11 février 2002 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la ville d'Avignon et ses activités de développement, le ralentissement de la croissance économique du pays et sa candidature à l'élection présidentielle 2002, Avignon, le 11 février 2002.

Madame le Maire,
Mes Chers amis,
Je suis très heureux aujourd'hui d'être à Avignon. Une fois encore, vous l'avez souligné chère Marie-Josée. C'est vrai, je connais, j'admire et j'aime Avignon, pour tout dire je m'y sens bien. C'est vrai. Donc je remercie les Avignonnais pour un accueil toujours chaleureux et je vous remercie tout particulièrement pour votre accueil.
Marie-Josée ROIG l'a dit : Avignon est une ville d'art et de culture prestigieuse. Chacun le sait dans le monde. Mais c'est aussi une ville moderne dynamique, et qui entend se développer au rythme des exigences de notre temps. Nous avons pu le voir dans des exemples qu'elle a donnés, qu'il s'agisse de l'artisanat, de l'industrie, des services. Les initiatives sont de plus en plus nombreuses et importantes ici à Avignon et je m'en réjouis. Cela participe du grand équilibre de votre cité.
Et ce matin, j'ai été très impressionné par la séance de travail et de réflexion que j'ai eue parmi ce qu'Avignon compte de meilleur c'est-à-dire les promoteurs, les responsables, les participants à l'entreprise Grand Avignon Initiative "GRAIN". Et là, j'ai vu des hommes et des femmes modernes, conscients de leurs responsabilités et qui parient sur l'initiative et sur le travail, qui parient sur la générosité, sur le respect de l'autre, sur la solidarité sur ce que chacun peut apporter à celui qui a besoin qu'on lui tende la main.
Je voudrais féliciter tous les participants à cette belle association dont les résultats sont déjà exceptionnels. Et comme c'est le moment, si j'ai bien compris, où s'est créée la centième entreprise promue par "GRAIN", je voudrais adresser tous mes v¿ux de réussite et par voie de conséquence, de joie et de bonheur à tous les promoteurs ou 100 promoteurs de ces 100 entreprises en souhaitant que leur avenir soit au niveau du courage, de la détermination, de l'intelligence, de la volonté qu'ils ont mis en ¿uvre pour leur création.
Bravo Avignon.
Chère Marie-Josée ROIG, vous m'avez posé une question. C'est une question si j'ai bien compris, et cela ne m'étonne pas, qui vient du c¿ur, qui est inspirée par l'amitié. J'y ai décerné comme un grain d'attente et même d'impatience. Et bien je vous répondrai. Je vous répondrai mais je vais faire une ou deux réflexions très rapides.
La France vient de traverser une période pendant laquelle, elle a d'abord connu de grandes difficultés de croissance liées naturellement à la situation internationale et qui, dans les années 95, s'est, hélas, trouvée juste au moment où elle était obligée de faire un effort surhumain pour remettre de l'ordre dans ses finances publiques et pouvoir ainsi rejoindre l'Europe et participer à la grande aventure de l'euro créant ainsi les conditions pour permettre la croissance lorsqu'elle reviendrait. C'était une période difficile, mais elle a été assumée.
Ont suivi dans le monde quatre années de croissance exceptionnelle. Quatre années de croissance que nous avons connues en France, naturellement, comme ailleurs et qui ont permis la création de richesse, la création d'emplois, qui ont permis la rentrée de ressources très importantes dans les caisses de l'Etat et qui, donc, nous a donné une impulsion importante. Le problème étant de savoir si nous avons, réellement, au niveau de l'ensemble des Français, bénéficié de tous les espoirs que pouvaient nous permettre cette impulsion. Or, ce n'est pas être pessimiste que de constater qu'aujourd'hui on a un peu le sentiment que la France tourne au ralenti, qu'elle prend du retard par rapport à nos principaux partenaires en Europe et dans le monde. Et surtout que dans les comportements, dans les m¿urs, dans les esprits, semble s'installer comme un certain désordre et cela est grave. C'est grave car cela démobilise. Cela inquiète.
Je crois qu'aujourd'hui il faut s'efforcer de mieux écouter, de mieux comprendre, et donc de respecter davantage les Français. Pour cela, il me semble qu'il y a un préalable, un préalable fondamental qui est de restaurer l'autorité de l'Etat qui a tendance à se dégrader, de renforcer et de rétablir la sécurité notamment la sécurité des personnes et des biens pour tous les Français. Grande ambition mais nécessaire car là il y a la peur quand elle se développe, il n'y a plus de sérénité.
Rétablir aussi ou renforcer la solidarité. Il n'est pas normal qu'après les quatre années de croissance que j'évoquais tout à l'heure, la pauvreté n'est pas reculée dans notre pays. Donner à notre justice, qui a de grandes difficultés les moyens d'assumer son éminente mission et enfin, je dirai et surtout rendre aux Français ou réhabiliter chez les Français une valeur qui a tendance à s'effacer et qui est tout simplement le respect que chaque Français doit avoir pour chacun de ses concitoyens, le respect de l'autre.
Alors ces principes étant rétablis, ce préalable étant levé on pourra, c'est vrai, à l'image de ce que l'on faisait tout à l'heure, ce que l'on évoquait tout à l'heure avec "GRAIN", on pourra retrouver un dynamisme nouveau permettant notamment de libérer davantage les immenses capacités d'initiatives qui sont dans le c¿ur et dans l'esprit des Français en élargissant un peu le carcan excessif et paralysant qui les enferme trop souvent dans l'inaction au niveau des charges, des réglementations qu'on leur impose, pas toujours de façon intelligente.
Ce dynamisme retrouvé permettra à la France de porter plus haut encore et plus fort son message universel. Celui que le monde attend de nous depuis longtemps et que nous exprimons souvent et qui est un message en faveur de la paix, de la démocratie dans le monde, mais aussi un message pour la diversité culturelle et le respect des identités, le dialogue des cultures, un message pour plus de solidarité entre les pauvres et les riches de la planète, un message surtout pour un beaucoup plus grand respect de l'environnement, défense de l'environnement qui est aujourd'hui gravement menacé.
Alors, chère Marie-Josée ROIG, vous m'avez posé une question directe et franche. Eh bien, j'y répondrai dans le même esprit : "oui, je suis candidat".
Et j'ai voulu le dire au milieu des Français, avec vous. Et je vous remercie de m'en avoir donné l'occasion. Je participerai donc au grand débat qui est déjà engagé, un débat dont je souhaite qu'il soit digne et qu'il soit serein. C'est ce qu'attendent nos compatriotes. Je m'engage donc, je crois en la France. Je connais et j'aime les Français, j'ai confiance dans leurs capacités et je suis sûr que, tous ensemble, au-delà des idéologies, au-delà des préjugés, au-delà des dogmes, par le dialogue et dans le respect de chacun, nous pouvons faire gagner la France. Et c'est pour cela que je suis candidat, heureux de vous l'avoir dit, et je vous remercie de votre accueil.
(Source http://www.2002pour la France.net, le 5 mars 2002)