25 mars 1987 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion du 30ème anniversaire du Traité de Rome, Paris, Palais de l'Élysée, mercredi 25 mars 1987.
Mes chers compatriotes,
- Le drapeau européen - vous le voyez ici - qui flotte pour la première fois sur les Champs élysées £ l'hymne européen qui retentit pour la première fois sous les voutes de l'Arc de Triomphe £ le Premier ministre, le gouvernement de la République, les présidents des Assemblées, à mes côtés pour une cérémonie d'un caractère inhabituel, ce matin, devant le tombeau du soldat inconnu, et tout autour de nous des centaines de jeunes gens venus d'Allemagne et d'Italie, de Grande-Bretagne, d'Irlande, de Grèce, d'Espagne, du Portugal, du Danemark, de Belgique, de Hollande, du Luxembourg, de France, oui, pourquoi tout cela ?
- Parce qu'aujourd'hui, vous le savez, douze pays d'Europe, votre Europe, fêtent le trentième anniversaire de la Communauté que six d'entre eux ont instituée à Rome, le 25 mars 1957.
- C'est une grande date £ peut-être - j'aimerais mieux dire sûrement - l'une des plus importantes de notre histoire. Pour en comprendre la portée, il faut imaginer - ceux qui l'ont vécu se souviennent - l'-état de notre continent après deux guerres mondiales en moins d'un quart de siècle et les ravages du racisme, et de l'esprit totalitaire. Partout la ruine, le deuil, des terres dévastées, des peuples dépossédés, leur destin désormais passé en d'autres mains, l'Europe coupée en deux, bref, la fin d'un monde.
- Aussi l'histoire n'oubliera-t-elle pas les quelques hommes, imaginatifs et courageux, qui élevèrent la voix au-dessus des décombres pour dire aux ennemis d'hier - à commencer par les allemands et les français - que le salut dépendait d'eux, d'eux seuls, et qu'ils avaient d'abord à sortir d'un engrenage séculaire de guerre et de domination pour construire, enfin, leur avenir. Ensemble. Ces hommes ont, je le crois, changé le cours du temps. Du moins, si nous savons à notre tour poursuivre l'oeuvre et l'achever.
- Que ce soit pour ses institutions, ses politiques communes, la suppression de ses barrières douanières intérieures, son aide au tiers monde, son début de concertation politique, ses audaces techniques, l'Europe a réussi. Elle existe. Première puissance commerciale du monde, forte de ses 320 millions d'habitants, plus que les Etats-Unis d'Amérique, plus que l'Union soviétique, beaucoup plus que le Japon, forte de ses talents, forte de son travail, elle avance. Et pourtant c'est insuffisant.\
Mes chers compatriotes, s'il ne s'était agi pour moi que de célébrer le passé, je ne serais pas ce soir devant vous.
- Ne nous payons pas de mots. Notre Europe échouera si elle en reste là. Elle échouera si elle jongle avec les délais et renvoie à la fin du siècle les problèmes qui attendent depuis trente ans d'être tranchés.
- Soyons au rendez-vous du 31 décembre 1992 qui verra s'abattre toutes les frontières intérieures et l'Europe s'ouvrir aux douze peuples qui la composent. Hâtons l'Europe technologique. Américains et Japonais ne nous attendront pas. Conquérons l'espace, nous aussi. Organisons nos moyens de communication, d'éducation et de culture. Formons les jeunes aux disciplines du savoir dans les universités de leur choix. Réduisons les inégalités entre pays, entre régions, entre les groupes sociaux et les individus. Donnons cours à l'Ecu, notre monnaie commune, au sein d'un système monétaire apaisé. Préparons enfin le moment où l'Europe dotée d'un pouvoir politique central décidera elle-même des moyens de sa sécurité.
- La tâche sera rude mais telle est la direction que la France doit prendre. Je vous y invite, mes chers compatriotes et j'adresse en votre nom aux autres peuples de la Communauté le salut fraternel du peuple français, avec ce seul message : entrons ensemble dans l'avenir.
- Vive l'Europe
- Vive la France.\
- Le drapeau européen - vous le voyez ici - qui flotte pour la première fois sur les Champs élysées £ l'hymne européen qui retentit pour la première fois sous les voutes de l'Arc de Triomphe £ le Premier ministre, le gouvernement de la République, les présidents des Assemblées, à mes côtés pour une cérémonie d'un caractère inhabituel, ce matin, devant le tombeau du soldat inconnu, et tout autour de nous des centaines de jeunes gens venus d'Allemagne et d'Italie, de Grande-Bretagne, d'Irlande, de Grèce, d'Espagne, du Portugal, du Danemark, de Belgique, de Hollande, du Luxembourg, de France, oui, pourquoi tout cela ?
- Parce qu'aujourd'hui, vous le savez, douze pays d'Europe, votre Europe, fêtent le trentième anniversaire de la Communauté que six d'entre eux ont instituée à Rome, le 25 mars 1957.
- C'est une grande date £ peut-être - j'aimerais mieux dire sûrement - l'une des plus importantes de notre histoire. Pour en comprendre la portée, il faut imaginer - ceux qui l'ont vécu se souviennent - l'-état de notre continent après deux guerres mondiales en moins d'un quart de siècle et les ravages du racisme, et de l'esprit totalitaire. Partout la ruine, le deuil, des terres dévastées, des peuples dépossédés, leur destin désormais passé en d'autres mains, l'Europe coupée en deux, bref, la fin d'un monde.
- Aussi l'histoire n'oubliera-t-elle pas les quelques hommes, imaginatifs et courageux, qui élevèrent la voix au-dessus des décombres pour dire aux ennemis d'hier - à commencer par les allemands et les français - que le salut dépendait d'eux, d'eux seuls, et qu'ils avaient d'abord à sortir d'un engrenage séculaire de guerre et de domination pour construire, enfin, leur avenir. Ensemble. Ces hommes ont, je le crois, changé le cours du temps. Du moins, si nous savons à notre tour poursuivre l'oeuvre et l'achever.
- Que ce soit pour ses institutions, ses politiques communes, la suppression de ses barrières douanières intérieures, son aide au tiers monde, son début de concertation politique, ses audaces techniques, l'Europe a réussi. Elle existe. Première puissance commerciale du monde, forte de ses 320 millions d'habitants, plus que les Etats-Unis d'Amérique, plus que l'Union soviétique, beaucoup plus que le Japon, forte de ses talents, forte de son travail, elle avance. Et pourtant c'est insuffisant.\
Mes chers compatriotes, s'il ne s'était agi pour moi que de célébrer le passé, je ne serais pas ce soir devant vous.
- Ne nous payons pas de mots. Notre Europe échouera si elle en reste là. Elle échouera si elle jongle avec les délais et renvoie à la fin du siècle les problèmes qui attendent depuis trente ans d'être tranchés.
- Soyons au rendez-vous du 31 décembre 1992 qui verra s'abattre toutes les frontières intérieures et l'Europe s'ouvrir aux douze peuples qui la composent. Hâtons l'Europe technologique. Américains et Japonais ne nous attendront pas. Conquérons l'espace, nous aussi. Organisons nos moyens de communication, d'éducation et de culture. Formons les jeunes aux disciplines du savoir dans les universités de leur choix. Réduisons les inégalités entre pays, entre régions, entre les groupes sociaux et les individus. Donnons cours à l'Ecu, notre monnaie commune, au sein d'un système monétaire apaisé. Préparons enfin le moment où l'Europe dotée d'un pouvoir politique central décidera elle-même des moyens de sa sécurité.
- La tâche sera rude mais telle est la direction que la France doit prendre. Je vous y invite, mes chers compatriotes et j'adresse en votre nom aux autres peuples de la Communauté le salut fraternel du peuple français, avec ce seul message : entrons ensemble dans l'avenir.
- Vive l'Europe
- Vive la France.\