22 septembre 1989 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur l'échange intellectuel entre la France et la Toscane au XVIIIème siècle et sur l'universalité du message de la Révolution française, Cortone le 22 septembre 1989.

Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Comme vous le savez, les occasions ne m'ont pas manqué depuis le début de cette année, de célébrer le Bicentenaire de la Révolution française.
- En France, quatre grandes étapes ont été réalisées ou prévues. J'ai pris part personnellement à la célébration de l'anniversaire du Serment du Jeu de Paume, à Versailles, le 20 juin 1789, à la célébration du deuxième centenaire de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le 26 août, et plus récemment, le 16 septembre, l'anniversaire du 20 septembre, cette fois-ci 1792, à Valmy. D'une part, pour bien marquer que 1789 est à l'origine d'une Révolution continue dont la bataille de Valmy a été un ressort essentiel puisqu'elle a précédé de vingt-quatre heures la proclamation de la République. D'autre part, elle a signifié l'engagement populaire dans l'armée face aux armées de métier considérées comme les plus organisées et les plus puissantes d'Europe, notamment l'armée prussienne. Et à la fin de l'année, nous introduirons au Panthéon, à Paris - où sont là les restes de beaucoup de grands hommes de notre histoire - l'Abbé Grégoire, prêtre constitutionnel devenu évêque de Blois, dont les initiatives marquèrent, tout au long de la Révolution, une audace et une imagination rares tandis qu'il est demeuré au pire de la bourrasque un prêtre fidèle à sa foi, monté à la tribune de la Convention et vêtu de la soutane. Ce qui montre un beau caractère à la fois révolutionnaire et fidèle à sa foi.
- Monge, un savant, un grand savant, fondateur de notre Ecole Polytechnique qui aura pris un rôle éminent pendant la révolution sans être un des hommes politiques les plus remarqués, et enfin Condorcet qui est, peut-être, l'un des plus beaux et l'un des plus grands esprits de cette époque qui devait périr, vous le savez, tragiquement après avoir été désigné comme un ennemi public en dépit des services rendus à la Révolution française.\
J'étais la semaine dernière en Suisse pour célébrer dans le Valais la Révolution et la liberté de la presse. Et me voici en Italie, en Toscane, à Cortone, à Arezzo pour prendre part à ce colloque que j'ai grand plaisir - avec ces messieurs, et monsieur le maire de Cortona - à inaugurer cet après-midi. Je regrette presque de ne pouvoir entendre les communications savantes qui seront faites au cours de ces journées, car il y a beaucoup à apprendre et j'ai commencé ce soir en écoutant ceux qui se sont exprimés avant moi. J'ai suivi également avec la plus grande attention le développement historique et critique de monsieur le Professeur Ugolini à l'instant.
- Je crois qu'il est important, en tout cas j'en suis heureux personnellement, que cette deuxième démarche à l'extérieur, plus importante, soit faite en Italie. Je crois qu'aucun autre pays ne s'est appliqué avec autant d'ardeur, de ferveur et d'implication à cette célébration. Qu'il se déroule dans la ville de Cortone, avec laquelle j'ai tressé depuis près de trente ans tant d'amicales et fidèles relations a pour moi un sens qui dépasse le symbole. C'est l'occasion de débattre sur un sujet sérieux qui a déterminé le cours de l'histoire d'une large partie du monde au cours de ces deux derniers siècles, avec vous, mesdames et messieurs, qui êtes pour moi des compagnons de vie, puisque nous avons été constamment amenés à confronter nos démarches et à rapprocher nos points de vue.
- Je vous remercie donc, tout particulièrement, monsieur le maire de Cortone de m'avoir invité à ouvrir vos travaux.
- Je renouvelle mes félicitations aux organisateurs et aux éminents universitaires pour qui l'événement révolutionnaire reste d'une suffisante actualité pour qu'ils y consacrent une large part de leurs travaux.\
Je suis très sensible au diplôme qui vient de m'être remis et qui émane de l'Académie étrusque. C'est une initiative qui m'a touché, car cette Académie a été l'un des foyers les plus vivants de la culture italienne.
- Vous avez évoqué à l'instant le fait que ce diplôme de l'Académie étrusque qui souligne le rayonnement de l'Institution a déjà été reçu par d'éminents penseurs français. L'adhésion de Montesquieu à votre Académie, en 1739, celle de Voltaire, en 1745, disent de quel prestige elle jouissait et le rôle qui était le sien dans la circulation des idées, à l'apogée de ce que l'on appelait les Lumières.
- L'un des créateurs de l'Académie étrusque, Ridolfino Venuti, a pris soin de préciser, je le cite, "que les valeureux esprits - c'est son expression - qui composaient votre Académie, ne bornaient pas leurs talents à déchiffrer d'obscurs caractères étrusques" - ce qui n'est déjà pas si mal - "mais qu'ils avaient l'ambition d'embrasser l'histoire, les rites, les coutumes, depuis l'origine des temps et des nations jusqu'à l'époque du grand pontife Léon de Médicis". Vaste ambition que vous avez poursuivie. Vaste programme, tout pénétré de l'esprit encyclopédique et qui par la relecture critique du passé cherche un sens au devenir des sociétés, un cheminement vers le progrès humain.
- Nous voici maintenant diplômé de cette Académie et je voudrais bien m'en sentir digne, car il s'agit là d'une longue et forte tradition. Encore chaque génération a-t-elle pour mission d'ajouter quelque chose à ce qui fut accompli, sans prétendre apporter autant que les fondateurs ou les initiateurs. En tout cas, c'est ce patient travail qui a progressivement accoutumé les hommes de cette époque et des suivantes à s'affranchir de certaines traditions hiératiques, figées - les traditions ne sont pas forcément figées, il arrive qu'elles le soient - de l'autorité reçue d'en haut comme une sorte de droit de souveraineté dont on ne voit pas très bien quelle serait la justification ou de certains aspects qui vont à rebours du bon usage de la raison qui reste le critère sans doute le meilleur dont nous puissions disposer pour juger de toutes choses, du moins celles qui sont à notre portée.\
La Révolution française, même si on peut lui trouver d'autres origines, est fille des Lumières. Elle doit beaucoup au bouillonnement d'idées qui, de la Renaissance au XVIIIème siècle, avait forgé une nouvelle vision du monde. De ce point de vue, beaucoup de ces exemples nous viennent d'Italie, du moins des Etats qui devaient composer l'Italie, comme en témoignent les noms de Galilée, de Giordano Bruno, de Beccaria, pour franchir les moments où la pensée humaine s'est infléchie grâce à l'apport de ces intelligences.
- Voilà des témoignages parmi beaucoup d'autres du rôle que l'Italie a joué dans le renouvellement de la pensée. Je ne prétends pas que tout soit venu de France pendant quatre années de 1789 à 1793. Ce serait une vue excessive des choses. La Révolution française est elle-même le résultat d'une lente progression soudain brusquée dans la conscience que l'homme et que le citoyen ont pris de leurs droits et de leurs devoirs, de ce qui faisait aussi leur dignité profonde autour de ces thèmes évidents que sont liberté, égalité, fraternité, avec tout ce que cela comporte.
- Mais c'est vrai que la Toscane n'a pas été en reste. J'ai écouté avec grand intérêt ce qui vient d'être dit, qui m'a appris beaucoup de choses. C'est vrai que le règne de Pierre-Léopold de Lorraine a représenté l'une des expériences les plus avancées de réformisme éclairé en Europe. Pour la première fois, dans les temps modernes, en Europe, les droits de l'homme ont inspiré un certain nombre de dispositions quand ce ne serait que la législation pénale d'avant garde qui abolissait la peine de mort et la torture. C'est ici, en Toscane, sous un régime éclairé, d'un souverain traditionnel que cela s'est passé. Vous avez raison de nous en faire souvenir et de compléter notre information par l'exposé d'analyses critiques, sérieuses qui ont encore besoin d'être complétées si j'en juge par la parution des volumes que vous nous avez annoncés.
- Mais le point sur lequel je me permettrai - je prends cela au vol après vous avoir entendu - d'insister, c'est que, aussi intelligent qu'ait été ce monarque et ceux qui l'entouraient, aussi audacieux qu'il ait été, aucun système de réformisme éclairé, de monarchie éclairée n'a eu valeur universelle. Les valeurs localisées ont pu éviter des à-coups ou des drames, elles ont pu puiser, sans subir d'influence extérieure, aux sources purement toscanes, ce qui est l'éloge de ce pays si noble et si riche d'idées. Mais aucune n'a eu de valeur universelle. C'est à partir de cette Révolution française, à laquelle ont participé beaucoup d'étrangers, qui a reconnu un certain nombre de personnes venues d'Allemagne, d'Amérique, et d'ailleurs la citoyenneté automatique chez nous, qui a reconnu tout aussitôt le droit des juifs, le droit des protestants, en ignorant curieusement le droit des noirs, qui a proclamé la fin de l'esclavage, sauf dans nos colonies des Caraïbes, qui était pleine de contradictions, mais qui n'en a pas moins signifié que l'esprit s'était ouvert à des idées nouvelles et qu'il appartenait désormais aux politiques de mettre la main à la pâte et de réaliser - il a fallu deux siècles et nous n'en avons pas fini - de faire entrer peu à peu dans la réalité, la projection idéale, spirituelle, politique des ancêtres de ce temps-là.\
`Suite sur la Toscane et la Révolution`
- Ajoutons que la Toscane s'est montrée accueillante aux idées françaises. Une sorte de culte est voué à Montesquieu. Les deux traductions de l'Encyclopédie de Lucques et Livourne ont été pratiquement contemporaines de l'édition française. Les Toscans sont allés plus vite pour assimiler l'importance de cette Encyclopédie, avec en plus une obligation de traduire, que la plupart des éditeurs français. L'audience des théories physiocratiques a été très large.
- Bref, l'échange intellectuel a été, je le crois, déterminant. Il était déjà monnaie courante entre les meilleurs esprits des deux côtés des Alpes. Chacun sait qu'au temps du Moyen-Age ou de la Renaissance, on circulait plus facilement à l'intérieur de l'Europe qu'on ne le fait aujourd'hui, en dépit du Marché commun et de la Communauté économique européenne. On est en train péniblement, au sein de cette Communauté, d'essayer de permettre une libre circulation des personnes qui paraissait tout à fait naturelle et qui était pratiquée constamment par les intellectuels, les enseignants, les professeurs. D'une université à l'autre les étudiants pouvaient constamment se déplacer alors que nous en sommes à discuter encore de l'application du programme Erasmus. Bref, la Toscane a joué un rôle que j'ai plaisir à souligner. D'ailleurs votre colloque en porte témoignage.
- Dans la mobilisation internationale pour la commémoration de 1789, de tous les pays étrangers à la France, l'Italie est au premier rang par le fourmillement des colloques, l'animation des débats, la diversité des expositions, des fêtes, des spectacles. Je souhaite que ma présence à Cortone soit perçue comme un hommage et une marque de gratitude, - que cela soit entendu par le peuple italien, d'abord par les Toscans - pour ceux qui d'un bout à l'autre de la péninsule ont mis leur intelligence et leur énergie au service de cette célébration. J'y vois un signe supplémentaire de l'intimité de pensée et d'action entre nos deux pays qui savent ce qu'ils se doivent l'un à l'autre, qui n'ont cessé de croiser leurs expériences et qui, je puis le dire, parce que je vis cela tous les jours, abordent l'avenir d'un même pas. Cependant que de différences dans l'évolution des politiques intérieures ! L'essentiel est de maintenir une inspiration vers la construction de l'Europe, la nécessité de mieux comprendre ce qu'est l'autre. Je m'y suis appliqué depuis maintenant huit ans. Je me rends assez souvent en Italie. Si je le fais, c'est bien sûr par devoir, mais aussi parce que cela m'intéresse. J'y vais chaque fois que possible pour approcher de plus près l'une des sources les plus vivantes de la civilisation à laquelle j'appartiens.\
C'est à un retour sur soi-même, à une remémoration collective que nous convie la célébration du Bicentenaire de la Révolution française. Car l'ébranlement révolutionnaire a une valeur d'acte fondateur, ici aussi comme en France. Il a donné le signal de l'éveil d'une conscience nationale qui en moins d'un siècle a conduit l'Italie à l'unité et à l'indépendance. Les choses sont beaucoup plus liées qu'on ne veut bien le dire. Cela devrait nous conduire désormais à surmonter - parce que les choses changent d'un siècle à l'autre - les obstacles à l'unité à fonder entre les pays de l'Europe.
- Bien entendu, il y a eu des malentendus, des déchirements. Est-ce que vous connaissez oeuvre humaine qui en soit dispensée ? Il y a eu des ambitions, des contradictions. Les libérateurs n'ont pas toujours été à la hauteur des espoirs qu'ils avaient suscités. L'action n'a pas toujours été en harmonie avec le verbe. La Révolution en armes, comme le disait Jaurès, a souvent ressemblé par la forme et par les moeurs, à une conquête. Ce qui n'était pas exactement adapté aux idéaux initiaux de la Révolution. Au nom de la liberté de pensée, il y eut bien des persécutions. Tout cela comportait des contradictions, nous le savons bien, mais le mouvement était lancé. C'est là que se trouve l'unité profonde de la Révolution française. Ce mouvement continue puisque nous le ressentons aujourd'hui encore et que c'est autour de ces mêmes principes que nous nous fixons à nous-même des objectifs nouveaux.
- Alors en Italie, en particulier, là où l'on avait applaudi en 1789, on s'est trouvé souvent déchiré entre les aspirations patriotiques et le régime venu de l'extérieur. C'est comme cela. Nous n'en sommes plus là.
- Voyez en Toscane même cette réaction anti-française, anti-jacobine. Arezzo, où j'étais, où j'ai eu le plaisir de saluer monsieur le maire et monsieur le Président de la province qui m'ont réservé un accueil très sympathique, a été un centre actif de propagation anti-jacobine. Voyez Filippo Buonarotti, il n'a pas été prophète en son pays. Par un paradoxe que vos travaux dénoueront sans doute, l'Etat italien le plus avancé en matière de législation économique, sociale, humanitaire, a été l'un des moins réceptifs à la vague révolutionnaire. L'intérêt de ce colloque, c'est d'établir le lien entre les deux événements : comme il était plus avancé dans une matière fort importante de la législation, tout naturellement, on pensait qu'il pouvait y avoir d'autres cheminements que le cheminement spécifiquement révolutionnaire.
- Mais il n'empêche qu'il y avait une sorte d'illusion dans l'absolutisme éclairé. Car je ne crois pas qu'on réforme une société par décret quelle que soit l'intention du prince qui les édicte. Il faut la participation et le consentement du peuple, l'expression de sa volonté qui ne peut être confisquée pour s'exprimer par un seul ou quelques-uns.
- En d'autres termes, c'est l'obligation pratique de la démocratie qui assure la liberté. En vous disant cela, je sais bien quelles sont les discussions passionnées auxquelles la Révolution française a donné lieu un peu partout et, particulièrement, en Italie. Je ne prétends pas y mettre un point final.\
Deux siècles après, alors que le monde a subi une profonde mutation, que d'autres révolutions, politiques, sociales, économiques, industrielles, technologiques, des communications, ont bouleversé la face du monde, transformé les conditions d'existence des populations, le message de 89 est toujours là. Tout à changé, mais ce message-là il est le même et chacun s'y réfère. Exactement comme au point de départ, lors du surgissement initial, son pouvoir d'attraction, sa capacité de mobilisation sont les mêmes. Partout des hommes relisent les textes, en interprètent le sens qui paraît inépuisable, s'en réclament et s'en emparent à l'appui de leurs combats. C'est pourquoi je disais tout à l'heure qu'il a valeur universelle. Il n'y a nulle part dans le monde, un mouvement, une inspiration pour le respect des droits de l'homme ou le droit des peuples à disposer d'eux-mëmes qui ne s'en inspire. Voyez de Varsovie à Pékin, de Soweto à Santiago du Chili, partout c'est la même espérance qui se lève et qui invoque des valeurs de 1789.
- Je ne vais pas en faire un message sacré. Je ne vais pas cesser, désireux d'appliquer le libre usage de ma raison, de l'exercer dès lors qu'il s'agit de la Révolution parce qu'elle est française. Je manquerais à mes propres prémices. Mais je constate qu'historiquement il y a eu là un mouvement d'une ampleur inouie et que cela a toujours valeur de référence : les droits de l'homme, la liberté, la souveraineté populaire, la laïcité dans le sens de la tolérance. Tout cela nous est aussi familier que l'air que l'on respire, le bon air de Toscane comme le bon air de mon pays. Après tout les hommes ont cessé ou espèrent cesser de subir la triple fatalité de la naissance, de l'arbitraire des superstitions, qu'il ne faut pas confondre avec la foi, lorsqu'on la possède.\
Voilà pourquoi je pense, je le dis constamment aux Français qu'on n' en a pas fini, que l'oeuvre n'est pas achevée, qu'elle ne le sera jamais. La route est longue qui mènera à une société équilibrée, plus juste et plus fraternelle. L'honneur d'une génération dans cet interminable parcours où l'homme n'a pour avancer en plein soleil ou dans la nuit que ses deux jambes, c'est de faire quelques mètres, c'est de ne pas poser de sac à terre, de ne pas s'endormir dans le fossé. Prenez l'exemple que je citais tout à l'heure, des droits de l'homme £ il est très aisé de les projeter sur d'autres évidences. C'est quand même bien une notion des droits de l'homme telle qu'elle a été définie à l'époque qui nous commande de refuser les exclusions, c'est-à-dire les inégalités profondes, presque structurelles, l'isolement du pauvre, l'isolement du malade, l'isolement de la couleur de la peau, le racisme, l'isolement de l'ignorance. Si chacun n'a pas accès au savoir il est perdu, c'est-à-dire qu'il est voué à une condition assujettie. Il n'aura pas l'égalité donc il n'aura pas la liberté. Que signifie dire "Vous êtes libres" à des hommes, à des femmes, à des enfants qui, jusqu'au milieu du XIXème siècle, en France, travaillaient, à moins de dix ans, plus de quatorze heures par jour dans le fond d'une mine. Les droits sociaux sont le corollaire indispensable des droits politiques, ils sont liés étroitement aux droits économiques.
- Tant que l'on n'aura pas acquis dans la réalité quotidienne l'usage de ce droit, on n'en aura pas fini avec le message de liberté de 1789. Mais j'appliquerai le même raisonnement au débat entre les pays du Nord dits riches et les pays du Sud dits pauvres. Cet abîme qui existe aujourd'hui entre les pays hautement industriels dont font partie l'Italie et la France et des milliards d'êtres humains soumis à toutes les rigueurs du climat, de la nature et aussi à toutes les rigueurs du climat, de la nature et aussi à toutes les rigueurs des systèmes politiques et des hommes, cela fait partie du message, cela reste à faire.
- Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tous ces peuples assujettis qui ne disposent pas de leurs sols ou de leur patrie qui subissent des dominations de l'extérieur, auxquels on arrache leur pauvre droit de vivre, tout cela c'est le combat engagé, à partir des Droits de l'homme de 1789, mais bien avant, depuis que l'homme est l'homme et qu'il a pris conscience de ce qu'il est en lui-même et par rapport aux autres.
- Et puis, il y a eu depuis cette époque d'autres Révolutions qui ont bien mal tourné. C'est selon l'opinion de chacun. Toutes, à l'origine, se sont réclamées de la libération humaine, même si certaines ont fini dans l'oppression. Parce que les hommes sont les hommes, il existe les égoïsmes, il existe les intérêts, il y a le goût du pouvoir, il y a le refus du partage. Tout cela représente un obstacle permanent. Mais on sait bien que si l'on s'est gardé racine profonde dans le peuple que nous représentons, au total, tout cela sera balayé et la route éclairée par des grandes Révolutions que j'ai citées, particulièrement par celle de 1789, cette route, d'autres après nous y engageront leur vie, feront leur part du chemin et croyez-moi, longtemps après nous, d'autres générations diront qu'en 1789, en signant l'avènement de la représentation populaire, en proclamant les Droits de l'homme et du citoyen, venait d'être engagé un moment décisif de l'histoire. Il vous appartient maintenant, mesdames et messieurs, pendant ces quelques jours à Cortone d'explorer puissamment cela afin que tous les éléments de l'histoire dûment répertoriés, critiqués, analysés, connus permettent d'avoir une plus juste conscience de ce qui a été accompli et de ce qui reste à faire.\