22 octobre 1982 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion du déjeuner offert en l'honneur de M. Karl Carstens et de M. Helmut Kohl au château d'Ernich, Bonn, vendredi 22 octobre 1982.

Monsieur le président de la République fédérale,
- Monsieur le chancelier,
- Messieurs, Je salue d'abord votre présence, monsieur le président de la République fédérale. Je sais combien votre rôle dans le fonctionnement des institutions et la vie politique de votre pays, est important, comment vous l'exercez entouré de l'estime générale de vos concitoyens.
- Je vous salue aussi monsieur le chancelier, qui pour la première fois venez en cette qualité dans cette maison, située comme chacun ici le sait sur le territoire du Rhénanie-Palatinat dont vous avez été pendant plusieurs années le ministre-président. Vous devez vous sentir chez vous sur ce petit bout de terre française.
- J'ai déjà pu, monsieur le président, vous rencontrer et vous connaître lors de précédents voyages en Allemagne ou à l'extérieur, nous avons pu suffisamment échanger nos vues pour que déjà notre appréciation et notre démarche soient compréhensibles et qu'elles aient permis de créer des liens de sympathie qui nous autorisent à parler ou à continuer de parler comme nous le faisons, c'est-à-dire en confiance, premiers responsables que nous sommes, du devenir de nos peuples.
- Je vous salue aussi, messieurs les membres du gouvernement fédéral, certains d'entre vous ont exercé des responsabilités importantes qui nous ont permis de les connaître £ d'autres, bien que nouveaux, ne sont pas le plus souvent des inconnus en France, soit au-titre de leurs responsabilités régionales, soit au-titre de leurs activités à l'échelon fédéral ou sur-le-plan des assemblées internationales. Les liens se sont créés, les années ont passé, ceux qui sont ici ont déjà oeuvré selon les circonstances pour l'établissement de relations fécondes entre nous. Nous n'avons pas besoin de nous expliquer à-partir de zéro, nous sommes déjà à une échelle élevée des relations franco - allemandes, cela est déjà plus commode, d'un sommet, pour observer l'horizon.
- J'ai personnellement beaucoup apprécié, monsieur le chancelier, au-cours de ces consultations qui ont suivi votre venue à Paris, le ton élevé que vous avez adopté. Vous avez par votre simplicité et votre naturel, touché bien au-delà des Palais officiels, les sentiments du peuple français.\
Cette fois-ci nous avons pu nous saisir du fond des dossiers et observer. Aux relations de travail, se sont ajoutées les relations personnelles qui prouvent que la continuité sans faille des relations franco - allemandes repose désormais sur un ensemble, sur un tissu de circonstances qu'il sera bien difficile d'inverser. Si quelqu'un y songe jamais, il trouverait devant lui toute une histoire, bientôt l'histoire d'un demi-siècle, une histoire elle-même issue, sans doute, de temps troublés et difficiles, de combats et de guerres. Mais au-delà encore de ces événements de naguère, nous retrouvons un terreau fécond et commun qui est tout simplement celui de notre civilisation. On l'oublie trop souvent et c'est pourtant l'essentiel. Je ne veux pas en cette heure-ci évoquer dans le détail les questions traitées en d'autres lieux. J'insisterai seulement sur le fait que nous avons pu aborder comme il fallait le faire l'ensemble des relations du monde, de l'Est et de l'Ouest. Nous en sommes partie prenante, et quelle partie prenante ! Quand la France et l'Allemagne parlent d'une même voix, impossible de ne pas les entendre. Au-sein de la Communauté `CEE` nous avons à débrouiller beaucoup de problèmes complexes £ mais notre démarche continue d'être assurée au -plan de nos relations bilatérales avec cette innovation : nous avons pu parler carrément d'un certain nombre de problèmes militaires ce qui n'a pas changé la -nature des données fondamentales issues de ces quarante dernières années, mais qui nous a fait accomplir un pas en avant dans la connaissance de nos problèmes et dans la garantie de notre sécurité.\
Dans quelques mois, novembre, décembre, janvier, trois mois, nous nous retrouverons pour célébrer le 20ème anniversaire du traité de l'Elysée. J'aurai l'honneur de recevoir M. le chancelier, de revenir vous voir monsieur le président. Ce sera une journée riche, qui déjà construira les souvenirs futurs pour les générations qui nous suivront et qui nous permettra de marquer une nouvelle étape, un point important, donc une amitié, une coopération et une alliance, qui servent de relais fondamental pour le développement de la Communauté en Europe et de la paix dans le monde.
- Vous nous avez beaucoup honoré, monsieur le président, en acceptant cette invitation. Vous y avez ajouté comme toujours un élément de sympathie personnelle pour mon pays que vous connaissez bien, pour notre langue que vous pratiquez. Votre façon d'être dans votre pays, donne une tonalité particulière qui nous permet de sortir un peu des filets du protocole.
- Je crois qu'au-delà de notre présence traditionnelle autour de cette table, il y a la volonté commune de franchir une nouvelle étape qui ne serait pas réalisable sans que nous soyions capables de découvrir des raisons nouvelles de fonder une amitié durable.
- Monsieur le président, monsieur le chancelier, et vous messieurs, merci encore, je lève mon verre à votre santé.
- A votre santé, monsieur le président. Je n'oublie pas Mme Carstens. Vous voudrez bien lui transmettre, ainsi qu'à votre famille, les voeux que je forme pour vous, dans votre vie privée, dans votre vie publique, dans vos responsabilités présentes £ quant aux voeux que je forme pour vous monsieur le chancelier, je crois qu'il est plus simple de dire que je les adresse au peuple allemand que vous représentez tous ici.\