25 mai 1992 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur son attachement à la culture et à la terre d'Irlande et sur l'Europe, Paris le 25 mai 1992.
Mesdames et messieurs,
- C'est pour nous, vos hôtes français, un vrai plaisir que de vous accueillir dans ce Palais de l'Elysée au terme de la première journée d'une visite d'Etat qui marque une nouvelle fois l'excellente relation entre l'Irlande et la France. Je connais et j'aime l'Irlande où je me suis rendu à plusieurs reprises, et où j'ai déjà effectué une visite d'Etat en 1988. Mais vous êtes également familière de notre pays, - vous me le disiez cet après-midi - depuis votre jeunesse et vos années d'études.
- La dernière visite d'Etat d'un Président de la République d'Irlande en France remonte à 1975, à la veille de la première présidence de la Communauté européenne par votre pays. Et il est bon que votre séjour donne à nos compatriotes français l'occasion de mieux connaître un pays ami, comme le vôtre, profondément attaché à son passé, fier de sa culture, volontairement engagé dans l'Europe en construction, tourné vers l'avenir.
- Que l'on remonte aux origines du peuplement celtique d'Erin, ou seulement aux invasions vikings et normandes, il n'est guère de mouvement historique qui n'ait eu une résonnance simultanée dans nos deux pays, comme l'a montré la très belle exposition qui a lieu actuellement, "Les Vikings" au Grand-Palais. La croisade européenne des grands saints irlandais - on les rencontre sur tous les itinéraires fameux de cette époque - le martyre vécu par votre peuple, la présence de vos soldats dans les armées du roi de France, l'adhésion de certains de vos hommes les plus illustres aux idéaux de la Révolution française et de la démocratie ont mêlé étroitement les destins de nos deux nations.
- Paraphrasant la formule de Wolfe Tone, je dirai volontiers que, je le cite : "Les occasions de l'Irlande ont souvent été aussi celles de la France". Saint Colomban, passant par Luxeuil pour évangéliser l'Europe, Wolfe Tone puisant aux sources de la Révolution française pour jeter les fondations de votre émancipation nationale et portant au seuil de la mort l'uniforme des armées de la République, Daniel O'Connell, réalisant la synthèse de la tradition chrétienne et de la démocratie : trois hommes, trois temps forts de l'histoire de l'Europe, symboliques à mes yeux des relations constantes entre nos peuples.
- Des traces profondes en demeurent dans les mentalités collectives et de nombreux témoignages attestent ces destins entrecroisés. Le collège des Irlandais par exemple, à Paris, les descendants des huguenots enracinés en Irlande. La réussite de nombreuses familles d'émigrés irlandais en France depuis le XVIIème siècle, particulièrement dans la région dont je suis issu.\
Tout cela explique la sorte d'engouement des Français pour votre pays, sorte de poésie qui se dégage de cette terre, et je le pense, l'engouement aussi de vos concitoyens pour la France, pour sa langue, sa culture. Je crois qu'il y a quelque deux cent mille Irlandais et autant de Français qui vont dans l'un ou l'autre pays à chaque été. Je vois aussi dans l'itinéraire de vos grands hommes, au-delà d'une sorte de compagnonnage historique, les marques de l'esprit européen que vos hommes de lettres ont su merveilleusement retranscrire. Yeats et Synge, en retrouvant les racines et les traditions de l'Irlande ont magnifié sans l'isoler, l'authenticité de votre culture, voulu favoriser son rayonnement, naturellement, et vivifier le sentiment national.
- Joyce et Beckett, cultivant à Paris cosmopolitisme et européanité n'en furent pas moins les représentants de la culture irlandaise tant ils en étaient imprégnés £ c'était la leur et c'était chez nous. Comme selon son génie, chacun a su exprimer l'âme irlandaise. Mais si ceux qui je viens de citer ont été reconnus de par le monde, c'est surtout parce qu'ils exprimaient son universalité. La littérature irlandaise a transcendé les liens entre nos pays, les a enrichis avec le coeur, l'intelligence, donnant même à certains de nos écrivains, Valéry Larbaud, André Pieyre de Mandiargues, l'occasion de valoriser leur talent en rendant accessibles vos auteurs aux lecteurs français.
- Et Beckett ? N'a-t-il pas choisi de vivre en France et de faire de nos deux langues son matériau de poète et de visionnaire ? Par discrétion, je ne citerai pas les écrivains, les romanciers français dont certains sont ici ce soir, et qui aiment tant l'Irlande qu'ils y vivent aussi longtemps qu'ils le peuvent et consacrent une part de leur oeuvre à la terre d'Irlande.\
Voilà bien des liens traditionnels qui trouvent aujourd'hui dans la construction de l'Europe une vigueur renouvelée. Rares sont les domaines où la coopération communautaire ne vient pas renforcer l'action des Etats. Cela ne signifie pas que tout puisse ou doive se faire à Douze et que les relations bilatérales aient perdu leur raison d'être £ bien au contraire, une sensibilité voisine face aux grands problèmes du monde, des intérêts convergents, une ambition commune pour l'Europe donnent à nos échanges un contenu particulièrement dense.
- Le traité de Maastricht, tout à fait à l'ordre du jour, dont la ratification sera soumise au peuple irlandais dans quelques semaines, sera une étape décisive vers une Europe plus unie, plus solidaire mais aussi riche de ses différences. C'est tellement mon sentiment que le Parlement français est au même moment saisi de la révision de la Constitution qui permettra la ratification du traité de Maastricht.
- C'est à Dublin, sur une initiative de la France et de l'Allemagne que les Douze partenaires de la Communauté ont décidé de construire l'Union européenne, il y a deux ans seulement, au moment où des changements rapides survenaient en Europe et la présidence irlandaise a su pleinement accomplir sa tâche. Je crois pouvoir dire ce soir que l'Irlande peut en ressentir une grande fierté.\
Attachement au respect des droits de l'homme, est-ce qu'il n'est pas légitime que les compatriotes de Sean McBride, l'un des fondateurs d'Amnesty International, y soient particulièrement attentifs et suivent en cela l'exemple que vous-mêmes leur donnez. Engagement pour le tiers monde, maintien de la paix, coopération et sécurité en Europe, tel est le sens de la personnalité internationale de l'Irlande qui bien entendu se traduit dans les traits essentiels de votre diplomatie, qui représente des engagements profonds sur les enjeux majeurs de l'Europe, de la France, de l'Irlande. Loin d'être isolée, en dépit de sa situation insulaire, dans une Europe qui accroît ses compétences et qui s'ouvre vers ceux qui aspirent à un destin commun, l'Irlande comme chacun des Etats membres, réunis sur une base égalitaire, trouve, je le pense, dans la Communauté, le moyen de mieux faire entendre sa voix et de se projeter dans un monde en quête de repères.\
Mais regardons un peu au dehors, aux portes mêmes de notre Europe unie. La guerre cruelle qui ravage la Bosnie à Sarajevo nous rappelle une histoire que l'on pouvait croire révolue. Des affrontements fratricides qui dressent l'un contre l'autre des peuples prisonniers de leur passé, tout cela souligne le besoin urgent de règles communes à tous les Européens. Ces règles ont déjà été définies mais il faudrait les compléter et surtout les mettre en application sans délai. Les Nations unies, la Communauté européenne, la CSCE doivent se mobiliser chacune pour son compte et toutes ensemble aussi pour que la paix revienne. C'est leur devoir le plus évident et le plus actuel et il faut le leur rappeler chaque jour pour résoudre les conflits qui endeuillent notre continent. La Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe apparaît comme un cadre adéquat mais il faudra le démontrer à Helsinki au mois de juillet prochain. Il faudra le démontrer et la France a suggéré, en liaison avec plusieurs de ses partenaires, d'améliorer notre façon de faire par la création d'une Cour européenne de conciliation et d'arbitrage capable de prévenir les conflits. J'espère qu'une réponse positive sera donnée.
- Faut-il insister sur le rôle du Conseil de l'Europe qui agit avec tant de constance pour la protection des droits de l'homme et qui peut être - comme je l'ai dit il y a quelques jours à Strasbourg - l'un des creusets de l'organisation que j'appelle de mes voeux, que j'ai appelée Confédération - peu importe - où tous se trouveront rassemblés à égalité de droits, de dignité et se retrouveront pour fixer les voies de l'avenir.\
Quoiqu'il en soit, la stabilité de notre continent et les progrès de son organisation reposeront d'abord sur une union européenne solide telle que nous l'avons décidée dans le traité de Maastricht. Dès que ce traité aura été ratifié, nous disposerons des moyens d'asseoir en peu d'années notre croissance économique sur une base plus ferme et notre présence politique, intellectuelle, morale dans le monde, au premier rang de ceux qui ont à assurer la paix et à peser sur les destins de l'humanité.
- Et n'oublions pas l'Europe au quotidien, celle de la vie de tous les jours. Je me contenterai de vous redire à quel point nous sommes attachés ici à la reconnaissance d'une véritable citoyenneté européenne et au progrès d'une Europe sociale. Je crois que l'Irlande a compris la nécessité, dès son adhésion il y a presque vingt ans, de cette Communauté dans toutes ces disciplines et elle y est restée fidèle, à ses principes, à son action. Et je sais, madame, que vous y êtes personnellement attentive car je crois connaître votre engagement personnel. Il ne date pas du moment où vous avez été choisie par le peuple irlandais au suffrage universel pour présider à ses destinées. Je crois qu'il a inspiré votre vie professionnelle et plus encore votre vie personnelle, sans doute est-ce pour cela que le peuple irlandais dans une circonstance fameuse et récente s'est reconnu en vous.\
J'exprime la conviction que votre présence, grâce à votre rayonnement, donnera une impulsion nouvelle aux relations entre nos deux pays afin qu'elles concourent à l'approfondissement de l'union européenne que nous appelons de nos voeux. Déjà l'Irlande, la France, développent leurs activités économiques, leurs investissements mutuels au sein d'entreprises dynamiques et qui ouvrent les voies à une nouvelle croissance.
- Mais je crois en avoir assez dit. Vous êtes là parmi nous dans cette maison de la République, en plein Paris et vous êtes le témoignage vivant d'une amitié à laquelle nous tenons, qui se justifie chaque jour, dont nous sommes nous-mêmes à la fois les témoins et les acteurs lorsque nous nous rencontrons dans les conseils européens et en toute autre circonstance : un je ne sais quoi d'amitié très vivante, qui se perpétue au travers des méandres diplomatiques et lorsque les choix s'imposent, nous les faisons ensemble. Je crois pouvoir vous dire, madame, à travers et au-delà de votre personne, l'affection que nous portons à votre peuple. Clore ce toast sera pour dire les voeux que nous formons pour l'avenir et la prospérité de la République d'Irlande, pour votre bonheur personnel, pour celui de votre époux que nous avons le grand plaisir de recevoir également ce soir, des personnes qui vous accompagnent depuis l'Irlande ou que vous retrouvez à Paris, vous souhaiter un bon séjour parmi nous £ que vous y trouviez intérêt et que vous sentiez à travers chacune de nos paroles ce soir mais aussi à travers chacun des gestes que vous constaterez dans notre peuple en circulant parmi nous, que ces voeux sont profonds, viennent de loin dans l'histoire et restent aussi actuels que peut l'être une amitié vivante, celle qui unit l'Irlande et la France.\
- C'est pour nous, vos hôtes français, un vrai plaisir que de vous accueillir dans ce Palais de l'Elysée au terme de la première journée d'une visite d'Etat qui marque une nouvelle fois l'excellente relation entre l'Irlande et la France. Je connais et j'aime l'Irlande où je me suis rendu à plusieurs reprises, et où j'ai déjà effectué une visite d'Etat en 1988. Mais vous êtes également familière de notre pays, - vous me le disiez cet après-midi - depuis votre jeunesse et vos années d'études.
- La dernière visite d'Etat d'un Président de la République d'Irlande en France remonte à 1975, à la veille de la première présidence de la Communauté européenne par votre pays. Et il est bon que votre séjour donne à nos compatriotes français l'occasion de mieux connaître un pays ami, comme le vôtre, profondément attaché à son passé, fier de sa culture, volontairement engagé dans l'Europe en construction, tourné vers l'avenir.
- Que l'on remonte aux origines du peuplement celtique d'Erin, ou seulement aux invasions vikings et normandes, il n'est guère de mouvement historique qui n'ait eu une résonnance simultanée dans nos deux pays, comme l'a montré la très belle exposition qui a lieu actuellement, "Les Vikings" au Grand-Palais. La croisade européenne des grands saints irlandais - on les rencontre sur tous les itinéraires fameux de cette époque - le martyre vécu par votre peuple, la présence de vos soldats dans les armées du roi de France, l'adhésion de certains de vos hommes les plus illustres aux idéaux de la Révolution française et de la démocratie ont mêlé étroitement les destins de nos deux nations.
- Paraphrasant la formule de Wolfe Tone, je dirai volontiers que, je le cite : "Les occasions de l'Irlande ont souvent été aussi celles de la France". Saint Colomban, passant par Luxeuil pour évangéliser l'Europe, Wolfe Tone puisant aux sources de la Révolution française pour jeter les fondations de votre émancipation nationale et portant au seuil de la mort l'uniforme des armées de la République, Daniel O'Connell, réalisant la synthèse de la tradition chrétienne et de la démocratie : trois hommes, trois temps forts de l'histoire de l'Europe, symboliques à mes yeux des relations constantes entre nos peuples.
- Des traces profondes en demeurent dans les mentalités collectives et de nombreux témoignages attestent ces destins entrecroisés. Le collège des Irlandais par exemple, à Paris, les descendants des huguenots enracinés en Irlande. La réussite de nombreuses familles d'émigrés irlandais en France depuis le XVIIème siècle, particulièrement dans la région dont je suis issu.\
Tout cela explique la sorte d'engouement des Français pour votre pays, sorte de poésie qui se dégage de cette terre, et je le pense, l'engouement aussi de vos concitoyens pour la France, pour sa langue, sa culture. Je crois qu'il y a quelque deux cent mille Irlandais et autant de Français qui vont dans l'un ou l'autre pays à chaque été. Je vois aussi dans l'itinéraire de vos grands hommes, au-delà d'une sorte de compagnonnage historique, les marques de l'esprit européen que vos hommes de lettres ont su merveilleusement retranscrire. Yeats et Synge, en retrouvant les racines et les traditions de l'Irlande ont magnifié sans l'isoler, l'authenticité de votre culture, voulu favoriser son rayonnement, naturellement, et vivifier le sentiment national.
- Joyce et Beckett, cultivant à Paris cosmopolitisme et européanité n'en furent pas moins les représentants de la culture irlandaise tant ils en étaient imprégnés £ c'était la leur et c'était chez nous. Comme selon son génie, chacun a su exprimer l'âme irlandaise. Mais si ceux qui je viens de citer ont été reconnus de par le monde, c'est surtout parce qu'ils exprimaient son universalité. La littérature irlandaise a transcendé les liens entre nos pays, les a enrichis avec le coeur, l'intelligence, donnant même à certains de nos écrivains, Valéry Larbaud, André Pieyre de Mandiargues, l'occasion de valoriser leur talent en rendant accessibles vos auteurs aux lecteurs français.
- Et Beckett ? N'a-t-il pas choisi de vivre en France et de faire de nos deux langues son matériau de poète et de visionnaire ? Par discrétion, je ne citerai pas les écrivains, les romanciers français dont certains sont ici ce soir, et qui aiment tant l'Irlande qu'ils y vivent aussi longtemps qu'ils le peuvent et consacrent une part de leur oeuvre à la terre d'Irlande.\
Voilà bien des liens traditionnels qui trouvent aujourd'hui dans la construction de l'Europe une vigueur renouvelée. Rares sont les domaines où la coopération communautaire ne vient pas renforcer l'action des Etats. Cela ne signifie pas que tout puisse ou doive se faire à Douze et que les relations bilatérales aient perdu leur raison d'être £ bien au contraire, une sensibilité voisine face aux grands problèmes du monde, des intérêts convergents, une ambition commune pour l'Europe donnent à nos échanges un contenu particulièrement dense.
- Le traité de Maastricht, tout à fait à l'ordre du jour, dont la ratification sera soumise au peuple irlandais dans quelques semaines, sera une étape décisive vers une Europe plus unie, plus solidaire mais aussi riche de ses différences. C'est tellement mon sentiment que le Parlement français est au même moment saisi de la révision de la Constitution qui permettra la ratification du traité de Maastricht.
- C'est à Dublin, sur une initiative de la France et de l'Allemagne que les Douze partenaires de la Communauté ont décidé de construire l'Union européenne, il y a deux ans seulement, au moment où des changements rapides survenaient en Europe et la présidence irlandaise a su pleinement accomplir sa tâche. Je crois pouvoir dire ce soir que l'Irlande peut en ressentir une grande fierté.\
Attachement au respect des droits de l'homme, est-ce qu'il n'est pas légitime que les compatriotes de Sean McBride, l'un des fondateurs d'Amnesty International, y soient particulièrement attentifs et suivent en cela l'exemple que vous-mêmes leur donnez. Engagement pour le tiers monde, maintien de la paix, coopération et sécurité en Europe, tel est le sens de la personnalité internationale de l'Irlande qui bien entendu se traduit dans les traits essentiels de votre diplomatie, qui représente des engagements profonds sur les enjeux majeurs de l'Europe, de la France, de l'Irlande. Loin d'être isolée, en dépit de sa situation insulaire, dans une Europe qui accroît ses compétences et qui s'ouvre vers ceux qui aspirent à un destin commun, l'Irlande comme chacun des Etats membres, réunis sur une base égalitaire, trouve, je le pense, dans la Communauté, le moyen de mieux faire entendre sa voix et de se projeter dans un monde en quête de repères.\
Mais regardons un peu au dehors, aux portes mêmes de notre Europe unie. La guerre cruelle qui ravage la Bosnie à Sarajevo nous rappelle une histoire que l'on pouvait croire révolue. Des affrontements fratricides qui dressent l'un contre l'autre des peuples prisonniers de leur passé, tout cela souligne le besoin urgent de règles communes à tous les Européens. Ces règles ont déjà été définies mais il faudrait les compléter et surtout les mettre en application sans délai. Les Nations unies, la Communauté européenne, la CSCE doivent se mobiliser chacune pour son compte et toutes ensemble aussi pour que la paix revienne. C'est leur devoir le plus évident et le plus actuel et il faut le leur rappeler chaque jour pour résoudre les conflits qui endeuillent notre continent. La Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe apparaît comme un cadre adéquat mais il faudra le démontrer à Helsinki au mois de juillet prochain. Il faudra le démontrer et la France a suggéré, en liaison avec plusieurs de ses partenaires, d'améliorer notre façon de faire par la création d'une Cour européenne de conciliation et d'arbitrage capable de prévenir les conflits. J'espère qu'une réponse positive sera donnée.
- Faut-il insister sur le rôle du Conseil de l'Europe qui agit avec tant de constance pour la protection des droits de l'homme et qui peut être - comme je l'ai dit il y a quelques jours à Strasbourg - l'un des creusets de l'organisation que j'appelle de mes voeux, que j'ai appelée Confédération - peu importe - où tous se trouveront rassemblés à égalité de droits, de dignité et se retrouveront pour fixer les voies de l'avenir.\
Quoiqu'il en soit, la stabilité de notre continent et les progrès de son organisation reposeront d'abord sur une union européenne solide telle que nous l'avons décidée dans le traité de Maastricht. Dès que ce traité aura été ratifié, nous disposerons des moyens d'asseoir en peu d'années notre croissance économique sur une base plus ferme et notre présence politique, intellectuelle, morale dans le monde, au premier rang de ceux qui ont à assurer la paix et à peser sur les destins de l'humanité.
- Et n'oublions pas l'Europe au quotidien, celle de la vie de tous les jours. Je me contenterai de vous redire à quel point nous sommes attachés ici à la reconnaissance d'une véritable citoyenneté européenne et au progrès d'une Europe sociale. Je crois que l'Irlande a compris la nécessité, dès son adhésion il y a presque vingt ans, de cette Communauté dans toutes ces disciplines et elle y est restée fidèle, à ses principes, à son action. Et je sais, madame, que vous y êtes personnellement attentive car je crois connaître votre engagement personnel. Il ne date pas du moment où vous avez été choisie par le peuple irlandais au suffrage universel pour présider à ses destinées. Je crois qu'il a inspiré votre vie professionnelle et plus encore votre vie personnelle, sans doute est-ce pour cela que le peuple irlandais dans une circonstance fameuse et récente s'est reconnu en vous.\
J'exprime la conviction que votre présence, grâce à votre rayonnement, donnera une impulsion nouvelle aux relations entre nos deux pays afin qu'elles concourent à l'approfondissement de l'union européenne que nous appelons de nos voeux. Déjà l'Irlande, la France, développent leurs activités économiques, leurs investissements mutuels au sein d'entreprises dynamiques et qui ouvrent les voies à une nouvelle croissance.
- Mais je crois en avoir assez dit. Vous êtes là parmi nous dans cette maison de la République, en plein Paris et vous êtes le témoignage vivant d'une amitié à laquelle nous tenons, qui se justifie chaque jour, dont nous sommes nous-mêmes à la fois les témoins et les acteurs lorsque nous nous rencontrons dans les conseils européens et en toute autre circonstance : un je ne sais quoi d'amitié très vivante, qui se perpétue au travers des méandres diplomatiques et lorsque les choix s'imposent, nous les faisons ensemble. Je crois pouvoir vous dire, madame, à travers et au-delà de votre personne, l'affection que nous portons à votre peuple. Clore ce toast sera pour dire les voeux que nous formons pour l'avenir et la prospérité de la République d'Irlande, pour votre bonheur personnel, pour celui de votre époux que nous avons le grand plaisir de recevoir également ce soir, des personnes qui vous accompagnent depuis l'Irlande ou que vous retrouvez à Paris, vous souhaiter un bon séjour parmi nous £ que vous y trouviez intérêt et que vous sentiez à travers chacune de nos paroles ce soir mais aussi à travers chacun des gestes que vous constaterez dans notre peuple en circulant parmi nous, que ces voeux sont profonds, viennent de loin dans l'histoire et restent aussi actuels que peut l'être une amitié vivante, celle qui unit l'Irlande et la France.\