22 mai 1990 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration de la bibliothèque du Val-de-Grâce, Paris, le 22 mai 1990.
Mesdames et messieurs,
- Ce qui frappe tout visiteur ici, c'est d'abord la continuité. Avant même que le service de santé des Armées ne fût responsable de ces très beaux bâtiments, déjà, s'inscrivait la tradition que vous venez d'évoquer, tournée autour de la méditation, de la réflexion et de l'aide aux autres ou au service - une formule bien connue qui est la vôtre - de la patrie et de l'humanité.
- Continuité dans l'esprit même qui doit inspirer ces murs et ce que l'on y accomplit, tradition sacrée, tradition profane, même service et même engagement. Continuité aussi dans l'architecture. Il suffit d'observer de quelle manière sont restaurés ces bâtiments anciens, de quelle manière ont été bâties les constructions. On a veillé avec un très grand soin à respecter l'essentiel et même à retrouver l'essentiel de ce qui faisait l'armature, les grandes lignes, les grands choix du début et vous allez continuer.
- J'ai pu, avant de monter ces marches, visiter avec vous, rapidement, certains de ces ensembles. Et je vois bien quelle est votre ambition, l'ambition du ministre, des ministres, l'ambition des responsables directs qui ont pour souci majeur de mener à bien l'entreprise. Cette continuité peut servir d'exemple, car elle est réussie.
- Le Val-de-Grâce, ancien monastère des Services de Santé, a poursuivi une oeuvre dont l'inspiration est restée semblable à elle-même : le souci de la beauté, de l'équilibre, de l'harmonie que tout visiteur remarque aussitôt à peine entré dans votre enceinte.
- Les bâtiments nouveaux que nous avons eu l'occasion de visiter, fût-ce dans les moments de douleur ou de peine, ont obéi à un souci de clarté, d'utilité et de bien-être.
- Voilà une oeuvre qui valait bien qu'elle nous permît tous ici réunis de saluer l'effort entrepris et son succès et de se retourner vers vous, monsieur le directeur central et vous tous responsables à des titres divers - les anciens, récents et actuels - vous vous êtes tenu la main pour assurer ce succès qui ne sera qu'un élément, qu'un chaînon d'une longue série de réussites de tous ordres. Et je remercie monsieur le ministre de la défense d'avoir bien voulu consacrer à son tour les crédits utiles, sans quoi rien n'eût été possible. Je pense qu'on peut dire aux architectes qu'ils ont bien mérité de la confiance qui leur a été faite £ le scrupule, l'honnêteté de la restauration qui s'accorde avec la vue d'ensemble - certes des destructions furent nécessaires - ont permis à l'essentiel d'être préservé. Vous me disiez à l'instant, monsieur le directeur, que l'on prévoyait des jardins à la française qui uniront les bâtiments et qui, exactement dans le style initial, permettront de préserver la noblesse des lignes.
- On peut donc parler des bâtiments, des constructions, de l'architecture, de l'art, tout cela est loin d'être démuni de vie intérieure. La beauté exprime toujours une volonté, une imagination, une certaine idée du monde venue de l'intérieur d'une intelligence ou d'une sensibilité. Mais au-delà, tout cela est fait pour être utile et être utile aux autres.\
Dans chacun des couloirs, dans chacune des salles par où nous sommes passés on a pu observer ce même souci, y compris dans vos projets de réserve, pour rassembler dans quelques salles l'ensemble des documents historiques et des plaques qui marquent toute l'histoire des services de santé des armées. J'étais étonné en passant là de voir à quel point vous aviez pieusement conservé le nom des médecins, pharmaciens, victimes : victimes dans l'accomplissement de leur mission, tués aux armées conformément à leur engagement et à leur foi dans le service qu'ils rendent, victimes des épidémies.
- C'est très émouvant même en parcourant très vite l'ensemble des plaques ici apposées. Vous m'avez raconté ainsi toute une partie de l'histoire de France et l'une des plus belles pages puisqu'elle s'appelle le sacrifice.
- Vous avez des projets maintenant pour les deux années qui viennent. Tout ceci se terminera par une célébration à laquelle vous avez eu l'obligeance de m'inviter. C'est très bien d'avoir foi dans l'avenir, deux ans, ce n'est pas loin, mais il faudra voir beaucoup plus loin. Beaucoup plus loin, ce seront vos successeurs, nos successeurs qui pourront persévérer et continuer à leur goût. J'espère que ce sera un goût dans la ligne de ce qui, depuis plusieurs siècles, a été maintenu et qui pourra faire de cette maison, de cet hôpital quelque chose qui sera adapté aux moyens de la technique, aux connaissances médicales du futur tout en préservant cette harmonie. Harmonie intérieure, harmonie extérieure car c'est vrai votre maison apparaît aujourd'hui comme l'un des lieux où la souffrance et la maladie sont traitées avec le plus de soins, le plus d'attention, parfois même le plus de sollicitude et d'amour. Je dois dire que cela m'a toujours beaucoup frappé. A priori, je ne sais pas pourquoi, on n'en attend pas tant des militaires et pourtant c'est ce qui se passe. Comme quoi, lorsque l'on se penche sur la souffrance humaine le trésor est à l'intérieur, il représente une forme de civilisation, dont nos armées sont porteuses, comme tout ce qui sert la Nation.\
Je suis venu plus spécifiquement pour la bibliothèque qui est un des éléments achevés. Cette bibliothèque vous ne la créez pas, vous l'aménagez, vous la modernisez. Vous mettez à la disposition de vos chercheurs et de vos lecteurs un instrument pratique et commode en même temps. L'on y retrouve un peu cet esprit conventuel, le calme, la tranquillité de ce beau cloître et des couloirs où je suppose que l'on ne passe pas beaucoup pour éviter de distraire l'attention de ceux qui sont venus chercher et travailler. J'ai vu les responsables de cette bibliothèque. Ils l'ont conçue avec la volonté de rester en harmonie avec les lieux tout en installant bien entendu des rayonnages et des matériaux qui n'avaient pas l'habitude de figurer ici. Cet alliage était assez difficile. Faire qu'une bibliothèque moderne puisse s'allier aux murs anciens, ce n'est pas la moindre des difficultés que vous avez rencontrées. Ce que j'en ai vu me satisfait et surtout j'y vois la continuation d'une des plus sûres démarches du Service de Santé des Armées. La science doit être toujours présente dans nos institutions comme elle l'est dans vos esprits, la science, la connaissance. C'est important que vous ayez là des médecins, jeunes ou vieux, des pharmaciens, des civils enfin tous ceux que vous acceptez, donnant la priorité naturellement à ceux qui relèvent de votre discipline mais en acceptant le concours des autres. C'est important que l'on vienne ici trouver les ouvrages et le temps de la réflexion en même temps que les moyens de la réflexion qui permettent à notre pays de rester à la pointe de la recherche sans laquelle il n'y a pas d'avenir. Donc, vous préparez l'avenir.
- Je tiens à remercier celles et ceux qui ont pris part à cette oeuvre dont je constate les premiers effets. Au nom du pays, je puis vous dire que si j'en suis satisfait c'est que les Français seront fiers de ce que vous avez fait. Je ne puis que vous demander de poursuivre le travail, de le mener à bien et de laisser aux autres ensuite, en passant le témoin d'une époque dans laquelle on aura su ce que c'était que la grandeur de l'architecture française, non point seulement par la beauté de sa ligne, mais aussi par la richesse de son contenu.\
- Ce qui frappe tout visiteur ici, c'est d'abord la continuité. Avant même que le service de santé des Armées ne fût responsable de ces très beaux bâtiments, déjà, s'inscrivait la tradition que vous venez d'évoquer, tournée autour de la méditation, de la réflexion et de l'aide aux autres ou au service - une formule bien connue qui est la vôtre - de la patrie et de l'humanité.
- Continuité dans l'esprit même qui doit inspirer ces murs et ce que l'on y accomplit, tradition sacrée, tradition profane, même service et même engagement. Continuité aussi dans l'architecture. Il suffit d'observer de quelle manière sont restaurés ces bâtiments anciens, de quelle manière ont été bâties les constructions. On a veillé avec un très grand soin à respecter l'essentiel et même à retrouver l'essentiel de ce qui faisait l'armature, les grandes lignes, les grands choix du début et vous allez continuer.
- J'ai pu, avant de monter ces marches, visiter avec vous, rapidement, certains de ces ensembles. Et je vois bien quelle est votre ambition, l'ambition du ministre, des ministres, l'ambition des responsables directs qui ont pour souci majeur de mener à bien l'entreprise. Cette continuité peut servir d'exemple, car elle est réussie.
- Le Val-de-Grâce, ancien monastère des Services de Santé, a poursuivi une oeuvre dont l'inspiration est restée semblable à elle-même : le souci de la beauté, de l'équilibre, de l'harmonie que tout visiteur remarque aussitôt à peine entré dans votre enceinte.
- Les bâtiments nouveaux que nous avons eu l'occasion de visiter, fût-ce dans les moments de douleur ou de peine, ont obéi à un souci de clarté, d'utilité et de bien-être.
- Voilà une oeuvre qui valait bien qu'elle nous permît tous ici réunis de saluer l'effort entrepris et son succès et de se retourner vers vous, monsieur le directeur central et vous tous responsables à des titres divers - les anciens, récents et actuels - vous vous êtes tenu la main pour assurer ce succès qui ne sera qu'un élément, qu'un chaînon d'une longue série de réussites de tous ordres. Et je remercie monsieur le ministre de la défense d'avoir bien voulu consacrer à son tour les crédits utiles, sans quoi rien n'eût été possible. Je pense qu'on peut dire aux architectes qu'ils ont bien mérité de la confiance qui leur a été faite £ le scrupule, l'honnêteté de la restauration qui s'accorde avec la vue d'ensemble - certes des destructions furent nécessaires - ont permis à l'essentiel d'être préservé. Vous me disiez à l'instant, monsieur le directeur, que l'on prévoyait des jardins à la française qui uniront les bâtiments et qui, exactement dans le style initial, permettront de préserver la noblesse des lignes.
- On peut donc parler des bâtiments, des constructions, de l'architecture, de l'art, tout cela est loin d'être démuni de vie intérieure. La beauté exprime toujours une volonté, une imagination, une certaine idée du monde venue de l'intérieur d'une intelligence ou d'une sensibilité. Mais au-delà, tout cela est fait pour être utile et être utile aux autres.\
Dans chacun des couloirs, dans chacune des salles par où nous sommes passés on a pu observer ce même souci, y compris dans vos projets de réserve, pour rassembler dans quelques salles l'ensemble des documents historiques et des plaques qui marquent toute l'histoire des services de santé des armées. J'étais étonné en passant là de voir à quel point vous aviez pieusement conservé le nom des médecins, pharmaciens, victimes : victimes dans l'accomplissement de leur mission, tués aux armées conformément à leur engagement et à leur foi dans le service qu'ils rendent, victimes des épidémies.
- C'est très émouvant même en parcourant très vite l'ensemble des plaques ici apposées. Vous m'avez raconté ainsi toute une partie de l'histoire de France et l'une des plus belles pages puisqu'elle s'appelle le sacrifice.
- Vous avez des projets maintenant pour les deux années qui viennent. Tout ceci se terminera par une célébration à laquelle vous avez eu l'obligeance de m'inviter. C'est très bien d'avoir foi dans l'avenir, deux ans, ce n'est pas loin, mais il faudra voir beaucoup plus loin. Beaucoup plus loin, ce seront vos successeurs, nos successeurs qui pourront persévérer et continuer à leur goût. J'espère que ce sera un goût dans la ligne de ce qui, depuis plusieurs siècles, a été maintenu et qui pourra faire de cette maison, de cet hôpital quelque chose qui sera adapté aux moyens de la technique, aux connaissances médicales du futur tout en préservant cette harmonie. Harmonie intérieure, harmonie extérieure car c'est vrai votre maison apparaît aujourd'hui comme l'un des lieux où la souffrance et la maladie sont traitées avec le plus de soins, le plus d'attention, parfois même le plus de sollicitude et d'amour. Je dois dire que cela m'a toujours beaucoup frappé. A priori, je ne sais pas pourquoi, on n'en attend pas tant des militaires et pourtant c'est ce qui se passe. Comme quoi, lorsque l'on se penche sur la souffrance humaine le trésor est à l'intérieur, il représente une forme de civilisation, dont nos armées sont porteuses, comme tout ce qui sert la Nation.\
Je suis venu plus spécifiquement pour la bibliothèque qui est un des éléments achevés. Cette bibliothèque vous ne la créez pas, vous l'aménagez, vous la modernisez. Vous mettez à la disposition de vos chercheurs et de vos lecteurs un instrument pratique et commode en même temps. L'on y retrouve un peu cet esprit conventuel, le calme, la tranquillité de ce beau cloître et des couloirs où je suppose que l'on ne passe pas beaucoup pour éviter de distraire l'attention de ceux qui sont venus chercher et travailler. J'ai vu les responsables de cette bibliothèque. Ils l'ont conçue avec la volonté de rester en harmonie avec les lieux tout en installant bien entendu des rayonnages et des matériaux qui n'avaient pas l'habitude de figurer ici. Cet alliage était assez difficile. Faire qu'une bibliothèque moderne puisse s'allier aux murs anciens, ce n'est pas la moindre des difficultés que vous avez rencontrées. Ce que j'en ai vu me satisfait et surtout j'y vois la continuation d'une des plus sûres démarches du Service de Santé des Armées. La science doit être toujours présente dans nos institutions comme elle l'est dans vos esprits, la science, la connaissance. C'est important que vous ayez là des médecins, jeunes ou vieux, des pharmaciens, des civils enfin tous ceux que vous acceptez, donnant la priorité naturellement à ceux qui relèvent de votre discipline mais en acceptant le concours des autres. C'est important que l'on vienne ici trouver les ouvrages et le temps de la réflexion en même temps que les moyens de la réflexion qui permettent à notre pays de rester à la pointe de la recherche sans laquelle il n'y a pas d'avenir. Donc, vous préparez l'avenir.
- Je tiens à remercier celles et ceux qui ont pris part à cette oeuvre dont je constate les premiers effets. Au nom du pays, je puis vous dire que si j'en suis satisfait c'est que les Français seront fiers de ce que vous avez fait. Je ne puis que vous demander de poursuivre le travail, de le mener à bien et de laisser aux autres ensuite, en passant le témoin d'une époque dans laquelle on aura su ce que c'était que la grandeur de l'architecture française, non point seulement par la beauté de sa ligne, mais aussi par la richesse de son contenu.\