27 mai 1987 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'issue du déjeuner au Chalet de la montagne à Montréal, sur les enjeux économiques de la culture et de la communication, mercredi 27 mai 1987.
Monsieur le Premier ministre,
- Mesdames et messieurs,
- Je n'aurai garde d'oublier que, parmi les personnalités qui me reçoivent aujourd'hui, M. le maire de Montréal se trouve parmi nous. C'est une vraie joie pour moi que de me trouver dans cette ville, entouré de ceux qui, entrepreneurs, créateurs de toute sorte, universitaires, représentants du monde du travail, membres des diverses communautés, particulièrement les communautés spirituelles, concourent à façonner le visage multiple de votre métropole et incarnent la vitalité de ce Québec, solide et entreprenant que je parcours depuis hier.
- Plus de quatre siècles après l'arrivée, ici même, de Jacques Cartier en 1535, la croix du Mont Royal surplombe une ville magnifique. Si le temps ne permet pas d'en discerner tous les contours aujourd'hui, j'ai déjà eu l'occasion dans le passé de l'admirer, ville magnifique, accueillante, industrieuse. Tant de manifestations internationales de grand renom depuis l'Exposition universelle jusqu'aux Jeux olympiques ont fait connaître au monde entier votre dynamisme et ont placé ces millions d'habitants parmi les grandes métropoles de la planète. Le nombre, certes mais plus encore la réputation et la faculté créatrice.\
Encouragée et accompagnée par les gouvernements - ceux du Québec j'entends - les gouvernements successifs auxquels je rends le même hommage, une vague puissante a progressivement porté à la tête des affaires et des entreprises de la province, les hommes qui en sont issus. Leur qualité dont la moindre n'est pas la pugnacité, pugnacité à l'égard des autres mais aussi, j'ai le sentiment, pugnacité entre eux, ce qui donne du tonus à la vie quotidienne. Les entrepreneurs québécois qui sont de même espèce, vous, mesdames et messieurs, vous avez assuré la relève dans tous les secteurs d'activité où l'Etat avait montré la voie. Vous vous êtes imposés au Québec même bien entendu et vous êtes devenus des partenaires majeurs et respectés partout à l'étranger, notamment en France. Et je tiens à saluer les réussites spectaculaires qui vous ont conduit sur tous les continents. Je penserai particulièrement, peut-être par référence, à un passage de l'allocution de M. le Premier ministre sur l'Afrique et la francophonie, c'est là que nous trouvons notre réservoir d'hommes et de civilisations qui donneront à notre langue et à notre culture un épanouissement sans pareil.
- Ces femmes et ces hommes, forts des ressources, il faut le dire qu'elles leur offrent, une main-d'oeuvre de qualité, veulent faire - ils me l'ont dit - de Montréal, outre la capitale de l'industrie aéronautique, spatiale, qu'elle est déjà, un centre d'industrie de haute technologie. On m'a dit et j'ai retrouvé cette expression dans la presse, elle est belle : "une ville de l'excellence", tournée vers l'avenir, tournée vers l'extérieur, dotée d'une vocation internationale, on peut dire universelle.
- Je salue donc Montréal, cette ville qui dispose d'ores et déjà de très grands atouts avec ses quatre universités, ses quelques 300 unités de recherche privées ou publiques. Et nous les connaissons bien, nous en France, nous Français qui avons développé depuis plus de vingt ans une coopération soutenue et fructueuse avec l'Université de Montréal, du Québec, McGill, Concordia.. Nous estimons la qualité de leurs laboratoires qu'il s'agisse de l'Institut Frapier ou de tout nouvel institut de recherches en bio-technologie parce que tout simplement nos chercheurs y sont venus, qu'ils y viendront de plus en plus et que nous apprécions le -fruit de leurs échanges. Nous aussi en France depuis maintenant plusieurs décennies, mais surtout par les temps qui courent, nous avons placé la recherche, c'est-à-dire la capacité de l'esprit à maîtriser tous les secrets de la matière, comme un objectif essentiel doté de ces puissants stimulants du développement que sont l'industrie et l'Université.
- Vous êtes donc, Montréal est donc, en mesure de jouer la carte du partenariat entreprise-université. Cette nouvelle conception de développement que l'Amérique du Nord, il faut le reconnaître, connaît et pratique mieux que l'Europe aujourd'hui, en attendant bien entendu qu'on la rattrape. De plus en plus, la formation des femmes et des hommes, une qualification accrue, la maîtrise de toutes les avancées sont les clefs du développement et de l'accroissement des richesses nationales qui ne sont pas minces avec ces virtualités que l'on n'ose encore recenser faute d'en avoir aujourd'hui le moyen.\
Et la culture - nous en avons beaucoup parlé au cours de ces derniers jours, je ne voudrais pas y insister - mais enfin la culture, qui ne sait que c'est devenu un élément déterminant du mieux vivre, un facteur important de l'activité économique. On ne peut pas séparer une fonction de l'autre. Il y a une certaine façon de comprendre le monde, l'esprit de l'homme, ses besoins, ses moyens qui permet de mieux appréhender tous les ressorts de la vie quotidienne. Où pourrait-on mieux le comprendre qu'à Montréal qui fait aujourd'hui figure, il faut l'admettre, sous l'impulsion de ses édiles, de la capitale de la communication.
- C'est sur ce terrain, mesdames et messieurs, que se situe dans les sociétés de plus en plus marquées par différents phénomènes, l'allongement du temps libre laissé aux travailleurs, l'explosion des moyens de communication, quelques-uns des grands enjeux du temps. Enjeux économiques, car cette économie de l'irréel, comme on l'a appelé parfois, la communication est devenue un impératif de la croissance. C'est un enjeu culturel éminent pour tous les peuples appelés à y concourir et qui ont en commun une civilisation forgée - il faut bien que j'y revienne, cela me tient à coeur - autour de la langue française qui constitue après tout l'élément déterminant de notre identité, de votre identité.
- J'en faisais la constatation à Paris récemment alors que nous étudiions les moyens de développer les échanges par voie de communication, radio, télévision et le reste bien entendu le câble, le satellite, tous domaines où la France s'équipe de mieux en mieux et même se trouve parmi les peuples les plus avancés. Et cependant, en France, on sait créer, inventer des oeuvres qui ont marqué notre littérature, nos arts et nos sciences. Elles sont légion. Et voilà que nous constations que si demain le satellite devait nous permettre, et ce sera demain ce conditionnel que je viens d'employer, c'est un futur proche, l'ensemble des mesures que l'on peut mettre en oeuvre, il faudrait quelques 125000 heures de production pour les programmes, pour remplir, simplement pour l'année qui vient ou l'année ou cela sera mis en place, les besoins. 125000 heures. Aujourd'hui la France qui n'est pas la dernière, n'en produit que 5000 heures mais je ne pense pas que la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou l'Italie soient mieux dotées, ce qui signifie que pour notre propre culture la diffusion de nos moyens de penser, des moyens de s'exprimer, les 7/10ème de nos moyens de communication seront remplis par des programmes qui nous viendront de chez votre voisin, les Etats-Unis d'Amérique, ou bien du Japon. Nous en avons pris conscience et nous y travaillons mais celà nous fait mesurer plus encore l'immense besoin que nous avons, nous Français, de venir parmi vous pour mieux vous connaître, mieux apprécier votre propre capacité, ajouter cette capacité aux nôtres puisque nous sommes porteurs de la même culture et répondre aux besoins en associant nos forces. C'est une des raisons pour lesquelles je ne voudrais pas que vous pensiez que nous nous tournons vers le Québec, par exemple, comme une grande puissance qui ne veut pas laisser en chemin son petit compagnon. Pas du tout ! La France, grande puissance - après tout elle se situe en troisième rang dans le monde par les moyens de sa sécurité, quatrième et cinquième rang sur le -plan industriel, sur le -plan économique - a besoin de vous.\
Dans votre entière souveraineté, dans la libre disposition de vos choix de toutes sortes, nous serions fous de négliger l'apport original, le fait culturel créé dans les conditions historiques qui ne peuvent être égalées au contact que vous êtes du monde anglo-saxon si riche de puissances, dans une diversité culturelle extrême. Admirable pays au demeurant, vous au carrefour des peuples et des civilisations majeures de l'occident, nous nous tournons vers vous en ayant le sentiment que votre apport quantitatif, je n'en sais rien, qualitatif, assurément nous est indispensable.
- Je saluerai, par exemple, un grand projet à venir qui est la venue, de ce côté de l'Atlantique, de la chaîne TV5. On avait coutume de voir celà vers les pays notamment du Nord de l'Europe. Eh bien non, l'Atlantique est franchi, qui associe plusieurs nations qui ont en commun l'usage du Français et sur un marché mondial qui se constitue où les -fruits de l'intelligence créatrice et du talent des artistes deviennent des produits mais des produits culturels, ceux qui parlent, pensent, écrivent dans notre langue ont une place à tenir et une contribution capitale à apporter à cette civilisation de l'universel, expression chère à notre ami Léopold Sédar Senghor qui sera sûrement parmi nous en septembre.
- Me permettez-vous, mesdames et messieurs, d'établir un parallèle entre la réalité de Montréal où des communautés diverses se sont rejointes et loin de répudier leur propre héritage ont enrichi votre Québec et son patrimoine de leur travail, de leur tradition et ce que représente la francophonie pour les peuples qui y participent. Communauté d'autant plus vaste et riche qu'elle puise aux trésors communs, d'autant plus forte et dynamique qu'elle rassemble pour cette entreprise collective les ressources humaines de pays multiples et différents, que l'essor et les réalisations de Montréal préfigurent ceux de l'entreprise francophone, dans le langage des sciences et celui des machines, la production d'images, la diffusion d'informations. Voilà ce qui m'incite à penser qu'il vous faudra - telle est la détermination de M. le Premier ministre telle que je l'ai entendu l'exprimer depuis hier matin - c'est une sorte de leitmotiv, pour employer un terme qui ne vient pas spécialement de chez nous, pour bien dire que c'est la pensée centrale, c'est la pensée majeure réussir le sommet de la Francophonie qui verra non seulement pendant deux jours mais pendant le temps qui vient, Québec érigé et reconnu comme une capitale dans un vaste monde.\
Mesdames et messieurs, je vais quitter dans un instant non seulement Montréal, mais aussi le Québec pour rejoindre une autre région de ce grand pays où je suis, et demain encore je parcourrai la fin de mon itinéraire et je rentrerai avec mes compagnons de voyage à Paris, après un arrêt par Saint-Pierre et Miquelon.
- Samedi au repos, si je puis dire, chez moi j'aurai tout le loisir de réfléchir à ce que j'ai vécu, de méditer sur ce que j'aurai vu, grâce à vous, de mesurer la qualité affective aux dimensions intellectuelles et spirituelles que j'ai pu apprécier au Québec. Depuis le premier jour, toutes les autorités de ce pays, à quelque niveau qu'elles soient, m'ont démontré que vous étiez un peuple vivant, original et ayant dans ses mains et dans son esprit toutes les qualités qu'il faut pour voir grand et pour devenir plus grand encore.
- Montréal est l'image saisissante de ce que je veux vous dire. Je tiens à vous remercier de toutes les attentions dont nous avons été l'objet, ma femme et moi, et tous les Français qui sont venus avec nous : nous aurons bon souvenir. Mais ce ne serait pas suffisant sans une grande volonté de perpétuer ce qui a été commencé. Voilà bien ce qui nous reste à faire.
- Je vous remercie.\
- Mesdames et messieurs,
- Je n'aurai garde d'oublier que, parmi les personnalités qui me reçoivent aujourd'hui, M. le maire de Montréal se trouve parmi nous. C'est une vraie joie pour moi que de me trouver dans cette ville, entouré de ceux qui, entrepreneurs, créateurs de toute sorte, universitaires, représentants du monde du travail, membres des diverses communautés, particulièrement les communautés spirituelles, concourent à façonner le visage multiple de votre métropole et incarnent la vitalité de ce Québec, solide et entreprenant que je parcours depuis hier.
- Plus de quatre siècles après l'arrivée, ici même, de Jacques Cartier en 1535, la croix du Mont Royal surplombe une ville magnifique. Si le temps ne permet pas d'en discerner tous les contours aujourd'hui, j'ai déjà eu l'occasion dans le passé de l'admirer, ville magnifique, accueillante, industrieuse. Tant de manifestations internationales de grand renom depuis l'Exposition universelle jusqu'aux Jeux olympiques ont fait connaître au monde entier votre dynamisme et ont placé ces millions d'habitants parmi les grandes métropoles de la planète. Le nombre, certes mais plus encore la réputation et la faculté créatrice.\
Encouragée et accompagnée par les gouvernements - ceux du Québec j'entends - les gouvernements successifs auxquels je rends le même hommage, une vague puissante a progressivement porté à la tête des affaires et des entreprises de la province, les hommes qui en sont issus. Leur qualité dont la moindre n'est pas la pugnacité, pugnacité à l'égard des autres mais aussi, j'ai le sentiment, pugnacité entre eux, ce qui donne du tonus à la vie quotidienne. Les entrepreneurs québécois qui sont de même espèce, vous, mesdames et messieurs, vous avez assuré la relève dans tous les secteurs d'activité où l'Etat avait montré la voie. Vous vous êtes imposés au Québec même bien entendu et vous êtes devenus des partenaires majeurs et respectés partout à l'étranger, notamment en France. Et je tiens à saluer les réussites spectaculaires qui vous ont conduit sur tous les continents. Je penserai particulièrement, peut-être par référence, à un passage de l'allocution de M. le Premier ministre sur l'Afrique et la francophonie, c'est là que nous trouvons notre réservoir d'hommes et de civilisations qui donneront à notre langue et à notre culture un épanouissement sans pareil.
- Ces femmes et ces hommes, forts des ressources, il faut le dire qu'elles leur offrent, une main-d'oeuvre de qualité, veulent faire - ils me l'ont dit - de Montréal, outre la capitale de l'industrie aéronautique, spatiale, qu'elle est déjà, un centre d'industrie de haute technologie. On m'a dit et j'ai retrouvé cette expression dans la presse, elle est belle : "une ville de l'excellence", tournée vers l'avenir, tournée vers l'extérieur, dotée d'une vocation internationale, on peut dire universelle.
- Je salue donc Montréal, cette ville qui dispose d'ores et déjà de très grands atouts avec ses quatre universités, ses quelques 300 unités de recherche privées ou publiques. Et nous les connaissons bien, nous en France, nous Français qui avons développé depuis plus de vingt ans une coopération soutenue et fructueuse avec l'Université de Montréal, du Québec, McGill, Concordia.. Nous estimons la qualité de leurs laboratoires qu'il s'agisse de l'Institut Frapier ou de tout nouvel institut de recherches en bio-technologie parce que tout simplement nos chercheurs y sont venus, qu'ils y viendront de plus en plus et que nous apprécions le -fruit de leurs échanges. Nous aussi en France depuis maintenant plusieurs décennies, mais surtout par les temps qui courent, nous avons placé la recherche, c'est-à-dire la capacité de l'esprit à maîtriser tous les secrets de la matière, comme un objectif essentiel doté de ces puissants stimulants du développement que sont l'industrie et l'Université.
- Vous êtes donc, Montréal est donc, en mesure de jouer la carte du partenariat entreprise-université. Cette nouvelle conception de développement que l'Amérique du Nord, il faut le reconnaître, connaît et pratique mieux que l'Europe aujourd'hui, en attendant bien entendu qu'on la rattrape. De plus en plus, la formation des femmes et des hommes, une qualification accrue, la maîtrise de toutes les avancées sont les clefs du développement et de l'accroissement des richesses nationales qui ne sont pas minces avec ces virtualités que l'on n'ose encore recenser faute d'en avoir aujourd'hui le moyen.\
Et la culture - nous en avons beaucoup parlé au cours de ces derniers jours, je ne voudrais pas y insister - mais enfin la culture, qui ne sait que c'est devenu un élément déterminant du mieux vivre, un facteur important de l'activité économique. On ne peut pas séparer une fonction de l'autre. Il y a une certaine façon de comprendre le monde, l'esprit de l'homme, ses besoins, ses moyens qui permet de mieux appréhender tous les ressorts de la vie quotidienne. Où pourrait-on mieux le comprendre qu'à Montréal qui fait aujourd'hui figure, il faut l'admettre, sous l'impulsion de ses édiles, de la capitale de la communication.
- C'est sur ce terrain, mesdames et messieurs, que se situe dans les sociétés de plus en plus marquées par différents phénomènes, l'allongement du temps libre laissé aux travailleurs, l'explosion des moyens de communication, quelques-uns des grands enjeux du temps. Enjeux économiques, car cette économie de l'irréel, comme on l'a appelé parfois, la communication est devenue un impératif de la croissance. C'est un enjeu culturel éminent pour tous les peuples appelés à y concourir et qui ont en commun une civilisation forgée - il faut bien que j'y revienne, cela me tient à coeur - autour de la langue française qui constitue après tout l'élément déterminant de notre identité, de votre identité.
- J'en faisais la constatation à Paris récemment alors que nous étudiions les moyens de développer les échanges par voie de communication, radio, télévision et le reste bien entendu le câble, le satellite, tous domaines où la France s'équipe de mieux en mieux et même se trouve parmi les peuples les plus avancés. Et cependant, en France, on sait créer, inventer des oeuvres qui ont marqué notre littérature, nos arts et nos sciences. Elles sont légion. Et voilà que nous constations que si demain le satellite devait nous permettre, et ce sera demain ce conditionnel que je viens d'employer, c'est un futur proche, l'ensemble des mesures que l'on peut mettre en oeuvre, il faudrait quelques 125000 heures de production pour les programmes, pour remplir, simplement pour l'année qui vient ou l'année ou cela sera mis en place, les besoins. 125000 heures. Aujourd'hui la France qui n'est pas la dernière, n'en produit que 5000 heures mais je ne pense pas que la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou l'Italie soient mieux dotées, ce qui signifie que pour notre propre culture la diffusion de nos moyens de penser, des moyens de s'exprimer, les 7/10ème de nos moyens de communication seront remplis par des programmes qui nous viendront de chez votre voisin, les Etats-Unis d'Amérique, ou bien du Japon. Nous en avons pris conscience et nous y travaillons mais celà nous fait mesurer plus encore l'immense besoin que nous avons, nous Français, de venir parmi vous pour mieux vous connaître, mieux apprécier votre propre capacité, ajouter cette capacité aux nôtres puisque nous sommes porteurs de la même culture et répondre aux besoins en associant nos forces. C'est une des raisons pour lesquelles je ne voudrais pas que vous pensiez que nous nous tournons vers le Québec, par exemple, comme une grande puissance qui ne veut pas laisser en chemin son petit compagnon. Pas du tout ! La France, grande puissance - après tout elle se situe en troisième rang dans le monde par les moyens de sa sécurité, quatrième et cinquième rang sur le -plan industriel, sur le -plan économique - a besoin de vous.\
Dans votre entière souveraineté, dans la libre disposition de vos choix de toutes sortes, nous serions fous de négliger l'apport original, le fait culturel créé dans les conditions historiques qui ne peuvent être égalées au contact que vous êtes du monde anglo-saxon si riche de puissances, dans une diversité culturelle extrême. Admirable pays au demeurant, vous au carrefour des peuples et des civilisations majeures de l'occident, nous nous tournons vers vous en ayant le sentiment que votre apport quantitatif, je n'en sais rien, qualitatif, assurément nous est indispensable.
- Je saluerai, par exemple, un grand projet à venir qui est la venue, de ce côté de l'Atlantique, de la chaîne TV5. On avait coutume de voir celà vers les pays notamment du Nord de l'Europe. Eh bien non, l'Atlantique est franchi, qui associe plusieurs nations qui ont en commun l'usage du Français et sur un marché mondial qui se constitue où les -fruits de l'intelligence créatrice et du talent des artistes deviennent des produits mais des produits culturels, ceux qui parlent, pensent, écrivent dans notre langue ont une place à tenir et une contribution capitale à apporter à cette civilisation de l'universel, expression chère à notre ami Léopold Sédar Senghor qui sera sûrement parmi nous en septembre.
- Me permettez-vous, mesdames et messieurs, d'établir un parallèle entre la réalité de Montréal où des communautés diverses se sont rejointes et loin de répudier leur propre héritage ont enrichi votre Québec et son patrimoine de leur travail, de leur tradition et ce que représente la francophonie pour les peuples qui y participent. Communauté d'autant plus vaste et riche qu'elle puise aux trésors communs, d'autant plus forte et dynamique qu'elle rassemble pour cette entreprise collective les ressources humaines de pays multiples et différents, que l'essor et les réalisations de Montréal préfigurent ceux de l'entreprise francophone, dans le langage des sciences et celui des machines, la production d'images, la diffusion d'informations. Voilà ce qui m'incite à penser qu'il vous faudra - telle est la détermination de M. le Premier ministre telle que je l'ai entendu l'exprimer depuis hier matin - c'est une sorte de leitmotiv, pour employer un terme qui ne vient pas spécialement de chez nous, pour bien dire que c'est la pensée centrale, c'est la pensée majeure réussir le sommet de la Francophonie qui verra non seulement pendant deux jours mais pendant le temps qui vient, Québec érigé et reconnu comme une capitale dans un vaste monde.\
Mesdames et messieurs, je vais quitter dans un instant non seulement Montréal, mais aussi le Québec pour rejoindre une autre région de ce grand pays où je suis, et demain encore je parcourrai la fin de mon itinéraire et je rentrerai avec mes compagnons de voyage à Paris, après un arrêt par Saint-Pierre et Miquelon.
- Samedi au repos, si je puis dire, chez moi j'aurai tout le loisir de réfléchir à ce que j'ai vécu, de méditer sur ce que j'aurai vu, grâce à vous, de mesurer la qualité affective aux dimensions intellectuelles et spirituelles que j'ai pu apprécier au Québec. Depuis le premier jour, toutes les autorités de ce pays, à quelque niveau qu'elles soient, m'ont démontré que vous étiez un peuple vivant, original et ayant dans ses mains et dans son esprit toutes les qualités qu'il faut pour voir grand et pour devenir plus grand encore.
- Montréal est l'image saisissante de ce que je veux vous dire. Je tiens à vous remercier de toutes les attentions dont nous avons été l'objet, ma femme et moi, et tous les Français qui sont venus avec nous : nous aurons bon souvenir. Mais ce ne serait pas suffisant sans une grande volonté de perpétuer ce qui a été commencé. Voilà bien ce qui nous reste à faire.
- Je vous remercie.\