15 mai 1990 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Message de M. François Mitterrand, Président de la République, à paraître dans un supplément des "Izvestia" consacré à la France, notamment sur le développement des relations franco-soviétiques, Paris, le 15 mai 1990.

Je suis heureux de l'occasion qui m'est offerte de m'adresser aux peuples de l'Union soviétique grâce à ce numéro spécial que les Izvestia consacrent à la France.
- La France et l'Union soviétique sont liées, vous le savez, par une amitié profonde et ancienne. Avec le Président Gorbatchev, lors de nos fréquentes rencontres, nous nous employons à la faire progresser et à trouver des domaines nouveaux où puisse s'exercer notre coopération.
- C'est ainsi que nous avons signé à Paris, le 5 juillet 1989, lors de la visite en France de M. Gorbatchev, une déclaration sur les principes du développement et du perfectionnement de la coopération économique, industrielle, scientifique et technique entre nos deux pays, et une vingtaine d'accords, dans des domaiens jugés prioritaires.
- Cela correspond d'abord à la volonté de renouer avec une tradition séculaire où nos cultures nationales ont été liées aussi bien dans le domaine des idées et de la littérature que dans celui de la science ou du commerce : il faut, pour cela, favoriser sans aucune restriction, les contacts de toute nature entre nos peuples. Ainsi des centres culturels français à Moscou et soviétique à Paris seront bientôt ouverts. Mille jeunes de chaque côté se rendront dès cette année dans des familles de l'autre pays. Un important programme de formation à la gestion, déjà en oeuvre, permettra à des milliers de cadres soviétiques d'acquérir les méthodes de gestion en usage dans nos entreprises.
- Nous devons également développer nos échanges économiques en exploitant mieux nos possibilités respectives. C'est dans cet esprit qu'ont été mises en place cette année des structures de coopération plus efficaces. La présence de responsables de plus de soixante entreprises françaises à Moscou lors de la première réunion de la nouvelle Commission franco-soviétique témoigne de la volonté de nos entreprises de coopérer avec l'URSS.
- Dans le domaine scientifique, il faut poursuivre notre coopération et l'orienter en priorité vers la recherche en commun de solutions aux graves problèmes auxquels nos pays sont aujourd'hui confrontés, notamment en matière de santé et d'environnement.
- Enfin, je vois avec satisfaction le contenu de coopérations devenues traditionnelles entre la France et l'URSS s'enrichir de développements nouveaux, grâce au dynamisme des partenaires et à leur capacité de prendre en compte les nécessités du temps présent, qu'il s'agisse, par exemple, de la sécurité dans le domaine de l'énergie nucléaire, ou de la recherche d'une norme commune européenne de télévision à haute définition.\
Le développement des relations entre la France et l'Union soviétique est indispensable à nos deux pays £ il doit également contribuer à la construction de l'Europe de demain, que chacun veut libre, prospère et pacifique.
- Cet avenir commun doit commencer à être préparé dès maintenant de multiples façons : en développant des relations bilatérales, bien entendu, mais aussi en prenant appui sur les institutions qui rassemblent d'ores et déjà les nations européennes. Il peut s'agir d'organismes nouveaux, comme la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ou de forums existants, comme la CSCE, le Conseil de l'Europe, Eurêka et nombre d'autres institutions spécialisées.
- Par ailleurs, les douze pays de la Communauté économique européenne se préparent à la mise en place d'un marché unique et d'une Union économique et monétaire dans un double mouvement d'achèvement de la construction européenne et d'ouverture vers l'extérieur. Tisser entre nations égales et souveraines des liens de fraternité £ lancer des projets en commun £ discuter librement sur tous les plans : tout ceci prépare le moment où l'Europe pourra se constituer en confédération, selon une perspective que j'ai lancée il y a quelques mois. Tous les pays démocratiques européens, dotés d'institutions représentatives, auront vocation à faire partie de cette confédération.
- Sur tous ces sujets, j'ai un dialogue constant avec le Président Gorbatchev. Ensemble, nous recherchons les équilibres indispensables sur notre continent, qui retrouve son unité et cherche à organiser sa solidarité.\
Les Français portent un intérêt très grand à la mise en oeuvre du programme de renouveau démocratique et de réformes économiques et sociales en oeuvre dans votre pays. Je pense que vous aussi, souhaitez en savoir davantage sur la France d'aujourd'hui, ses entreprises, son système éducatif, ses centres de recherche, ses réalisations et ses espoirs. Cette publication exceptionnelle ne peut qu'y contribuer. Au nom du peuple français, je vous exprime mes voeux les plus chaleureux de paix et de prospérité.\