15 octobre 1988 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur l'effort à accomplir pour l'aménagement de l'habitat et de l'urbanisme des banlieues, Oullens, samedi 15 octobre 1988.

Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Je suis venu aujourd'hui à Oullens, afin de voir sur place comment s'organise une commune, pour offrir à ses habitants une autre façon de vivre. Ce que j'ai vu trop brièvement, c'est ce que vous vivez vous, chaque jour, et je souhaite bien entendu, à l'issue de ces moments, passés parmi vous, comprendre et comprendre mieux, vos besoins et aussi la manière de faire.
- Il est normal que dans une ville comme celle-ci, elle-même fraction d'un vaste ensemble - le vaste ensemble lyonnais - le voyageur, celui qui est de passage, ne parvienne pas à distinguer exactement les frontières qui séparent une commune d'une autre. Et plus on va dans certaines directions, vers l'est, vers le nord, dans bien d'autres endroits, des régions sont aujourd'hui quasiment détruites, où la misère et la laideur triomphent. On s'aperçoit de l'énorme effort à accomplir, pour donner à la population qui vit là un peu plus que ce qu'elle a, un peu plus par l'habitat et par l'urbanisme, par l'organisation d'une population de millions d'habitants, entassés, entremêlés, sans que l'on puisse s'y reconnaître. Et c'est l'effort que j'ai voulu souligner aujourd'hui. Je sais bien qu'à l'intérieur de ces immenses agglomérations, Oullens n'est qu'une fraction de l'une d'entre elles. Je sais bien - je suis déjà venu plusieurs fois à Oullens, je crois un peu la connaître - que même si elle a sa personnalité, sa particularité, son histoire, cela comporte aussi, sur beaucoup d'autres aspects, d'immenses difficultés. Il suffit d'entendre ce qui m'a été dit ce matin, sur cette place, pour comprendre qu'il y a des fractions de la population, qu'il y a des travailleurs qui s'inquiètent. Dans certains domaines - et d'une façon générale - les problèmes nationaux se retrouvent partout. Tout cela doit être entendu, tout cela doit être discuté. Et moi je serais absolument ravi de saisir cette occasion, pouvant me trouver ici devant les Oullinois, de pouvoir, pendant quelques instants, discuter avec ceux qui s'inquiètent pour leur métier, pour leur emploi. Et je ne vois pas de quelle manière on pourrait prendre en mauvaise part l'invitation que je fais à venir parler avec moi, dans un moment, des questions qui vous intéressent.
- Cela dit, il ne servira à rien de parler tous ensemble, d'autant plus que je serais confus d'avoir à m'excuser, disposant du micro : c'est moi qu'on entendra. C'est une inégalité qui peut être réparée très aisément par le dialogue.\
Mais comment dans une ville ou une commune comme Oullens, parvenir à créer ce mieux-être, mieux-être social ? Sans doute par la construction et par le logement. Mais, d'une façon plus générale, c'est le mode de vie, la qualité de la vie, comme on dit aujourd'hui, qui se trouve en cause. Le métier et l'emploi sont déjà si fragiles, les conditions des transports sont déjà si difficiles, les grandes villes sont souvent si indifférentes à la vie de chacun, il est si malcommode de préserver les petits groupes où l'on aime se retrouver, si en plus, quand on rentre chez soi, on n'éprouve aucun confort, aucun plaisir de vivre, aucune joie du voisinage, bref, s'il y a une exclusion supplémentaire, alors qu'il en est tant d'autres : cela devient insupportable. Oui, je viens soutenir, tout à fait au-delà de la politique, - et je dis cela absolument sans dédain - il est aussi de la vraie et de la grande politique, je viens tenter de soutenir les municipalités, de quelque opinion qu'elles soient, chaque fois qu'elles accomplissent un effort de cet ordre. Et je tiens à féliciter ceux d'ici, maires et conseillers municipaux, qui ont compris qu'il fallait faire bouger les choses, qu'on ne pouvait pas en rester là, qu'il fallait mettre un peu plus de commodités, mais aussi un peu plus de beauté, qu'il fallait que les habitants d'Oullens, après le travail aient, pour les ménagères qui restent à s'occuper de leur famille, un environnement vraiment supportable, et le cas échéant, pourquoi pas, agréable ?
- Alors dans ce que j'ai vu, je n'ai pas vu grand chose : je suis monté dans deux appartements et j'ai circulé à travers quelques nouvelles rues, ruelles ou places conçues par les architectes, j'ai bien reconnu la manière de certains d'entre eux. J'ai retrouvé ici Roland Castro dont je sais l'effort formidable qu'il accomplit dans des centaines de villes sous le sigle de "Banlieues 89", pour faire comprendre qu'il n'y a pas d'une part ceux qui ont le privilège de vivre dans les beaux quartiers parce qu'on a tout simplement plus d'argent que les autres et ceux qui sont voués à vivre dans les banlieues, ce terme les banlieues voulant dire que c'est là où l'on va parce qu'on n'a pas les moyens de faire autre chose.
- Eh bien cela, c'est devenu insupportable, dans une époque comme celle que nous vivons, dans ce 20ème siècle qui supporte encore les conséquences de l'inorganisation du 19ème, de cette formidable projection de la société industrielle naissante, de la construction des premières grandes agglomérations urbaines où l'on a bâti un peu n'importe comment, en protégeant sans doute les centres qui sont souvent de très beaux centres, dans nos belles et grandes villes de province comme dans la capitale, mais en laissant s'étendre indéfiniment des banlieues et des banlieues sans vouloir chercher en quoi que ce soit ce que pourrait être l'âme de ces nouvelles villes.
- Et les gens souvent, sont malheureux, même quand ils les aiment £ car on aime l'endroit où l'on se trouve, on aime les gens que l'on rencontre, on aime les habitudes, on s'attache à l'endroit où l'on vit, et pourtant on sait bien qu'il faut changer la ville. Il faut changer la ville oui. Il m'est arrivé de répéter qu'il convenait de changer la vie et pendant les dernières discussions, lors de la campagne présidentielle, j'ai ajouté, pour changer la vie, il faut changer la ville : quatre-vingt pour cent des Français sont appelés à vivre, dans les années qui viennent, en ville, dans des agglomérations urbaines et la société n'est pas organisée pour les recevoir.\
Nous vivons encore dans le souvenir d'une forme de civilisation qui a été celle de nos parents et que certains d'entre nous, j'en suis, ont connue dans leur enfance, la vie rurale, la vie paysanne, qui connaissaient son type d'organisation depuis déjà de nombreux siècles. Mais la ville, elle n'a vraiment pour elle qu'un siècle et demi, je veux dire la masse des villes. Je ne veux pas parler des vieilles villes historiques, tout le monde les connaît et tout le monde reconnaît que c'est là que se trouve encore la beauté, c'est cela qu'on vient visiter, c'est là où vont les touristes, c'est là que nous sommes fiers de montrer ce que nous avons été capables, à travers les siècles, de bâtir comme beaux monuments, organiser de belles places et un bel urbanisme.
- Est-ce que c'est ce que l'on fait dans les banlieues ? Mais on n'y songerait pas ! On n'oserait pas montrer ce que notre société moderne a construit déjà depuis la fin du siècle dernier !... Alors, qu'il y ait des équipes d'hommes et de femmes qui s'attaquent à ce problème et qui disent : "on va changer la ville" cela parait immense et presque impossible tant est lourde la tâche. Impossible ? pourquoi donc ? il faut commencer par le commencement : que les maires, les élus, que les conseils généraux, les assemblées générales, que tout ce monde-là se tienne par la main pour apporter aux femmes et aux hommes de ces agglomérations, le moyen de vivre mieux £ et je veux lancer ici un appel, de cette place, à l'ensemble des élus et des administrateurs : je veillerai à ce que l'Etat mette, comme il le fait déjà, mais plus encore, tous les moyens nécessaires pour transformer la ville et pour faire des banlieues autre chose que ce qu'elles sont. Je sais à quel point le ministre d'Etat chargé du logement `Maurice Faure` s'en préoccupe aujourd'hui, de même que tous les responsables de l'administration d'Etat. Mais il faut organiser le relais qui permettra comme on l'a commencé ici à Oullens - ce n'est pas la seule commune, heureusement, il en est bien d'autres -, de disposer de nouveaux quartiers où l'on aime se promener, où l'on aime habiter, où l'on aime vivre sa vie, où l'on est heureux de revenir à la fin du travail, de quartiers que l'on aime non seulement parce que les conditions sociales seraient améliorées mais aussi parce qu'une certaine forme de culture dans le beau sens du terme, une façon de vivre matériellement et par l'esprit susciterait : c'est tout ce dont un homme a besoin. Oui, on a besoin du concours de la ville, des pierres et des matériaux que l'on met les uns sur les autres pour donner une image de ce que peut être la vie d'un homme, d'un couple, d'un ménage, d'une famille. Et tout cela réuni fait la ville, la cité qui attend encore les fondements de la civilisation que l'on verra s'épanouir au siècle prochain.\
Mais on peut dire "est-ce bien le rôle du Président de la République que de gérer à la place des administrateurs ou des élus ? Il faut qu'il puisse ici et là lancer quelques grandes idées, encourager de grands projets, dire à celles et ceux venus de toutes parts, qui se passionnent pour le développement de la ville, pour l'amélioration de la vie, pour la beauté des villes et de la vie, leur dire : "non seulement vous devez continuer mais encore vous devez trouver le concours de la puissance publique, je vous en apporte ici le témoignage".
- Il existe beaucoup d'organismes, des commissions de toutes sortes, mais depuis quelques temps nous avons voulu, en plus de l'organisation "Banlieues 89", nous avons voulu créer des délégations qui s'occupent plus spécialement de l'urbanisme et de la ville pour rassembler l'ensemble des initiatives prises un peu partout, un peu trop éparses, et pour qu'il y ait des femmes et des hommes de dévouement et de compétence qui consacrent leur vie professionnelle et une large part de leur vie personnelle à l'amélioration de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville. Que d'endroits où l'on ne se rencontre pas ! Combien de fois m'est-il arrivé de dire que plus il y avait de foule, plus grande était la ville, plus les gens se pressaient dans les avenues, moins on se connaissait ! On n'est jamais plus perdu que dans la foule, on n'est jamais plus ignoré que dans la grande ville. Est-ce que c'est logique ? Je sais qu'il est des gens qui ignorent ceux qui habitent l'étage en-dessus, l'étage en-dessous, et qui s'ignorent d'une maison à l'autre. Les villes sont-elles organisées pour que des places puissent recevoir quand on en a le loisir, dans les moments de repos, ceux qui aiment le sport, ceux qui aiment la conversation, ceux qui aiment tout simplement se distraire en commun, comme cela, par petits groupes, avec le même accent dans des villes comme Paris ou les grandes banlieues de Paris ? Cela existe de moins en moins, et pourtant je sens bien l'effort puissant de chacun pour arriver à retrouver le groupe humain au sein duquel il se plaira, s'épanouira, reconnaîtra les siens, se reconnaîtra lui-même.
- Alors, voilà, il faut qu'on s'entraide pour cela, il faut qu'on s'unisse pour cela, et pour quelques autres choses. Et chaque fois que j'apercevrai le développement dans une commune ou dans une cité urbaine immense comme celle dans laquelle nous nous trouvons ce matin, au-delà des frontières de la commune d'Oullens, chaque fois que je verrai s'appliquer à cet ouvrage des élus désireux de servir au moins cela, terminer leur vie élective et peut-être leur vie tout court en ayant le sentiment de l'avoir suffisamment réussie puisqu'ils ont aidé les autres, puisqu'ils ont servi les autres dans leur commune, leur département, tout simplement dans leur pays, chaque fois j'apporterai mon encouragement et l'expression de ma gratitude.\
Ce sont ceux-là qui aujourd'hui dessinent le visage de la France tel qu'il apparaîtra aux générations qui poussent, dans ces vastes ensembles dont on répète sans arrêt - j'ai déjà employé l'expression - "qu'ils n'ont pas d'âme", où il n'y a pas de place pour bouger, où il n'y a pas d'herbe ni d'arbres pour respirer, où l'on est voué très souvent à la délinquance simplement par désoeuvrement ou parce que rien n'est fait pour accueillir l'enfant, parce que les familles sont dispersées, parce que tout cela est trop restreint, parce que les mètres carrés sont trop comptés, parce qu'une même famille ne peut plus vivre ensemble, d'une génération à l'autre. Je veux que, peu à peu, on comprenne cela et que l'on s'organise pour restituer à la famille son véritable sens qui est l'amour et l'entraide, qu'on se connaisse les uns les autres. Ce que je dis d'une famille vaut naturellement d'un immeuble, vaut d'un quartier, vaut d'une ville, immense entreprise. Je n'en verrai pas le bout, ni vous non plus, mais parce que ce sera long et difficile.
- "Commençons donc tout de suite", c'est le raisonnement que nous avons tenu à quelques-uns dès les années 81 - 82 - 83. On aperçoit déjà certains signes d'achèvement avec des réussites architecturales, des quartiers rénovés, un certain air qui permet de penser que ceux qui vivent là sont plus heureux, plus épanouis qu'ils ne l'étaient hier. J'ai vu à Montpellier des constructions vraiment très remarquables, des quartiers complètement changés et des habitants - il s'agit là de logements sociaux - des habitants qui venaient m'attendre et qui me disaient : "comme on est bien de vivre là". De vous à moi ce n'est pas ce que j'entends tous les jours, j'entends moins d'éloges que de critiques, et c'est bien normal, je suis là pour ça. Il faut bien que j'entende la plainte des Français quand ça ne va pas et là où ça ne va pas. Mais cela m'entraîne naturellement à penser que mieux ça ira, mieux ça vaudra. Et je m'y emploie autant que je le peux...
- Je veux encourager les maires, la communauté de cette ville, les districts, les régions, je veux encourager les hommes de métier, les professionnels, les architectes, les entrepreneurs, les urbanistes, ceux qui sont passionnés pour ce type de problèmes. Je veux qu'ils unissent leurs efforts de façon cohérente et que l'Etat assume sa charge, qu'il ne l'abandonne pas au nom de je ne sais quelle fausse théorie qui voudrait que l'Etat soit désormais inutile. C'est le rôle de l'Etat que de coordonner, que de prévoir les grands projets, que de financer les grandes constructions ou de contribuer naturellement au financement, en harmonie, autant qu'il est possible, avec les élus locaux ou les dirigeants d'association qui eux vivent sur le terrain.
- Ceux qui sont passionnés pour ces types de problèmes, je veux qu'ils unissent leurs efforts d'une façon cohérente, et qu'ils ressentent mieux que quiconque, souvent mieux que les administrateurs parisiens, les besoins de la population.\
Voilà la synthèse à laquelle je vous appelle. Et vous, mesdames et messieurs, qui avez bien voulu vous déranger ce matin, au début de mon bref voyage dans votre région qui me conduira tout à l'heure à Villeurbanne puis à Bron après un sympathique passage à Lyon, je voudrais que vous sentiez à quel point cette communauté `communauté urbaine` dans laquelle vous vous trouvez doit peu à peu trouver ses marques - comme on le dit, dans certains domaines, notamment dans le domaine sportif - oui trouver ses marques : savoir où vous êtes, savoir ce que vous faites, pourquoi vous êtes là, pourquoi vous êtes attachés à votre commune.
- Oullens, elle a déjà un long passé. Mais ce passé que l'on célèbre dans les livres, qu'est ce qu'il en reste aujourd'hui à travers vos murs ? Pas grand chose. Et je voudrais que, à la génération suivante, on puisse dire, "eh bien en 1988, avant ou après, il y a eu des équipes qui se sont mises à l'ouvrage, et qui ont commencé de recréer le coeur de nos villes, qui ont restitué de la beauté à nos banlieues, qui ont organisé, à travers toutes ces ceintures sub-urbaines, un certain ordre qui permet à chacun de disposer de relais, et de savoir qu'il est ailleurs que dans une sorte de désert bâti £ qu'il est là où les gens vivent, où ils doivent se connaître, où leurs enfants vivront, où ils auront envie de rester". S'ils ne trouvent pas ce qu'ils doivent trouver dans la société civilisée, disposant de tant de moyens scientifiques et techniques, pour accomplir sur place tout simplement ce qui apparaît aujourd'hui comme si surprenant, vivre et travailler au pays, si surprenant puisqu'on y arrive si peu, puisqu'on y arrive si mal, en dépit des efforts conjugués de milliers et de centaines de milliers de Français, arc-boutés, à la fois sur le respect des richesses du passé, des beautés du passé, et désireux de bâtir l'avenir, alors ils n'auront plus que le souhait de partir.
- Je voudrais que vous entendiez dans mes paroles, une sorte d'hymne à l'avenir, à la capacité de vos générations de maîtriser leur destin. Vous le pouvez si vous le voulez, je le répète partout. Il n'y a pas de fatalité. L'oeuvre est immense si l'on songe que pendant plus d'un siècle, cette conception de la ville a été débordée, dépassée, et souvent annulée par une politique qui n'est pas en soi répréhensible, mais qui le devient lorsqu'elle est laissée à l'abandon des appétits qui ne seraient qu'une politique du profit. Pourquoi pas le profit, à la condition qu'il s'organise autour du confort et du bonheur des hommes. Mais, s'il finit par primer et par imposer sa loi sans tenir compte du devenir des hommes qui vivront là, alors c'est de l'anti-civilisation et nous devons nous unir pour en changer les fondements.\
Mesdames et messieurs, je n'ose vous dire à bientôt car il ne m'arrive pas très souvent de passer par ici. La France est grande et je ne peux pas non plus passer mon temps à parcourir les routes même si j'y trouve grand intérêt. Je ne connais jamais assez bien la France, ni les Français. Et on s'aperçoit qu'il y faut beaucoup d'attention, beaucoup de réflexion et pourquoi pas beaucoup d'amour pour y parvenir.
- Je fais confiance à ceux qui ont la charge de ces choses, au gouvernement qui aujourd'hui a des obligations multiples, des responsabilités immenses, qui le fait avec bonne foi, avec le désir de réussir notre entreprise commune, et avec compétence. Je fais confiance, oui, au gouvernement et aux ministres responsables, mais j'appelle vraiment parmi vous, toutes celles et tous ceux qui font la ville, la maison, l'immeuble et le quartier, j'appelle toutes ces associations si riches de sève, d'entrain, et d'enthousiasme, que l'on trouve partout, presque partout, qui naissent du terrain : c'est vous qui savez ce dont vous avez besoin. Eh bien ! Unissez-vous, unissez vos efforts. Quand vous aurez à en découdre, autour du choix de vos administrateurs, de vos élus, de vos conseils municipaux, généraux, députés, - cela nous arrive assez souvent - et le cas échéant, Président, faites ce que vous venez de faire. Agissez selon votre conscience, selon vos convictions. Je ne peux que vous encourager à respecter vos convictions. Nous ne sommes pas dans une République où une loi de la pensée s'impose aux citoyens. Ce sont les citoyens qui doivent faire la loi. Mais je vous invite, dans un domaine comme celui-ci, où il s'agit de donner à une ville comme Oullens et aux autres, l'aspect qu'il convient pour qu'on y vive mieux, pour qu'une culture profonde, vécue, à chaque instant, chaque jour, puisse signifier que la beauté est naturellement associée au confort de vie, je vous invite et je vous demande, à vous toutes et à vous tous, de vous entendre, pour cette oeuvre-là, qui non seulement est une oeuvre nationale, mais au-delà, la tentative universelle pour le progrès de l'homme.\