3 juin 1993 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors de la réception de l'Olympique de Marseille à l'Élysée le 3 juin 1993.
Messieurs,
- Laissez-moi vous dire le plaisir que j'ai de vous recevoir dans ce Palais de l'Elysée.
- Je m'adresserai d'abord aux joueurs, ceux qui forment votre équipe, l'équipe victorieuse de l'autre jour à Munich, mais aussi à toutes les équipes que vous avez formées avec plus ou moins de bonheur au travers de ces dernières années. Elles ont marqué l'histoire du football jusqu'au moment où vous avez démontré que vous étiez capables d'offrir à la France, la plus haute récompense sportive en Europe, en attendant le reste.. (Après tout rien n'est interdit et même, tout est recommandé !).
- J'ai fait partie de ces millions de téléspectateurs qui ont suivi du début à la fin les péripéties du match de Munich, de la finale européenne. Et j'avoue qu'à deux moments, j'ai redouté la suite des choses £ d'abord au départ devant la "furia milanese", ensuite à la fin du dernier quart d'heure - je l'ai dit à Bernard Tapie - je me disais : eh bien voilà, c'est le moment pour eux, c'est-à-dire pour vous, de laisser entrer le ballon, au moins une fois, dans les filets ! Je n'étais pas seul à penser comme cela, je voyais le visage de M. Goethals au même moment, il partageait mes sentiments.
- Vous avez gagné ! Je crois que ce succès représente l'un des plus grands exploits réalisé par le sport français et surtout le sport collectif, le plus bel exploit depuis de longue date. On va dire l'un des plus beaux exploits £ en tout cas dans votre discipline, le succès qui a le plus rehaussé le prestige de notre pays. Je tenais donc à vous en remercier.
- Vous avez montré beaucoup de talent, naturellement, sinon vous ne seriez pas dans l'équipe Olympique de Marseille. Mais est-ce que le talent suffit ? Non, puisque ce talent vous l'aviez déjà.
- Vous aviez buté, à Bari notamment, pas exactement les mêmes, mais c'est la même équipe, sur la finale. Vous avez donc ajouté quelque chose de plus et c'est ce qui me plaît. Ce que vous avez ajouté, c'est l'imagination et l'énergie. Ce je ne sais quoi, alors que le destin paraît balancer, pour trouver, en soi-même, des ressources qui ne sont pas des ressources physiques, qui sont des ressources morales et qui, tout d'un coup, donnent l'avantage. Car pour prendre l'avantage sur l'équipe de Milan, une grande équipe, avec de remarquables joueurs individuels, habitués à tant de succès, il fallait ce "quelque chose de plus".
- Je vous félicite de l'avoir eu, parce que cela sert d'exemple. Songez à tous nos compatriotes : je sais qu'il y a - et ils sont les bienvenus - quelques étrangers dans votre équipe. Ils sont bienvenus et ils apportent beaucoup. Ils sont dans notre pays et je pense qu'ils l'aiment.\
Alors il faut songer à tous les jeunes gens, tous les jeunes garçons, qui aspirent à s'accomplir d'une manière ou d'une autre, qui ont envie de se dépasser - au moins un jour dans leur vie - après avoir peiné, travaillé, s'être entraînés, quelquefois avoir connu des impatiences, parfois des désespoirs et qui, enfin, réussissent. Et quand ils réussissent, ce n'est pas simplement eux qui l'emportent, c'est leur pays. Alors là cela change ! On change de dimension.
- C'est ce que vous nous avez apporté. C'est pourquoi j'ai tenu à vous recevoir ici au nom des Français qui, j'en suis sûr, seront contents de savoir que l'équipe de Marseille est venue dans la maison de la République en ce jour. Je ne peux pas arrêter ces compliments aux seuls joueurs. Il a fallu des éducateurs, des formateurs, des entraîneurs, il a fallu des dirigeants pour lier le tout, donner un sentiment de communauté, créer l'élan. Faire que tous ces talents qui risquaient d'être dispersés soient, au jour voulu, le talent d'une équipe, et d'une équipe qui gagne. Je vois ici, bien entendu, plusieurs dirigeants nationaux du football que je tiens à remercier pour leur présence. Je vois ici, plusieurs des dirigeants de Marseille, je vois Bernard Tapie, auquel je tiens à dire - particulièrement, parce que ce qu'il apporte lui est très personnel et très particulier - voilà, vous avez fait du bon travail parce que vous aimez ce que vous faites. Vous, messieurs, vous monsieur Tapie, vous monsieur Goethals, vous autres que je ne cite pas, vous avez bien fait, parce que vous aimez ce que vous faites, parce que vous aimez votre sport et parce que vous aimez votre pays. Vous me direz que j'exagère, mais je ne pense pas que l'on puisse atteindre ce "quelque chose de plus" s'il n'y a pas cet élément de passion pour ce que l'on fait.
- Alors merci, je suis très content de voir cette coupe, là. Je vous ai vu la porter à bout de bras - elle est peut-être très lourde d'ailleurs - dans l'exaltation de la victoire. J'ai vu vos larges sourires, parfois vos pleurs, c'est-à-dire tout un petit drame humain, comme on le voit parfois sur les stades. Ce qui donne tant d'importance à la vie, surtout lorsqu'il s'agit de gestes accomplis pour la noblesse, pour l'effort, pour le plaisir. Après s'être combattu avec l'autre équipe, on se serre la main, on se sépare, on ne s'oublie pas, on garde ce jour là parmi tous les autres, comme un jour particulier, qui éclairera les autres jours.
- Je crois pouvoir dire que je m'exprime vraiment au nom des Français pour vous dire ces quelques mots qui se résument en un seul, merci !\
- Laissez-moi vous dire le plaisir que j'ai de vous recevoir dans ce Palais de l'Elysée.
- Je m'adresserai d'abord aux joueurs, ceux qui forment votre équipe, l'équipe victorieuse de l'autre jour à Munich, mais aussi à toutes les équipes que vous avez formées avec plus ou moins de bonheur au travers de ces dernières années. Elles ont marqué l'histoire du football jusqu'au moment où vous avez démontré que vous étiez capables d'offrir à la France, la plus haute récompense sportive en Europe, en attendant le reste.. (Après tout rien n'est interdit et même, tout est recommandé !).
- J'ai fait partie de ces millions de téléspectateurs qui ont suivi du début à la fin les péripéties du match de Munich, de la finale européenne. Et j'avoue qu'à deux moments, j'ai redouté la suite des choses £ d'abord au départ devant la "furia milanese", ensuite à la fin du dernier quart d'heure - je l'ai dit à Bernard Tapie - je me disais : eh bien voilà, c'est le moment pour eux, c'est-à-dire pour vous, de laisser entrer le ballon, au moins une fois, dans les filets ! Je n'étais pas seul à penser comme cela, je voyais le visage de M. Goethals au même moment, il partageait mes sentiments.
- Vous avez gagné ! Je crois que ce succès représente l'un des plus grands exploits réalisé par le sport français et surtout le sport collectif, le plus bel exploit depuis de longue date. On va dire l'un des plus beaux exploits £ en tout cas dans votre discipline, le succès qui a le plus rehaussé le prestige de notre pays. Je tenais donc à vous en remercier.
- Vous avez montré beaucoup de talent, naturellement, sinon vous ne seriez pas dans l'équipe Olympique de Marseille. Mais est-ce que le talent suffit ? Non, puisque ce talent vous l'aviez déjà.
- Vous aviez buté, à Bari notamment, pas exactement les mêmes, mais c'est la même équipe, sur la finale. Vous avez donc ajouté quelque chose de plus et c'est ce qui me plaît. Ce que vous avez ajouté, c'est l'imagination et l'énergie. Ce je ne sais quoi, alors que le destin paraît balancer, pour trouver, en soi-même, des ressources qui ne sont pas des ressources physiques, qui sont des ressources morales et qui, tout d'un coup, donnent l'avantage. Car pour prendre l'avantage sur l'équipe de Milan, une grande équipe, avec de remarquables joueurs individuels, habitués à tant de succès, il fallait ce "quelque chose de plus".
- Je vous félicite de l'avoir eu, parce que cela sert d'exemple. Songez à tous nos compatriotes : je sais qu'il y a - et ils sont les bienvenus - quelques étrangers dans votre équipe. Ils sont bienvenus et ils apportent beaucoup. Ils sont dans notre pays et je pense qu'ils l'aiment.\
Alors il faut songer à tous les jeunes gens, tous les jeunes garçons, qui aspirent à s'accomplir d'une manière ou d'une autre, qui ont envie de se dépasser - au moins un jour dans leur vie - après avoir peiné, travaillé, s'être entraînés, quelquefois avoir connu des impatiences, parfois des désespoirs et qui, enfin, réussissent. Et quand ils réussissent, ce n'est pas simplement eux qui l'emportent, c'est leur pays. Alors là cela change ! On change de dimension.
- C'est ce que vous nous avez apporté. C'est pourquoi j'ai tenu à vous recevoir ici au nom des Français qui, j'en suis sûr, seront contents de savoir que l'équipe de Marseille est venue dans la maison de la République en ce jour. Je ne peux pas arrêter ces compliments aux seuls joueurs. Il a fallu des éducateurs, des formateurs, des entraîneurs, il a fallu des dirigeants pour lier le tout, donner un sentiment de communauté, créer l'élan. Faire que tous ces talents qui risquaient d'être dispersés soient, au jour voulu, le talent d'une équipe, et d'une équipe qui gagne. Je vois ici, bien entendu, plusieurs dirigeants nationaux du football que je tiens à remercier pour leur présence. Je vois ici, plusieurs des dirigeants de Marseille, je vois Bernard Tapie, auquel je tiens à dire - particulièrement, parce que ce qu'il apporte lui est très personnel et très particulier - voilà, vous avez fait du bon travail parce que vous aimez ce que vous faites. Vous, messieurs, vous monsieur Tapie, vous monsieur Goethals, vous autres que je ne cite pas, vous avez bien fait, parce que vous aimez ce que vous faites, parce que vous aimez votre sport et parce que vous aimez votre pays. Vous me direz que j'exagère, mais je ne pense pas que l'on puisse atteindre ce "quelque chose de plus" s'il n'y a pas cet élément de passion pour ce que l'on fait.
- Alors merci, je suis très content de voir cette coupe, là. Je vous ai vu la porter à bout de bras - elle est peut-être très lourde d'ailleurs - dans l'exaltation de la victoire. J'ai vu vos larges sourires, parfois vos pleurs, c'est-à-dire tout un petit drame humain, comme on le voit parfois sur les stades. Ce qui donne tant d'importance à la vie, surtout lorsqu'il s'agit de gestes accomplis pour la noblesse, pour l'effort, pour le plaisir. Après s'être combattu avec l'autre équipe, on se serre la main, on se sépare, on ne s'oublie pas, on garde ce jour là parmi tous les autres, comme un jour particulier, qui éclairera les autres jours.
- Je crois pouvoir dire que je m'exprime vraiment au nom des Français pour vous dire ces quelques mots qui se résument en un seul, merci !\