15 décembre 1989 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur l'importance des régions dans la construction de l'Europe et plus particulièrement sur la Regio Basiliensis, Bâle le 15 décembre 1989.
Il m'est très agréable, monsieur le Président Delamuraz, d'être aujourd'hui chez vous et avec vous, pour la troisième fois en trois mois, et j'apprécie de la même façon de me trouver une fois de plus à vos côtés, monsieur le Chancelier Kohl.
- Vous aimez faire les comptes, vous disiez récemment que dans des rencontres officielles nous avions pu débattre quelques soixante-dix fois, et vous ne comptiez pas les rencontres privées qui sont assez nombreuses puisqu'elles reprendront dès le début de l'année prochaine. C'est vrai que les relations humaines cela compte, et vouloir traiter les problèmes politiques, les intérêts de nos peuples et de nos Etats sans établir d'abord cette pratique qui permet de mieux comprendre les autres, ce serait agir de mauvaise façon.
- Mesdames et messieurs, cela vient d'être rappelé, notre vieux continent a connu ces temps derniers des événements que l'on peut qualifier d'historiques, des événements révolutionnaires, comme on n'en a pas connu depuis bien longtemps. Cela a de quoi nous réjouir, cela a de quoi nous occuper. De ce fait, le calendrier international a été lourd et mouvementé. Et pourtant, je pense que rien n'aurait pu me faire renoncer à cette rencontre, ici à Bâle, décidée en cours d'année, et qui me paraissait être un point de jonction particulièrement symbolique.\
Visitant, le 15 avril 1983, cette ville `Bâle`, celle d'Erasme, visitant aussi son très beau musée des Beaux-Arts, je m'étais promis d'y revenir. L'occasion d'aujourd'hui, avec l'hommage que nous rendons à cette région d'Europe chargée d'histoire et de sagesse, est rare £ chargée d'histoire, on l'a dit, on le sent, on l'éprouve, à chaque instant, dès que l'on vient ici et que l'on jette un coup d'oeil à ce noble fleuve qui longtemps nous a séparés avant d'être un lien entre nos peuples.
- Les vicissitudes du passé n'ont pu faire obstacle aux progrès d'une coopération qui s'établissait et se développait naturellement entre les habitants de cette région du Rhin supérieur, si naturellement qu'elle a pu évoluer en dehors de tout cadre institutionnel.
- En effet, en 1963, est née, par la volonté d'hommes à l'esprit audacieux et imaginatif, la "Regio basiliensis" qui allait permettre de mieux planifier les actions déjà entreprises et de promouvoir le développement concerté de l'Alsace, du Bade-Wurtemberg et de la Suisse du nord-ouest. Cela s'est parachevé avec la création, à Mulhouse et à Fribourg, des organismes partenaires de la Regio tandis que les gouvernements de nos trois pays, de leur côté, instituaient une commission franco-germano-suisse pour des questions de voisinage avec les comités régionaux.
- Voilà bien des instances gouvernementales ou non gouvernementales. Elles n'ont pas été créées "ex nihilo" en vue d'imposer à des citoyens de diverses nationalités une association ou un effort commun auquel ils n'auraient pas été préparés. Car existait déjà, c'est très important de le constater et d'en tirer la leçon, parmi les responsables des provinces, des villes, des communes, une volonté d'unir leurs efforts pour aborder ensemble les problèmes largement identiques de chaque côté des frontières.
- Cela fait des siècles que l'Alsace, le Bade-Wurtemberg, la Suisse du Nord-ouest faisaient, sans le savoir ou plutôt sans l'exprimer, de la coopération transfrontalière, expression à vrai dire un peu barbare mais, qu'importe, l'essentiel est d'avoir su organiser, d'un pays à l'autre, ce que l'on peut appeler une véritable communauté. Communauté régionale, sans doute, mais qui s'inscrit dans l'ensemble de ces communautés dont nous sommes les ouvriers dont devrait sortir, au bout de quelques décennies, un nouveau visage de l'Europe et, à partir de là, du monde.\
Ce type de coopération, consacré par le Conseil de l'Europe, a acquis droit de cité, je puis vous le garantir, dans le dialogue européen et il peut contribuer au renforcement du processus de détente mis en évidence par l'Acte final d'Helsinki et par les conclusions de la CSCE. Bien sûr, les frontières entre nos trois pays existent £ bien sûr, ici, à quelques centaines de mètres, passe la frontière entre la Communauté européenne des Douze et l'AELE (Association européenne de libre échange). Deux entités qui, dans les prochains jours, débattront des moyens de renforcer leurs liens. Rendez-vous est pris. Lors de nos débats de Strasbourg, la semaine dernière, nous avons décidé d'accélérer l'allure. D'ici la fin de cette année qui n'est pas très lointaine, il y aura rencontre entre vos pays et les nôtres qui sont également d'Europe. Ce sont les hasards de l'histoire qui font que l'évolution des traditions, les usages, les institutions, les caractères n'ont pas suivi la même ligne, n'ont pas connu la même course, étant entendu - et je vous ai bien compris tout à l'heure - qu'à compter du moment où l'objectif est de les réunir et de les rassembler d'une façon ou d'une autre, nous sommes sur le bon chemin.
- Voyez ce que la Communauté de l'Europe a décidé en peu de temps, ces rencontres avec les six pays de l'Association de libre-échange £ des relations nouvelles avec plus de soixante-dix pays d'Afrique, du Pacifique et des Caraïbes - le Premier ministre français représente mon pays aujourd'hui-même pour aller signer la quatrième convention de Lomé qui représente un apport de 12 milliards d'écus à cet ensemble - au moment même où la Communauté assume bien d'autres charges. Vous le savez, avec la Hongrie, la Pologne, l'Union soviétique, l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, nous avons déjà entrepris une série de contributions qui engage nos douze pays de telle sorte qu'il sera désormais impossible, sauf retour improbable en arrière d'ignorer que l'Europe est en train de se faire.
- Ce sera simplement dans quelques jours le vingt-deux décembre que les douze pays de l'Europe se réuniront avec les vingt-deux pays ou organisations arabes en application d'une décision prise mais non appliquée depuis 1975.\
Quand on réunit tous ces éléments, on a l'impression de jouer sur les grands ensembles et puis on revient soudain à la "Regio basiliensis", on dit : mais il n'y a peut être pas de commune mesure entre ces choses ! Non on se tromperait. C'est à partir de la base, de la réalité quotidienne sur le terrain, à partir des initiatives prises à quelque dimension qu'elle présente - et celle-ci n'est pas mince - que se créent peu à peu les modèles autour desquels tourneront toutes les tentatives du futur.
- C'est un effort aussi important de savoir réunir trois villages, trois grandes villes ou trois provinces et de pouvoir réunir ainsi trois pays avant de penser - ce seront nos successeurs - à réunir les continents. C'est la marche de l'humanité vers son unité, comme nous-mêmes, dans nos vies personnelles, nous savons bien que nous ne serons jamais parvenus au bout de notre route si nous ne trouvons pas notre propre unité. On pourrait croire que c'est une sorte de mission née avec nous et qu'il s'agit de porter de génération en génération en accomplissant là où vous êtes cette besogne que je crois être la plus noble de l'homme, si vous avez fait du bon travail.
- Je vous le dis comme mes prédécesseurs, les compétences des Etats ne doivent pas et n'entraveront pas le dynamisme des responsables régionaux. On l'a fort bien dit tout à l'heure, cette substitution, cette tendance a la bureaucratie, cette substitution hiérarchique de l'un à l'autre, tout cela appartient à un monde qu'il convient de dépasser en faisant une rapide marche en avant pour restituer là où ils vivent leurs responsabilités aux hommes et aux collectivités locales qu'ils constituent.
- En tout cas, je trouve une preuve de ce que je viens de dire dans la liste impressionnante de ce qui a déjà été réalisé dans nos trois régions du Rhin supérieur et en examinant la liste des projets qui sont en cours de réalisation.\
Mesdames et messieurs, nous avons la chance - je crois que c'est une chance - de vivre aujourd'hui en Europe un mouvement des pensées, une migration des peuples, une rencontre des cultures. Je crois que nous avons la chance de vivre aussi la collaboration entre région, entre pays, plutôt que ce que nous avons nous-mêmes connu pour ceux de mon âge dans notre jeunesse et qui fut le lot séculaire de nos anciens : les temps de l'affrontement. Ici se trouvent, sur cette tribune, des Allemands et des Français, se trouvent aussi non pas pour arbitrer, mais pour réunir, les Suisses et particulièrement le Président de la Confédération helvétique. Je crois que nous apportons ici un témoignage très clair, très évident.
- Si c'est la seule leçon à tirer de ce colloque, ce sera bien celle-ci, nous sommes ensemble et nous ne sentons pas la différence. Chacun d'entre nous a ses devoirs particuliers à l'égard de ceux qui les ont mandatés et nous aurons à rendre compte. Par rapport à la démarche générale de l'Europe en construction, nous en sommes, je le répète, les ouvriers sans autres distinctions que celles qu'apportent nos accents, nos intonations.
- J'en termine pour vous dire que cette chance ne s'arrête pas là. Nous voyons à toutes les échelles, dans tous les cadres, les idées, les moyens, les efforts se regrouper. Les objectifs très ambitieux contenus dans la déclaration qui vous a été lue et que j'ai signée juste avant d'entrer dans cette salle après l'avoir lue. Cette déclaration a, je le crois, valeur d'augure. Nous sommes à la veille du XXIème siècle et c'est quand même intéressant de penser que c'est peut-être dans cette région là - là où nous sommes -, le Rhin supérieur, que nous nous adressons ainsi à plus jeunes que nous en Suisse, au Bade-Wurtemberg, en Alsace, que nous leur dessinons une perspective où nous pensons qu'ils connaîtront une vie plus pacifique, plus prospère et donc plus heureuse. Certes, le bonheur ne dépend pas seulement des actes politiques, il vient beaucoup plus des harmonies intérieures, mais cela n'est pas indifférent pour nous que de créer le cadre dans lequel peuvent s'exercer ensuite harmonieusement les vies individuelles. Alors, il faut que cette jeunesse, peut-être plus généreuse, je l'espère plus attentive, venue de tous les horizons assure ou assurera le relais. Qu'ils viennent donc et vite, qu'ils viennent nous épauler.
- Mesdames et messieurs, j'ai été très touché de cette invitation, j'en remercie le Président Delamuraz. Elle témoigne d'une solide amitié entre nos pays, mais peut-être encore plus encore d'une belle vision de l'avenir.
- Je suis heureux également, mesdames et messieurs, d'avoir pu vous rencontrer comme cela. Vous êtes ici venus de cette région pour célébrer votre bonne entente. Croyez-moi, nous nous efforcerons le Chancelier Kohl, monsieur Delamuraz et moi-même d'apporter les dimensions que vous souhaiterez à cet accord.\
- Vous aimez faire les comptes, vous disiez récemment que dans des rencontres officielles nous avions pu débattre quelques soixante-dix fois, et vous ne comptiez pas les rencontres privées qui sont assez nombreuses puisqu'elles reprendront dès le début de l'année prochaine. C'est vrai que les relations humaines cela compte, et vouloir traiter les problèmes politiques, les intérêts de nos peuples et de nos Etats sans établir d'abord cette pratique qui permet de mieux comprendre les autres, ce serait agir de mauvaise façon.
- Mesdames et messieurs, cela vient d'être rappelé, notre vieux continent a connu ces temps derniers des événements que l'on peut qualifier d'historiques, des événements révolutionnaires, comme on n'en a pas connu depuis bien longtemps. Cela a de quoi nous réjouir, cela a de quoi nous occuper. De ce fait, le calendrier international a été lourd et mouvementé. Et pourtant, je pense que rien n'aurait pu me faire renoncer à cette rencontre, ici à Bâle, décidée en cours d'année, et qui me paraissait être un point de jonction particulièrement symbolique.\
Visitant, le 15 avril 1983, cette ville `Bâle`, celle d'Erasme, visitant aussi son très beau musée des Beaux-Arts, je m'étais promis d'y revenir. L'occasion d'aujourd'hui, avec l'hommage que nous rendons à cette région d'Europe chargée d'histoire et de sagesse, est rare £ chargée d'histoire, on l'a dit, on le sent, on l'éprouve, à chaque instant, dès que l'on vient ici et que l'on jette un coup d'oeil à ce noble fleuve qui longtemps nous a séparés avant d'être un lien entre nos peuples.
- Les vicissitudes du passé n'ont pu faire obstacle aux progrès d'une coopération qui s'établissait et se développait naturellement entre les habitants de cette région du Rhin supérieur, si naturellement qu'elle a pu évoluer en dehors de tout cadre institutionnel.
- En effet, en 1963, est née, par la volonté d'hommes à l'esprit audacieux et imaginatif, la "Regio basiliensis" qui allait permettre de mieux planifier les actions déjà entreprises et de promouvoir le développement concerté de l'Alsace, du Bade-Wurtemberg et de la Suisse du nord-ouest. Cela s'est parachevé avec la création, à Mulhouse et à Fribourg, des organismes partenaires de la Regio tandis que les gouvernements de nos trois pays, de leur côté, instituaient une commission franco-germano-suisse pour des questions de voisinage avec les comités régionaux.
- Voilà bien des instances gouvernementales ou non gouvernementales. Elles n'ont pas été créées "ex nihilo" en vue d'imposer à des citoyens de diverses nationalités une association ou un effort commun auquel ils n'auraient pas été préparés. Car existait déjà, c'est très important de le constater et d'en tirer la leçon, parmi les responsables des provinces, des villes, des communes, une volonté d'unir leurs efforts pour aborder ensemble les problèmes largement identiques de chaque côté des frontières.
- Cela fait des siècles que l'Alsace, le Bade-Wurtemberg, la Suisse du Nord-ouest faisaient, sans le savoir ou plutôt sans l'exprimer, de la coopération transfrontalière, expression à vrai dire un peu barbare mais, qu'importe, l'essentiel est d'avoir su organiser, d'un pays à l'autre, ce que l'on peut appeler une véritable communauté. Communauté régionale, sans doute, mais qui s'inscrit dans l'ensemble de ces communautés dont nous sommes les ouvriers dont devrait sortir, au bout de quelques décennies, un nouveau visage de l'Europe et, à partir de là, du monde.\
Ce type de coopération, consacré par le Conseil de l'Europe, a acquis droit de cité, je puis vous le garantir, dans le dialogue européen et il peut contribuer au renforcement du processus de détente mis en évidence par l'Acte final d'Helsinki et par les conclusions de la CSCE. Bien sûr, les frontières entre nos trois pays existent £ bien sûr, ici, à quelques centaines de mètres, passe la frontière entre la Communauté européenne des Douze et l'AELE (Association européenne de libre échange). Deux entités qui, dans les prochains jours, débattront des moyens de renforcer leurs liens. Rendez-vous est pris. Lors de nos débats de Strasbourg, la semaine dernière, nous avons décidé d'accélérer l'allure. D'ici la fin de cette année qui n'est pas très lointaine, il y aura rencontre entre vos pays et les nôtres qui sont également d'Europe. Ce sont les hasards de l'histoire qui font que l'évolution des traditions, les usages, les institutions, les caractères n'ont pas suivi la même ligne, n'ont pas connu la même course, étant entendu - et je vous ai bien compris tout à l'heure - qu'à compter du moment où l'objectif est de les réunir et de les rassembler d'une façon ou d'une autre, nous sommes sur le bon chemin.
- Voyez ce que la Communauté de l'Europe a décidé en peu de temps, ces rencontres avec les six pays de l'Association de libre-échange £ des relations nouvelles avec plus de soixante-dix pays d'Afrique, du Pacifique et des Caraïbes - le Premier ministre français représente mon pays aujourd'hui-même pour aller signer la quatrième convention de Lomé qui représente un apport de 12 milliards d'écus à cet ensemble - au moment même où la Communauté assume bien d'autres charges. Vous le savez, avec la Hongrie, la Pologne, l'Union soviétique, l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, nous avons déjà entrepris une série de contributions qui engage nos douze pays de telle sorte qu'il sera désormais impossible, sauf retour improbable en arrière d'ignorer que l'Europe est en train de se faire.
- Ce sera simplement dans quelques jours le vingt-deux décembre que les douze pays de l'Europe se réuniront avec les vingt-deux pays ou organisations arabes en application d'une décision prise mais non appliquée depuis 1975.\
Quand on réunit tous ces éléments, on a l'impression de jouer sur les grands ensembles et puis on revient soudain à la "Regio basiliensis", on dit : mais il n'y a peut être pas de commune mesure entre ces choses ! Non on se tromperait. C'est à partir de la base, de la réalité quotidienne sur le terrain, à partir des initiatives prises à quelque dimension qu'elle présente - et celle-ci n'est pas mince - que se créent peu à peu les modèles autour desquels tourneront toutes les tentatives du futur.
- C'est un effort aussi important de savoir réunir trois villages, trois grandes villes ou trois provinces et de pouvoir réunir ainsi trois pays avant de penser - ce seront nos successeurs - à réunir les continents. C'est la marche de l'humanité vers son unité, comme nous-mêmes, dans nos vies personnelles, nous savons bien que nous ne serons jamais parvenus au bout de notre route si nous ne trouvons pas notre propre unité. On pourrait croire que c'est une sorte de mission née avec nous et qu'il s'agit de porter de génération en génération en accomplissant là où vous êtes cette besogne que je crois être la plus noble de l'homme, si vous avez fait du bon travail.
- Je vous le dis comme mes prédécesseurs, les compétences des Etats ne doivent pas et n'entraveront pas le dynamisme des responsables régionaux. On l'a fort bien dit tout à l'heure, cette substitution, cette tendance a la bureaucratie, cette substitution hiérarchique de l'un à l'autre, tout cela appartient à un monde qu'il convient de dépasser en faisant une rapide marche en avant pour restituer là où ils vivent leurs responsabilités aux hommes et aux collectivités locales qu'ils constituent.
- En tout cas, je trouve une preuve de ce que je viens de dire dans la liste impressionnante de ce qui a déjà été réalisé dans nos trois régions du Rhin supérieur et en examinant la liste des projets qui sont en cours de réalisation.\
Mesdames et messieurs, nous avons la chance - je crois que c'est une chance - de vivre aujourd'hui en Europe un mouvement des pensées, une migration des peuples, une rencontre des cultures. Je crois que nous avons la chance de vivre aussi la collaboration entre région, entre pays, plutôt que ce que nous avons nous-mêmes connu pour ceux de mon âge dans notre jeunesse et qui fut le lot séculaire de nos anciens : les temps de l'affrontement. Ici se trouvent, sur cette tribune, des Allemands et des Français, se trouvent aussi non pas pour arbitrer, mais pour réunir, les Suisses et particulièrement le Président de la Confédération helvétique. Je crois que nous apportons ici un témoignage très clair, très évident.
- Si c'est la seule leçon à tirer de ce colloque, ce sera bien celle-ci, nous sommes ensemble et nous ne sentons pas la différence. Chacun d'entre nous a ses devoirs particuliers à l'égard de ceux qui les ont mandatés et nous aurons à rendre compte. Par rapport à la démarche générale de l'Europe en construction, nous en sommes, je le répète, les ouvriers sans autres distinctions que celles qu'apportent nos accents, nos intonations.
- J'en termine pour vous dire que cette chance ne s'arrête pas là. Nous voyons à toutes les échelles, dans tous les cadres, les idées, les moyens, les efforts se regrouper. Les objectifs très ambitieux contenus dans la déclaration qui vous a été lue et que j'ai signée juste avant d'entrer dans cette salle après l'avoir lue. Cette déclaration a, je le crois, valeur d'augure. Nous sommes à la veille du XXIème siècle et c'est quand même intéressant de penser que c'est peut-être dans cette région là - là où nous sommes -, le Rhin supérieur, que nous nous adressons ainsi à plus jeunes que nous en Suisse, au Bade-Wurtemberg, en Alsace, que nous leur dessinons une perspective où nous pensons qu'ils connaîtront une vie plus pacifique, plus prospère et donc plus heureuse. Certes, le bonheur ne dépend pas seulement des actes politiques, il vient beaucoup plus des harmonies intérieures, mais cela n'est pas indifférent pour nous que de créer le cadre dans lequel peuvent s'exercer ensuite harmonieusement les vies individuelles. Alors, il faut que cette jeunesse, peut-être plus généreuse, je l'espère plus attentive, venue de tous les horizons assure ou assurera le relais. Qu'ils viennent donc et vite, qu'ils viennent nous épauler.
- Mesdames et messieurs, j'ai été très touché de cette invitation, j'en remercie le Président Delamuraz. Elle témoigne d'une solide amitié entre nos pays, mais peut-être encore plus encore d'une belle vision de l'avenir.
- Je suis heureux également, mesdames et messieurs, d'avoir pu vous rencontrer comme cela. Vous êtes ici venus de cette région pour célébrer votre bonne entente. Croyez-moi, nous nous efforcerons le Chancelier Kohl, monsieur Delamuraz et moi-même d'apporter les dimensions que vous souhaiterez à cet accord.\