21 janvier 1994 - Seul le prononcé fait foi

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Message de M. François Mitterrand, Président de la République, adressé aux membres du Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprise, sur une nouvelle organisation du travail plus favorable à la lutte contre l'exclusion sociale et le chômage, Paris le 21 janvier 1994.

Mesdames,
- Messieurs,
- Je connais et je suis attentif depuis longtemps aux analyses et aux prises de position du Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprise.
- Elles sont marquées par le sérieux, l'expérience et la volonté de progresser.
- Elles témoignent de l'esprit critique et d'invention de votre mouvement, caractéristique de sa jeunesse plus que jamais nécessaire.
- Aujourd'hui à tous les responsables, à tous les niveaux, est posée la plus grave question de cette fin de siècle, celle de la montée irrésistible du chômage et de l'exclusion.
- Vous pouvez contribuer à déterminer les voies des changements et à les faire accepter.
- Compte-tenu du caractère de vos travaux, je les évoquerai sous forme de questions car le débat, le dialogue, la confrontation des thèses sont pour l'instant primordiales.
- D'abord, l'innovation. C'est elle qui a donné son sens et sa force à la croissance de notre pays. Beaucoup d'entreprises y excellent.
- Mais ne faut-il pas s'interroger sur un productivisme parfois exclusif qui alors sacrifie l'emploi ?
- Ensuite la formation :
- ne faudrait-il pas mieux préparer dès maintenant les salariés à affronter la reprise économique ?
- Ne pourrait-on imaginer que chaque salarié puisse disposer de 10 % de son temps tout au long de sa vie pour la formation ?
- Enfin, chacun est aujourd'hui convaincu de la nécessité de rechercher une nouvelle organisation du travail favorable à l'emploi, répondant aux aspirations nées des progès de l'éducation, de la nécessité de la concilier avec la vie personnelle, la vie familiale, les temps sociaux.
- La société sera plus fraternelle si se créent, sous l'impulsion notamment des collectivités territoriales, des activités répondant aux besoins collectifs et offrant aux salariés les mêmesq conditions d'emploi que dans les autres branches professionnelles.
- Pour tout cela il existe des moyens considérables qui peuvent permettre de financer des idées nouvelles si l'on s'assure qu'elles ont un effet réel sur le chômage.
- L'appel que j'ai lancé aux organisations professionnelles et syndicales à négocier les "bases d'un contrat social pour l'emploi" signifie qu'il faut changer de voie, qu'on ne peut pas attendre.
- Le pays ne comprendrait pas que les représentants des forces économiques et les représentants des forces sociales ne se rencontrent pas, ne se parlent pas, ne s'entendent pas, sauf pour traiter des conséquences financières du chômage.
- Il faut une mobilisation qui ne peut reposer que sur une adhésion à un projet commun.
- Je suis conscient qu'il faut pour cela beaucoup d'imagination, d'audace, de courage.
- Ce sont des qualités dont votre mouvement porte témoignage dans son action et les idées qu'il défend.\