21 juin 1983 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la réception de la communauté française, Yaoundé (Cameroun), mardi 21 juin 1983.

Mesdames et messieurs,
- Mes chers compatriotes,
- Chaque fois que j'ai l'occasion de me rendre dans un pays étranger, je me réjouis de rencontrer les Français, ces Français de l'étranger qui se sentent souvent ignorés ou méconnus, et dont un grand nombre, pourtant, a la possibilité de rester en relation très étroite avec la France.
- Mais cependant, d'un pays à l'autre, j'observe de grandes différences : les conditions d'existence, le climat qui les entourent. Certes, les préoccupations sont communes, ordinairement. Celles et ceux d'entre vous qui se posent des questions retrouvent les mêmes problèmes. Ce sont ceux des enfants, de l'éducation des enfants, de leur développement. Ce sont des problèmes professionnels, des problèmes qui se posent pour les coopérants et pour d'autres, par-rapport à leur administration centrale, à la durée de leur contrat, à la permanence de leur situation.
- Un grand nombre d'entre vous, au Cameroun, m'a-t-il été dit, sont ici, représentants de grandes sociétés ou représentants de moyennes ou petites entreprises, ou appartiennent à des professions commerciales et libérales. Ce qui montre un enracinement très heureux à compter du moment où l'on se fait une situation mêlée à l'économie d'un pays. C'est une chance de symbiose particulièrement interessante pour la France.
- Il y a celles et ceux d'entre vous qui sont là depuis très longtemps - j'allais dire presque de fondation - qui y ont vécu leur vie, qui se sont attachés au Cameroun comme à une deuxième patrie. Ils ont apporté beaucoup au Cameroun, et peuvent aussi apporter beaucoup à la France. Il y a ceux qui viennent pour des contrats plus brefs et qui rapportent une teinte, une sorte d'impression, la connaissance qu'ils rapporteront dans leur pays ou bien dans les autres pays où ils iront voyager. Tout cela, mesdames et messieurs, est très important pour notre pays qui a besoin d'assurer son rayonnement. Et vous y contribuez. C'est pourquoi je tiens à vous en remercier. Sans votre travail ici, sans le rôle que vous y jouez, sans l'intérêt que vous portez à toutes les questions qui touchent le Cameroun, l'Afrique, la France auraient quelque chose en moins. Vous apportez ce quelque chose de plus. Soyez-en remerciés.\
Je viens ici en ma qualité de Président de la République française et je tiens à dire à tous ceux qui se sont déplacés, comme aux autres, plus loin, quelques 17000 à 18000 Françaises et Français du Cameroun, l'importance que revêt pour moi ce type de rencontre.
- Il m'est très facile de dépasser les clivages traditionnels. Peu m'importe ce que pense tel ou tel d'entre vous, par-rapport aux aspects particuliers de la politique française. L'essentiel est de se retrouver dans les grandes directions, celles qui touchent au présent et à l'avenir de notre pays et de sa situation dans le monde. A ce -titre, vous êtes vous-mêmes de ceux qui ont les yeux plus ouverts sur les réalités mondiales, par expérience, sinon par vocation. J'imagine aussi que vous êtes assez nombreux à avoir tissé des liens familiaux avec des Camerounais, que vous avez réalisé dans votre vie une synthèse, que beaucoup portent dans l'esprit, par la culture, la connaissance de l'histoire, que beaucoup creusent à la fois toutes les matières de connaissances, comme d'autres creusent le sol pour en tirer ses richesses. Je vais rester avec vous pendant quelques moments et je m'efforcerai de parler au plus grand nombre d'entre vous. Vous êtes nombreux, ce ne sera pas facile d'aller très loin. Et cependant d'une parole, quelques mots rapidement échangés, il y a toujours beaucoup de leçons à retenir : simplement une approche, une compréhension, tout simplement parce que nos regards se sont croisés ou parce que l'on était ensemble pendant un moment utile.\
Merci d'être venus en cette circonstance jusqu'à moi par l'intermédiaire de notre ambassade, de madame et monsieur l'ambassadeur `Robert Mazeirac` que je remercie de leur accueil. Je suis accompagné de deux membres du gouvernement, M. le ministre des relations extérieures, M. Claude Cheysson, et M. le ministre de la coopération et du développement M. Christian Nucci, d'un certain nombre de hauts responsables de l'administration française, ainsi que de quelques-uns de mes collaborateurs, que certains d'entre vous connaissent parce qu'ils viennent souvent dans les pays d'Afrique.
- Maintenant, place aux échanges particuliers. Nous n'aurons pas souvent l'occasion de nous rencontrer de cette façon. J'en profite pour vous exprimer le plaisir que j'ai d'être avec vous, les souhaits que je forme pour votre devenir.
- J'ai évoqué quelques problèmes pratiques qui se posaient mais partout, je relève que celui des enfants passe d'abord, ce qui est bien normal. J'ai, par l'examen des dossiers, appris qu'il y avait des établissements scolaires importants, l'école Dominique Savio à Douala, un autre ici-même à Yaoundé. J'ai demandé à ceux qui m'accompagnent de m'apporter les informations utiles. Je sais que vous êtes très préoccupés que l'établissement scolaire de Douala puisse se développer, s'aménager. Je vous dis simplement qu'un élément de réponse est déjà fixé par le ministère compétent qui permettrait de participer à l'investissement, dans des conditions importantes : je crois à peu près le tiers de ce qui avait déjà été demandé, c'est-à-dire environ un million de francs. Je dis cela pour les parents qui se trouvent dans ce parc, devant cette ambassade et qui se font un légitime souci pour l'éducation qui, à l'étranger, pose souvent des problèmes.
- Quoiqu'il en soit et quelque question que vous me posiez, je suis de passage et un moment à votre disposition. D'autres restent, ils représentent la France. Je pense que vous pouvez compter sur eux.
- Et maintenant, nous allons écouter l'hymne de notre pays.\