16 octobre 1985 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion du dîner offert par le Gouverneur de l'Etat de Rio de Janeiro et Mme Brizola, au Palais de Laranjeiras, à Rio de Janeiro, mercredi 16 octobre 1985.

Monsieur le gouverneur,
- Madame,
- Je veux d'abord vous remercier pour l'accueil, l'hospitalité que nous vous devons dans cette maison, dans cette ville où depuis la fin de la matinée nous avons pu rencontrer beaucoup de responsables et apprécier en même temps le peuple de Rio de Janeiro.
- Nous accomplissons un voyage de cinq jours au Brésil. C'est bien peu pour un si grand pays. Il a fallu choisir les étapes. Ce choix est naturellement arbitraire. Mais enfin, Brasilia, Rio, Saint-Paul, Récife, avec ce matin la visite de Saint Jean du Roi, c'est déjà une certaine image de ce peuple.
- J'ai pu rencontrer les principaux responsables du pays, m'entretenir avec le président Sarney, entendre le point de vue de plusieurs des membres du gouvernement, et voilà que maintenant c'est dans les Etats que j'entends et que j'entendrai les voix diverses qui, ensemble, font le Brésil.
- Je n'aurai donc pas vu tout le Brésil, loin de là. Mais j'aurai vu Rio. Rio c'est beaucoup du Brésil. J'ai vu une ville en plein mouvement, en plein travail. C'est là que j'ai retrouvé M. Brizola que je connais depuis longtemps et dont, je dois le dire, même si je veux éviter les notes trop personnelles, avec lequel j'entretiens des relations d'amitié depuis une quinzaine d'années. Là, je l'ai vu sur le terrain. Il est assez difficile à suivre. Son activité m'est apparue comme très grande. J'ai pu constater que le peuple brésilien de Rio l'avait compris.
- Je continuerai ce voyage donc, dès demain, dans d'autres Etats très différents de celui-ci, notamment Saint-Paul, que j'ai déjà visité, mais il y a si longtemps, 39 ans. Personne ne s'y reconnaîtrait.
- J'aurai donc vu des paysages très différents, peut-être des moeurs, des usages très différents, des hommes très différents, tout un arc-en-ciel d'opinions politiques. C'était bien là l'objet utile de mon voyage. Pour mieux comprendre ce pays, il faut le connaître dans sa réalité.\
Je tiens donc à dire d'abord à vous, madame, et à vous, monsieur le gouverneur, le plaisir que j'ai de me trouver parmi vous. Mais, je voudrais m'adresser à tous vos invités qui représentent, je le crois, toutes les forces vives de la ville, peut-être même de l'Etat, et c'est pour nous, Français, un grand honneur que d'être ainsi reçus par tout ce qui peut signifier la vie d'une région aussi puissante, aussi vivante, et dont l'avenir nous apparaît comme aussi vaste.
- Enfin, j'ai pu en fin d'après-midi, rencontrer des Français, la communauté française de Rio, nombreuse, active aussi. Aussi bien des Français présents au Brésil et à Rio depuis un demi-siècle, peut-être davantage. Et puis ceux qui sont arrivés il y a six mois, il y a un an et qui, déjà, s'attachent au Brésil. Il m'a été facile de découvrir dans ces relations les affinités, tout à fait réelles et puissantes, qui existent historiquement mais aujourd'hui plus que jamais entre le Brésil et la France.
- J'ai l'impression que notre ministre de la culture `Jack Lang`, le ministre français, n'arrête pas, et même après ce repas, d'autres travaux l'attendent. Parce que les intellectuels, les artistes, les créateurs brésiliens éprouvent une sorte de faim, afin de connaître et de se pénétrer de la culture française. Je puis vous assurer qu'il en va de même en sens contraire. Je lève donc mon verre à mon tour à votre santé, mesdames et messieurs, d'abord la santé de nos hôtes. Je leur souhaite de réussir dans leurs entreprises pour le bien du peuple de Rio. A vous toutes, et vous tous, mesdames et messieurs invités du gouverneur, pour célébrer l'amitié franco-brésilienne. J'élargirai mon propos en disant qu'en connaissant les difficultés du Brésil, mais connaissant aussi ses richesses dont la première est la qualité de ses habitants. Le toast que je porterai sera un toast d'espoir et de confiance dans le Brésil, particulièrement dans cette ville, monsieur le gouverneur, qui, dans l'imagination des Français représente un des plus beaux lieux du monde.\