11 novembre 1988 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors de la cérémonie de commémoration du 70ème anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, Rethondes, vendredi 11 novembre 1988.

Il y a soixante-dix ans, la victoire de la France et de ses alliés mettait fin à une guerre longue et douloureuse. En ce jour, dans nos villes et dans nos villages, toutes les générations se rassemblent et se recueillent devant le Monument aux Morts. Les familles se souviennent et honorent ceux qui ont accompli le sacrifice suprême pour que vive la France.
- Telle est notre nation qui a su s'unir face à l'agression et rester fidèle au souvenir. Nous célébrons la mémoire aujourd'hui, des plus humbles tombés au champ d'honneur, comme aussi la mémoire des premiers responsables dont le nom est déjà écrit dans l'histoire, je citerai : le Président Clémenceau, les Maréchaux Foch et Joffre, et tant d'autres...
- "La guerre fut gagnée mais le Traité de Versailles n'installait pas la paix de façon durable", comme l'écrivait Jean Monnet, à qui nous avons rendu hommage le 9 novembre au Panthéon, je le cite : "J'ai compris que l'égalité était absolument essentielle dans les rapports entre les peuples comme entre les hommes. Une paix d'inégalité ne peut rien donner de bon".
- Et nous avons connu la seconde guerre mondiale et, sur le marbre des Monuments aux Morts pour la Patrie, d'autres noms sont venus s'ajouter à ceux de 14-18. Honorons-les tous ensemble aujourd'hui.
- Cette paix qu'ils ont su gagner, c'est à nous non seulement de la préserver mais encore de la renforcer. Rejetons donc toute forme d'idéologie totalitaire d'où ne peut surgir que le malheur des hommes. Et repoussons toute faiblesse génératrice de servitude, bref, soyons disponibles pour construire la paix.
- C'est aux peuples héritiers d'une même culture et qui ont été meurtris dans une histoire commune, de bâtir maintenant, dans l'Europe et par l'Europe, l'avenir de leurs enfants.
- Ceux de 14-18, au-delà de leurs souffrances et de leurs sacrifices, n'avaient qu'une ambition : que leur guerre fût la dernière, "la der des der". Et voici que maintenant nous reprenons cette espérance. L'Europe réconciliée est et sera demain plus encore la réponse qu'ils attendaient de nous.
- C'est l'espoir que je formule ici, dans cette clairière marquée par tant de sacrifices, c'est l'espoir que je formule en ce 11 novembre 1988.\