6 septembre 1996 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. Jacques Chirac, Président de la République, en l'honneur des champions des Jeux Olympiques d'Atlanta, Paris le 6 septembre 1996.

Mesdames et messieurs les champions, Monsieur le Président de l'Assemblée nationale, Monsieur le Ministre, mon cher Guy,
- Messieurs les membres du Comité international olympique, Monsieur le Président du Comité national olympique et sportif français, cher Président Nelson Paillou, Messieurs les Présidents des fédérations, Mesdames et messieurs les cadres techniques et entraîneurs, Mes chers amis,
- Mesdames et messieurs les champions, grâce à vous des millions de Français ont passé avec joie des nuits blanches.
- Merci à tous, merci du fond du coeur pour ces merveilleux moments, pour ces petits matins difficiles parfois où les Français se sont réveillés, chaque jour, plus riches de médailles, mais surtout plus riches de rêves.
- Merci pour ces instants magiques où nous avons vibré ensemble.
- Merci pour ces "Marseillaises" écoutées avec fierté et recueillement par tout un peuple.
- 37 médailles, dont 15 en or. 15 fois notre drapeau hissé avec la même émotion. Jamais, depuis les jeux de Paris en 1924,la France n'avait remporté autant de récompenses. Mais en 1924, les Français se battaient chez eux et aussi il faut ajouter que la concurrence n'était pas aussi grande. En 1996, vous vous êtes battus loin de nos frontières, affrontant les multiples tensions qui pèsent hélas, plus que jamais, sur les grands rassemblements internationaux. Nous avons vraiment vécu ensemble des moments historiques.
- Ces résultats spectaculaires, cette formidable moisson, n'ont pas vraiment surpris ceux qui suivent de près les grandes compétitions internationales.
- Tout cela n'est pas le fruit du hasard. En amont du succès, il y a des années et des années d'effort, de persévérance, de rigueur, de patience.
- Il y a une véritable ascèse acceptée dès le plus jeune âge, non seulement par le jeune nageur, le jeune gymnaste, le jeune athlète, mais aussi il faut y penser par l'ensemble de sa famille.
- Il y a aussi la dynamique de la victoire qui a joué à Atlanta. Le triomphe de David Douillet le premier jour a, sans aucun doute, mobilisé totues les énergies de l'équipe de France.
- Il y a enfin les personnalités hors du commun et cette équipe n'en manquait pas.
- Mais il y a surtout, je crois mesdames et messieurs les champions, votre travail, acharné. Celui aussi de ces "magiciens de l'ombre", vos entraîneurs, vos cadres techniques, vos fédérations qui vous ont admirablement préparés puis soutenus tout au long de cette quinzaine.\
La réussite française d'Atlanta, ce fut celle d'une équipe. Celle aussi de l'industrie française. Derrière nos athlètes, avec eux, nos entreprises, nos PME du sport, se sont hissées sur le podium. Elles aussi ont reçu des médailles invisibles, pour avoir su, souvent, jouer la carte de l'audace, des nouvelles technologies, de la modernité. Je souhaite que ces entreprises en recueillent tous les fruits.
- Je pense enfin à toutes celles et à tous ceux qui vous encouragent, jour après jour. Celles et ceux qui partagent la joie, mais aussi, parfois, les déceptions. Celles et ceux qui croient en vous : vos proches, vos parents, vos amis, mais aussi, comme on a pu le voir à votre retour, tout un quartier, tout un village, tout un pays.
- Je me souviendrai fortement de certaines images. Celle, Marie-José Pérec, celle de votre grand-mère qui est aussi votre plus fervent supporter et qui s'inquiétait au téléphone de la santé de vos "petits jarrets". Je pense, Laura Flessel, à votre famille ayant fait le voyage de la Guadeloupe et qui faisait éclater sa joie. Je vous revois, Marie-Claire Restoux, vous jetant dans les bras de vos parents venus tout spécialement de Montbron pour vous soutenir et vous voir gagner, un grande moment. Ma chère Jeannie Longo, votre bonheur se lisait dans les yeux de votre époux qui est aussi votre entraîneur et je pourrais naturellement multiplier ces exemples si émouvants. Vous me pardonnerez, Messieurs les champions, d'avoir été d'abord sensible au bonheur et au sourire des dames. Mais pour tous aussi, une larme discrète de joie ou de tristesse décelée un très court instant, au coin d'un oeil et qui provoque chez celui qui regarde attentivement une très grande émotion.
- Enfin, on vous a beaucoup entourés. Vous avez eu la chance de pouvoir compter sur un ministre attentif, efficace et présent, parce qu'il sait ce que ce sont les grandes émotions du sport : le doute, la tension, la rage de vaincre, la tristesse de l'échec, le bonheur de la victoire. Tout cela, mon cher Guy, vous le connaissez pour l'avoir vous-même vécu.\
Il faut maintenant persévérer, confirmer Atlanta. L'horizon, ce sont les Jeux Olympiques d'Hiver de Nagano, c'est, chez nous, la Coupe du Monde de football, à laquelle participeront sans doute certains joueurs de notre équipe "Espoirs". C'est bien sûr Sidney. Ces rendez-vous, la plupart d'entre vous s'y préparent déjà. Il faudra faire aussi bien, continuer avec la même exigence : celle d'une préparation pointue de nos athlètes, avec un encadrement de haut niveau, un centre national d'entraînement, un programme de stages étoffé, et, pour Sydney, une base de préparation adaptée, probablement en Nouvelle-Calédonie. Désormais, vous avez donné l'exemple la France est déterminée à gagner !
- Mais les leçons d'Atlanta vont bien au-delà du sport.
- La France qui gagne à Atlanta, c'est une France en laquelle se reconnaissent toutes ses filles, tous ses fils, venus de tous les horizons, même les plus lointains, tous fiers de nos succès.
- Il y a le français, langue olympique, qui sort renforcé de ces jeux et des résultats de la France.
- La leçon d'Atlanta, c'est une leçon de courage et de volonté. Dans le sport, chacun le sait rien n'est donné, rien ne s'obtient sans efforts. L'on gagne parce que l'on mérite de gagner. Il n'y a pas de victoire impossible là où il y a de la ténacité, du travail, du don de soi.
- La leçon d'Atlanta, c'est une leçon de solidarité. Une équipe unie et diverse, symbole d'une France unie et diverse. L'on gagne quand on se rassemble pour gagner.
- Enfin, la leçon d'Atlanta, c'est une leçon d'espérance.
- Dans quelques jours, je recevrai nos médaillés des jeux paralympiques. Avec 95 médailles, 35 titres olympiques, nos athlètes y ont brillé, aussi. J'ai souhaité que soient présents aujourd'hui deux de ces grans champions : Béatrice Hess, porte-drapeau de la délégation française, six fois championne olympique de natation, et Claude Issorat, vainqueur du 1500 mètres fauteuil et, avec ses équipiers, du relais 4 fois 400 mètres. Dès aujourd'hui, je veux leur exprimer notre admiration à tous, leur dire combien la France est fière de leurs médailles, obtenues après des années d'efforts parfois surhumains, de souffrances, de dépassement de soi.
- Mesdames et messieurs les champions, renouant avec la tradition, j'ai souhaité, par un juste retour des choses, que la République récompense, de ses ordres les plus prestigieux, celles et ceux qui l'ont si bien servie.
- Je vais maintenant vous remettre vos insignes dans l'Ordre National de la Légion d'honneur et dans l'Ordre National du Mérite.
- Mais surtout laissez-moi vous remercier encore pour ces instants de pur bonheur que vous nous avez offerts, avec tant de coeur, de générosité, et aussi de panache. Merci d'y avoir manifesté cette fierté, cette confiance en soi, ce goût de l'aventure qui ont réchauffé le coeur de tous les Français.
- De superbes performances, un comportement exemplaire, l'émotion, simple et vraie, de l'effort et de la conquête, la France qui sait gagner, soulevée par la passion, celle que vous lui avez donnée. Voilà la France que je souhaite, que nous souhaitons tous. Voilà la France que vous incarnez.
- Merci.\