30 avril 1999 - Seul le prononcé fait foi

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Message de M. Jacques Chirac, président de la République, adressé aux militants du RPR et paru dans "La Lettre de la Nation magazine" du 30 avril 1999, sur le RPR et la France en Europe.

Mes Chers Compagnons,
Vous voilà rassemblés au moment où la France entière vit avec force le drame qui s'est noué dans les Balkans, au Kosovo, en plein coeur de l'Europe. Le Kosovo où nous défendons nos valeurs les plus fondamentales : la liberté, la démocratie, le respect de la personne humaine et de sa dignité, le refus de la barbarie.
C'est un moment difficile, porteur de choix décisifs. Il s'agit pour la France d'affirmer le destin qu'elle souhaite pour elle-même et pour l'Europe.
Dans ces circonstances qui soudent le peuple français, il appartient au mouvement gaulliste d'affirmer son unité.
Chacun d'entre nous doit s'attacher à l'essentiel, c'est-à-dire à ce que l'on est, à l'idéal que l'on porte, à l'action qu'il exige. Vous êtes le Rassemblement. Mieux qu'un mot, c'est une attitude politique et morale qui signifie ouverture d'esprit, respect d'autrui, volonté de transcender les différences. Volonté, surtout, de faire passer l'intêret général, celui de la Nation, avant les intérêts catégoriels ou personnels. Ces valeurs ont, plus que jamais, leur place dans les débats des prochaines semaines.
Ce que vous croyez, ce que nous croyons, c'est que la France est une réalité vivante, qu'elle a un rôle à jouer dans le monde, qu'elle a vocation à la grandeur parce qu'elle incarne des valeurs universelles. Elle est fidèle à cette vocation quand elle rayonne et qu'elle innove, non quand elle s'isole et se replie dans le conservatisme.
L'idéal que nous portons est l'idéal humaniste. L'humanisme fait confiance à la liberté, à la responsabilité personnelle, à la reconnaissance des efforts et des mérites mais il a aussi le souci permanent de la dignité des femmes et des hommes, et donc de la justice et de la fraternité.
C'est cela, le gaullisme. Non des Tables de la Loi figées pour l'éternité mais des principes vivants, un comportement qui allie fidélité à son histoire et adaptation à son époque, aux aspirations des femmes et des hommes qui la vivent.
J'ai avec le mouvement gaulliste un lien particulier, ce lien irremplaçable que l'on a avec sa famille, un lien forgé par les joies et les épreuves vécues ensemble. C'est donc avec affection que je vous dis ma confiance. Ma confiance en chacune et en chacun d'entre vous.
Pour tout cela, je veux redire aussi mon amitié à Philippe Séguin et rendre hommage à l'oeuvre qu'il a accomplie.
Mes Chers Compagnons,
La France a aujourd'hui une grande ambition à assumer : celle de l'Europe et de sa place dans l'Europe.
Vous le voyez bien, nous avons besoin d'une Europe plus unie et plus forte, capable de parler d'une même voix le langage de la paix, disposant aussi des moyens, notamment militaires, de mettre en oeuvre les décisions qui lui paraissent justes.
Nous avons besoin d'une Europe qui se montre attentive aux préoccupations quotidiennes de ses citoyens, qui leur apporte de nouvelles chances d'emploi, de sécurité, d'éducation, de culture.
Oui, nous avons besoin de plus d'Europe.
Dans le même temps, nous croyons que l'Union ne peut s'épanouir que si elle rassemble des Etats fidèles à leurs racines, à leur culture, à leur identité, à l'âme de leur peuple.
Oui, nous voulons une France qui, en Europe, soit toujours pleinement la France.
Cela demandera du travail, du caractère et de l'imagination.
Le monde moderne est un permanent défi à sortir des idées toutes faites et des sentiers battus.
C'est à relever ce défi que je vous appelle, vous tous, et tout particulièrement les jeunes générations qui doivent prendre toute leur place.
Voilà, mes Chers Compagnons ce que j'attends de vous : que nous menions ensemble le combat pour la France.