22 décembre 1987 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, devant la communauté française, Djibouti, mardi 22 décembre 1987.

Mesdames et messieurs,
- Mes chers compatriotes,
- Je suis très heureux de vous voir ici rassemblés en terre française et tout autour dans ce pays ami. Chaque fois qu'il m'est donné d'aller à l'étranger, j'aime rencontrer la communauté française.
- Cette fois, je suis accompagné de M. le ministre de la défense, M. Giraud, ainsi que de M. le chef d'état-major des armées, le général Schmidt, et diverses autres personnalités.
- Je suis venu comme invité du Président Hassan Gouled, ami de longue date puisque cette relation cordiale a commencé dans les années 1960 et je retrouve là un chef d'Etat responsable qui assume le devenir et le présent de son pays et qui sait parfaitement ce que peut représenter la France, ce que représentent les Français dans la République démocratique de Djibouti.
- Vos missions et vos responsabilités sont très différentes. D'une part, il y a celles et ceux qui vivent ici depuis longtemps, j'allais dire depuis plusieurs générations. Il en existe plus qu'on ne croit. Depuis le temps que la France a rempli un rôle déterminant dans cette région du monde, oui, je serai heureux de rencontrer ceux d'entre vous - il en est je le répète - qui ont avec eux la mémoire d'une tradition mais qui savent ce qu'a été le travail des générations qui les ont précédés à Djibouti, Obock, Tadjoura et tout autour et celles et ceux qui sont venus depuis lors soit parce que leur vie les a conduits à s'implanter, à prendre racine soit parce qu'ils étaient à un moment de leur carrière, pour le temps d'un contrat ou de plusieurs, soit parce qu'ils sont au service de la puissance publique, de la coopération - nombreux ici même - soit parce qu'ils sont ici à titre privé pour le service des entreprises.
- Tous ensemble, c'est la communauté française sans oublier - bien entendu l'oubli serait vraiment très difficile - la présence militaire d'officiers, de sous-officiers, d'hommes de toutes armes qui, entre 3500 et 4000 en effectif, représentent l'un des points où la France assure sa présence sur la planète, l'un des points principaux avec, je le disais tout à l'heure aux officiers en question, l'ouverture sur le monde extérieur au travers de l'Océan indien et de tout ce qui borde ce sud du continent asiatique si proche avec ses drames, ses luttes, ses espérances aussi.
- La France n'est étrangère à aucune de ces espérances elle ne prend part en vérité à aucune de ces luttes mais elle a le devoir d'assurer ses intérêts et les militaires ici présents à Djibouti prennent une large part à la défense de ses intérêts. Je tiens à les en remercier une deuxième fois.\
Quelle est votre vie ici ? C'est à vous de me le dire. Il y a longtemps que je n'étais venu ici. Pour la première fois, c'était il y a quelque quarante ans, une deuxième fois c'était il y a quelques vingt-cinq ou trente ans, c'est dire qu'il était vraiment urgent de renouer le fil pour essayer d'y comprendre quelque chose : je ne sais pas si c'est encore fait, mais enfin j'ai jusqu'à demain soir et j'aurai pu parler avec tous les responsables à commencer par M. l'ambassadeur. Je remercie, à cette occasion, madame Thomas de nous offrir cette résidence et de nous y accueillir aussi bien, et vous toutes et vous tous.
- Vos soucis, vos inquiétudes bien entendu cela existe. J'ai déjà, ou j'avais déjà, de Paris, entendu parler des questions que vous vous posez sur le -plan de votre avenir social, de votre réalité fiscale ou bien de tout ce qui entoure l'éducation et l'instruction de vos enfants. Nous allons encore rester quelques moments ensemble et tel ou tel d'entre vous, s'il le désire, pourra bien entendu m'en dire quelques mots ou le dire à mes collaborateurs ou en saisir M. l'ambassadeur de telle sorte que nous pourrons nourrir notre dossier. Vous avez hâte que quelques conventions soient mises au point : effectivement dès que cela entre dans l'ordre du contrat, on se sent mieux assuré.
- Je tiens à vous remercier, mesdames et messieurs, mes chers compatriotes, pour le rôle que vous remplissez. Pourquoi êtes-vous venus ici ? Nous en avons parlé mais certainement, conscience est prise de l'importance et de l'utilité que cela vaut pour la France. Nous avons besoin vraiment d'être projetés hors du pays qui est le nôtre et dont nous avons souvent du mal à nous détacher physiquement pour une partie de notre vie, moralement, sentimentalement. Et pourtant vous voyez à quel point, ici, dans cette République démocratique de Djibouti, une population, des cadres, une administration, un gouvernement un chef d'Etat se font accueillants, amicaux. Vous leur devez beaucoup, mesdames et messieurs, et nous aussi. Je veux dire nous, nous tous ensemble la République française, la France et je tiens également à exprimer ma gratitude. Je vais vous souhaiter bonne chance. C'est un bref voyage, nous partirons, nous, et vous, vous resterez - enfin, un certain temps - et vous continuerez et, je suis sûr, avec le sentiment du rôle que j'ai tenté de définir et qui habite l'esprit et le coeur du plus grand nombre d'entre nous.
- Oui, bonne chance, bon travail, si loin de notre pays, soumis à d'autres climats, à l'écoute d'autres mondes c'est bien cela qui fait la France, troisième puissance militaire au monde et l'un des cinq pays - on pourrait dire les quatre - qui aujourd'hui comme déjà depuis plusieurs années se trouvent au premier rang, je veux dire, en parlant au pluriel, au quatrième ou au cinquième de la puissance industrielle ou de la réalité économique : tout cela ne peut pas non plus se calculer avec des chiffres.
- Il y a la présence culturelle et historique de la France dont vous êtes porteurs, mesdames et messieurs, ce seront les troisième remerciements que j'adresserai, ce sont ceux que je vous dois.
- Et maintenant nous allons entendre la Marseillaise. Auparavant je vous aurai dit, en termes très simples mais qui parlent beaucoup de notre réalité nationale :
- Vive la République ! Vive la France !\