4 novembre 1988 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution radio-télévisée de M. François Mitterrand, Président de la République, sur le référendum pour la Nouvelle-Calédonie du 6 novembre, Paris, le 4 novembre 1988.

Mes chers compatriotes,
- Je viens vous parler ce soir de la Nouvelle-Calédonie. Et, à moins de deux jours du référendum, je vous pose une seule question.
- Là-bas, des hommes, qui se sont affrontés, combattus parfois jusqu'au sang, jusqu'à la mort, vous en avez vu les images tragiques, ces hommes se sont enfin réconciliés.
- Les deux principales communautés de l'archipel se trouvaient face à face. Le calme est revenu.
- Elles vous demandent maintenant, ensemble, de voter pour garantir leur avenir dans la concorde retrouvée. Et pour cela elles attendent de vous, elles espèrent de vous le geste de fraternité qui consacrera leur accord, signé le 26 juin dernier, à l'invitation du Premier ministre, M. Michel Rocard, par les représentants qualifiés des populations néo-calédoniennes, MM. Lafleur et Tjibaou.
- Alors, voilà. Oui ou non, approuvez-vous cet accord ? Voulez-vous les aider ? Allez-vous prendre la main tendue ou bien la refuser ? C'est, je le répète, la seule, la vraie question à laquelle vous aurez à répondre dimanche.
- Mais que dit cet accord ? Que dans dix ans, en 1988, les habitants du territoire décideront eux-mêmes et librement de leur destin.
- Dix ans, c'est en effet le temps jugé nécessaire pour réduire les inégalités, former les jeunes, habituer les citoyens aux responsabilités, construire les équipements indispensables au progrès, routes, écoles, dispensaires, veiller à l'épanouissement des diverses cultures, bref, pour que la confiance l'emporte sur la violence.
- Et pendant ces dix ans, nous épaulerons, à nous tous, la Nouvelle-Calédonie pour qu'elle réussisse son développement et réapprenne à vivre en paix.
- S'il en est ainsi, vous penserez peut-être : mais pourquoi un référendum ? Pour une raison essentielle. Sans la promesse de ce référendum, c'est-à-dire sans l'espoir du soutien du peuple français, il n'y aurait pas eu d'accord.
- Depuis 1945, le Parlement a changé sept fois le statut de la Nouvelle-Calédonie. Il fallait en finir avec cette instabilité et apporter une autre garantie, plus solennelle encore, celle du peuple lui-même : la vôtre.
- Mes chers compatriotes, le choix vous appartient. Mais sachez-le : plus nombreux vous serez à voter dimanche, plus fort et plus solide sera le pacte national dont dépend l'avenir.
- La victoire du oui ne sera la victoire de personne sur personne, mais celle de la France tout entière.
- Vive la République !
- Vive la France !\