9 novembre 1988 - Seul le prononcé fait foi

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Message de M. François Mitterrand, Président de la République, adressé au Conservatoire national des Arts et Métiers, Paris, mercredi 9 novembre 1988.

"Omnes docet", il enseigne à tous. Telle est la devise du Conservatoire national des Arts et Métiers dont l'abbé Grégoire proposa la création en 1794. D'emblée, la jeune République avait perçu que le développement d'une industrie nationale est le garant de l'indépendance et plus encore de la liberté. L'abbé Grégoire appelait au perfectionnement de tous les arts en réunissant en un même lieu tous les outils et machines nouvellement inventés, afin d'en expliquer la construction et l'emploi.
- Condorcet, dans son rapport de 1792 disait : "l'instruction ne doit pas abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles, elle doit embrasser tous les âges £ il n'y en a aucun où il n'est utile et possible d'apprendre et cette seconde instruction est d'autant plus nécessaire que celle de l'enfance a été resserrée dans des bornes plus étroites. L'instruction doit être universelle...
- "Enseigner à tous" ! Près de 100000 adultes assistent aux cours du conservatoire à Paris, en province, outre-mer et même à l'étranger. Grand établissement de l'enseignement supérieur, il couvre tous les domaines des sciences et des techniques et tous les niveaux de formation supérieure. Les plus hauts niveaux de qualification sont ainsi accessibles à ceux qui travaillent. La délivrance de ce 10000ème diplôme d'ingénieur en est aujourd'hui une preuve renouvelée et je tiens ici à rendre hommage au mérite de ceux qui, tout en poursuivant leur activité professionnelle, ont pris, pendant tant d'années, sur le temps de loisir et leur vie familiale pour se former.
- L'idéal démocratique de Condorcet reste à parfaire. C'est pourquoi j'ai proposé aux Français la création d'un nouveau droit, le crédit-formation, et j'ai demandé au gouvernement d'aller vite en besogne. Je souhaite que ce droit soit une chance renouvelée de formation et de promotion professionnelle et sociale, contribue à une meilleure qualification de la population donc de notre économie et donc de notre pays. Le Conservatoire National des Arts et Métiers, et, au-delà, notre système de formation tout entier, doit s'adapter à ce nouveau défi. Ce nouveau partage du savoir ouvre un nouveau siècle des "Lumières".\