18 janvier 1993 - Seul le prononcé fait foi

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Interview accordée par M. François Mitterrand, Président de la République, à "Al Hayat" le 18 octobre 1993, sur les relations franco-yéménites, sur le processus paix au Proche-Orient et sur la prochaine visite officielle en France du leader palestinien Yasser Arafat.

QUESTION.- Quel est le but de votre visite officielle au Yémen ? Quelle est votre évaluation de l'expérience démocratique nouvelle menée dans ce pays ?
- LE PRESIDENT.- Les relations d'amitié et de coopération entre la France et le Yémen sont anciennes. Ma visite, la première d'un chef d'Etat français dans ce pays marque bien notre volonté de les renforcer. Fondée sur la volonté populaire et sur l'unité retrouvée la démocratisation permettra au Yémen de jouer un rôle important dans cette région du monde. En effet, la stabilité du Yémen est un gage de paix et de prospérité pour toute la péninsule arabique et la Corne de l'Afrique. Je ne peux que me réjouir de tout ce qui contribue à faire évoluer positivement les relations des différents Etats de la région. Ce qui s'est passé au Yémen depuis trois ans, ce qui continue à se faire, me semble aller dans le bon sens et je tiens à saluer le courage et la maturité politique dont ont fait preuve le peuple yéménite et ses dirigeants.\
QUESTION.- Vous avez salué l'accord de paix entre les Palestiniens et Israël et vous avez été le premier chef d'Etat occidental à recevoir M. Arafat. La France et l'Europe ont une longue expérience dans l'aide à Gaza et aux territoires occupés. La France et l'Europe n'ont-elles pas un rôle à jouer sur le plan de l'aide et sur le plan de la réussite de cet accord ? Quel est ce rôle ?
- LE PRESIDENT.- J'ai eu, en tant que chef de l'Etat français, des contacts avec tous les responsables politiques de cette région. En mai 1989, j'ai été un des premiers en Europe à recevoir M. Yasser Arafat. Aujourd'hui le dialogue qui s'est noué entre Israël et l'OLP confirme la justesse des positions que j'ai toujours défendues, au nom de mon pays, pour la reconnaissance mutuelle et le dialogue direct. Les responsables de l'OLP et les dirigeants d'Israël ont fait preuve d'un vrai courage. Ce qui importe maintenant, c'est d'aider politiquement et économiquement la mise en oeuvre de l'accord qu'ils ont conclu. La France en tant que telle, et la Communauté européenne y sont prêtes. Nous oeuvrerons pour que les aides d'urgence allouées aux Territoires remplissent leur mission car il faut que les Palestiniens puissent asseoir leur autonomie sur des bases solides. L'avenir de la paix en dépend.
- QUESTION.- Vous allez recevoir M. Arafat bientôt. Qu'allez-vous lui conseiller dans sa nouvelle mission d'édifier l'Etat palestinien sur les territoires nouvellement reconquis ?
- LE PRESIDENT.- Je recevrai M. Arafat à Paris en visite officielle, le 21 octobre. Bien entendu, nous nous entretiendrons du processus de paix en cours et de ses perspectives. Un pas décisif a été franchi mais il reste à surmonter de nombreuses difficultés. Je redirai à M. Arafat qu'il peut compter sur le soutien de la France pour l'accomplissement de la tâche qui l'attend, comme le savent aussi, en ce qui les concerne, les dirigeants israéliens. J'ai eu l'occasion, à Djeddah, de m'en entretenir avec le Roi Fahd. J'en parlerai également avec le Président Saleh. Le Yémen a apporté lui aussi un appui continu à la cause palestinienne et au volet multilatéral du processus de paix. L'intérêt des Européens comme des pays du Proche-Orient est de continuer à travailler ensemble à ce grand dessein car, vous verrez que si les Israéliens et les Palestiniens construisent une paix véritable et durable, elle sera contagieuse et tous les pays du Proche et même du Moyen-Orient en bénéficieront. Nous avons tous besoin de la paix. Bâtissons-la ensemble.\