29 avril 1987 - Seul le prononcé fait foi
Discours de M. François Mitterrand, Président de la République, lors du 25ème anniversaire du Centre national d'études spatiales à La Villette, mercredi 29 avril 1987.
Mesdames et messieurs,
- C'est avec un vrai plaisir que je me retrouve dans cette Cité des sciences et de l'industrie et surtout pour célébrer le 25ème anniversaire du Centre national d'études spatiales. Cela me permet d'inaugurer avec vous ici même le Centre international de conférences qui est le dernier grand équipement de la Cité.
- Depuis le 13 mars 1986, jour de son ouverture au public sous le signe de la rencontre avec la Comète de Halley, j'ai suivi comme beaucoup d'autres la progression des travaux. Nous avons maintenant une vue d'ensemble d'une Cité achevée, et je souhaite qu'elle rencontre le succès attendu par ceux qui ont consacré tant de temps, tant de peine, mais aussi tant d'enthousiasme à cette aventure.
- Je ne suis pas particulièrement dépaysé par le décor, que l'on dit futuriste, de ce grand amphithéâtre : Philippe Stark qui a été choisi pour l'aménager, faisait partie du groupe de cinq créateurs à qui j'avais demandé de venir travailler à l'Elysée, et je reconnais ici, pour l'en féliciter, son style à la fois fonctionnel, et, parfois, facétieux.\
Le 25ème anniversaire du Centre national d'études spatiales est une date digne d'être célébrée dans la vie de cette jeune institution. En 25 ans, l'organisme a mûri, tout en gardant, je le crois, cet esprit pionnier qu'évoquait le professeur Lions, et toutes ses réserves d'enthousiasme que nous avons si souvent utilisées au service de la construction européenne.
- En 1962, nous étions au tout début de la conquête spatiale : l'Union soviétique et les Etats-Unis d'Amérique faisaient rêver l'humanité avec les premiers satellites, les premiers vols humains, les premières sondes planétaires.
- Et pendant ce temps, l'Europe se cherchait. La création du CNES démontrait notre refus d'accepter comme inéluctable le retard technologique aussi bien que la dépendance. Ce grand programme affirmait notre identité nationale, il portait en même temps un projet européen tant il était évident dès le départ qu'il fallait mobiliser toutes les ressources de l'Europe pour entrer dans la compétition mondiale.
- Les choix initiaux et l'ouverture internationale marquent toujours la vie du CNES. C'est ainsi que le programme Diamant a ouvert la voie aux grands lanceurs d'aujourd'hui. Avec les acquis de ce programme, le Centre national s'est trouvé bien armé, dès 1971, pour surmonter la grave crise qui a failli emporter la fragile organisation spatiale dont s'était dotée l'Europe. Ses propositions ont contribué à redéfinir une organisation viable et des programmes cohérents, ceux là mêmes qui, arrivés à maturité aujourd'hui, symbolisent plus que tout autre domaine peut-être la force et la nécessité de cette construction, je veux dire de la construction européenne.
- C'est ainsi également que le CNES s'est trouvé engagé dès le départ dans de grandes coopérations internationales. Au-demà de nos partenaires européens, rendons hommage à cette occasion au rôle qu'ont joué les Etats-Unis à partir de 1962, l'Union soviétique à partir de 1966, pour accompagner la jeune agence qu'était alors le Centre national d'études spatiales. C'est la NASA qui a lancé les premiers satellites français, tandis qu'avec l'Union soviétique s'instauraient des coopérations qui devaient déboucher sur un premier vol habité en 1982. Ces rapprochements ont été précieux, voyez-vous £ je souhaite qu'ils se poursuivent. Qui ne se réjouirait que nos équipes fussent engagées dans la préparation d'un vol de longue durée avec l'Union soviétique ? De même je me réjouis de la coopération avec la NASA sur le programme de satellite océanographique Topex-Poseïdon.
- Il est plutôt rassurant de constater, au travers d'un quart de siècle et malgré les vicissitudes de l'histoire, la permanence de l'engagement de l'Etat qui a pris les risques d'une -entreprise très aléatoire et qui a accompagné la montée en puissance du programme : un bon exemple qui nous donne l'espoir de pouvoir demeurer dans la compétition pour la maîtrise des hautes technologies.\
Je sais que le gouvernement étudie actuellement la programmation dans le temps de notre effort spatial pour les prochaines années et je voudrais insister, pour ma part, sur quelques enjeux essentiels.
- Le premier est d'ordre stratégique : la France et l'Europe doivent disposer d'un lanceur fiable, répondant aux besoins. Les difficultés présentes incitent, pour le futur lanceur Ariane 5, à ne pas faire l'économie du temps de développement, économie que l'on paierait ensuite par une immobilisation coûteuse. Exigence de qualité : cette exigence est essentielle pour un lanceur dont la disponibilité conditionne tous les autres projets, et qui encore plus justifiée puisque il est destiné à l'avion spatial Hermès. La grande force du programme européen, c'est le lanceur, arrivé au bon moment et répondant aux demandes du marché. Il ne faut pas qu'une inquiétude - y compris sur sa fiabilité mais il est beaucoup d'autres domaines sur lesquels se posent bien des questions - en fasse, pardonnez cette image un peu audacieuse, le "talon d'Achille" du programme.
- Le deuxième point sur lequel je voudrais insister porte sur l'équilibre d'ensemble des programmes scientifiques et des programmes d'application d'une part, et sur ceux qui tournent autour des vols habités d'autre part. Vous connaissez, je connais les polémiques, rarement nuancées, qui se développent sur l'utilité des vols habités. Il est probable que les progrès à venir de la robotique dans l'espace déplaceront de plus en plus la frontière des vols habités vers les vols automatiques. Je ne crois pas cependant que nous devions renoncer à la perspective déjà fixée £ je me suis exprimé sur ce thème à La Haye en février 1984, et j'appelais de mes voeux un projet européen de station orbitale. En janvier 1985, je vous le rappelle, à Rome, nos partenaires européens ont considéré que l'autonomie de décision de l'Europe était un objectif souhaitable et qu'il convenait de se donner les moyens de l'atteindre. Bref, l'idée a fait son chemin. Une habile programmation pourra rapprocher des objectifs que les controverses éloignent inutilement : aller vers une station européenne qui sera portée par la faveur des opinions publiques de tous les pays d'Europe intéressés, sans compromettre la compétitivité du lanceur Ariane 5 dont l'Europe aura besoin au milieu des années 1990, et sans appauvrir les programmes scientifiques d'exploration de l'univers, telle est la gageure des prochaines années. Je suis assez optimiste pour croire que nous y parviendrons.
- Enfin, je voudrais, mesdames et messieurs, évoquer l'intérêt de notre programme spatial pour notre défense. Le ministre de la défense rappellera je pense, cet après-midi, ce qui a déjà été engagé en matière de télécommunications avec le programme Syracuse, ou d'observation avec le satellite Hélios. Ces projets ne sont que des premières étapes. Ils n'épuisent pas la réflexion sur la relations entre l'organisation de notre défense et notre programme spatial.\
Au terme de cette allocution, je voudrais rendre hommage - ils le méritent vraiment, ce ne sont pas propos de circonstances - à tous ceux qui ont eu une part de responsabilité dans le programme spatial français depuis vingt-cinq ans. Nous sommes crédités à l'étranger d'un savoir-faire pour conduire de grands projets, et il est vrai que les programmes nucléaires, aéronautiques, spatiaux témoignent d'un certain génie français fondé sur le jeu harmonieux, aussi bien de l'Etat que de ses partenaires scientifiques et industriels. Mais sous la louange perce parfois la critique : notre tradition colbertiste nous confinerait-elle dans une sorte d'arsenal, hors du marché ?
- Il vous appartient, il nous appartient, de contredire ou de démentir ces critiques, par la pratique des choses. Vous avez su, vous, mener le programme spatial à sa maturité. Vous avez su l'ouvrir au marché avec des sociétés comme Arianespace ou Spot Image qui témoignent déjà de ce que sera plus tard l'âge industriel et commercial de l'espace. Vous avez su démontrer qu'une entreprise européenne commune pouvait se construire sur de tels objectifs ambitieux, et mobiliser les meilleures ressources de l'Europe, en triomphant notamment du "syndrome de Babel" qui avait marqué les premiers pas malheureux de l'Europe spatiale. Il vous reste à parfaire l'oeuvre -entreprise, à tirer parti des accidents de parcours inévitables pour améliorer l'efficacité de l'outil. Il vous reste à aménager les relations avec l'environnement industriel et scientifique de manière que le progrès de l'ensemble corresponde au progrès de chacune des parties.
- Le Président Kennedy avait évoqué l'idée d'une nouvelle frontière pour créer un mouvement de ferveur populaire autour du programme Apollo. La nouvelle frontière de l'ouest ne fait pas spécialement partie de notre héritage culturel à nous. Notre nouvelle frontière, à nous, Français et Européens, consiste à abolir les frontières à l'intérieur de notre Europe et à montrer comment nous pouvons affirmer notre identité nationale tout en construisant une réalité en même temps qu'un symbole, celui de l'Europe unie. Voilà bien des thèmes, mesdames et messieurs, qui justifient cette célébration, ce quart de siècle.
- Je salue les artisans de nos réussites nationales, je salue celles et ceux qui ont concouru hors de France, et dans le -cadre de l'Europe, à cette réussite. Cela vous a obligé à combien de temps et de peine, de soucis parfois de déceptions. En même temps, si l'on jette un bref regard derrière soi, qu'est-ce que 25 ans ? L'esprit humain peut embrasser les millénaires. La vie d'un homme est brève, et cependant, en 25 ans, vous avez commencé de changer la face du monde. Merci.\
- C'est avec un vrai plaisir que je me retrouve dans cette Cité des sciences et de l'industrie et surtout pour célébrer le 25ème anniversaire du Centre national d'études spatiales. Cela me permet d'inaugurer avec vous ici même le Centre international de conférences qui est le dernier grand équipement de la Cité.
- Depuis le 13 mars 1986, jour de son ouverture au public sous le signe de la rencontre avec la Comète de Halley, j'ai suivi comme beaucoup d'autres la progression des travaux. Nous avons maintenant une vue d'ensemble d'une Cité achevée, et je souhaite qu'elle rencontre le succès attendu par ceux qui ont consacré tant de temps, tant de peine, mais aussi tant d'enthousiasme à cette aventure.
- Je ne suis pas particulièrement dépaysé par le décor, que l'on dit futuriste, de ce grand amphithéâtre : Philippe Stark qui a été choisi pour l'aménager, faisait partie du groupe de cinq créateurs à qui j'avais demandé de venir travailler à l'Elysée, et je reconnais ici, pour l'en féliciter, son style à la fois fonctionnel, et, parfois, facétieux.\
Le 25ème anniversaire du Centre national d'études spatiales est une date digne d'être célébrée dans la vie de cette jeune institution. En 25 ans, l'organisme a mûri, tout en gardant, je le crois, cet esprit pionnier qu'évoquait le professeur Lions, et toutes ses réserves d'enthousiasme que nous avons si souvent utilisées au service de la construction européenne.
- En 1962, nous étions au tout début de la conquête spatiale : l'Union soviétique et les Etats-Unis d'Amérique faisaient rêver l'humanité avec les premiers satellites, les premiers vols humains, les premières sondes planétaires.
- Et pendant ce temps, l'Europe se cherchait. La création du CNES démontrait notre refus d'accepter comme inéluctable le retard technologique aussi bien que la dépendance. Ce grand programme affirmait notre identité nationale, il portait en même temps un projet européen tant il était évident dès le départ qu'il fallait mobiliser toutes les ressources de l'Europe pour entrer dans la compétition mondiale.
- Les choix initiaux et l'ouverture internationale marquent toujours la vie du CNES. C'est ainsi que le programme Diamant a ouvert la voie aux grands lanceurs d'aujourd'hui. Avec les acquis de ce programme, le Centre national s'est trouvé bien armé, dès 1971, pour surmonter la grave crise qui a failli emporter la fragile organisation spatiale dont s'était dotée l'Europe. Ses propositions ont contribué à redéfinir une organisation viable et des programmes cohérents, ceux là mêmes qui, arrivés à maturité aujourd'hui, symbolisent plus que tout autre domaine peut-être la force et la nécessité de cette construction, je veux dire de la construction européenne.
- C'est ainsi également que le CNES s'est trouvé engagé dès le départ dans de grandes coopérations internationales. Au-demà de nos partenaires européens, rendons hommage à cette occasion au rôle qu'ont joué les Etats-Unis à partir de 1962, l'Union soviétique à partir de 1966, pour accompagner la jeune agence qu'était alors le Centre national d'études spatiales. C'est la NASA qui a lancé les premiers satellites français, tandis qu'avec l'Union soviétique s'instauraient des coopérations qui devaient déboucher sur un premier vol habité en 1982. Ces rapprochements ont été précieux, voyez-vous £ je souhaite qu'ils se poursuivent. Qui ne se réjouirait que nos équipes fussent engagées dans la préparation d'un vol de longue durée avec l'Union soviétique ? De même je me réjouis de la coopération avec la NASA sur le programme de satellite océanographique Topex-Poseïdon.
- Il est plutôt rassurant de constater, au travers d'un quart de siècle et malgré les vicissitudes de l'histoire, la permanence de l'engagement de l'Etat qui a pris les risques d'une -entreprise très aléatoire et qui a accompagné la montée en puissance du programme : un bon exemple qui nous donne l'espoir de pouvoir demeurer dans la compétition pour la maîtrise des hautes technologies.\
Je sais que le gouvernement étudie actuellement la programmation dans le temps de notre effort spatial pour les prochaines années et je voudrais insister, pour ma part, sur quelques enjeux essentiels.
- Le premier est d'ordre stratégique : la France et l'Europe doivent disposer d'un lanceur fiable, répondant aux besoins. Les difficultés présentes incitent, pour le futur lanceur Ariane 5, à ne pas faire l'économie du temps de développement, économie que l'on paierait ensuite par une immobilisation coûteuse. Exigence de qualité : cette exigence est essentielle pour un lanceur dont la disponibilité conditionne tous les autres projets, et qui encore plus justifiée puisque il est destiné à l'avion spatial Hermès. La grande force du programme européen, c'est le lanceur, arrivé au bon moment et répondant aux demandes du marché. Il ne faut pas qu'une inquiétude - y compris sur sa fiabilité mais il est beaucoup d'autres domaines sur lesquels se posent bien des questions - en fasse, pardonnez cette image un peu audacieuse, le "talon d'Achille" du programme.
- Le deuxième point sur lequel je voudrais insister porte sur l'équilibre d'ensemble des programmes scientifiques et des programmes d'application d'une part, et sur ceux qui tournent autour des vols habités d'autre part. Vous connaissez, je connais les polémiques, rarement nuancées, qui se développent sur l'utilité des vols habités. Il est probable que les progrès à venir de la robotique dans l'espace déplaceront de plus en plus la frontière des vols habités vers les vols automatiques. Je ne crois pas cependant que nous devions renoncer à la perspective déjà fixée £ je me suis exprimé sur ce thème à La Haye en février 1984, et j'appelais de mes voeux un projet européen de station orbitale. En janvier 1985, je vous le rappelle, à Rome, nos partenaires européens ont considéré que l'autonomie de décision de l'Europe était un objectif souhaitable et qu'il convenait de se donner les moyens de l'atteindre. Bref, l'idée a fait son chemin. Une habile programmation pourra rapprocher des objectifs que les controverses éloignent inutilement : aller vers une station européenne qui sera portée par la faveur des opinions publiques de tous les pays d'Europe intéressés, sans compromettre la compétitivité du lanceur Ariane 5 dont l'Europe aura besoin au milieu des années 1990, et sans appauvrir les programmes scientifiques d'exploration de l'univers, telle est la gageure des prochaines années. Je suis assez optimiste pour croire que nous y parviendrons.
- Enfin, je voudrais, mesdames et messieurs, évoquer l'intérêt de notre programme spatial pour notre défense. Le ministre de la défense rappellera je pense, cet après-midi, ce qui a déjà été engagé en matière de télécommunications avec le programme Syracuse, ou d'observation avec le satellite Hélios. Ces projets ne sont que des premières étapes. Ils n'épuisent pas la réflexion sur la relations entre l'organisation de notre défense et notre programme spatial.\
Au terme de cette allocution, je voudrais rendre hommage - ils le méritent vraiment, ce ne sont pas propos de circonstances - à tous ceux qui ont eu une part de responsabilité dans le programme spatial français depuis vingt-cinq ans. Nous sommes crédités à l'étranger d'un savoir-faire pour conduire de grands projets, et il est vrai que les programmes nucléaires, aéronautiques, spatiaux témoignent d'un certain génie français fondé sur le jeu harmonieux, aussi bien de l'Etat que de ses partenaires scientifiques et industriels. Mais sous la louange perce parfois la critique : notre tradition colbertiste nous confinerait-elle dans une sorte d'arsenal, hors du marché ?
- Il vous appartient, il nous appartient, de contredire ou de démentir ces critiques, par la pratique des choses. Vous avez su, vous, mener le programme spatial à sa maturité. Vous avez su l'ouvrir au marché avec des sociétés comme Arianespace ou Spot Image qui témoignent déjà de ce que sera plus tard l'âge industriel et commercial de l'espace. Vous avez su démontrer qu'une entreprise européenne commune pouvait se construire sur de tels objectifs ambitieux, et mobiliser les meilleures ressources de l'Europe, en triomphant notamment du "syndrome de Babel" qui avait marqué les premiers pas malheureux de l'Europe spatiale. Il vous reste à parfaire l'oeuvre -entreprise, à tirer parti des accidents de parcours inévitables pour améliorer l'efficacité de l'outil. Il vous reste à aménager les relations avec l'environnement industriel et scientifique de manière que le progrès de l'ensemble corresponde au progrès de chacune des parties.
- Le Président Kennedy avait évoqué l'idée d'une nouvelle frontière pour créer un mouvement de ferveur populaire autour du programme Apollo. La nouvelle frontière de l'ouest ne fait pas spécialement partie de notre héritage culturel à nous. Notre nouvelle frontière, à nous, Français et Européens, consiste à abolir les frontières à l'intérieur de notre Europe et à montrer comment nous pouvons affirmer notre identité nationale tout en construisant une réalité en même temps qu'un symbole, celui de l'Europe unie. Voilà bien des thèmes, mesdames et messieurs, qui justifient cette célébration, ce quart de siècle.
- Je salue les artisans de nos réussites nationales, je salue celles et ceux qui ont concouru hors de France, et dans le -cadre de l'Europe, à cette réussite. Cela vous a obligé à combien de temps et de peine, de soucis parfois de déceptions. En même temps, si l'on jette un bref regard derrière soi, qu'est-ce que 25 ans ? L'esprit humain peut embrasser les millénaires. La vie d'un homme est brève, et cependant, en 25 ans, vous avez commencé de changer la face du monde. Merci.\