15 septembre 1989 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, notamment sur l'amitié franco-suisse, Martigny le 15 septembre 1989.
Monsieur le Président,
- Je n'ai pas attendu ce jour, à Martigny, pour éprouver et pour exprimer la joie qui est la mienne lorsque je me trouve dans votre pays. Depuis longtemps déjà, j'avais pu percevoir les vertus de ce peuple et la grandeur réelle de ce pays. Aussi m'étais-je promis, devenu responsable au premier rang de la République française, de traduire dans les faits ce sentiment qui était plus que personnel mais qui ne s'inscrivait pas suffisamment dans le type de relations existant à l'époque entre nos deux pays.
- J'avais eu l'occasion de vous rencontrer, je savais le rôle que vous jouiez avant de remplir celui d'aujourd'hui, le premier dans le cadre de vos institutions. Et je savais que je rencontrerais une fois de plus un homme très attaché non seulement au service de son pays mais aussi à la connaissance et au développement de notre langue commune, désireux de donner aux relations franco-suisses une tournure active, vivante, fraternelle. De tout cela, je tiens à témoigner. Nous aurons l'occasion dans les prochains mois de renouveler ce compliment. Tout au plus faudra-t-il chercher un autre vocabulaire pour ne pas sembler exagérément se répéter, puisque je me trouverai très bientôt à Genève et encore une fois avant la fin de l'année à Bâle. C'est vous dire combien se multiplient les rencontres. Je voudrais que chacun y voie et surtout, au travers de la presse, que vos compatriotes y voient le témoignage d'un grand intérêt et d'une véritable affection. Monsieur le Président, aujourd'hui vous vous êtes déplacé dans cette ville. J'avais le plaisir de vous recevoir il y a peu à Paris tandis que M. le Conseiller fédéral Felber m'avait il y a quelque temps, exposé ses propres vues sur la politique de son pays et sur l'utilité de nous fixer chaque fois que possible des objectifs communs. J'ai plaisir à le retrouver dans cette salle.\
Je sais ce que je dois, monsieur le Président de la ville de Martigny, monsieur le député, à votre sens de l'hospitalité. D'une rencontre orientée, organisée autour de Claude Bellanger et donc par l'intermédiaire naturel des membres de sa famille, vous avez voulu faire un témoignage. Vous en avez compris le symbole, vous en avez élargi l'audience et je pense que vous avez bien fait. Aussi lorsque m'a été soumis ce programme qui modifiait les plans initiaux, m'en suis-je réjoui. Car la présence des collections de Claude Bellanger, cette ville choisie comme lieu d'habitation par Christine Arnothy, le rôle que joue François Bellanger aujourd'hui, tout cela marque le début d'une tradition, qui, partie de France, a pris racine en Suisse. C'est un élément de plus d'une communauté de vues et d'une démarche internationale et culturelle dont je veux souligner ici la valeur.
- Vous êtes nombreux à représenter ici les différentes instances, les différentes associations ou activités de cette ville, de ce canton et, au-delà, de la Confédération. Soyez-en remerciés.
- J'éprouve un vrai plaisir à me trouver parmi vous pour quelques raisons simples. La première c'est que je connaissais Claude Bellanger depuis longtemps, avant que je n'aie l'occasion de rencontrer Christine Anorthy. Nous avions, pendant et au lendemain de la guerre, eu l'occasion d'associer nos efforts dans la défense d'une génération, celle des prisonniers de guerre puis autour de la renaissance de la presse libre, de la vraie presse française. J'avais apprécié son caractère et son talent. Il a été trop rapidement enlevé à l'amour des siens et à notre société car il jouait un rôle qui n'aurait pas manqué de grandir. Et nous nous sommes, autour de ce drame, liés d'amitié plus encore avec les membres de sa famille et particulièrement avec sa femme, Christine Arnothy. C'est donc sur la base d'une vieille et solide amitié que j'ai répondu à l'appel qui m'était lancé. Cela avait une signification pour moi parce que bien des pays dans le monde ont célébré le deuxième centenaire de la Révolution française mais, au-delà de cette célébration de principe et verbale, moins nombreux ont été ceux qui ont organisé des cérémonies propres à cet événement, ceux où l'on a vu se mobiliser les bonnes volontés. Des historiens, des sociologues, des politiques de toute sorte ont été désireux de s'associer au souvenir de ce grand événement qui continue de marquer notre temps. Eh bien, ici en Suisse, à Martigny, ce mouvement s'est produit, en un lieu apparemment modeste démographiquement mais très important culturellement, dans une ville qui est aussi la vôtre, Christine Arnothy, et où nous serons désormais associés dans un événement qui marquera, je le pense, les annales de la Suisse Romande et du Valais.\
J'ai participé à votre repas fort agréable, j'ai bu du vin blanc et j'ai bu du vin rouge. Je vais vous dire tout de suite que ce n'est pas mon habitude. Je suis tenu par mes fonctions, peut-être aussi par mon âge et par mon caractère à certaines formes de sobriété. Donc je ne bois jamais mais là, j'aime tellement le vin du Valais que dès que j'ai aperçu et ressenti le goût du petit vin blanc qui nous était servi, je n'ai pas su me contenir. J'espère ne pas avoir dépassé la mesure mais ce vin blanc et ce vin rouge avaient pour moi le goût très subtil du terroir, le goût d'un fort pays qui aime les bonnes choses et qui les produit. C'est par la qualité et la culture dont elle fait partie que l'on bâtira la véritable Europe, au-delà des structures qui ne sont pas négligeables mais pas toujours nécessaires dès lors que l'on a su avancer ensemble dans une connaissance mutuelle et dans un développement commun. Quant à vos deux couleurs par rapport à nos trois, disons que nous avons voulu sans doute réunir toute notre histoire, le blanc de l'ancienne monarchie, le rouge et le bleu de la ville de Paris et puis le drapeau rouge de nos révolutions. Tout cela est devenu une sorte de passage sacré, un symbole auquel nous tenons, mais nous ne sommes pas expansionnistes. Il y a eu des périodes où cela s'est produit comme cela. Elles ont d'ailleurs laissé quelques traces qui ne sont pas toutes malheureuses mais nous respectons ce que vous êtes. C'est très bien ainsi. Nous vous demandons même de venir de plus en plus et de plus en plus nombreux en France, pour que l'on vous connaisse mieux. Moi, je commence à vous connaître parce que sur le plan privé, sur le plan personnel, touristique, j'ai la curiosité de votre histoire et je suis souvent venu sans vous déranger. Je le ferai de nouveau et en veillant à ne pas vous prévenir ! Je pense quand même qu'un peu d'officialité ne nuit pas. Il faut bien que nos peuples s'y reconnaissent, qu'ils aient des points de repère, qu'ils sachent que l'amitié de nos deux pays, cela vit, cela existe et cela peut grandir £ que nous sommes associés, proches, voisins et amis.
- Voilà pourquoi je remercie celles et ceux qui ont pris l'initiative de donner à cette cérémonie un caractère public, cela ne nuira en rien à la relation privée si sympathique qui m'unit à Christine Arnothy et à François Bellanger. Cela y ajoutera simplement un sens auquel nous sommes tenus, vous et moi, puisque le suffrage de nos concitoyens nous a portés à des responsabilités importantes £ nous ne devons jamais oublier que nous parlons pour eux et en ce jour, au cours de ce toast, j'ai voulu parler pour l'amitié entre la Suisse et la France, l'amitié entre nos peuples. J'espère que j'y serai suffisamment parvenu pour qu'on le sache jusqu'à l'ultime foyer suisse dans l'étendue de votre territoire. Nous avons devant nous beaucoup à faire. J'ai l'impression que depuis quelques années nous avons fait de nombreux progrès. Je n'ai qu'un mot à vous dire : continuons.\
- Je n'ai pas attendu ce jour, à Martigny, pour éprouver et pour exprimer la joie qui est la mienne lorsque je me trouve dans votre pays. Depuis longtemps déjà, j'avais pu percevoir les vertus de ce peuple et la grandeur réelle de ce pays. Aussi m'étais-je promis, devenu responsable au premier rang de la République française, de traduire dans les faits ce sentiment qui était plus que personnel mais qui ne s'inscrivait pas suffisamment dans le type de relations existant à l'époque entre nos deux pays.
- J'avais eu l'occasion de vous rencontrer, je savais le rôle que vous jouiez avant de remplir celui d'aujourd'hui, le premier dans le cadre de vos institutions. Et je savais que je rencontrerais une fois de plus un homme très attaché non seulement au service de son pays mais aussi à la connaissance et au développement de notre langue commune, désireux de donner aux relations franco-suisses une tournure active, vivante, fraternelle. De tout cela, je tiens à témoigner. Nous aurons l'occasion dans les prochains mois de renouveler ce compliment. Tout au plus faudra-t-il chercher un autre vocabulaire pour ne pas sembler exagérément se répéter, puisque je me trouverai très bientôt à Genève et encore une fois avant la fin de l'année à Bâle. C'est vous dire combien se multiplient les rencontres. Je voudrais que chacun y voie et surtout, au travers de la presse, que vos compatriotes y voient le témoignage d'un grand intérêt et d'une véritable affection. Monsieur le Président, aujourd'hui vous vous êtes déplacé dans cette ville. J'avais le plaisir de vous recevoir il y a peu à Paris tandis que M. le Conseiller fédéral Felber m'avait il y a quelque temps, exposé ses propres vues sur la politique de son pays et sur l'utilité de nous fixer chaque fois que possible des objectifs communs. J'ai plaisir à le retrouver dans cette salle.\
Je sais ce que je dois, monsieur le Président de la ville de Martigny, monsieur le député, à votre sens de l'hospitalité. D'une rencontre orientée, organisée autour de Claude Bellanger et donc par l'intermédiaire naturel des membres de sa famille, vous avez voulu faire un témoignage. Vous en avez compris le symbole, vous en avez élargi l'audience et je pense que vous avez bien fait. Aussi lorsque m'a été soumis ce programme qui modifiait les plans initiaux, m'en suis-je réjoui. Car la présence des collections de Claude Bellanger, cette ville choisie comme lieu d'habitation par Christine Arnothy, le rôle que joue François Bellanger aujourd'hui, tout cela marque le début d'une tradition, qui, partie de France, a pris racine en Suisse. C'est un élément de plus d'une communauté de vues et d'une démarche internationale et culturelle dont je veux souligner ici la valeur.
- Vous êtes nombreux à représenter ici les différentes instances, les différentes associations ou activités de cette ville, de ce canton et, au-delà, de la Confédération. Soyez-en remerciés.
- J'éprouve un vrai plaisir à me trouver parmi vous pour quelques raisons simples. La première c'est que je connaissais Claude Bellanger depuis longtemps, avant que je n'aie l'occasion de rencontrer Christine Anorthy. Nous avions, pendant et au lendemain de la guerre, eu l'occasion d'associer nos efforts dans la défense d'une génération, celle des prisonniers de guerre puis autour de la renaissance de la presse libre, de la vraie presse française. J'avais apprécié son caractère et son talent. Il a été trop rapidement enlevé à l'amour des siens et à notre société car il jouait un rôle qui n'aurait pas manqué de grandir. Et nous nous sommes, autour de ce drame, liés d'amitié plus encore avec les membres de sa famille et particulièrement avec sa femme, Christine Arnothy. C'est donc sur la base d'une vieille et solide amitié que j'ai répondu à l'appel qui m'était lancé. Cela avait une signification pour moi parce que bien des pays dans le monde ont célébré le deuxième centenaire de la Révolution française mais, au-delà de cette célébration de principe et verbale, moins nombreux ont été ceux qui ont organisé des cérémonies propres à cet événement, ceux où l'on a vu se mobiliser les bonnes volontés. Des historiens, des sociologues, des politiques de toute sorte ont été désireux de s'associer au souvenir de ce grand événement qui continue de marquer notre temps. Eh bien, ici en Suisse, à Martigny, ce mouvement s'est produit, en un lieu apparemment modeste démographiquement mais très important culturellement, dans une ville qui est aussi la vôtre, Christine Arnothy, et où nous serons désormais associés dans un événement qui marquera, je le pense, les annales de la Suisse Romande et du Valais.\
J'ai participé à votre repas fort agréable, j'ai bu du vin blanc et j'ai bu du vin rouge. Je vais vous dire tout de suite que ce n'est pas mon habitude. Je suis tenu par mes fonctions, peut-être aussi par mon âge et par mon caractère à certaines formes de sobriété. Donc je ne bois jamais mais là, j'aime tellement le vin du Valais que dès que j'ai aperçu et ressenti le goût du petit vin blanc qui nous était servi, je n'ai pas su me contenir. J'espère ne pas avoir dépassé la mesure mais ce vin blanc et ce vin rouge avaient pour moi le goût très subtil du terroir, le goût d'un fort pays qui aime les bonnes choses et qui les produit. C'est par la qualité et la culture dont elle fait partie que l'on bâtira la véritable Europe, au-delà des structures qui ne sont pas négligeables mais pas toujours nécessaires dès lors que l'on a su avancer ensemble dans une connaissance mutuelle et dans un développement commun. Quant à vos deux couleurs par rapport à nos trois, disons que nous avons voulu sans doute réunir toute notre histoire, le blanc de l'ancienne monarchie, le rouge et le bleu de la ville de Paris et puis le drapeau rouge de nos révolutions. Tout cela est devenu une sorte de passage sacré, un symbole auquel nous tenons, mais nous ne sommes pas expansionnistes. Il y a eu des périodes où cela s'est produit comme cela. Elles ont d'ailleurs laissé quelques traces qui ne sont pas toutes malheureuses mais nous respectons ce que vous êtes. C'est très bien ainsi. Nous vous demandons même de venir de plus en plus et de plus en plus nombreux en France, pour que l'on vous connaisse mieux. Moi, je commence à vous connaître parce que sur le plan privé, sur le plan personnel, touristique, j'ai la curiosité de votre histoire et je suis souvent venu sans vous déranger. Je le ferai de nouveau et en veillant à ne pas vous prévenir ! Je pense quand même qu'un peu d'officialité ne nuit pas. Il faut bien que nos peuples s'y reconnaissent, qu'ils aient des points de repère, qu'ils sachent que l'amitié de nos deux pays, cela vit, cela existe et cela peut grandir £ que nous sommes associés, proches, voisins et amis.
- Voilà pourquoi je remercie celles et ceux qui ont pris l'initiative de donner à cette cérémonie un caractère public, cela ne nuira en rien à la relation privée si sympathique qui m'unit à Christine Arnothy et à François Bellanger. Cela y ajoutera simplement un sens auquel nous sommes tenus, vous et moi, puisque le suffrage de nos concitoyens nous a portés à des responsabilités importantes £ nous ne devons jamais oublier que nous parlons pour eux et en ce jour, au cours de ce toast, j'ai voulu parler pour l'amitié entre la Suisse et la France, l'amitié entre nos peuples. J'espère que j'y serai suffisamment parvenu pour qu'on le sache jusqu'à l'ultime foyer suisse dans l'étendue de votre territoire. Nous avons devant nous beaucoup à faire. J'ai l'impression que depuis quelques années nous avons fait de nombreux progrès. Je n'ai qu'un mot à vous dire : continuons.\