9 décembre 1987 - Seul le prononcé fait foi

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Message de M. François Mitterrand, Président de la République, pour le colloque "Mathématiques à venir", sur la politique d'enseignement des mathématiques et la recherche, Paris, mercredi 9 décembre 1987.

J'ai souhaité par un bref message m'adresser aux participants à ce colloque organisé par la Société mathématique de France et la Société de mathématiques appliquées et industrielles.
- Vos débats portent sur un domaine essentiel de la recherche, qui commande le progrès scientifique et technique de notre pays, et sur une discipline centrale de notre système d'enseignement. La compétition internationale accrue et, sur le -plan national, la crise de recrutement qui s'annonce pour les toutes prochaines années, créent une situation d'urgence. Il faut y répondre : tel est le sens de vos travaux.
- Notre école mathématique est renommée et les mathématiques se sont imposées comme la clé des autres disciplines. Dès lors se posent une série de questions dont vous allez débattre : comment renforcer notre position dans la recherche mondiale, assurer le renouvellement des enseignants, chercheurs, ingénieurs-mathématiciens, organiser la formation aux nouveaux métiers de l'industrie ?
- Parmi ces interrogations, il en est une qui préoccupe les Français, celle de la place des mathématiques dans notre système d'enseignement. Elles sont devenues un moyen de sélection comme le furent jadis le latin et le grec. Ne faut-il retenir qu'un petit nombre de bons esprits selon leurs dispositions aux mathématiques, alors que la culture mathématique, nécessaire aux autres savoirs, répond aux besoins d'une société de plus en plus technicienne ? Il y a là un des "vices les plus criants du système actuel" comme le soulignait le rapport du Collège de France sur l'enseignement de l'avenir. Ce sont donc à la fois les programmes et la pratique pédagogique qu'il faut repenser.
- Votre colloque rappelle à un moment opportun la nécessité d'une politique de la science soucieuse du long terme, attentive à l'équilibre entre recherche, enseignement, économie. Je souhaite plein succès à vos travaux. Je ne doute pas pour ma part que la volonté d'ouverture manifestée dans ce colloque par des mathématiciens qu'on enfermait trop volontiers dans leur tour d'ivoire, vaudra aux mathématiques un prestige accru à la mesure de leur rôle dans notre société.\