5 janvier 1990 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors des voeux aux forces vives de la Nation, notamment sur les séquelles de la crise économique et le rôle de la France et de la CEE dans la construction de l'Europe, face aux bouleversements dans les pays de l'Est, Paris, le 5 janvier 1990.
Mesdames, Messieurs,
- Je suis heureux de vous recevoir cet après-midi, de vous rencontrer comme cela tous ensemble. Chacun d'entre vous représente soit une organisation, soit un ensemble d'expériences qui sont indispensables à la vie de notre République. En ce 5 janvier, nous avons à nous présenter nos voeux. Vous direz, c'est très rituel, cela l'est en effet, cela vient chaque année. Bien que pour vous, ce soit plus récent. Il n'y a que peu de temps que les organisations, associations que vous représentez sont reçus parmi les corps constitués et autres dignitaires ou responsables que j'ai l'occasion de recevoir en ces occasions.
- Je l'avais jugé nécessaire, parce que vous êtes mêlés de si près à la vie de la Nation, tant d'initiatives partent de vos rangs et trop de décisions sont prises auxquelles vous prenez part d'une façon ou d'une autre, pour qu'on vous ignore le jour de la célébration. Recevez donc mes voeux personnels pour chacune et chacun d'entre vous, non seulement dans le cadre des tâches que vous assumez, de vos responsabilités électives, syndicales, mais aussi sur le plan de votre vie à vous, le petit cercle de vos amitiés, de la vie de famille, les compagnons de vie qu'on ne peut pas oublier sans risquer de s'enfermer dans le cercle glacé des relations publiques.
- Je vous souhaite donc une année aussi heureuse qu'il est possible, chacun connaîtra un destin différent, mais enfin l'espérance est là qui nous aide et qui nous permet de penser que la balance des joies l'emportera sur celle des peines. En tout cas c'est ce que je vous souhaite pour 1990.
- Je souhaite à vos associations de toutes sortes, organismes, institutions, de se développer dans la base du militantisme, c'est-à-dire de l'engagement, du dévouement, de l'attachement que vous portez non pas seulement à vos responsabilités, mais aux raisons qui ont voulu qu'un jour vous décidiez de militer. Un tel effort reste digne.\
Mes voeux, à travers vous, vont aussi à la Nation. Vous en êtes une partie vivante, peut-être la plus vivante. Ce qui permet d'innover, d'imaginer, de créer, de répondre sur place, sur le terrain aux multiples besoins qui souvent ne parviennent pas à se faire entendre, en tout cas qui n'y parviendraient pas sans vous.
- Vous avez une situation de la France que vous connaissez par la presse, par les débats politiques, par les débats syndicaux, vous êtes au courant. Nous commençons à sortir de la crise des années 73-74 `1973 - 1974`, oui, cela a été long, une quinzaine d'années pour le moins. On commence à en sortir, nous ne sommes pas complètement sortis. Nous souffrons encore des séquelles de la crise. Et pour réinvestir, pour relancer partout des activités nécessaires, cela nécessite des mises de fonds, de la patience, du temps. Ce qui inquiète justement les représentants des couches de Français les plus défavorisés qui souffrent le plus des inégalités.
- Quelque 4 % de croissance, dont on ne peut assurer qu'ils se perpétueront - mais de toutes façons, cela restera positif -, quelque 350000 emplois créés cette année - l'année 1989 -, ce regain d'activité qui ne colle pas exactement à l'idée que l'on se fait de la réduction du chômage, car ce ne sont pas des notions qui se recoupent exactement, malheureusement, peut quand même, finira quand même à commencer de peser sur l'évolution du chômage surtout chez les jeunes. S'il y a baisse du chômage c'est bien là que cela peut être constaté. A distance, assurément, nous en sortirons très honorablement et nous n'oublierons pas les années de souffrance, souffrance matérielle et souffrance morale subies par celles et ceux qui ont connu et qui connaissent encore cette maladie sociale si dramatique.
- Ma foi, elle va vers l'adaptation des hommes et des femmes aux métiers qu'ils font ou qu'ils feront, donc la formation, l'éducation sous toutes ses formes, formation et formation professionnelle, d'où la grande utilité que j'attends du crédit de formation qui permet de recycler - pour l'instant - quelque 100000 jeunes, qui permettra d'en recycler davantage bientôt. C'est cela la grande question, comment y parvenir ? Et nombreux sont ceux d'entre vous qui représentent essentiellement l'activité économique du pays - économique et social, tout cela est mêlé - et qui pouvait rendre un service pour le moins égal sinon supérieur à celui que peut rendre l'état humain, en même temps les données psychologiques ne sont pas les plus négligeables. Il faut le vouloir et il faut y croire.
- Vous qui êtes ici, vous n'êtes pas là par hasard, parce que vous avez été choisis par vos camarades, vos amis, vos partenaires de la vie quotidienne dans les domaines qui sont les vôtres. Cela a supposé de nombreuses années de dévouement actif souvent modeste et ignoré qui représente une somme, je dirais presque un trésor, d'énergie et de disponibilité. La France aura besoin de gens qui font ce qu'ils font parce qu'ils estiment qu'ils doivent donner le meilleur d'eux-mêmes pour quelque chose qui n'est pas eux-mêmes.
- Bref, certaines formes de gratuité dans la conception de la vie et dans ses valeurs profondes qui sont surtout des valeurs morales croyez-moi et vous le savez bien.
- Je forme donc des voeux pour chacune, chacun d'entre vous, je forme des voeux que vous transmettrez à vos organisations et associations.\
Nous avons devant nous beaucoup de travaux sur le plan intérieur, le gouvernement y est attelé avec résolution et nous avons aussi beaucoup de responsabilités qui nous attendent sur le plan extérieur. C'est bien le thème quotidien de nos conversations, ces formidables bouleversements qui se produisent à l'Est, cette accession facile ou difficile selon les cas, facile de manière souvent inattendue mais difficile en profondeur sur le temps, à la démocratie, quand on vient d'un monde où cette valeur-là était peu courante sinon absente quand elle n'était pas exclue.
- Tous ces pays qui vont vers la démocratie n'ont pu parvenir à ce stade que par la force de leur conviction, par leur abnégation personnelle et par le service d'une croyance, d'un idéal de vie variable, différent mais qui tous portaient à porter le regard plus loin et plus haut que soi-même.
- On peut penser que la contagion est là, bonne contagion que celle des idées, des projets, que le goût de la liberté et celui de l'égalité. On peut penser que ce mouvement ne s'arrêtera pas. On doit parier précisément sur cette espérance. La France doit elle-même être prête à prêter la main à cette évolution, c'est ce qu'elle fait. Nous avons beaucoup avancé dans le cadre de l'Europe des Douze, pas assez, il faut aller plus loin et concevoir qu'elle n'aura quelques chances d'atteindre ces finalités que si elle se dote des structures, des moyens, d'une volonté politique pour inspirer tout le reste.
- Au-delà de cette Europe des Douze qui reste l'instrument majeur, il faut bien déjà penser à la place que tiendront les pays qui vont faire nos conceptions et qui aspireront à se joindre à notre effort. Elargir indéfiniment la communauté dans l'état présent, ce serait exagérément ambitieux, ce serait même peut-être une cause de destruction interne, une Communauté aussi fortement organisée qui suppose des disciplines et donc des contraintes, donc des renoncements, cela s'apprend et nous ne sommes pas arrivés au bout de nos peines même si notre objectif du 31 décembre 1992 est là et si nous nous y préparons. On a fait des avancées sérieuses. L'accord de Luxembourg de 1985 qui a fixé cet objectif de 1992 - 93, l'élargissement à l'Espagne et au Portugal, plus récemment c'était à Strasbourg l'engagement sur une monnaie commune et meme, si cela ne suffit pas, la mise en chantier d'une Charte sociale sur laquelle la Commision a déjà beaucoup travaillé et m'a déjà fourni le temps de ma présidence qui s'est achevée il y a 5 jours déjà des éléments de directive, quelque 40 mesures qui seront sans aucun doute prêtes à rentrer dans les faits, dans la réalité au cours des mois prochains.
- Mais voilà, l'Europe est plus grande que cela. Ses situations économique, sociale et politique sont encore très variables, une progression vers la démocratie doit être scandée de réalisations pratiques, j'en ai cité quelques-unes, les élections libres, un système représentatif, la liberté de l'information tout cela est pré-supposé mais n'est pas réalisé. Alors, il faudra bâtir avec ceux-là quand on en sera là un système cohérent et permanent, une institution où nous nous retrouverons tous, nous les Européens. On en reparlera dans d'autres circonstances mais il m'a semblé, je l'ai dit en d'autres circonstances que cette révolution, véritable révolution de la liberté qui a commencé à Moscou y reviendra peut-être en fin de course.\
Je forme les voeux pour que l'élan donné là-bas se perpétue, pour que ceux qui en ont pris la responsabilité soient en mesure de la poursuivre, mais cela ne sera possible que dans l'évolution continue et persévérante vers les progrès de la liberté à partir de laquelle tout le reste est possible. Il faut reporter vers nous, Français, les conseils que nous donnons aux autres. C'est vrai que nous avons la chance d'avoir derrière nous une longue histoire, une marche vers la démocratie, politique d'abord économique et sociale et ensuite je parle de la chronologie. Les démocraties économiques et sociales sont loin d'être parachevées, très loin, enfin cela a commencé, et le XIXème et le XXème siècle, les siècles industriels ont été jalonnés de douleurs, d'échecs et de succès pour ceux qui ont su lutter pour la justice et pour l'égalité, pour le droit des hommes à vivre libres, pas simplement par des inscriptions inscrites sur des frontons mais dans la réalité des lois et dans la pratique quotidienne. Il faut continuer, on en a besoin, nous sommes loin du compte et puis la responsabilité qui est la nôtre, la vôtre, la mienne, cela ressemble à l'un des vieux métiers, je crois pratiqué dans nos villages qui consiste à repriser, à repriser tous les jours le travail entrepris la veille parce qu'il y a toujours un fil qui part. C'est cela la vie politique nationale devant laquelle je me trouve. Alors je ne dirai pas que l'essentiel de ma charge - cela prêterait à sourire surtout quand on est écouté - consiste à repriser mais il faut le faire aussi, il faut innover, il faut inventer, il faut être capable de créer le monde de demain mais il faut constamment veiller à ce que les lois votées dont le principe est toujours excellent entrent dans la vie des gens et à ce que tous les Français se sachent individuellement appelés à devenir des responsables, des citoyens responsables.
- Voilà, on s'attaque à cette besogne, je pense qu'elle ne sera certainement pas menée à bien sans votre concours, je vous le dis très simplement ce sera en tous cas si votre réponse est positive, je veux dire votre réponse dans la vie quotidienne ce sera un des éléments de la bonne année 1990 que je vous souhaite.\
- Je suis heureux de vous recevoir cet après-midi, de vous rencontrer comme cela tous ensemble. Chacun d'entre vous représente soit une organisation, soit un ensemble d'expériences qui sont indispensables à la vie de notre République. En ce 5 janvier, nous avons à nous présenter nos voeux. Vous direz, c'est très rituel, cela l'est en effet, cela vient chaque année. Bien que pour vous, ce soit plus récent. Il n'y a que peu de temps que les organisations, associations que vous représentez sont reçus parmi les corps constitués et autres dignitaires ou responsables que j'ai l'occasion de recevoir en ces occasions.
- Je l'avais jugé nécessaire, parce que vous êtes mêlés de si près à la vie de la Nation, tant d'initiatives partent de vos rangs et trop de décisions sont prises auxquelles vous prenez part d'une façon ou d'une autre, pour qu'on vous ignore le jour de la célébration. Recevez donc mes voeux personnels pour chacune et chacun d'entre vous, non seulement dans le cadre des tâches que vous assumez, de vos responsabilités électives, syndicales, mais aussi sur le plan de votre vie à vous, le petit cercle de vos amitiés, de la vie de famille, les compagnons de vie qu'on ne peut pas oublier sans risquer de s'enfermer dans le cercle glacé des relations publiques.
- Je vous souhaite donc une année aussi heureuse qu'il est possible, chacun connaîtra un destin différent, mais enfin l'espérance est là qui nous aide et qui nous permet de penser que la balance des joies l'emportera sur celle des peines. En tout cas c'est ce que je vous souhaite pour 1990.
- Je souhaite à vos associations de toutes sortes, organismes, institutions, de se développer dans la base du militantisme, c'est-à-dire de l'engagement, du dévouement, de l'attachement que vous portez non pas seulement à vos responsabilités, mais aux raisons qui ont voulu qu'un jour vous décidiez de militer. Un tel effort reste digne.\
Mes voeux, à travers vous, vont aussi à la Nation. Vous en êtes une partie vivante, peut-être la plus vivante. Ce qui permet d'innover, d'imaginer, de créer, de répondre sur place, sur le terrain aux multiples besoins qui souvent ne parviennent pas à se faire entendre, en tout cas qui n'y parviendraient pas sans vous.
- Vous avez une situation de la France que vous connaissez par la presse, par les débats politiques, par les débats syndicaux, vous êtes au courant. Nous commençons à sortir de la crise des années 73-74 `1973 - 1974`, oui, cela a été long, une quinzaine d'années pour le moins. On commence à en sortir, nous ne sommes pas complètement sortis. Nous souffrons encore des séquelles de la crise. Et pour réinvestir, pour relancer partout des activités nécessaires, cela nécessite des mises de fonds, de la patience, du temps. Ce qui inquiète justement les représentants des couches de Français les plus défavorisés qui souffrent le plus des inégalités.
- Quelque 4 % de croissance, dont on ne peut assurer qu'ils se perpétueront - mais de toutes façons, cela restera positif -, quelque 350000 emplois créés cette année - l'année 1989 -, ce regain d'activité qui ne colle pas exactement à l'idée que l'on se fait de la réduction du chômage, car ce ne sont pas des notions qui se recoupent exactement, malheureusement, peut quand même, finira quand même à commencer de peser sur l'évolution du chômage surtout chez les jeunes. S'il y a baisse du chômage c'est bien là que cela peut être constaté. A distance, assurément, nous en sortirons très honorablement et nous n'oublierons pas les années de souffrance, souffrance matérielle et souffrance morale subies par celles et ceux qui ont connu et qui connaissent encore cette maladie sociale si dramatique.
- Ma foi, elle va vers l'adaptation des hommes et des femmes aux métiers qu'ils font ou qu'ils feront, donc la formation, l'éducation sous toutes ses formes, formation et formation professionnelle, d'où la grande utilité que j'attends du crédit de formation qui permet de recycler - pour l'instant - quelque 100000 jeunes, qui permettra d'en recycler davantage bientôt. C'est cela la grande question, comment y parvenir ? Et nombreux sont ceux d'entre vous qui représentent essentiellement l'activité économique du pays - économique et social, tout cela est mêlé - et qui pouvait rendre un service pour le moins égal sinon supérieur à celui que peut rendre l'état humain, en même temps les données psychologiques ne sont pas les plus négligeables. Il faut le vouloir et il faut y croire.
- Vous qui êtes ici, vous n'êtes pas là par hasard, parce que vous avez été choisis par vos camarades, vos amis, vos partenaires de la vie quotidienne dans les domaines qui sont les vôtres. Cela a supposé de nombreuses années de dévouement actif souvent modeste et ignoré qui représente une somme, je dirais presque un trésor, d'énergie et de disponibilité. La France aura besoin de gens qui font ce qu'ils font parce qu'ils estiment qu'ils doivent donner le meilleur d'eux-mêmes pour quelque chose qui n'est pas eux-mêmes.
- Bref, certaines formes de gratuité dans la conception de la vie et dans ses valeurs profondes qui sont surtout des valeurs morales croyez-moi et vous le savez bien.
- Je forme donc des voeux pour chacune, chacun d'entre vous, je forme des voeux que vous transmettrez à vos organisations et associations.\
Nous avons devant nous beaucoup de travaux sur le plan intérieur, le gouvernement y est attelé avec résolution et nous avons aussi beaucoup de responsabilités qui nous attendent sur le plan extérieur. C'est bien le thème quotidien de nos conversations, ces formidables bouleversements qui se produisent à l'Est, cette accession facile ou difficile selon les cas, facile de manière souvent inattendue mais difficile en profondeur sur le temps, à la démocratie, quand on vient d'un monde où cette valeur-là était peu courante sinon absente quand elle n'était pas exclue.
- Tous ces pays qui vont vers la démocratie n'ont pu parvenir à ce stade que par la force de leur conviction, par leur abnégation personnelle et par le service d'une croyance, d'un idéal de vie variable, différent mais qui tous portaient à porter le regard plus loin et plus haut que soi-même.
- On peut penser que la contagion est là, bonne contagion que celle des idées, des projets, que le goût de la liberté et celui de l'égalité. On peut penser que ce mouvement ne s'arrêtera pas. On doit parier précisément sur cette espérance. La France doit elle-même être prête à prêter la main à cette évolution, c'est ce qu'elle fait. Nous avons beaucoup avancé dans le cadre de l'Europe des Douze, pas assez, il faut aller plus loin et concevoir qu'elle n'aura quelques chances d'atteindre ces finalités que si elle se dote des structures, des moyens, d'une volonté politique pour inspirer tout le reste.
- Au-delà de cette Europe des Douze qui reste l'instrument majeur, il faut bien déjà penser à la place que tiendront les pays qui vont faire nos conceptions et qui aspireront à se joindre à notre effort. Elargir indéfiniment la communauté dans l'état présent, ce serait exagérément ambitieux, ce serait même peut-être une cause de destruction interne, une Communauté aussi fortement organisée qui suppose des disciplines et donc des contraintes, donc des renoncements, cela s'apprend et nous ne sommes pas arrivés au bout de nos peines même si notre objectif du 31 décembre 1992 est là et si nous nous y préparons. On a fait des avancées sérieuses. L'accord de Luxembourg de 1985 qui a fixé cet objectif de 1992 - 93, l'élargissement à l'Espagne et au Portugal, plus récemment c'était à Strasbourg l'engagement sur une monnaie commune et meme, si cela ne suffit pas, la mise en chantier d'une Charte sociale sur laquelle la Commision a déjà beaucoup travaillé et m'a déjà fourni le temps de ma présidence qui s'est achevée il y a 5 jours déjà des éléments de directive, quelque 40 mesures qui seront sans aucun doute prêtes à rentrer dans les faits, dans la réalité au cours des mois prochains.
- Mais voilà, l'Europe est plus grande que cela. Ses situations économique, sociale et politique sont encore très variables, une progression vers la démocratie doit être scandée de réalisations pratiques, j'en ai cité quelques-unes, les élections libres, un système représentatif, la liberté de l'information tout cela est pré-supposé mais n'est pas réalisé. Alors, il faudra bâtir avec ceux-là quand on en sera là un système cohérent et permanent, une institution où nous nous retrouverons tous, nous les Européens. On en reparlera dans d'autres circonstances mais il m'a semblé, je l'ai dit en d'autres circonstances que cette révolution, véritable révolution de la liberté qui a commencé à Moscou y reviendra peut-être en fin de course.\
Je forme les voeux pour que l'élan donné là-bas se perpétue, pour que ceux qui en ont pris la responsabilité soient en mesure de la poursuivre, mais cela ne sera possible que dans l'évolution continue et persévérante vers les progrès de la liberté à partir de laquelle tout le reste est possible. Il faut reporter vers nous, Français, les conseils que nous donnons aux autres. C'est vrai que nous avons la chance d'avoir derrière nous une longue histoire, une marche vers la démocratie, politique d'abord économique et sociale et ensuite je parle de la chronologie. Les démocraties économiques et sociales sont loin d'être parachevées, très loin, enfin cela a commencé, et le XIXème et le XXème siècle, les siècles industriels ont été jalonnés de douleurs, d'échecs et de succès pour ceux qui ont su lutter pour la justice et pour l'égalité, pour le droit des hommes à vivre libres, pas simplement par des inscriptions inscrites sur des frontons mais dans la réalité des lois et dans la pratique quotidienne. Il faut continuer, on en a besoin, nous sommes loin du compte et puis la responsabilité qui est la nôtre, la vôtre, la mienne, cela ressemble à l'un des vieux métiers, je crois pratiqué dans nos villages qui consiste à repriser, à repriser tous les jours le travail entrepris la veille parce qu'il y a toujours un fil qui part. C'est cela la vie politique nationale devant laquelle je me trouve. Alors je ne dirai pas que l'essentiel de ma charge - cela prêterait à sourire surtout quand on est écouté - consiste à repriser mais il faut le faire aussi, il faut innover, il faut inventer, il faut être capable de créer le monde de demain mais il faut constamment veiller à ce que les lois votées dont le principe est toujours excellent entrent dans la vie des gens et à ce que tous les Français se sachent individuellement appelés à devenir des responsables, des citoyens responsables.
- Voilà, on s'attaque à cette besogne, je pense qu'elle ne sera certainement pas menée à bien sans votre concours, je vous le dis très simplement ce sera en tous cas si votre réponse est positive, je veux dire votre réponse dans la vie quotidienne ce sera un des éléments de la bonne année 1990 que je vous souhaite.\