2 février 1988 - Seul le prononcé fait foi
Discours de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion du concert à la maison de la légion d'honneur de Saint-Denis, mardi 2 février 1988.
Mesdames et messieurs,
- Chaque année, il nous est donné de prendre part à cette rencontre autour de la musique, à Saint-Denis, aux Loges, bref dans les Maisons d'éducation auxquelles monsieur le Grand Chancelier, mesdames et messieurs - que j'aperçois ici - vous consacrez tant de soin, soit que vous ayez pour mission d'y veiller, soit que vous possédiez pour mission d'enseigner.
- Déjà depuis plusieurs années, j'ai pu observer l'évolution, l'affirmation de nombreux talents, et observer de quelle façon, une sorte de ferveur entoure ces manifestations artistiques. Je pense qu'il n'est pas possible de l'entreprendre et d'y prendre part, comme le font toutes les jeunes filles qui sont là derrière moi, qui ont tout à l'heure élevé la voix pour nous charmer ou qui ont en soliste, interprété de beaux morceaux, en montrant déjà des talents précoces et très affirmés, il n'est pas possible de le faire sans y croire et sans l'aimer. On ne fait d'ailleurs rien de bien sans y croire et sans aimer ce que l'on fait. Mais on ne peut croire et aimer que si l'on a des raisons pour cela. Même si ce sont des raisons Pascaliennes, difficiles à analyser, à connaître.
- Le goût de l'étude, le goût de l'expression artistique, musicale, c'est une façon de dire et de communiquer ce que l'on ressent au fond de soi-même. La qualité des instruments et une bonne éducation artistique vous permettent d'exprimer assez bien et parfois même très bien pour que les autres sachent ce que vous avez voulu dire. Et tout cela sans paroles, ou du moins les paroles sont en plus. Je n'y ajouterai donc pas grand chose moi-même, sinon pour vous remercier, monsieur le Grand Chancelier. Nous sommes en relation constante, et je sais combien cette tâche vous passionne, elle ne m'est pas indifférente. Et vous, madame la Surintendante, mesdames les directrices, vous avez là de grandes maisons de forte réputation. Il s'agit de les maintenir et, quand on le peut, de les améliorer. J'admire votre maîtrise et la façon dont vous changez d'année en année les programmes et donc les talents, les diverses expressions de la musique et aujourd'hui je pense que c'était particulièrement réussi parce qu'aussi particulièrement difficile.
- Mesdames Charon et Seiran ainsi que toutes celles qui prennent part à l'enseignement artistique dans vos maisons, soyez remerciées. Mais après tout, il y a là une sorte de voie hiérarchique que j'emprunte pour la commodité de mon petit discours. Les héroïnes principales de la fête ce sont les élèves. Oui, je dirai presque les seules. Les autres, nous tous, nous sommes soit les artisans de ces fêtes, soit les auditeurs comblés, mais ce sont elles qui se préparent, s'entraînent, répètent, celles auxquelles cela fait grand plaisir, celles que cela ennuie un peu, celles qui pendant une heure ou une heure et demie doivent consacrer leur talent. Sans oublier bien entendu les personnes, je pense qu'il doit y avoir d'anciennes élèves, des professeurs, les renforts très compétents et très qualifiés que notre oreille a distingués, ce sont ceux-là, celles-là, ceux-là que je veux remercier plutôt que tous les autres.
- Nous avons passé un bon moment qui donnera de nouveau l'élan pour l'an prochain et ainsi continueront les Maisons d'éducation de la Légion d'honneur qui s'efforcent de former pour la vie ensuite. Déjà, celles qui sont en terminale vont être précipitées soit dans la vie de l'université, soit dans la vie qu'elles choisiront, avec ses joies et ses difficultés. L'école ou la maison d'éducation n'est pas faite assurément que pour les intelligences. Elle est faite aussi pour les caractères, afin que chacun soit bien préparé à affronter le reste qui n'est pas le principal, le reste de la vie qui n'est pas si facile : un peu de grâce, de musique et de poésie y ajoutent beaucoup. Soyez donc remerciés, mesdemoiselles, mesdames et messieurs, soyez remerciés pour la fête d'aujourd'hui.\
- Chaque année, il nous est donné de prendre part à cette rencontre autour de la musique, à Saint-Denis, aux Loges, bref dans les Maisons d'éducation auxquelles monsieur le Grand Chancelier, mesdames et messieurs - que j'aperçois ici - vous consacrez tant de soin, soit que vous ayez pour mission d'y veiller, soit que vous possédiez pour mission d'enseigner.
- Déjà depuis plusieurs années, j'ai pu observer l'évolution, l'affirmation de nombreux talents, et observer de quelle façon, une sorte de ferveur entoure ces manifestations artistiques. Je pense qu'il n'est pas possible de l'entreprendre et d'y prendre part, comme le font toutes les jeunes filles qui sont là derrière moi, qui ont tout à l'heure élevé la voix pour nous charmer ou qui ont en soliste, interprété de beaux morceaux, en montrant déjà des talents précoces et très affirmés, il n'est pas possible de le faire sans y croire et sans l'aimer. On ne fait d'ailleurs rien de bien sans y croire et sans aimer ce que l'on fait. Mais on ne peut croire et aimer que si l'on a des raisons pour cela. Même si ce sont des raisons Pascaliennes, difficiles à analyser, à connaître.
- Le goût de l'étude, le goût de l'expression artistique, musicale, c'est une façon de dire et de communiquer ce que l'on ressent au fond de soi-même. La qualité des instruments et une bonne éducation artistique vous permettent d'exprimer assez bien et parfois même très bien pour que les autres sachent ce que vous avez voulu dire. Et tout cela sans paroles, ou du moins les paroles sont en plus. Je n'y ajouterai donc pas grand chose moi-même, sinon pour vous remercier, monsieur le Grand Chancelier. Nous sommes en relation constante, et je sais combien cette tâche vous passionne, elle ne m'est pas indifférente. Et vous, madame la Surintendante, mesdames les directrices, vous avez là de grandes maisons de forte réputation. Il s'agit de les maintenir et, quand on le peut, de les améliorer. J'admire votre maîtrise et la façon dont vous changez d'année en année les programmes et donc les talents, les diverses expressions de la musique et aujourd'hui je pense que c'était particulièrement réussi parce qu'aussi particulièrement difficile.
- Mesdames Charon et Seiran ainsi que toutes celles qui prennent part à l'enseignement artistique dans vos maisons, soyez remerciées. Mais après tout, il y a là une sorte de voie hiérarchique que j'emprunte pour la commodité de mon petit discours. Les héroïnes principales de la fête ce sont les élèves. Oui, je dirai presque les seules. Les autres, nous tous, nous sommes soit les artisans de ces fêtes, soit les auditeurs comblés, mais ce sont elles qui se préparent, s'entraînent, répètent, celles auxquelles cela fait grand plaisir, celles que cela ennuie un peu, celles qui pendant une heure ou une heure et demie doivent consacrer leur talent. Sans oublier bien entendu les personnes, je pense qu'il doit y avoir d'anciennes élèves, des professeurs, les renforts très compétents et très qualifiés que notre oreille a distingués, ce sont ceux-là, celles-là, ceux-là que je veux remercier plutôt que tous les autres.
- Nous avons passé un bon moment qui donnera de nouveau l'élan pour l'an prochain et ainsi continueront les Maisons d'éducation de la Légion d'honneur qui s'efforcent de former pour la vie ensuite. Déjà, celles qui sont en terminale vont être précipitées soit dans la vie de l'université, soit dans la vie qu'elles choisiront, avec ses joies et ses difficultés. L'école ou la maison d'éducation n'est pas faite assurément que pour les intelligences. Elle est faite aussi pour les caractères, afin que chacun soit bien préparé à affronter le reste qui n'est pas le principal, le reste de la vie qui n'est pas si facile : un peu de grâce, de musique et de poésie y ajoutent beaucoup. Soyez donc remerciés, mesdemoiselles, mesdames et messieurs, soyez remerciés pour la fête d'aujourd'hui.\