12 mars 1988 - Seul le prononcé fait foi
Message de M. François Mitterrand, Président de la République, au rassemblement de SOS Racisme, sur l'égalité et la fraternité, Paris, samedi 12 mars 1988.
Harlem DESIR.- Monsieur le Président, bonjour. Cet après-midi, des milliers de jeunes sont rassemblés contre le racisme et pour l'égalité. Ils refusent que la France devienne un pays de haine et d'exclusion. Ils veulent préparer un avenir où chacun ait les mêmes chances et les mêmes droits. Monsieur le Président, à ces milliers de jeunes, que souhaitez-vous leur dire ?
- LE PRESIDENT.- "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". Cette phrase, vous le savez, est inscrite dans les textes fondamentaux de notre démocratie. Il reste à la graver dans nos coeurs pour qu'elle inspire notre existence quotidienne.
- Un rassemblement comme le vôtre mérite d'être salué. Pourquoi ? Parce qu'il contribue à faire passer nos grands principes abstraits de la morale des discours à la morale de la vie, du ciel sur la terre, je veux dire des normes du droit aux rues de nos villes, à nos bureaux, nos ateliers, nos écoles, nos tribunaux, nos hôpitaux.
- Hier, vous disiez "SOS Racisme", et vous avez fait reculer, avec d'autres, l'ombre sinistre des discriminations raciales. Vous faudra-t-il dire demain SOS Egalité ? SOS Fraternité ? SOS Solidarité ? J'ai assez de confiance, et je ne suis pas le seul, dans l'avenir de la République et l'esprit de tolérance des Français pour penser que ce jour n'est pas près d'arriver.
- Et pourtant, vous avez raison d'être là aujourd'hui comme hier. Ce sont l'imagination et la vigilance qui maintiennent en vie les valeurs les plus profondes de notre identité nationale. L'égalité n'est jamais acquise £ c'est toujours un combat. Que ce soit l'égalité entre les hommes et les femmes, entre les Français venus d'ailleurs et les Français de souche, entre les étrangers et nos concitoyens, entre les enfants eux-mêmes qui vivent sur notre sol. Il y a là une flamme à ranimer sans cesse, avec soin, avec amour, car il suffirait de laisser se réveiller un court moment la loi de la jungle qui dort au fond de toute société pour qu'elle s'éteigne et pour longtemps.
- Ce laisser-aller, qu'on appelle parfois, et à tort, du libéralisme, n'est pas la liberté. C'est l'inexorable asservissement des jeunes, des différents, des démunis, des exploités, des mal-nés ou des minoritaires, bref des plus faibles à la loi du plus fort. C'est la multiplication à terme des ghettos, des exclus, des foyers d'insécurité et de haine.
- C'est ce dont les Français ne veulent pas, j'en suis sûr, ni pour eux-mêmes, ni pour la France.
- Votre présence à Reuilly, en cette fin d'hiver 1988, représente pour le Président de la République française, non seulement un réconfort mais aussi une promesse.
- Deux cents ans après la Révolution française, l'égalité est encore une idée neuve, comme l'était jadis et comme l'est toujours l'idée du bonheur. Servez-là. Vous servirez notre pays. Merci.\
- LE PRESIDENT.- "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". Cette phrase, vous le savez, est inscrite dans les textes fondamentaux de notre démocratie. Il reste à la graver dans nos coeurs pour qu'elle inspire notre existence quotidienne.
- Un rassemblement comme le vôtre mérite d'être salué. Pourquoi ? Parce qu'il contribue à faire passer nos grands principes abstraits de la morale des discours à la morale de la vie, du ciel sur la terre, je veux dire des normes du droit aux rues de nos villes, à nos bureaux, nos ateliers, nos écoles, nos tribunaux, nos hôpitaux.
- Hier, vous disiez "SOS Racisme", et vous avez fait reculer, avec d'autres, l'ombre sinistre des discriminations raciales. Vous faudra-t-il dire demain SOS Egalité ? SOS Fraternité ? SOS Solidarité ? J'ai assez de confiance, et je ne suis pas le seul, dans l'avenir de la République et l'esprit de tolérance des Français pour penser que ce jour n'est pas près d'arriver.
- Et pourtant, vous avez raison d'être là aujourd'hui comme hier. Ce sont l'imagination et la vigilance qui maintiennent en vie les valeurs les plus profondes de notre identité nationale. L'égalité n'est jamais acquise £ c'est toujours un combat. Que ce soit l'égalité entre les hommes et les femmes, entre les Français venus d'ailleurs et les Français de souche, entre les étrangers et nos concitoyens, entre les enfants eux-mêmes qui vivent sur notre sol. Il y a là une flamme à ranimer sans cesse, avec soin, avec amour, car il suffirait de laisser se réveiller un court moment la loi de la jungle qui dort au fond de toute société pour qu'elle s'éteigne et pour longtemps.
- Ce laisser-aller, qu'on appelle parfois, et à tort, du libéralisme, n'est pas la liberté. C'est l'inexorable asservissement des jeunes, des différents, des démunis, des exploités, des mal-nés ou des minoritaires, bref des plus faibles à la loi du plus fort. C'est la multiplication à terme des ghettos, des exclus, des foyers d'insécurité et de haine.
- C'est ce dont les Français ne veulent pas, j'en suis sûr, ni pour eux-mêmes, ni pour la France.
- Votre présence à Reuilly, en cette fin d'hiver 1988, représente pour le Président de la République française, non seulement un réconfort mais aussi une promesse.
- Deux cents ans après la Révolution française, l'égalité est encore une idée neuve, comme l'était jadis et comme l'est toujours l'idée du bonheur. Servez-là. Vous servirez notre pays. Merci.\