7 décembre 1987 - Seul le prononcé fait foi
Discours de M. François Mitterrand, Président de la République, sur le rôle de l'Académie des sciences pour la recherche et le développement scientifique, Paris, lundi 7 décembre 1987.
Monsieur le Président,
- Mesdames et messieurs,
- Je suis venu avec plaisir et intérêt à cette séance solennelle consacrée à la fois au juste hommage rendu à l'un des membres les plus éminents de votre compagnie, Louis de Broglie, et à votre traditionnelle remise de prix, et ce d'autant plus, après avoir entendu l'exposé extrêmement intéressant qui vient d'être dit.
- D'un côté, la célébration d'une grande avancée dans la physique moderne, presqu'un cas d'école pour les épistémologues, où l'on voit un jeune homme que son inclination naturelle portait vers l'étude de l'histoire entrer dans le débat scientifique le plus aigu et, par une intuition géniale, dépasser les difficultés théoriques de l'époque.
- De l'autre côté, ces chercheurs que vous avez distingués pour leurs travaux : d'une discipline à l'autre, d'une fondation à l'autre, de la recherche fondamentale à la recherche industrielle, de l'oeuvre scientifique accomplie à la promesse du jeune chercheur, voilà que vous nous invitez à accomplir un parcours vraiment à la Borgès. Je ne veux pas citer l'un de ces prix sans citer les autres qui le méritent sans doute tout autant. Mais après avoir dit cela, je ferai le contraire, comme tout orateur : puisque l'actualité nous y invite, je mentionnerai le prix de l'Institut décerné à un directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique, M. Raveau, pour ses travaux sur des alliages qui enfièvrent les physiciens du monde entier. Je souhaite à l'occasion que notre pays sache rassembler ses forces pour rester dans cette puissante course engagée pour les applications industrielles de la supraconductivité. A ce chercheur, comme à tous ceux que vous avez distingués, j'ajoute, à l'hommage de l'Académie, mes félicitations personnelles.\
Le profane ne peut manquer d'être impressionné par une assemblée comme la vôtre. Car vous êtes d'abord une réunion de femmes et d'hommes de science, qui ont fait progresser la connaissance dans de multiples domaines. Chacun de vous est le dépositaire d'un savoir, qu'il fait fructifier et qu'il transmet £ chacun de vous est l'héritier d'une lignée d'autres savants qui ont apporté de hautes contributions à la science. Mais vous êtes aussi une société, cette "noble fondation, ce flambeau du royaume" que Bacon décrivait dans sa Nouvelle Atlantide et à laquelle il assignait "pour fin de connaître les causes et le mouvement des choses, de reculer les bornes de l'empire humain en vue de réaliser toutes les choses possibles". Cette référence s'impose pour votre Académie fondée au milieu de ce siècle - le XVIIème - sous les auspices du philosophe anglais. Jusque dans les rites et les cérémonies d'intronisation - l'ordonnance de cette séance solennelle en témoigne - vous êtes restés fidèles à l'esprit de cette Nouvelle Atlantide dont s'est également inspiré Colbert. Vous êtes ces "interprètes de la nature" voués à une pratique collective de la science qui permet de casser l'extrême spécialisation des savoirs, soucieux de jeter les bases d'une politique de la science et d'éclairer les citoyens en même temps que l'Etat.
- Je reste pour ma part très attaché à cette ancienne institution : votre enracinement dans un passé de plus de 300 ans vous conduit ou doit vous conduire à une extrême exigence et pour la discipline scientifique que vous servez et pour la société dont vous êtes. D'autant plus que l'acuité des problèmes de toutes sortes que posent les développements foisonnants de la science donne à votre mission tout son poids.\
Notre époque, qui a connu le déchaînement de la barbarie, est aussi une époque d'effervescence créatrice. La science change le regard de l'homme, le regard que l'homme porte sur lui-même et celui qu'il porte sur le monde qui l'entoure, sur ses manières de vivre, d'agir ou de produire. Le savant est, ou a toujours été, comme un veilleur avancé de l'humanité qui annonce les bouleversements à venir. Il est, sans jeu de mots, un homme de préscience qui donne à comprendre l'enjeu de ses travaux. Je pense à cet égard à Frédéric Joliot, avant la dernière guerre, quand il prévoyait les applications lointaines de la radioactivité artificielle, je pense au rôle que remplissent aujourd'hui nombre de nos grands biologistes et de nos grands physiciens.
- L'enjeu nous apparaît sous des formes multiples. L'irruption de la science a modifié l'issue des deux grandes guerres mondiales. Depuis lors, la puissance d'un pays, sa sécurité, son indépendance, se mesurent à l'aune de son développement scientifique et technique. Et cette réalité force l'homme politique à rester à l'écoute de l'homme de science, à l'image de cette relation proche dont on trouverait beaucoup d'exemples, et je pense à celle qui s'était établie entre Léon Blum et Jean Perrin en 1936.
- Le développement de la science se situe également au coeur du débat social. Votre académie a su mettre sa capacité d'expertise au service de l'opinion et des décideurs politiques. J'ai en tête, en disant cela, ce travail accompli - et que je crois remarquable - par une commission d'experts que l'académie a accueillie en 1983 afin d'examiner les diverses options de gestion des combustibles irradiés. Il convenait que les choix fussent fondés sur une expertise indépendante, à la fois sûre scientifiquement et techniquement, et détachée des opérateurs. D'autres exemples me viennent à l'esprit, qui illustrent l'intérêt d'un avis formulé par des sages - ou qui veulent l'être - à bonne distance de l'action et de l'événement. Dans le passé récent, je retiens votre travail sur l'accident de Tchernobyl et l'examen rationnel et dépassionné auquel vous avez procédé, ou encore votre contribution au débat sur l'Université et les grandes écoles. Encore un exemple si vous voulez bien : les mesures que vous avez préconisées pour défendre notre bien commun qu'est la langue française, et pour conjurer la menace sur son statut de langue scientifique.\
L'évaluation des grands choix technologiques entre dans la vocation naturelle de votre Compagnie. Ceci vaut particulièrement pour notre pays où il existe une solide tradition de programmes soutenus par l'Etat et confiés à des organismes autonomes. Ce mode de gestion des grands programmes a été, je le crois, très utile. Je pense au succès du nucléaire, à la connaissance de l'espace, à l'exploration des océans.
- Mais, je dois le dire, il existe un risque de divorce avec l'opinion. Car il ne faut pas que ces programmes échappent au contrôle de la cité, mais, au contraire, qu'ils emportent l'adhésion des citoyens, que ceux-ci n'aient pas le sentiment qu'ils sont en présence d'une sorte de rouleau-compresseur qui pourrait les écraser.
- Ce contrôle du citoyen éclairé sur les grandes affaires du pays, est à mes yeux une forme très achevée de la démocratie qu'il est bon de faciliter. Et votre Compagnie, je le crois, est capable de réunir les meilleures capacités d'expertise de notre pays, de recherche et, finalement, de savoir, pour réfléchir à des sujets controversés £ et vous savez bien que de nombreux rapports que j'ai souvent sollicités témoignent de l'utilité d'une telle évaluation.
- Au travers des sujets sur lesquels votre Compagnie est amenée à se prononcer, je pense à ceux qui vous permettent de rester ouverts et attentifs au monde industriel. C'est une question de méthode, il n'y a pas ici la recherche académique et là la recherche appliquée ou la technologie, mais - il faut sans cesse rappeler ce principe de base - un monde de la recherche et de l'invention dont vous êtes les éléments de pointe. Si l'on voulait comparer cette maison à un temple, cela est arrivé à d'autres qu'à moi, le temple académique doit rester largement ouvert aux apports de l'extérieur avec un constant va-et-vient, une constante interaction.\
Mesdames et messieurs, notre foi dans les bienfaits de la science a cessé d'être naïve. Nous connaissons à la fois le pouvoir créateur et destructeur de la science, nous savons qu'elle peut fonder de nouvelles valeurs ou devenir un instrument de destruction, qu'elle peut donner l'espoir et, en même temps, engendrer l'angoisse. C'est pourquoi chacun de ceux qui vous écoutent a besoin de comprendre pour adhérer au projet de la science et pour en tirer le meilleur. C'est vrai que la cité veut d'un côté contrôler, et de l'autre, laisser sa liberté - son entière liberté - créatrice au savant £ que le responsable veut mesurer l'enjeu des progrès de la science, à l'aune de ses propres conceptions, éternelle dialectique à laquelle il faut savoir répondre. Je crois que la meilleure réponse reste cependant la volonté de servir en toutes circonstances la liberté profonde de l'homme qui est celle de choisir, d'inventer, de proposer £ après quoi, il sera toujours temps pour la société de veiller à ce que l'usage qui en sera fait soit conforme à l'intérêt public.
- Votre Compagnie est au coeur de tous ces débats, vous le savez bien. Ce que je viens d'entendre, avec vous, mesdames et messieurs, dans la bouche de monsieur le secrétaire perpétuel était à cet égard extrêmement instructif. Les réformes que vous avez vous-mêmes engagées vous permettent de rester attentifs à tous les progrès, y compris les plus récents. J'ai parlé d'ouverture, je pense également à l'ouverture internationale qui témoigne du niveau d'excellence atteint par notre pays. Ouverture à la société, pour réaliser le dessein de vos fondateurs. C'est pourquoi, j'ai tout à fait un vrai plaisir à saluer cette institution modèle - pardonnez cette référence - d'un colbertisme à mon sens trop décrié, tant il était allé jusqu'à sa caricature, mais trop décrié, selon moi, et si profondément ancré dans notre manière de concevoir le rôle de l'Etat et d'organiser - oui, vous êtes éminemment appelés à concevoir cette tâche - la relation entre le citoyen et l'Etat. Je porte témoignage aujourd'hui, monsieur le Président, mesdames et messieurs, du rôle que joue l'Académie des sciences. Vous avez bien voulu me convier à cette séance solennelle. J'ai accepté de grand coeur, mon emploi du temps apparaît comme assez riche dans sa diversité, mais sa monotonie est mieux encore contrariée par les débats au fond dont vous êtes les interprètes.
- Voilà pourquoi je souhaite que votre Compagnie continue de servir la France et la grandeur de notre pays. Ce souhait n'y changera rien, cette volonté, je dirais presque cette nécessité, est en vous-même. Sachez au moins que, non seulement je la comprends, mais que je souhaite contribuer à son rayonnement.\
- Mesdames et messieurs,
- Je suis venu avec plaisir et intérêt à cette séance solennelle consacrée à la fois au juste hommage rendu à l'un des membres les plus éminents de votre compagnie, Louis de Broglie, et à votre traditionnelle remise de prix, et ce d'autant plus, après avoir entendu l'exposé extrêmement intéressant qui vient d'être dit.
- D'un côté, la célébration d'une grande avancée dans la physique moderne, presqu'un cas d'école pour les épistémologues, où l'on voit un jeune homme que son inclination naturelle portait vers l'étude de l'histoire entrer dans le débat scientifique le plus aigu et, par une intuition géniale, dépasser les difficultés théoriques de l'époque.
- De l'autre côté, ces chercheurs que vous avez distingués pour leurs travaux : d'une discipline à l'autre, d'une fondation à l'autre, de la recherche fondamentale à la recherche industrielle, de l'oeuvre scientifique accomplie à la promesse du jeune chercheur, voilà que vous nous invitez à accomplir un parcours vraiment à la Borgès. Je ne veux pas citer l'un de ces prix sans citer les autres qui le méritent sans doute tout autant. Mais après avoir dit cela, je ferai le contraire, comme tout orateur : puisque l'actualité nous y invite, je mentionnerai le prix de l'Institut décerné à un directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique, M. Raveau, pour ses travaux sur des alliages qui enfièvrent les physiciens du monde entier. Je souhaite à l'occasion que notre pays sache rassembler ses forces pour rester dans cette puissante course engagée pour les applications industrielles de la supraconductivité. A ce chercheur, comme à tous ceux que vous avez distingués, j'ajoute, à l'hommage de l'Académie, mes félicitations personnelles.\
Le profane ne peut manquer d'être impressionné par une assemblée comme la vôtre. Car vous êtes d'abord une réunion de femmes et d'hommes de science, qui ont fait progresser la connaissance dans de multiples domaines. Chacun de vous est le dépositaire d'un savoir, qu'il fait fructifier et qu'il transmet £ chacun de vous est l'héritier d'une lignée d'autres savants qui ont apporté de hautes contributions à la science. Mais vous êtes aussi une société, cette "noble fondation, ce flambeau du royaume" que Bacon décrivait dans sa Nouvelle Atlantide et à laquelle il assignait "pour fin de connaître les causes et le mouvement des choses, de reculer les bornes de l'empire humain en vue de réaliser toutes les choses possibles". Cette référence s'impose pour votre Académie fondée au milieu de ce siècle - le XVIIème - sous les auspices du philosophe anglais. Jusque dans les rites et les cérémonies d'intronisation - l'ordonnance de cette séance solennelle en témoigne - vous êtes restés fidèles à l'esprit de cette Nouvelle Atlantide dont s'est également inspiré Colbert. Vous êtes ces "interprètes de la nature" voués à une pratique collective de la science qui permet de casser l'extrême spécialisation des savoirs, soucieux de jeter les bases d'une politique de la science et d'éclairer les citoyens en même temps que l'Etat.
- Je reste pour ma part très attaché à cette ancienne institution : votre enracinement dans un passé de plus de 300 ans vous conduit ou doit vous conduire à une extrême exigence et pour la discipline scientifique que vous servez et pour la société dont vous êtes. D'autant plus que l'acuité des problèmes de toutes sortes que posent les développements foisonnants de la science donne à votre mission tout son poids.\
Notre époque, qui a connu le déchaînement de la barbarie, est aussi une époque d'effervescence créatrice. La science change le regard de l'homme, le regard que l'homme porte sur lui-même et celui qu'il porte sur le monde qui l'entoure, sur ses manières de vivre, d'agir ou de produire. Le savant est, ou a toujours été, comme un veilleur avancé de l'humanité qui annonce les bouleversements à venir. Il est, sans jeu de mots, un homme de préscience qui donne à comprendre l'enjeu de ses travaux. Je pense à cet égard à Frédéric Joliot, avant la dernière guerre, quand il prévoyait les applications lointaines de la radioactivité artificielle, je pense au rôle que remplissent aujourd'hui nombre de nos grands biologistes et de nos grands physiciens.
- L'enjeu nous apparaît sous des formes multiples. L'irruption de la science a modifié l'issue des deux grandes guerres mondiales. Depuis lors, la puissance d'un pays, sa sécurité, son indépendance, se mesurent à l'aune de son développement scientifique et technique. Et cette réalité force l'homme politique à rester à l'écoute de l'homme de science, à l'image de cette relation proche dont on trouverait beaucoup d'exemples, et je pense à celle qui s'était établie entre Léon Blum et Jean Perrin en 1936.
- Le développement de la science se situe également au coeur du débat social. Votre académie a su mettre sa capacité d'expertise au service de l'opinion et des décideurs politiques. J'ai en tête, en disant cela, ce travail accompli - et que je crois remarquable - par une commission d'experts que l'académie a accueillie en 1983 afin d'examiner les diverses options de gestion des combustibles irradiés. Il convenait que les choix fussent fondés sur une expertise indépendante, à la fois sûre scientifiquement et techniquement, et détachée des opérateurs. D'autres exemples me viennent à l'esprit, qui illustrent l'intérêt d'un avis formulé par des sages - ou qui veulent l'être - à bonne distance de l'action et de l'événement. Dans le passé récent, je retiens votre travail sur l'accident de Tchernobyl et l'examen rationnel et dépassionné auquel vous avez procédé, ou encore votre contribution au débat sur l'Université et les grandes écoles. Encore un exemple si vous voulez bien : les mesures que vous avez préconisées pour défendre notre bien commun qu'est la langue française, et pour conjurer la menace sur son statut de langue scientifique.\
L'évaluation des grands choix technologiques entre dans la vocation naturelle de votre Compagnie. Ceci vaut particulièrement pour notre pays où il existe une solide tradition de programmes soutenus par l'Etat et confiés à des organismes autonomes. Ce mode de gestion des grands programmes a été, je le crois, très utile. Je pense au succès du nucléaire, à la connaissance de l'espace, à l'exploration des océans.
- Mais, je dois le dire, il existe un risque de divorce avec l'opinion. Car il ne faut pas que ces programmes échappent au contrôle de la cité, mais, au contraire, qu'ils emportent l'adhésion des citoyens, que ceux-ci n'aient pas le sentiment qu'ils sont en présence d'une sorte de rouleau-compresseur qui pourrait les écraser.
- Ce contrôle du citoyen éclairé sur les grandes affaires du pays, est à mes yeux une forme très achevée de la démocratie qu'il est bon de faciliter. Et votre Compagnie, je le crois, est capable de réunir les meilleures capacités d'expertise de notre pays, de recherche et, finalement, de savoir, pour réfléchir à des sujets controversés £ et vous savez bien que de nombreux rapports que j'ai souvent sollicités témoignent de l'utilité d'une telle évaluation.
- Au travers des sujets sur lesquels votre Compagnie est amenée à se prononcer, je pense à ceux qui vous permettent de rester ouverts et attentifs au monde industriel. C'est une question de méthode, il n'y a pas ici la recherche académique et là la recherche appliquée ou la technologie, mais - il faut sans cesse rappeler ce principe de base - un monde de la recherche et de l'invention dont vous êtes les éléments de pointe. Si l'on voulait comparer cette maison à un temple, cela est arrivé à d'autres qu'à moi, le temple académique doit rester largement ouvert aux apports de l'extérieur avec un constant va-et-vient, une constante interaction.\
Mesdames et messieurs, notre foi dans les bienfaits de la science a cessé d'être naïve. Nous connaissons à la fois le pouvoir créateur et destructeur de la science, nous savons qu'elle peut fonder de nouvelles valeurs ou devenir un instrument de destruction, qu'elle peut donner l'espoir et, en même temps, engendrer l'angoisse. C'est pourquoi chacun de ceux qui vous écoutent a besoin de comprendre pour adhérer au projet de la science et pour en tirer le meilleur. C'est vrai que la cité veut d'un côté contrôler, et de l'autre, laisser sa liberté - son entière liberté - créatrice au savant £ que le responsable veut mesurer l'enjeu des progrès de la science, à l'aune de ses propres conceptions, éternelle dialectique à laquelle il faut savoir répondre. Je crois que la meilleure réponse reste cependant la volonté de servir en toutes circonstances la liberté profonde de l'homme qui est celle de choisir, d'inventer, de proposer £ après quoi, il sera toujours temps pour la société de veiller à ce que l'usage qui en sera fait soit conforme à l'intérêt public.
- Votre Compagnie est au coeur de tous ces débats, vous le savez bien. Ce que je viens d'entendre, avec vous, mesdames et messieurs, dans la bouche de monsieur le secrétaire perpétuel était à cet égard extrêmement instructif. Les réformes que vous avez vous-mêmes engagées vous permettent de rester attentifs à tous les progrès, y compris les plus récents. J'ai parlé d'ouverture, je pense également à l'ouverture internationale qui témoigne du niveau d'excellence atteint par notre pays. Ouverture à la société, pour réaliser le dessein de vos fondateurs. C'est pourquoi, j'ai tout à fait un vrai plaisir à saluer cette institution modèle - pardonnez cette référence - d'un colbertisme à mon sens trop décrié, tant il était allé jusqu'à sa caricature, mais trop décrié, selon moi, et si profondément ancré dans notre manière de concevoir le rôle de l'Etat et d'organiser - oui, vous êtes éminemment appelés à concevoir cette tâche - la relation entre le citoyen et l'Etat. Je porte témoignage aujourd'hui, monsieur le Président, mesdames et messieurs, du rôle que joue l'Académie des sciences. Vous avez bien voulu me convier à cette séance solennelle. J'ai accepté de grand coeur, mon emploi du temps apparaît comme assez riche dans sa diversité, mais sa monotonie est mieux encore contrariée par les débats au fond dont vous êtes les interprètes.
- Voilà pourquoi je souhaite que votre Compagnie continue de servir la France et la grandeur de notre pays. Ce souhait n'y changera rien, cette volonté, je dirais presque cette nécessité, est en vous-même. Sachez au moins que, non seulement je la comprends, mais que je souhaite contribuer à son rayonnement.\