22 septembre 1993 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur l'achèvement des travaux de restauration du Val de Grâce, Paris le 22 septembre 1993.
Mesdames,
- messieurs,
- Il y a deux ans j'étais parmi vous. Nous inaugurions la bibliothèque. Nous nous étions donné rendez-vous deux ans plus tard afin de célébrer l'achèvement des travaux. Ce pari pouvait paraître imprudent, et pourtant, deux ans se sont écoulés, et, nous voici réunis pour célébrer la fin des travaux. Et quels travaux ! Même en passant on peut s'émerveiller de la beauté des lieux et du respect qu'ont eu les architectes et ceux qui leur ont commandé ce travail. Ils ont su préserver la tradition et les réussites d'autrefois en les conciliant avec les besoins du moment, les adapter sans jamais les trahir, ni les transformer au point de choquer le regard, car quand on choque le regard on choque souvent l'esprit.
- Je voudrais féliciter les initiateurs de cette entreprise, les concepteurs, les réalisateurs et bien entendu les architectes. Ils démontrent qu'en France on est capable en toute circonstance, si on le veut bien, et si on en prend le temps, de produire des chefs-d'oeuvre ou d'aménager des chefs-d'oeuvre sans rien détruire de ce qu'il convient de conserver. J'ai observé au passage, ainsi que ceux qui m'accompagnaient, les belles réalisations du musée. Dans ces couloirs et dans ces cours se réveillent les images et les visages de ceux qui ont illustré deux siècles, vos prédécesseurs, messieurs, ceux dont les noms sont restés fameux, qui appartiennent à l'armorial de l'Histoire de France ainsi que ceux de beaucoup d'autres, qui avaient peut-être le même mérite. L'Histoire n'a pas retenu leurs noms mais ils n'en composent pas moins la cohorte d'un service que vous continuez d'honorer par le travail très remarquable dont je connais la qualité. Il faut dire que la tâche était hardie : Mansart, Le Mercier, Le Duc, Mignard, Champaigne, combien d'autres grands artistes et créateurs se sont attelés à la création du Val de Grâce. Il faut savoir oser, vous l'avez fait. Je me souviens des conversations que j'ai eues avec les responsables de l'époque et qui se sont lancés dans l'aventure. On pouvait avoir des craintes. Je dois dire qu'ayant eu la chance de pouvoir assister aux différentes étapes de cette restauration, je dirais plus de cette transformation, de cette adaptation aux besoins modernes, je me réjouis de voir qu'on a toujours su choisir la qualité et le sérieux en tous les domaines. Cela ne m'étonne pas ! Comment pourrait-on être chirurgien, médecin, savant de laboratoire, rechercher le meilleur pour guérir l'homme et être négligeant lorsqu'il s'agit de soigner les pierres, ou de guérir un bâtiment.\
C'est ici un lieu de mémoire, bien entendu, c'est un lieu de transmission du savoir. Un savoir qui a permis à des médecins - oublions un moment les bâtiments dans lesquels ils travaillent - d'affirmer leur qualité scientifique, leur goût de la recherche et de la réussite. On me disait tout à l'heure qu'il y avait eu au point de départ plus de pharmaciens que de médecins et que la proportion s'est inversée.
- J'ai pu observer moi-même - mais cela se sait - que les services de santé militaire rencontrent parfois le scepticisme. On dit qu'ils ont autre chose à faire... et on s'aperçoit finalement qu'ils ont la même chose à faire, au fil d'expériences dont on mesure bien l'ampleur à travers les guerres, les services rendus sur les champs de bataille, l'obligation d'opérer immédiatement et de soigner l'esprit en même temps que le corps. Tout cela compose un ensemble de grands médecins, de grands techniciens, qui fait qu'aujourd'hui le Val de Grâce peut-être considéré comme un hôpital comparable au meilleur.
- J'ai remarqué en passant, tout à l'heure, bien des noms : Larrey, Desgenettes, Broussais, Laveran, Rouvillois et combien d'autres. J'espère qu'on pourra ajouter plus tard, quand un de mes successeurs viendra inaugurer autre chose - parce que l'esprit n'est jamais en repos - d'autres noms parmi ceux de nos contemporains.\
Je veux associer dans cette reconnaissance les services civils des Musées de France, du Patrimoine, tous ceux qui ont apporté leurs conseils et qui savent à la fois respecter ce qui est, et imaginer ce qui sera. Après tout, cela doit finalement se traduire par un mieux être pour ceux qui souffrent, par un peu plus d'espoir même quand il n'y en a plus. Les qualités d'accueil, les qualités de coeur et de générosité, qui ne sont pas rares dans ces murs, s'exercent désormais dans un cadre qui ne peut pas laisser insensible celui qui aime voir, sentir et peut-être méditer.
- Ce que nous venons de voir est très convaincant. Au total vous avez entrepris une belle oeuvre qui sera une grande oeuvre. Et tous ceux qui viendront là, tout un public certainement très curieux de savoir ce qui se passe derrière ces murs - bien que certains murs aient été abattus afin de permettre précisément aux passants d'en savoir davantage - éprouveront le sentiment qui est le mien en cet instant, je le souhaite vraiment. Je vous remercie, tous, vous qui allez maintenant continuer votre tâche, chacun à votre façon, mais dans le même souci du bien public. Merci.\
- messieurs,
- Il y a deux ans j'étais parmi vous. Nous inaugurions la bibliothèque. Nous nous étions donné rendez-vous deux ans plus tard afin de célébrer l'achèvement des travaux. Ce pari pouvait paraître imprudent, et pourtant, deux ans se sont écoulés, et, nous voici réunis pour célébrer la fin des travaux. Et quels travaux ! Même en passant on peut s'émerveiller de la beauté des lieux et du respect qu'ont eu les architectes et ceux qui leur ont commandé ce travail. Ils ont su préserver la tradition et les réussites d'autrefois en les conciliant avec les besoins du moment, les adapter sans jamais les trahir, ni les transformer au point de choquer le regard, car quand on choque le regard on choque souvent l'esprit.
- Je voudrais féliciter les initiateurs de cette entreprise, les concepteurs, les réalisateurs et bien entendu les architectes. Ils démontrent qu'en France on est capable en toute circonstance, si on le veut bien, et si on en prend le temps, de produire des chefs-d'oeuvre ou d'aménager des chefs-d'oeuvre sans rien détruire de ce qu'il convient de conserver. J'ai observé au passage, ainsi que ceux qui m'accompagnaient, les belles réalisations du musée. Dans ces couloirs et dans ces cours se réveillent les images et les visages de ceux qui ont illustré deux siècles, vos prédécesseurs, messieurs, ceux dont les noms sont restés fameux, qui appartiennent à l'armorial de l'Histoire de France ainsi que ceux de beaucoup d'autres, qui avaient peut-être le même mérite. L'Histoire n'a pas retenu leurs noms mais ils n'en composent pas moins la cohorte d'un service que vous continuez d'honorer par le travail très remarquable dont je connais la qualité. Il faut dire que la tâche était hardie : Mansart, Le Mercier, Le Duc, Mignard, Champaigne, combien d'autres grands artistes et créateurs se sont attelés à la création du Val de Grâce. Il faut savoir oser, vous l'avez fait. Je me souviens des conversations que j'ai eues avec les responsables de l'époque et qui se sont lancés dans l'aventure. On pouvait avoir des craintes. Je dois dire qu'ayant eu la chance de pouvoir assister aux différentes étapes de cette restauration, je dirais plus de cette transformation, de cette adaptation aux besoins modernes, je me réjouis de voir qu'on a toujours su choisir la qualité et le sérieux en tous les domaines. Cela ne m'étonne pas ! Comment pourrait-on être chirurgien, médecin, savant de laboratoire, rechercher le meilleur pour guérir l'homme et être négligeant lorsqu'il s'agit de soigner les pierres, ou de guérir un bâtiment.\
C'est ici un lieu de mémoire, bien entendu, c'est un lieu de transmission du savoir. Un savoir qui a permis à des médecins - oublions un moment les bâtiments dans lesquels ils travaillent - d'affirmer leur qualité scientifique, leur goût de la recherche et de la réussite. On me disait tout à l'heure qu'il y avait eu au point de départ plus de pharmaciens que de médecins et que la proportion s'est inversée.
- J'ai pu observer moi-même - mais cela se sait - que les services de santé militaire rencontrent parfois le scepticisme. On dit qu'ils ont autre chose à faire... et on s'aperçoit finalement qu'ils ont la même chose à faire, au fil d'expériences dont on mesure bien l'ampleur à travers les guerres, les services rendus sur les champs de bataille, l'obligation d'opérer immédiatement et de soigner l'esprit en même temps que le corps. Tout cela compose un ensemble de grands médecins, de grands techniciens, qui fait qu'aujourd'hui le Val de Grâce peut-être considéré comme un hôpital comparable au meilleur.
- J'ai remarqué en passant, tout à l'heure, bien des noms : Larrey, Desgenettes, Broussais, Laveran, Rouvillois et combien d'autres. J'espère qu'on pourra ajouter plus tard, quand un de mes successeurs viendra inaugurer autre chose - parce que l'esprit n'est jamais en repos - d'autres noms parmi ceux de nos contemporains.\
Je veux associer dans cette reconnaissance les services civils des Musées de France, du Patrimoine, tous ceux qui ont apporté leurs conseils et qui savent à la fois respecter ce qui est, et imaginer ce qui sera. Après tout, cela doit finalement se traduire par un mieux être pour ceux qui souffrent, par un peu plus d'espoir même quand il n'y en a plus. Les qualités d'accueil, les qualités de coeur et de générosité, qui ne sont pas rares dans ces murs, s'exercent désormais dans un cadre qui ne peut pas laisser insensible celui qui aime voir, sentir et peut-être méditer.
- Ce que nous venons de voir est très convaincant. Au total vous avez entrepris une belle oeuvre qui sera une grande oeuvre. Et tous ceux qui viendront là, tout un public certainement très curieux de savoir ce qui se passe derrière ces murs - bien que certains murs aient été abattus afin de permettre précisément aux passants d'en savoir davantage - éprouveront le sentiment qui est le mien en cet instant, je le souhaite vraiment. Je vous remercie, tous, vous qui allez maintenant continuer votre tâche, chacun à votre façon, mais dans le même souci du bien public. Merci.\