11 mai 1990 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, notamment sur le nouvel équilibre européen et le rôle de l'OTAN pour la sécurité de l'Europe, Paris, le 11 mai 1990.
Monsieur le Président,
- Mesdames et messieurs,
- Je suis vraiment très heureux de vous recevoir, de vous souhaiter la bienvenue à l'issue de la première journée de travail de la session de printemps de l'Assemblée de l'Atlantique Nord.
- C'est la première fois depuis 13 ans que vous revenez à Paris et cela nous est très agréable de retrouver l'ensemble des parlementaires représentant les pays amis.
- Inutile d'expliquer la situation nouvelle dans laquelle se trouve l'Europe. Vous la connaissez et pour la plupart d'entre vous vous la vivez. On voit les pays d'Europe centrale et orientale exercer de nouveau leur pleine souveraineté et évoluer à une allure différente, certes, vers la démocratie £ tous cherchent à se réinsérer dans la vie de notre continent sur tous les plans, sur le plan économique assurément et sur bien d'autres. L'Allemagne a entamé le processus qui la conduira à l'unification, événement considérable et naturel si l'on considère la logique de l'histoire et la réalité d'un peuple. Souhaitons-lui, comme j'ai eu l'occasion de le dire, souhaitons-lui bonne chance. Un ordre nouveau disparaît en Europe £ il doit laisser place à un nouvel équilibre. Dans le domaine militaire, la stabilité doit se renforcer grâce en particulier aux mesures de désarmement négociées actuellement à Vienne en vue de réduire les asymétries pour parvenir à des niveaux de force équilibrée au plus bas niveau possible.\
La Communauté économique européenne a décidé de se renforcer par une union économique et monétaire tandis qu'elle commence une réflexion sérieuse et s'attaque à un calendrier pour la définition d'une union politique.
- Il reste beaucoup à faire mais la direction est bonne, cela va dans le sens de la paix, de la sécurité, que les pays de l'Europe appellent de leurs voeux. Il reste à établir les bases d'un accord contractuel en signant dès cette année si cela est possible l'accord sur la réduction des forces conventionnelles. Nous avons une autre perspective, celle de la réunion de la CSCE pour la fin de cette année à Paris peut-être ou dans toute autre capitale qui sera choisie.
- On pourra traiter ensemble tous les pays européens, plus nos amis des Etats-Unis d'Amérique et du Canada, de tout ce qui touche à la coopération et à la sécurité en Europe.
- C'est là que l'Alliance doit jouer son rôle et que nous avons le plus grand besoin des conseils des parlementaires qui se consacrent à cette tâche.
- On parle naturellement d'une évolution du contenu de l'Alliance. C'est une perspective raisonnable puisque les données ont changé et qu'il n'y a pas lieu de desserrer les termes de nos accords. On parle d'un nouvel équilibre européen. Il sera nécessaire.
- Récemment lors d'une rencontre avec le Président Bush dans son pays, nous en avons parlé. J'ai moi-même proposé, - je n'ai pas été le seul - qu'une réunion de l'Alliance puisse se tenir au plus tôt - vous savez que certaines dates sont avancées - pour une conférence qui se tiendrait dans un pays déjà pressenti à cet effet.
- Ce n'est pas simplement cette fois-ci, par exemple au mois de juin ou de juillet, qu'il sera possible de mener cette conversation à son terme mais cela permettra de préparer la suite notamment pour la fin de cette année.
- Vous connaissez la situation particulière de la France au sein du commandement intégré de l'Alliance. Cette position sera maintenue dans le maintien de la loyauté à l'égard de nos alliés et des relations multiples qui supposent une coopération entre nous.\
Puisque j'ai parlé de la situation à l'OTAN et son contenu - vous connaissez la position de M. Baker qui ne faisait que précéder toute une série d'autres propositions émanant de différents pays -, nous comprenons très bien qu'il faille donner un autre sens à la démarche qui va se développer sur un terrain nouveau dans une Europe différente. Qu'appelle-t-on rôle politique ? Le terme est nécessaire mais il est vague aussi. Disons qu'il est normal que tous ceux qui prennent part à la sécurité en Europe et particulièrement les Américains du nord aient leur mot à dire sur ce nouvel équilibre et qu'ils prennent part à la décision.
- On parle de la situation nouvelle de l'Allemagne. Nous sommes d'accord pour estimer que l'Allemagne unifiée a pour destination naturelle d'appartenir dans sa nouvelle entité à l'Alliance atlantique. Il n'y a pas à revenir là-dessus sinon on arriverait à des combinaisons saugrenues. Simplement, il faudra que des mesures de sagesse soient prises. Il ne sera pas nécessaire pour autant d'avancer les dispositifs militaires à l'Est. Aucune disposition pouvant susciter la crainte ou la méfiance de l'Union soviétique ne doit être adoptée. Simplement comme nous l'avons toujours dit, il faut l'équilibre, la symétrie, une démarche commune, concomitante, comparable et à partir de là nous verrons bien quelles seront les évolutions des membres du pacte de Varsovie, comment se situera le rapport des forces et de quelle façon nous pourrons concevoir la sécurité des années futures. Nous veillons comme nous le demandons aux autres, en face, à ne pas commettre d'actes inutiles qui seraient imprudents.
- Vous, mesdames et messieurs, vous êtes au sein des Parlements que vous représentez, vous êtes des experts, ceux auxquels on pense naturellement pour toute question touchant à l'Alliance, à la défense, à la sécurité. Donc il vous appartient de contribuer - je dirai plus que d'autres - à définir les voix du renouveau et à mener à bien une réflexion commune animée par les mêmes idéaux de défense d'un monde qui est le nôtre et auquel nous tenons, de compréhension et d'ouverture à l'égard du reste du continent et une volonté de paix mais une volonté affirmée par des pays sûrs, déterminés à ne rien laisser au hasard et animés par un grand désir d'avancer vers la sécurité au bénéfice de chacun, qu'il soit de l'Est ou de l'Ouest.\
- Mesdames et messieurs,
- Je suis vraiment très heureux de vous recevoir, de vous souhaiter la bienvenue à l'issue de la première journée de travail de la session de printemps de l'Assemblée de l'Atlantique Nord.
- C'est la première fois depuis 13 ans que vous revenez à Paris et cela nous est très agréable de retrouver l'ensemble des parlementaires représentant les pays amis.
- Inutile d'expliquer la situation nouvelle dans laquelle se trouve l'Europe. Vous la connaissez et pour la plupart d'entre vous vous la vivez. On voit les pays d'Europe centrale et orientale exercer de nouveau leur pleine souveraineté et évoluer à une allure différente, certes, vers la démocratie £ tous cherchent à se réinsérer dans la vie de notre continent sur tous les plans, sur le plan économique assurément et sur bien d'autres. L'Allemagne a entamé le processus qui la conduira à l'unification, événement considérable et naturel si l'on considère la logique de l'histoire et la réalité d'un peuple. Souhaitons-lui, comme j'ai eu l'occasion de le dire, souhaitons-lui bonne chance. Un ordre nouveau disparaît en Europe £ il doit laisser place à un nouvel équilibre. Dans le domaine militaire, la stabilité doit se renforcer grâce en particulier aux mesures de désarmement négociées actuellement à Vienne en vue de réduire les asymétries pour parvenir à des niveaux de force équilibrée au plus bas niveau possible.\
La Communauté économique européenne a décidé de se renforcer par une union économique et monétaire tandis qu'elle commence une réflexion sérieuse et s'attaque à un calendrier pour la définition d'une union politique.
- Il reste beaucoup à faire mais la direction est bonne, cela va dans le sens de la paix, de la sécurité, que les pays de l'Europe appellent de leurs voeux. Il reste à établir les bases d'un accord contractuel en signant dès cette année si cela est possible l'accord sur la réduction des forces conventionnelles. Nous avons une autre perspective, celle de la réunion de la CSCE pour la fin de cette année à Paris peut-être ou dans toute autre capitale qui sera choisie.
- On pourra traiter ensemble tous les pays européens, plus nos amis des Etats-Unis d'Amérique et du Canada, de tout ce qui touche à la coopération et à la sécurité en Europe.
- C'est là que l'Alliance doit jouer son rôle et que nous avons le plus grand besoin des conseils des parlementaires qui se consacrent à cette tâche.
- On parle naturellement d'une évolution du contenu de l'Alliance. C'est une perspective raisonnable puisque les données ont changé et qu'il n'y a pas lieu de desserrer les termes de nos accords. On parle d'un nouvel équilibre européen. Il sera nécessaire.
- Récemment lors d'une rencontre avec le Président Bush dans son pays, nous en avons parlé. J'ai moi-même proposé, - je n'ai pas été le seul - qu'une réunion de l'Alliance puisse se tenir au plus tôt - vous savez que certaines dates sont avancées - pour une conférence qui se tiendrait dans un pays déjà pressenti à cet effet.
- Ce n'est pas simplement cette fois-ci, par exemple au mois de juin ou de juillet, qu'il sera possible de mener cette conversation à son terme mais cela permettra de préparer la suite notamment pour la fin de cette année.
- Vous connaissez la situation particulière de la France au sein du commandement intégré de l'Alliance. Cette position sera maintenue dans le maintien de la loyauté à l'égard de nos alliés et des relations multiples qui supposent une coopération entre nous.\
Puisque j'ai parlé de la situation à l'OTAN et son contenu - vous connaissez la position de M. Baker qui ne faisait que précéder toute une série d'autres propositions émanant de différents pays -, nous comprenons très bien qu'il faille donner un autre sens à la démarche qui va se développer sur un terrain nouveau dans une Europe différente. Qu'appelle-t-on rôle politique ? Le terme est nécessaire mais il est vague aussi. Disons qu'il est normal que tous ceux qui prennent part à la sécurité en Europe et particulièrement les Américains du nord aient leur mot à dire sur ce nouvel équilibre et qu'ils prennent part à la décision.
- On parle de la situation nouvelle de l'Allemagne. Nous sommes d'accord pour estimer que l'Allemagne unifiée a pour destination naturelle d'appartenir dans sa nouvelle entité à l'Alliance atlantique. Il n'y a pas à revenir là-dessus sinon on arriverait à des combinaisons saugrenues. Simplement, il faudra que des mesures de sagesse soient prises. Il ne sera pas nécessaire pour autant d'avancer les dispositifs militaires à l'Est. Aucune disposition pouvant susciter la crainte ou la méfiance de l'Union soviétique ne doit être adoptée. Simplement comme nous l'avons toujours dit, il faut l'équilibre, la symétrie, une démarche commune, concomitante, comparable et à partir de là nous verrons bien quelles seront les évolutions des membres du pacte de Varsovie, comment se situera le rapport des forces et de quelle façon nous pourrons concevoir la sécurité des années futures. Nous veillons comme nous le demandons aux autres, en face, à ne pas commettre d'actes inutiles qui seraient imprudents.
- Vous, mesdames et messieurs, vous êtes au sein des Parlements que vous représentez, vous êtes des experts, ceux auxquels on pense naturellement pour toute question touchant à l'Alliance, à la défense, à la sécurité. Donc il vous appartient de contribuer - je dirai plus que d'autres - à définir les voix du renouveau et à mener à bien une réflexion commune animée par les mêmes idéaux de défense d'un monde qui est le nôtre et auquel nous tenons, de compréhension et d'ouverture à l'égard du reste du continent et une volonté de paix mais une volonté affirmée par des pays sûrs, déterminés à ne rien laisser au hasard et animés par un grand désir d'avancer vers la sécurité au bénéfice de chacun, qu'il soit de l'Est ou de l'Ouest.\