14 mai 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'hôtel de ville d'Oslo, lundi 14 mai 1984.

Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Je vous remercie de votre accueil dans cet hôtel de ville d'Oslo que je me souviens d'avoir visité, il y a quelques années, et dont j'avais déjà remarqué le caractère.
- Il s'agit là d'un des hauts lieux architecturaux de votre capitale. Vigueur et force des structures, variété et richesse de la décoration, cela est très significatif des vertus d'un peuple et des prestiges de son histoire.
- Il m'a été très agréable depuis ce matin après l'accueil qui m'a été réservé par Sa Majesté le Roi Olav V, au Palais royal, les quelques rencontres que j'ai pu faire avec les responsables de votre pays, d'être maintenant dans cette maison du peuple qui a marqué et continuera de marquer quelques grandes époques dans le devenir du peuple norvégien.
- Il s'agit là d'une vieille ville dont la naissance comme celle de notre propre capitale, Paris, trouve ses origines dans les premiers temps de la naissance de l'Europe. Elle s'est identifié à toutes les vicissitudes, aux espérances, aux succès, aux difficultés affrontées, surmontées, aux flux et aux reflux de la démographie, aux crises économiques, aux ravages d'innombrables incendies. Et, voici qu'Oslo a retrouvé son nom, sa force et sa beauté, toujours présente, avec en son sein, un peuple vigoureux et capable de bâtir le temps qui vient.\
Nous avons beaucoup de souvenirs communs qui plongent dans cette histoire et je ne peux oublier qu'une de nos plus belle provinces françaises a été conquise par ceux qui venaient de loin, des côtes de Norvège jusqu'au jour où ils sont devenus parmi les meilleurs des Français. Et ce sont d'ailleurs les mêmes qui, ayant effectué une étape en France, l'ont poursuivie en Angleterre. Voilà donc des Norvégiens comme toujours marins et voyageurs qui se trouvent à l'origine des quelques grandes nations de l'histoire de l'Europe.
- Je ne relaterai pas toutes les étapes. Nous aurons le temps ce soir et demain d'en parler. Mais, entendant tout à l'heure les sons harmonieux de votre grande horloge de l'hôtel de ville d'Oslo, je ne pouvais oublier, monsieur le maire, que cette horloge a été construite à Strasbourg. S'ensuivirent bien d'autres échanges, y compris les échanges de personnes, les échanges de présents, des échanges de marchandises, des échanges artistiques. Et, cependant, au cours de ce dernier demi-siècle, après que nous ayons ensemble affronté le plus grand péril - on m'a montré, il y a un instant, la maquette de la bataille de Narvik - il me semble que nos relations s'étaient ralenties.
- Monsieur le maire, c'est la quatrième fois, comme je vous l'ai dit, que je reviens dans cette ville. J'espère que ce n'est pas la dernière fois, mais je tiens à vous dire que j'ai toujours trouvé auprès des élus de cette ville l'accueil et l'hospitalité les plus chaleureux. J'éprouve donc, en revenant ici, en visite d'Etat, bien des sentiments que j'éprouvais à titre personnel. Tout cela est pour moi un ensemble d'impressions harmonieuses.
- Oui, vraiment, je tiens à dire ici, monsieur le maire, mesdames et messieurs, en présence de Sa Majesté le Roi de Norvège, vive Oslo, vive la Norvège.\