19 mars 1987 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration à la presse de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'issue de sa rencontre avec M. Wilfried Maertens, Premier ministre belge et Président en exercice du Conseil européen, sur les perspectives d'une concertation européenne concernant la défense, Paris, Palais de l'Élysée, jeudi 19 mars 1987.
Mesdames et messieurs,
- Comme vous le savez, je viens de recevoir M. Maertens, Premier ministre du Royaume de Belgique et, en même temps, Président du Conseil européen. C'était à ces deux titres qu'il était à Paris et qu'il m'a fait le grand plaisir d'accepter mon invitation.
- C'est bien le moment, à l'orée de l'année 1987 que j'ai toujours annoncée difficile sur ce terrain de l'Europe, c'est bien le moment d'envisager toute une série de mesures concrètes qui devraient permettre de débloquer les contentieux - ce ne sont pas des contentieux ouverts mais on peut les pressentir - sur le financement, sur l'emploi des finances, sur les priorités, etc. Et une conversation avec M. le Premier ministre, Président du Conseil européen était, pour moi, d'un intérêt primordial.
- J'aurai d'autres conversations dès la semaine prochaine notamment avec Mme Thatcher, lundi, et avec le Chancelier Kohl, samedi, mais je tenais à ce que les premières relations avec les personnalités européennes particulièrement qualifiées soient avec celui qui se trouve aujourd'hui à mes côtés.
- Nous avons parlé de l'Europe dont nous sommes l'un et l'autre partisans depuis longtemps et dont nous connaissons les rouages, les difficultés. Il s'agit de vaincre ces difficultés. Nous avons échangé nos vues pour y parvenir.
- Le deuxième thème a été celui de l'actualité, celui des propositions de désarmement et des négociations qui se déroulent actuellement. Elles intéressent bien entendu nos deux pays. Elles intéressent M. Maertens, non pas cette fois-ci en tant que Président du Conseil européen mais en tant que chef d'un gouvernement de la même alliance, dans une proximité étroite avec la France et, disons les choses, dans une amitié fidèle et constante. Nous avons également échangé nos vues en constatant que pour l'essentiel, elles étaient semblables. Vous me direz "mais c'est facile dans ce cas-là : même démarche européenne, même démarche au regard des problèmes du désarmement". Bien entendu : mais cette définition générale comporte des ajustements, des demandes de précision, des analyses que, personnellement, j'ai trouvés enrichissants.\
LE PREMIER MINISTRE.- Mesdames, messieurs, j'ai été très honoré d'être reçu par le Président de la République française. Comme le disait le Président de la République, nous avons eu l'occasion de parler de ce qui est la vérité première : réaliser si possible un consensus sur les propositions de la Commission européenne. Nous avons eu l'occasion de parler longuement des possibilités et des procédures pour arriver à un résultat au Conseil européen de Bruxelles le 29 et le 30 juin 1987, si possible.
- J'ai expliqué quelle était notre priorité. Vous savez qu'en ce moment, les techniciens et les diplomates examinent les propositions de la Commission. Je vous dis immédiatement que pour la Présidence belge, il est d'une grande importance d'éviter une sorte d'éclatement de ces propositions £ et, après le travail des techniciens et diplomates, après les réunions à la fois informelles début avril et officielles fin avril, j'entamerai une série de contacts bilatéraux pour arriver si possible à un consensus pour le Conseil européen de la fin du mois de juin, sur la base des propositions du Coreper et du Conseil général.
- J'ai également été très heureux de pouvoir discuter avec le Président Mitterrand des questions du désarmement et des négociations en cours qui sont d'une grande actualité. La Belgique est l'un des pays qui a procédé à l'installation des INF `FNI`. Je puis vous assurer que nous sommes partisans d'un accord en ce qui concerne les INF zéro-zéro `option zéro` £ nous ferons tout pour qu'un tel accord puisse être conclu. En Belgique nous avons prévu dans notre accord de gouvernement, une procédure, un élément de prise de décision qui permet - si à la fin de 1987 il n'y a pas accord - de ne pas installer les 32 autres missiles `Pershing` mais d'appliquer une sorte de moratoire pour favoriser cet accord qui semble maintenant possible. Je vous le dis, j'ai été très heureux de pouvoir discuter de ces problèmes avec le Président de la République française.\
QUESTION.- La proposition de M. Delors sur ce Conseil européen consacré à la sécurité, est-ce que vous pensez que c'est possible, est-ce que vous le souhaitez ?
- LE PRESIDENT.- Juridiquement, ce n'est pas exactement le lieu où l'on peut parler de désarmement, même si les personnalités qui appartiennent à ce Conseil sont toutes, chacune dans son pays, naturellement compétentes pour traiter de ces problèmes, et même si la plupart des pays qui composent la Communauté sont membres de la même alliance `Alliance atlantique`. Mais, il faudrait trouver une instance qui soit exactement qualifiée au regard des traités et du droit. Les propositions de M. Delors me semblent donc dans ce domaine, comme dans l'autre - celui du devenir de l'Europe - aller dans la bonne direction. Ce sont les démarches et les procédures qu'il faut ajuster.
- QUESTION.- Est-ce que vous pensez que ce serait dans le -cadre de l'UEO que les chefs d'Etat ou de gouvernement des sept `pays les plus industrialisés` pourraient se réunir, monsieur le Président ?
- LE PRESIDENT.- Tout ceux qui sont intéressés.
-QUESTION.- Donc, ce ne serait pas seulement à sept ?
- LE PRESIDENT.- Tout ceux qui sont intéressés. C'est une instance qui existe. Elle est donc très utile et très intéressante, mais pour tous ceux qui sont intéressés, pas simplement ceux qui se trouvent ici ou là.
- QUESTION.- Convoquerez-vous un Conseil européen sur ce sujet ?
- LE PREMIER MINISTRE.- Je ne crois pas qu'il soit possible de convoquer immédiatement un Conseil européen sur cette matière. Il y a les raisons juridiques. Il y a évidemment d'autres possibilités de contacts : je pense à l'UEO, mais, dans cette organisation, ce n'est pas immédiatement au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement qu'il faut en arriver.
- LE PRESIDENT.- Mais, pour en revenir à l'idée de M. Delors, elle est bonne. Il est normal que les douze pays de la Communauté européenne s'intéressent à la défense de leur continent ou de leur fraction de continent. Et, onze sur douze appartiennent à la même Alliance.
- QUESTION.- Trouvez-vous que la proposition Delors soit bonne ?
- LE PRESIDENT.- C'est ce qui vient d'être dit, exactement.
- QUESTION.- Appuierez-vous une initiative qui irait dans ce sens ?
- LE PRESIDENT.- Si quelqu'un le propose, je serai toujours disponible our discuter de la défense de l'Europe.
- LE PREMIER MINISTRE.- Je voudrais dire que si la volonté politique s'exprime de cette manière chez les chefs d'Etat et de gouvernement, ce n'est pas un -cadre juridique qui pourrait empêcher un tel contact.
- QUESTION.- Vous vous réuniriez dans le -cadre du Conseil européen ?
- LE PREMIER MINISTRE.- Non, ce n'est pas possible de le faire dans le -cadre juridique de ce que l'on appelle le Conseil européen.
- QUESTION.- Vous prendrez l'initiative de réunir les chefs d'Etat et de gouvernement ?
- LE PREMIER MINISTRE.- Je n'ai pas dit que je le ferai. Il est évident, à ce stade, que des contacts bilatéraux doivent indiquer si la volonté d'une telle initiative est partagée.
- QUESTION.- Monsieur le Président, prendrez-vous l'initiative d'autres contacts bilatéraux ?
- LE PRESIDENT.- Le contact bilatéral est là pour l'instant £ et il y en aura sûrement d'autres.
- LE PREMIER MINISTRE.- Il est évident que des contacts que le Président de la République française aura sur ce thème, et que des contacts que j'ai aussi dans le -cadre plus vaste de ma tâche comme Président du Conseil européen, on pourra, à un certain moment, arriver ou non à la conclusion d'organiser une telle réunion. Mais c'est prématuré de prononcer des paroles définitives en ce moment. LE PRESIDENT.- Mesdames et messieurs, je vous remercie.\
- Comme vous le savez, je viens de recevoir M. Maertens, Premier ministre du Royaume de Belgique et, en même temps, Président du Conseil européen. C'était à ces deux titres qu'il était à Paris et qu'il m'a fait le grand plaisir d'accepter mon invitation.
- C'est bien le moment, à l'orée de l'année 1987 que j'ai toujours annoncée difficile sur ce terrain de l'Europe, c'est bien le moment d'envisager toute une série de mesures concrètes qui devraient permettre de débloquer les contentieux - ce ne sont pas des contentieux ouverts mais on peut les pressentir - sur le financement, sur l'emploi des finances, sur les priorités, etc. Et une conversation avec M. le Premier ministre, Président du Conseil européen était, pour moi, d'un intérêt primordial.
- J'aurai d'autres conversations dès la semaine prochaine notamment avec Mme Thatcher, lundi, et avec le Chancelier Kohl, samedi, mais je tenais à ce que les premières relations avec les personnalités européennes particulièrement qualifiées soient avec celui qui se trouve aujourd'hui à mes côtés.
- Nous avons parlé de l'Europe dont nous sommes l'un et l'autre partisans depuis longtemps et dont nous connaissons les rouages, les difficultés. Il s'agit de vaincre ces difficultés. Nous avons échangé nos vues pour y parvenir.
- Le deuxième thème a été celui de l'actualité, celui des propositions de désarmement et des négociations qui se déroulent actuellement. Elles intéressent bien entendu nos deux pays. Elles intéressent M. Maertens, non pas cette fois-ci en tant que Président du Conseil européen mais en tant que chef d'un gouvernement de la même alliance, dans une proximité étroite avec la France et, disons les choses, dans une amitié fidèle et constante. Nous avons également échangé nos vues en constatant que pour l'essentiel, elles étaient semblables. Vous me direz "mais c'est facile dans ce cas-là : même démarche européenne, même démarche au regard des problèmes du désarmement". Bien entendu : mais cette définition générale comporte des ajustements, des demandes de précision, des analyses que, personnellement, j'ai trouvés enrichissants.\
LE PREMIER MINISTRE.- Mesdames, messieurs, j'ai été très honoré d'être reçu par le Président de la République française. Comme le disait le Président de la République, nous avons eu l'occasion de parler de ce qui est la vérité première : réaliser si possible un consensus sur les propositions de la Commission européenne. Nous avons eu l'occasion de parler longuement des possibilités et des procédures pour arriver à un résultat au Conseil européen de Bruxelles le 29 et le 30 juin 1987, si possible.
- J'ai expliqué quelle était notre priorité. Vous savez qu'en ce moment, les techniciens et les diplomates examinent les propositions de la Commission. Je vous dis immédiatement que pour la Présidence belge, il est d'une grande importance d'éviter une sorte d'éclatement de ces propositions £ et, après le travail des techniciens et diplomates, après les réunions à la fois informelles début avril et officielles fin avril, j'entamerai une série de contacts bilatéraux pour arriver si possible à un consensus pour le Conseil européen de la fin du mois de juin, sur la base des propositions du Coreper et du Conseil général.
- J'ai également été très heureux de pouvoir discuter avec le Président Mitterrand des questions du désarmement et des négociations en cours qui sont d'une grande actualité. La Belgique est l'un des pays qui a procédé à l'installation des INF `FNI`. Je puis vous assurer que nous sommes partisans d'un accord en ce qui concerne les INF zéro-zéro `option zéro` £ nous ferons tout pour qu'un tel accord puisse être conclu. En Belgique nous avons prévu dans notre accord de gouvernement, une procédure, un élément de prise de décision qui permet - si à la fin de 1987 il n'y a pas accord - de ne pas installer les 32 autres missiles `Pershing` mais d'appliquer une sorte de moratoire pour favoriser cet accord qui semble maintenant possible. Je vous le dis, j'ai été très heureux de pouvoir discuter de ces problèmes avec le Président de la République française.\
QUESTION.- La proposition de M. Delors sur ce Conseil européen consacré à la sécurité, est-ce que vous pensez que c'est possible, est-ce que vous le souhaitez ?
- LE PRESIDENT.- Juridiquement, ce n'est pas exactement le lieu où l'on peut parler de désarmement, même si les personnalités qui appartiennent à ce Conseil sont toutes, chacune dans son pays, naturellement compétentes pour traiter de ces problèmes, et même si la plupart des pays qui composent la Communauté sont membres de la même alliance `Alliance atlantique`. Mais, il faudrait trouver une instance qui soit exactement qualifiée au regard des traités et du droit. Les propositions de M. Delors me semblent donc dans ce domaine, comme dans l'autre - celui du devenir de l'Europe - aller dans la bonne direction. Ce sont les démarches et les procédures qu'il faut ajuster.
- QUESTION.- Est-ce que vous pensez que ce serait dans le -cadre de l'UEO que les chefs d'Etat ou de gouvernement des sept `pays les plus industrialisés` pourraient se réunir, monsieur le Président ?
- LE PRESIDENT.- Tout ceux qui sont intéressés.
-QUESTION.- Donc, ce ne serait pas seulement à sept ?
- LE PRESIDENT.- Tout ceux qui sont intéressés. C'est une instance qui existe. Elle est donc très utile et très intéressante, mais pour tous ceux qui sont intéressés, pas simplement ceux qui se trouvent ici ou là.
- QUESTION.- Convoquerez-vous un Conseil européen sur ce sujet ?
- LE PREMIER MINISTRE.- Je ne crois pas qu'il soit possible de convoquer immédiatement un Conseil européen sur cette matière. Il y a les raisons juridiques. Il y a évidemment d'autres possibilités de contacts : je pense à l'UEO, mais, dans cette organisation, ce n'est pas immédiatement au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement qu'il faut en arriver.
- LE PRESIDENT.- Mais, pour en revenir à l'idée de M. Delors, elle est bonne. Il est normal que les douze pays de la Communauté européenne s'intéressent à la défense de leur continent ou de leur fraction de continent. Et, onze sur douze appartiennent à la même Alliance.
- QUESTION.- Trouvez-vous que la proposition Delors soit bonne ?
- LE PRESIDENT.- C'est ce qui vient d'être dit, exactement.
- QUESTION.- Appuierez-vous une initiative qui irait dans ce sens ?
- LE PRESIDENT.- Si quelqu'un le propose, je serai toujours disponible our discuter de la défense de l'Europe.
- LE PREMIER MINISTRE.- Je voudrais dire que si la volonté politique s'exprime de cette manière chez les chefs d'Etat et de gouvernement, ce n'est pas un -cadre juridique qui pourrait empêcher un tel contact.
- QUESTION.- Vous vous réuniriez dans le -cadre du Conseil européen ?
- LE PREMIER MINISTRE.- Non, ce n'est pas possible de le faire dans le -cadre juridique de ce que l'on appelle le Conseil européen.
- QUESTION.- Vous prendrez l'initiative de réunir les chefs d'Etat et de gouvernement ?
- LE PREMIER MINISTRE.- Je n'ai pas dit que je le ferai. Il est évident, à ce stade, que des contacts bilatéraux doivent indiquer si la volonté d'une telle initiative est partagée.
- QUESTION.- Monsieur le Président, prendrez-vous l'initiative d'autres contacts bilatéraux ?
- LE PRESIDENT.- Le contact bilatéral est là pour l'instant £ et il y en aura sûrement d'autres.
- LE PREMIER MINISTRE.- Il est évident que des contacts que le Président de la République française aura sur ce thème, et que des contacts que j'ai aussi dans le -cadre plus vaste de ma tâche comme Président du Conseil européen, on pourra, à un certain moment, arriver ou non à la conclusion d'organiser une telle réunion. Mais c'est prématuré de prononcer des paroles définitives en ce moment. LE PRESIDENT.- Mesdames et messieurs, je vous remercie.\