16 décembre 1987 - Seul le prononcé fait foi

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Message de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion des Journées annuelles du Comité d'éthique à La Sorbonne, Paris, mercredi 16 décembre 1987.

Monsieur le Président,
- Mesdames,
- Messieurs,
- Je regrette de ne pas être parmi vous pour cette journée de débat public qui témoigne de la vitalité de votre comité. Voici cinq années qu'il a été créé, et vous avez su affirmer votre rôle chaque fois qu'un progrès de la science médicale a soulevé une interrogation morale.
- Je veux appuyer ici avec solennité les valeurs que vous avez affirmées par vos mises en garde répétées contre trois dangers :
- Le danger de l'argent, auquel vous opposez le principe de la gratuité du don d'organes et de la non-commercialisation du corps humain.
- Le danger de techniques qui s'appliqueraient de façon aveugle, sans se soucier du bien-être des hommes, variable selon les cultures et les latitudes.
- Le danger de l'irrationnel, qui conduit à des réactions d'exclusion devant certaines maladies, ou d'obscurantisme devant certains progrès de la médecine, notamment dans le domaine de la procréation.
- En choisissant aujourd'hui de réfléchir au rôle de l'information, vous vous êtes situés au coeur de ce qui est à même de faire reculer ces trois dangers.
- La science va vite £ aujourd'hui, vous vous interrogez sur l'utilisation de nouvelles connaissances dans plusieurs domaines : découverte d'une molécule capable d'interrompre précocement une conception £ maîtrise de l'hérédité, avec les progrès de la détermination des cartes génétiques £ maîtrise du système nerveux avec l'apparition de médicaments qui transforment la personnalité. Tous les jours, d'autres questions se posent, auxquelles il faut répondre.
- La qualité de ces réponses, que nos civilisations sauront ou non apporter à ces interrogations, détermine la capacité de l'intelligence humaine à mettre la science au service de l'homme. Savoir qu'il existe des lieux, tels que votre Comité d'éthique, où l'on prend le temps de s'arrêter, de réfléchir aux conséquences, de confronter les philosophies, cela constitue déjà une garantie. Et par ce message, je tiens à réaffirmer l'importance que j'attache à vos travaux, qui éclairent les choix de notre temps et ceux des siècles à venir.\