30 mars 1987 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à la mairie de Tavaux, notamment sur la reprise de ses déplacements officiels en région, lundi 30 mars 1987.

Monsieur le maire,
- Mesdames,
- Messieurs,
- Il m'est agréable de rencontrer ici les responsables élus de cette région, à commencer par le président de la région Franche-Comté. J'ai déjà eu le plaisir de rencontrer dès l'arrivée certains d'entre eux. Mais je consacrerai cette allocution à quelques mots, qui seront consacrés à la commune qui me reçoit et aux personnalités, ainsi qu'à l'ensemble des Tavelloises et Tavellois - c'est comme cela qu'on dit je crois - rassemblés le long de cette avenue et dans cette mairie.
- Ce n'est pas la première fois que je viens à Tavaux, dont je connais l'activité déjà depuis longtemps. Je sais de quelle façon cette commune se développe, avec tout ce que cela peu représenter de difficultés lorsque l'on se trouve être une ville industrielle. Ces difficultés frappent l'ensemble de l'Europe occidentale et, aujourd'hui, atteignent tant de familles dans l'ensemble du pays. Nous aurons l'occasion d'en reparler plus à fond, c'est-à-dire d'étudier ensemble, non seulement l'-état de la situation, mais les moyens d'y remédier. Je pense, en particulier, au chômage, un mal dont souffrent tant et tant de familles, contre lequel il faut mobiliser par priorité toutes les énergies. Les remèdes sont difficiles. Depuis trop d'années, notre société est frappée en profondeur pour qu'elle puisse parvenir à réduire le mal simplement en l'espace de quelques mois. Mais il ne faut pas se soumettre à la fatalité. Ce n'est pas une fatalité. Il y a dans la capacité des travailleurs français, dans la richesse de notre jeunesse, dans la compétitivité de nos industries, les moyens de rassembler les forces.\
Je viens d'être présenté à mesdames et messieurs les conseillers municipaux, après avoir déjà échangé quelques propos avec M. le maire, que j'ai l'avantage de connaître déjà depuis pas mal d'années, que j'ai toujours rencontré avec plaisir. Vous, mesdames et messieurs, qui avez la charge de cette municipalité, vous connaissez ce que représente la vie quotidienne. J'ai été moi-même maire d'une commune pas tellement loin d'ici, que certains d'entre vous connaissent, dans la Nièvre, pendant 22 ou 23 ans, après avoir été, en même temps, conseiller général et donc élu local. Je mesure à quel point la France a eu la chance d'avoir 36000 communes, tant et tant de femmes et d'hommes qui, de manière désintéressée, se consacrent à la gestion de notre société. C'est une chance qu'on retrouve assez peu dans le reste de l'Europe, dans ce sens, bien entendu, car il y a partout des gens dévoués, des gens compétents. Mais nous, nous avons une sorte de réseau exceptionnel qui me faisait dire que, lorsqu'on parlait de rassembler une commune, bien entendu, il faut sur le -plan économique, sur le -plan des équipements, réunir, syndiquer, ceux qui veulent, et non point les forcer. Mais, c'est aussi la chance de la France. Imaginez ce que cela donnerait si, au lieu d'avoir dans chacune de nos communes, 9, 11, jusqu'au nombre de conseillers municipaux des grandes villes, si c'était le désert, parce que chacune serait rassemblé dans de grands centres. Eh bien, la vie locale, celle qui épouse le terrain, oui, vos villages, vos bourgs, le centre de vos petites communes risqueraient d'être oubliés, négligés. Vous y veillez, mesdames et messieurs. C'est vous qui en avez la charge et, d'après ce que je connais, j'ai l'impression que vous vous en tirez bien. Le résultat de la gestion des collectivités locales est un bon résultat. Si l'on a le droit, ou une vie politique assez longue, c'est mon cas, d'apprécier ce qui va et ce qui ne va pas, on peut dire que les collectivités locales, dans leur ensemble, sont une des forces du pays.\
Voilà ce que je voulais vous dire en arrivant, comme cela, dans cette région Franche-Comté. J'ai repris mes visites de région £ je n'ai pas interrompu mes voyages dans l'ensemble de la province française au cours de l'année 1986, non, je suis allé dans de nombreux départements et de nombreuses villes qui m'y avaient convié. Mais, j'ai repris les visites qu'on pourrait appeler "d'Etat", bien que le terme soit excessif, dans les régions, telles qu'elles sont constituées. Ceci me portait tout naturellement à visiter d'une façon un peu plus systématique les points sur lesquels les dirigeants de la région, particulièrement le président, veulent bien attirer mon attention, qu'il s'agisse de villes importantes, de petites communes ou de communes moyennes, de l'agriculture ou bien de l'industrie, de l'artisanat, enfin de toutes les formes d'activité ou de la création intellectuelle. Tout cela, c'est la France, telle qu'elle est, telle que je la connais, telle que je ne dois pas cesser de la connaître, car il reste toujours à apprendre d'un pays comme le nôtre.
- Merci, mesdames et messieurs pour votre accueil dans cet hôtel de ville, dans ces pièces. Je vois bien qu'elles ont été renovées, adaptées avec bonheur. On voit quelle attention vous portez au fait que la maison commune soit une maison accueillante pour la population, le cas échéant pour les voyageurs de passage, comme moi, et que le passage d'un voyageur comme moi permet d'accélérer un peu les choses. Enfin je l'imagine, c'est comme cela que je l'aurais fait à Château-Chinon. Et dans ce cas-là, j'ai remarqué les routes qui me conduisent jusqu'ici, si j'ai, sans l'avoir voulu, et aussi peu que ce fût, contribué à ce que l'équipement de la route soit allé un peu plus vite, est-ce que que c'est le cas ? Et je voudrais saluer s'ils m'entendent, celles et ceux qui attendent à l'extérieur, je tiens à leur dire, mesdames et messieurs, crions d'un même coeur :
- Vive Tavaux !
- Vive le département du Jura !
- Vive la région de Franche-Comté !
- Vive la République !
- Vive la France !.\