27 janvier 1989 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur la reconstruction de l'hôpital-hospice de Grandvilliers et la nécessité de moderniser les établissements pour personnes âgées, Grandvilliers le 27 janvier 1988.
Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Monsieur le maire vient de le rappeler, il y a quatre ans j'étais parmi vous. Je me souviens du drame, ces bâtiments effondrés, l'incendie qui continuait de ravager les locaux, des morts, le chagrin des familles. Je me souviens aussi du dévouement de celles et de ceux qui, dans cette commune, tout autour, s'étaient aussitôt rassemblés pour sauver des vies, pour panser des plaies, pour tenter de donner les soins qui convenaient aux blessés. Je revois l'effort des responsables municipaux, de monsieur le maire, l'effort de tous les services de secours, des sapeurs pompiers. Je revois les infirmières qui vivaient un double drame puisqu'elles avaient soigné, aidé, accompagné des personnes âgées qui se trouvaient victimes d'un sinistre qui soudainement a donné sa couleur de drame à des fins de vie, dans des locaux vétustes, le corps médical, le directeur de l'hôpital, tout le personnel. Je me souviens de la solidarité exemplaire.
- C'est toujours difficile, les débats reprennent toujours après. Aurait-on pu faire mieux, aurait-on pu faire autrement ? Mais au moment où il le fallait, la solidarité a joué pleinement y compris entre cette commune, son canton, son département et sa région. J'avais été très frappé par ce spectacle à la fois spectacle de mort et de peine, et aussi spectacle de courage et d'espérance. Au dessus de tout cela, de solidarité dont on peut penser que : pourquoi faut-il attendre les moments de détresse pour que cette solidarité soit aussi vivante ? Pourquoi ne serait-elle pas plus constante dans la vie de chaque jour et le cas échéant dans la joie ?
- L'effort qui a été accompli mérite d'être souligné. Là aussi je retrouve la chaîne des bonnes volontés : la région, le conseil général, la commune, les services de santé, les caisses compétentes, l'Etat qui - c'était bien naturel - a consenti un effort particulier pour ces communes et pour cet hôpital £ effort qu'il ne peut pas généraliser en dehors, si l'on peut dire, de la répartition et des règles fixées pour l'ensemble du pays. Mais la nature du drame et l'effort des vivants pour secourir ceux qui venaient d'échapper de justesse à la mort et qui cependant en portaient encore les conséquences. Cela exigeait de la part de l'Etat un engagement. Cet engagement a été pris et je crois pourvoir dire qu'il a été tenu. C'est ce que je viens constater aujourd'hui et je m'étais promis, je vous avais dit monsieur le maire, que lorsque nous parviendrions au terme, nous ferions le bilan. Ce bilan vous avez bien voulu me le présenter, je vous remercie de vos propos d'accueil. Déjà, il y a quatre ans, j'avais bien senti dans votre peine, une grande résolution afin que nous puissions tous ensemble surmonter l'événement. Voilà, nous sommes là, l'espoir a succédé à la peine, encore faut-il être digne de ces espoirs.\
D'abord ce qui a été construit ici sur le plan pratique et sur le plan esthétique, correspond à ce que l'on pouvait souhaiter. Je ne peux pas en juger à moi seul par un bref passage. Mais si l'on interroge les personnes qui résident ici, j'ai pu poser quelques questions aux infirmières, aux soignants que j'ai rencontrés, il semble, en tout cas, que les conditions ont été remplies qui permettent de redémarrer dans l'espoir de vivre mieux. Cela correspond à un besoin national. Nous avons développé un plan qui doit mettre fin à ces hospices de l'ancien temps que j'ai connus moi-même comme maire de ma commune où j'avais aussi un hospice incommode, insalubre, constamment menacé. C'est un peu cette expérience de premier responsable d'une petite commune, c'est cette expérience qui m'avait conduit à souhaiter, devenu Président de la République, donner l'élan à un plan qui serait expliqué, appliqué en quelques années afin de mettre un terme à ce type d'établissement relevant du siècle dernier.
- Nous n'en avons pas fini. Mais mon engagement porte sur une période qui s'achèvera avant la fin de ce septennat. Je serai très fier. Ce ne sera pas un travail spectaculaire, peut-être qu'on ne le remarquera pas, sauf bien entendu ceux qui vivent dans des conditions comme celles qu'ils ont connues qui ne sont pas acceptables pour les personnes âgées et pour le personnel qui vit là et qui partage le lit de ces personnes. C'est donc les années tout à fait prochaines que nous en aurons fini avec ce problème et que nous serons dotés partout en France d'établissements modernes répondant à des conditions de salubrité et de commodité pour conduire les soins. Puis, au delà de ces mots, il y a le simple bonheur de vivre pour des personnes âgées qui sont souvent repues de fatigue et d'années et qui ont besoin de trouver un environnement qui leur convienne pour vivre, tout simplement pour vivre en préservant les éléments fondamentaux qui font que toute vie doit se sentir utile ou du moins entourée.\
Je vous remercie donc, messieurs les élus, mesdames et messieurs les responsables des diverses administrations ou associations, ou organismes et institutions mêlés à cette reconstruction. Je vous remercie vous toutes et vous tous qui avez contribué humainement et professionnellement, qui allez continuer d'oeuvrer pour que ici et là, ces lieux soient synonymes de responsabilité nationale, de responsabilité et pourquoi pas d'amour pour ceux qui, ayant vieilli, mesurent désormais ce qu'a été le cours de leur existence et doivent être plus que d'autres entourés et aimés.
- Le drame d'il y a quatre ans a montré combien nous avions la chance d'avoir en France des services de secours qui répondaient avec une extrême rapidité au besoin. On le constate chaque jour. Cela aussi c'est un problème qu'il faut savoir étudier. C'est pourquoi M. le ministre de l'intérieur en saisissait le conseil des ministres simplement mercredi dernier pour que tout un plan se développe, afin que ce personnel connaisse la situation qui lui revient.
- Voilà, je ne veux pas multiplier les compliments. Je dois vous dire que ceux que j'exprime sont vraiment ceux que je ressens. Cela pourrait paraître bizarre de dire des mots dans des lieux qui ont été ainsi marqués par la souffrance. Je suis content d'être parmi vous et de sentir que vous avez donné l'exemple. Il faudra le répandre. C'est normal qu'on ait des divisions de toutes sortes, des revendications. C'est normal et c'est souvent juste et puis nous sommes en démocratie. Mais quand même, quand il le faut, soyons unis. Vous m'en avez fait la démonstration vécue. Dans le malheur, vous avez continué pour la reconstruction. N'arrêtez pas cela là ! Si cela pouvait servir d'exemple aux Français tant mieux.\
- Mesdames et messieurs,
- Monsieur le maire vient de le rappeler, il y a quatre ans j'étais parmi vous. Je me souviens du drame, ces bâtiments effondrés, l'incendie qui continuait de ravager les locaux, des morts, le chagrin des familles. Je me souviens aussi du dévouement de celles et de ceux qui, dans cette commune, tout autour, s'étaient aussitôt rassemblés pour sauver des vies, pour panser des plaies, pour tenter de donner les soins qui convenaient aux blessés. Je revois l'effort des responsables municipaux, de monsieur le maire, l'effort de tous les services de secours, des sapeurs pompiers. Je revois les infirmières qui vivaient un double drame puisqu'elles avaient soigné, aidé, accompagné des personnes âgées qui se trouvaient victimes d'un sinistre qui soudainement a donné sa couleur de drame à des fins de vie, dans des locaux vétustes, le corps médical, le directeur de l'hôpital, tout le personnel. Je me souviens de la solidarité exemplaire.
- C'est toujours difficile, les débats reprennent toujours après. Aurait-on pu faire mieux, aurait-on pu faire autrement ? Mais au moment où il le fallait, la solidarité a joué pleinement y compris entre cette commune, son canton, son département et sa région. J'avais été très frappé par ce spectacle à la fois spectacle de mort et de peine, et aussi spectacle de courage et d'espérance. Au dessus de tout cela, de solidarité dont on peut penser que : pourquoi faut-il attendre les moments de détresse pour que cette solidarité soit aussi vivante ? Pourquoi ne serait-elle pas plus constante dans la vie de chaque jour et le cas échéant dans la joie ?
- L'effort qui a été accompli mérite d'être souligné. Là aussi je retrouve la chaîne des bonnes volontés : la région, le conseil général, la commune, les services de santé, les caisses compétentes, l'Etat qui - c'était bien naturel - a consenti un effort particulier pour ces communes et pour cet hôpital £ effort qu'il ne peut pas généraliser en dehors, si l'on peut dire, de la répartition et des règles fixées pour l'ensemble du pays. Mais la nature du drame et l'effort des vivants pour secourir ceux qui venaient d'échapper de justesse à la mort et qui cependant en portaient encore les conséquences. Cela exigeait de la part de l'Etat un engagement. Cet engagement a été pris et je crois pourvoir dire qu'il a été tenu. C'est ce que je viens constater aujourd'hui et je m'étais promis, je vous avais dit monsieur le maire, que lorsque nous parviendrions au terme, nous ferions le bilan. Ce bilan vous avez bien voulu me le présenter, je vous remercie de vos propos d'accueil. Déjà, il y a quatre ans, j'avais bien senti dans votre peine, une grande résolution afin que nous puissions tous ensemble surmonter l'événement. Voilà, nous sommes là, l'espoir a succédé à la peine, encore faut-il être digne de ces espoirs.\
D'abord ce qui a été construit ici sur le plan pratique et sur le plan esthétique, correspond à ce que l'on pouvait souhaiter. Je ne peux pas en juger à moi seul par un bref passage. Mais si l'on interroge les personnes qui résident ici, j'ai pu poser quelques questions aux infirmières, aux soignants que j'ai rencontrés, il semble, en tout cas, que les conditions ont été remplies qui permettent de redémarrer dans l'espoir de vivre mieux. Cela correspond à un besoin national. Nous avons développé un plan qui doit mettre fin à ces hospices de l'ancien temps que j'ai connus moi-même comme maire de ma commune où j'avais aussi un hospice incommode, insalubre, constamment menacé. C'est un peu cette expérience de premier responsable d'une petite commune, c'est cette expérience qui m'avait conduit à souhaiter, devenu Président de la République, donner l'élan à un plan qui serait expliqué, appliqué en quelques années afin de mettre un terme à ce type d'établissement relevant du siècle dernier.
- Nous n'en avons pas fini. Mais mon engagement porte sur une période qui s'achèvera avant la fin de ce septennat. Je serai très fier. Ce ne sera pas un travail spectaculaire, peut-être qu'on ne le remarquera pas, sauf bien entendu ceux qui vivent dans des conditions comme celles qu'ils ont connues qui ne sont pas acceptables pour les personnes âgées et pour le personnel qui vit là et qui partage le lit de ces personnes. C'est donc les années tout à fait prochaines que nous en aurons fini avec ce problème et que nous serons dotés partout en France d'établissements modernes répondant à des conditions de salubrité et de commodité pour conduire les soins. Puis, au delà de ces mots, il y a le simple bonheur de vivre pour des personnes âgées qui sont souvent repues de fatigue et d'années et qui ont besoin de trouver un environnement qui leur convienne pour vivre, tout simplement pour vivre en préservant les éléments fondamentaux qui font que toute vie doit se sentir utile ou du moins entourée.\
Je vous remercie donc, messieurs les élus, mesdames et messieurs les responsables des diverses administrations ou associations, ou organismes et institutions mêlés à cette reconstruction. Je vous remercie vous toutes et vous tous qui avez contribué humainement et professionnellement, qui allez continuer d'oeuvrer pour que ici et là, ces lieux soient synonymes de responsabilité nationale, de responsabilité et pourquoi pas d'amour pour ceux qui, ayant vieilli, mesurent désormais ce qu'a été le cours de leur existence et doivent être plus que d'autres entourés et aimés.
- Le drame d'il y a quatre ans a montré combien nous avions la chance d'avoir en France des services de secours qui répondaient avec une extrême rapidité au besoin. On le constate chaque jour. Cela aussi c'est un problème qu'il faut savoir étudier. C'est pourquoi M. le ministre de l'intérieur en saisissait le conseil des ministres simplement mercredi dernier pour que tout un plan se développe, afin que ce personnel connaisse la situation qui lui revient.
- Voilà, je ne veux pas multiplier les compliments. Je dois vous dire que ceux que j'exprime sont vraiment ceux que je ressens. Cela pourrait paraître bizarre de dire des mots dans des lieux qui ont été ainsi marqués par la souffrance. Je suis content d'être parmi vous et de sentir que vous avez donné l'exemple. Il faudra le répandre. C'est normal qu'on ait des divisions de toutes sortes, des revendications. C'est normal et c'est souvent juste et puis nous sommes en démocratie. Mais quand même, quand il le faut, soyons unis. Vous m'en avez fait la démonstration vécue. Dans le malheur, vous avez continué pour la reconstruction. N'arrêtez pas cela là ! Si cela pouvait servir d'exemple aux Français tant mieux.\