitution et j'avais évoqué, pour la préparer, la réunion d'une Convention de représentants des gouvernements, des Parlements et de la Commission.
Cette Convention, vous le savez, a ouvert ses travaux la semaine dernière, sous la présidence de Monsieur Valéry Giscard d'Estaing. L'engagement et la vision du Président Giscard d'Estaing sont des atouts inestimables sur la voie du succès.
C'est l'avenir de l'Europe qui se joue dans la période qui s'ouvre. Il s'agit aussi de l'avenir de notre pays. Je souhaite donc vous en parler aujourd'hui en vous présentant mon projet pour l'Europe :
- Je veux une Europe forte qui pèse dans les affaires du monde.
- Je veux une Europe humaine et dynamique pour la prospérité et la sécurité des Français.
- Je veux enfin que notre Europe soit démocratique et efficace.

(Source http://www.2002pourlafrance.net, le 7 mars 2002)