28 mai 1991 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur le rôle des mères de famille et celui des associations familiales pour l'éducation des enfants dans un environnement urbain difficile, Paris le 28 mai 1991.

Monsieur le Président,
- Je m'adresserai à vous puisque vous avez bien voulu prononcer quelques mots. C'est avec un grand plaisir que je vous retrouve chaque année en cette circonstance, ce n'est pas la seule, mais celle-ci est particulièrement importante. Je tiens à vous dire à quel point je porte intérêt à l'ensemble des activités qui sont les vôtres à la tête de l'Union des Associations familiales depuis déjà longtemps.
- En effet, ce n'est pas le moment de débattre ici des principaux objectifs de cette association mais au moins peut-on porter témoignage. Ce que je fais en vous priant de transmettre à l'ensemble des dirigeants de ces associations les voeux que je forme pour la réussite de leur action dans la limite, bien entendu, convenable aux possibilités de l'Etat et d'autre part vous remercier personnellement pour votre constante attention aux discussions et aux échanges si nécessaires entre les représentants des citoyens que vous êtes et la République que je représente ici.
- Mesdames et messieurs, je suis également très heureux de vous accueillir dans ce palais de l'Elysée. Cette rencontre annuelle a pris valeur de rite maintenant. Chaque année, je me trouve donc devant, soit les mêmes, soit d'autres représentants des familles.\
Pourquoi cette cérémonie ? Parce qu'elle célèbre des vertus simples et nobles qui s'appellent le dévouement, la générosité et le don de soi. Et qui le marque mieux qu'une mère de famille nombreuse quand on sait les charges que cela représente, la somme de travaux, de responsabilités, d'inquiétudes ? Rôle d'autant plus difficile que les conditions de vie quotidiennes demeurent difficiles. Je pense au logement, souvent trop exigu, quand on en a, quand on peut obtenir un logement dans nos villes et dans nos grandes villes, souvent trop peu confortable, et dans un environnement qui ne permet pas toujours un développement de vie harmonieux. J'attire l'attention du Premier ministre, comme je l'ai fait autrefois sur l'importance primordiale de ce type de problème, comme d'autres : la rénovation du système éducatif, l'accroissement de ses moyens, la politique de la ville, modifier les conditions d'existence dans les quartiers de ces banlieues où s'accumulent tant de laideur et de désordre, tout cela, bien entendu, découlant surtout des grandes difficultés qu'éprouvent nos jeunes à trouver un emploi.
- C'est le devoir de l'Etat que de parvenir à compenser l'énorme, le considérable mouvement démographique de la population vers la ville avant que celle-ci ait pu s'organiser. Et ainsi de développer les efforts collectifs pour éviter que des millions et des millions de Français ne tombent sous la seule coupe du profit, sans quoi il leur sera impossible de disposer d'un salaire qui leur permettra de payer un loyer correspondant au logement qu'ils occupent. Mais, c'est votre affaire à vous, à vous monsieur le Président et vous mesdames et messieurs dirigeants des associations familiales, à vous mères de famille. C'est votre rôle à vous aussi que de contribuer dans votre vie de chaque jour à tenter de réparer les dommages, de préparer vos enfants et de faire que nous sortions ensemble d'une période qui n'en a pas fini avec les difficultés.
- Cette période a commencé depuis longtemps, c'est un phénomène général des grandes sociétés occidentales. On voit aussi cet amoncellement de population dans toutes les capitales du monde. Vous y êtes intéressés au premier chef car il faut que vous éleviez vos enfants et vous en avez plusieurs, ils sont nombreux, ce sont des familles qui s'épanouissent. Vous ne pouvez pas faire tout toutes seules £ vous pouvez certes le faire dans le cadre de votre foyer mais vous devez le faire aussi là où vous vivez, avec les élus, les élus municipaux, avec les dirigeants et militants d'associations, vous devez être les meilleurs artisans du grand effort collectif qui permettra à la nation - elle l'a déjà fait dans une grande mesure - de panser les plaies les plus évidentes de la société contemporaine.
- Mais je ne vais pas faire un discours trop long. Je vous ai dit combien j'étais sensible à votre présence, dont je vous remercie. Je vais maintenant procéder à la remise de quelques distinctions qui vous sont dues.\