15 novembre 1982 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration du salon international de l'alimentation, Paris, Porte de Versailles, lundi 15 novembre 1982.

A la fin de cette visite au Salon international de l'alimentation, j'ai pu constater la réussite grandissante de cette organisation.
- Trois mille exposants, dix-sept cents Français, treize cents étrangers, c'est précisément ce qu'il faut faire, c'est-à-dire organiser la confrontation, permettre de comparer et d'exciter l'imagination et l'intelligence sur la base de réalités de travail qui sont considérables.
- Quelles sont les observations qui me viennent à l'esprit à l'issue de cette visite ? D'abord sachant comme vous le savez sans doute que l'agro-alimentaire représente un facteur très important de l'économie française, puisque nous nous situons sur-ce-plan au deuxième rang, quant à l'exportation sur-le-plan mondial, après les Etats-Unis d'Amérique. C'est un ensemble d'industries qui repose sur l'agriculture et qui représente le deuxième secteur par l'importance après le bâtiment et les travaux publics. C'est un secteur qui dans beaucoup de domaines peut, si on le veut, et les professionnels le veulent, le gouvernement aussi, accomplir des progrès décisifs au-cours des prochaines années.\
Certaines conditions me paraissent nécessaires. Il faut produire pour consommer. Il faut produire ce que l'on consomme. Quand je vois arriver en France le soja qui alimente nos animaux et qui vient de l'extérieur de la Communauté `CEE`, à des conditions de facilités qui me paraissent excessives, ma première réponse est d'inviter nos producteurs à diffuser la production de produits parfaitement compétitifs. Je pense au colza, au tournesol, au lupin.
- Il faut produire ce que l'on consomme. Il faut produire aussi pour transformer. C'est là que se fait l'alliage remarquable constaté ici entre l'industrie et l'agriculture au point qu'il est difficile de distinguer le point où l'on cesse d'être agriculteur et où l'on commence d'être industriel. Je pense en-particulier à la viande et notamment à la viande porcine et à tout ce qui pourrait, au bénéfice de quelques hautes technologies parfaitement possibles et réalisables, accroître notre capacité pour la consommation intérieure et pour la consommation extérieure. Tout cela est à la portée de la main et lorsque je parle de la production porcine, je pense en-particulier à la transformation, aux salaisons. Produire pour consommer. Avoir du bon sens. Prenons un produit particulier, régional, qui a valeur nationale : le cassoulet. Quand j'apprends que les haricots qui servent à ce plat remarquable sont dans une forte proportion importés, alors que l'on produit beaucoup de haricots en France, mais peut-être pas exactement le haricot qui conviendrait à cette cuisine, je dis : "il y a quelque chose qui ne va pas".
- Produire pour consommer, produire pour transformer, produire pour vendre, en France, bien entendu, c'est notre marché intérieur. Pour vendre à l'extérieur, c'est la conquête des marchés internationaux. Et ici, j'ai pu constater à quel point étaient nombreux, les femmes, les hommes ardents à conquérir, et cela servira tout simplement la France. Une condition nécessaire, c'est la capacité de recherche et d'innovation. J'ai observé à quel point on désire la recherche ici, combien les esprits sont tournés vers ce progrès nécessaire. Peut-être faudrait-il faire un effort de coordination entre le public et le privé ? Il y a trop d'efforts dispersés et dans un certain nombre de domaines de l'agro-alimentaire, un certain retard dans l'évolution de la recherche. Le gouvernement a accru considérablement les moyens de la recherche en France, il faut que ces moyens se reportent d'une façon particulière sur l'agro-alimentaire.
- Voilà mes premières constatations qui sont faites sous la rubrique générale de la satisfaction que j'éprouve à rencontrer tant de professionnels volontaires et compétents.
- Je vous remercie.\