6 mai 1994 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur les relations franco-britanniques depuis les deux guerres mondiales et les perspectives ouvertes par la construction du tunnel sous la Manche, à Folkestone, le 6 mai 1994.
Madame, le lien fixe transmanche dont je viens d'inaugurer le débouché français à Coquelles, il a quelques quarts d'heure, restera sans doute l'une des réalisations les plus prestigieuses du siècle.
- Prestigieuse, parce qu'à la fois spectaculaire, audacieuse, indispendable et attendue depuis si longtemps que l'on n'y croyait plus ! A vrai dire notre traversée, la nôtre, Madame, mais aussi la traversée de toutes celles et de tous ceux qui nous accompagnaient, a été moins difficile que celle de Blériot, que celle de Webb et encore un peu moins que celle des cosmonautes partis pour la Lune ou que la découverte du pôle nord : j'arrête là l'énumération, puisque l'on nous a demandé de franchir le Channel dans une confortable voiture, la vôtre Madame, il est probable que cela ne se produira plus souvent.
- Nous avons commémoré, il y a un mois, le 90ème anniversaire de l'Entente cordiale, puisqu'elle s'appelle ainsi, qui est en effet cordiale, enfin presque toujours entre la Grande-Bretagne et la France et l'anniversaire de cette Entente cordiale marque bien l'une des étapes majeures de ce rapprochement. Les deux guerres mondiales ont transformé cette alliance virtuelle en une véritable union militaire. Une alliance et, dans les moments graves, une amitié. Nous célébrerons dans un mois, solennellement, le sacrifice des dizaines de milliers de combattants membres des forces alliées qui moururent sur le sol français pour libérer l'Europe du joug nazi.
- Et nous sommes là pour célébrer cela aussi. Comment oublierions-nous, nous Français, qu'à cette époque notre pays a trouvé aide, secours et force grâce à vous ? J'ai pu moi-même vivre à Londres le temps particulier d'un de ces blitz qui saccagèrent votre ville. J'ai pu moi-même éprouver le courage des habitants de cette ville et, de plus loin, je savais le courage de votre famille, Madame, celui de vos parents et celui des jeunes filles, la Reine d'abord, qui allaient incarner le Royaume-Uni. Eh bien, je vous en remercie. Je vous en remercie au nom de la France. Ici m'accompagnent le chef du gouvernement de la République française et des membres de ces gouvernements qui se sont associés étroitement à chacune de ces démarches et nous répéterons encore au nom de notre pays l'expression du remerciement que l'on vous doit.
- Ce sont peut-être des paroles rituelles pour beaucoup mais ce ne sont pas des paroles ordinaires pour ceux qui ont vécu ce temps si difficile où nous vivions les uns par les autres et par l'existence de notre alliance.\
Le tunnel sous la Manche permettra d'ajouter une dimension supplémentaire à notre voisinage. Nous sommes deux puissances voisines, l'une et l'autre membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies £ l'une et l'autre détentrice de l'arme nucléaire £ l'une et l'autre membre de l'Union européenne que nous avons construite ensemble. Nous n'avons pas de contentieux bilatéral. C'est-à-dire qu'il existe une identité de situation qui ne peut que conduire à une entente durable, véritable, profitable, à une seule condition : le vouloir.
- Notre rôle est aujourd'hui d'enrichir cette relation. Les peuples, nos peuples, n'ont certes pas attendu l'action des puissances publiques, des Etats, pour coopérer. Nos relations sont si multiples et si variées, les initiatives si spontanées qu'après tout, elles ne demandent guère de s'en charger. Pourtant, réfléchissons ! Lorsqu'il s'agit d'entreprendre un projet d'une pareille envergure que celui que nous célébrons, on ne peut pas se passer de la puissance publique. Et c'est pourquoi nous avons décidé, un jour, et à plusieurs reprises, et particulièrement à Rambouillet en 1984, puis à Canterbury en 1986, et entre Etats et gouvernements, la construction du tunnel sous la Manche. Manquait en vérité ce lieu devenu réel et qui restera longtemps symbolique, qui nous vaut votre hospitalité en ce moment et dont on rêvait depuis deux siècles.
- Il symbolise le tunnel sous la Manche, l'ancrage de votre pays à l'Europe continentale et vice et versa, de l'Europe continentale à la Grande-Bretagne. Et ne limitons pas votre vision au seul trafic existant entre deux capitales ! Le réseau européen à grande vitesse a pour objectif d'établir une relation profonde entre les plus grands pôles de développement économique européen, en améliorant les voies d'accès direct entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest de notre continent. Nul, en vérité, ne sera à la périphérie ! Nous serons tous à l'intérieur de la même construction. Que dis-je ? Nous y sommes déjà ! Eh bien, madame, en vous remerciant de vos propos d'il y a un instant, je veux rendre hommage à ceux qui ont rendu possible la création de ce lien dans tous les domaines, à tous les échelons. Si je cite deux noms, ce sera simplement ceux de Sir Alistair Morton, de M. Bénard, parce qu'ils sont à la tête de cette action. Mais ils savent bien eux-mêmes et ne manquent jamais de le dire, qu'il y a avec eux des milliers d'hommes et de femmes qui ont permis cette unique réalisation.
- Madame, ma pensée, notre pensée à nous, Français, va aujourd'hui vers votre peuple, vers le Royaume-Uni, pour lui souhaiter tout ce que l'on peut, tout ce que l'on doit souhaiter de chance, de persévérance et donc de réussite à nos amis.\
- Prestigieuse, parce qu'à la fois spectaculaire, audacieuse, indispendable et attendue depuis si longtemps que l'on n'y croyait plus ! A vrai dire notre traversée, la nôtre, Madame, mais aussi la traversée de toutes celles et de tous ceux qui nous accompagnaient, a été moins difficile que celle de Blériot, que celle de Webb et encore un peu moins que celle des cosmonautes partis pour la Lune ou que la découverte du pôle nord : j'arrête là l'énumération, puisque l'on nous a demandé de franchir le Channel dans une confortable voiture, la vôtre Madame, il est probable que cela ne se produira plus souvent.
- Nous avons commémoré, il y a un mois, le 90ème anniversaire de l'Entente cordiale, puisqu'elle s'appelle ainsi, qui est en effet cordiale, enfin presque toujours entre la Grande-Bretagne et la France et l'anniversaire de cette Entente cordiale marque bien l'une des étapes majeures de ce rapprochement. Les deux guerres mondiales ont transformé cette alliance virtuelle en une véritable union militaire. Une alliance et, dans les moments graves, une amitié. Nous célébrerons dans un mois, solennellement, le sacrifice des dizaines de milliers de combattants membres des forces alliées qui moururent sur le sol français pour libérer l'Europe du joug nazi.
- Et nous sommes là pour célébrer cela aussi. Comment oublierions-nous, nous Français, qu'à cette époque notre pays a trouvé aide, secours et force grâce à vous ? J'ai pu moi-même vivre à Londres le temps particulier d'un de ces blitz qui saccagèrent votre ville. J'ai pu moi-même éprouver le courage des habitants de cette ville et, de plus loin, je savais le courage de votre famille, Madame, celui de vos parents et celui des jeunes filles, la Reine d'abord, qui allaient incarner le Royaume-Uni. Eh bien, je vous en remercie. Je vous en remercie au nom de la France. Ici m'accompagnent le chef du gouvernement de la République française et des membres de ces gouvernements qui se sont associés étroitement à chacune de ces démarches et nous répéterons encore au nom de notre pays l'expression du remerciement que l'on vous doit.
- Ce sont peut-être des paroles rituelles pour beaucoup mais ce ne sont pas des paroles ordinaires pour ceux qui ont vécu ce temps si difficile où nous vivions les uns par les autres et par l'existence de notre alliance.\
Le tunnel sous la Manche permettra d'ajouter une dimension supplémentaire à notre voisinage. Nous sommes deux puissances voisines, l'une et l'autre membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies £ l'une et l'autre détentrice de l'arme nucléaire £ l'une et l'autre membre de l'Union européenne que nous avons construite ensemble. Nous n'avons pas de contentieux bilatéral. C'est-à-dire qu'il existe une identité de situation qui ne peut que conduire à une entente durable, véritable, profitable, à une seule condition : le vouloir.
- Notre rôle est aujourd'hui d'enrichir cette relation. Les peuples, nos peuples, n'ont certes pas attendu l'action des puissances publiques, des Etats, pour coopérer. Nos relations sont si multiples et si variées, les initiatives si spontanées qu'après tout, elles ne demandent guère de s'en charger. Pourtant, réfléchissons ! Lorsqu'il s'agit d'entreprendre un projet d'une pareille envergure que celui que nous célébrons, on ne peut pas se passer de la puissance publique. Et c'est pourquoi nous avons décidé, un jour, et à plusieurs reprises, et particulièrement à Rambouillet en 1984, puis à Canterbury en 1986, et entre Etats et gouvernements, la construction du tunnel sous la Manche. Manquait en vérité ce lieu devenu réel et qui restera longtemps symbolique, qui nous vaut votre hospitalité en ce moment et dont on rêvait depuis deux siècles.
- Il symbolise le tunnel sous la Manche, l'ancrage de votre pays à l'Europe continentale et vice et versa, de l'Europe continentale à la Grande-Bretagne. Et ne limitons pas votre vision au seul trafic existant entre deux capitales ! Le réseau européen à grande vitesse a pour objectif d'établir une relation profonde entre les plus grands pôles de développement économique européen, en améliorant les voies d'accès direct entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest de notre continent. Nul, en vérité, ne sera à la périphérie ! Nous serons tous à l'intérieur de la même construction. Que dis-je ? Nous y sommes déjà ! Eh bien, madame, en vous remerciant de vos propos d'il y a un instant, je veux rendre hommage à ceux qui ont rendu possible la création de ce lien dans tous les domaines, à tous les échelons. Si je cite deux noms, ce sera simplement ceux de Sir Alistair Morton, de M. Bénard, parce qu'ils sont à la tête de cette action. Mais ils savent bien eux-mêmes et ne manquent jamais de le dire, qu'il y a avec eux des milliers d'hommes et de femmes qui ont permis cette unique réalisation.
- Madame, ma pensée, notre pensée à nous, Français, va aujourd'hui vers votre peuple, vers le Royaume-Uni, pour lui souhaiter tout ce que l'on peut, tout ce que l'on doit souhaiter de chance, de persévérance et donc de réussite à nos amis.\