18 octobre 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Toast prononcé par M. François Mitterrand, Président de la République, à l'issue du déjeuner offert à M. et Mme Reagan à bord de la frégate De Grasse, près de Yorktown en Virginie, dimanche 18 octobre 1981

Monsieur le président,
- Madame,
- Chers amis,
- Il est rare de pouvoir vivre des moments historiques dans un tel -cadre. C'est pourtant ce qu'il vient de nous arriver en ce beau dimanche de l'amitié franco - américaine.
- Le protocole centenaire de notre marine, quand elle reçoit des hôtes illustres, ces vivats cadencés, ces coups de sifflet des quartier-maîtres rappelant les temps glorieux de la marine à voile, tous ces soldats de la mer alignés pour vous accueillir le plus dignement possible, monsieur le président, sur quelques mètres carrés de terre française, tout ceci aboutit à cette salle à manger du De Grasse où nous venons d'être les convives de quelques-uns des meilleurs officiers français.
- Je resterai aujourd'hui, si vous le voulez bien, dans ce ton d'intimité qui m'a permis, monsieur le président, de mieux vous connaître et d'apprécier l'humour de votre conversation, vos anecdotes et l'humeur allègre avec laquelle vous supportez l'un des plus lourds fardeaux qui soient : celui de la direction du grand peuple américain.
- Notre connaissance mutuelle approfondie nous aidera, j'en suis sûr, à franchir les inévitables moments difficiles des discussions politiques entre deux hommes venus d'horizons différents jusqu'à la responsabilité suprême.
- Nous ne nous convaincrons pas toujours mutuellement, mais nous sommes sûrs d'éclairer nos différences, et nous venons de voir que notre champ de convergences est large, au rude soleil de la franchise. Je crois en la vôtre. Vous pourrez toujours compter sur la mienne, puisque la franchise est un dû obligatoire de l'amitié.
- Dois-je vous dire également, monsieur le président, que ma femme et moi-même, ainsi que tous ceux qui sont présents ici, avons été frappés de vous voir témoigner de l'une des vertus les plus rares et pourtant les plus nécessaires à l'homme d'Etat : le courage de celui qui vient déjà de payer chèrement de son sang son engagement total au service de son pays. C'est donc avec une émotion sincère et une grande joie de vous avoir trouvé, comme nous disons, en si bonne forme, que je lève mon verre à votre santé, monsieur le président, au sourire généreux de madame REAGAN et à la prospérité du noble peuple américain.\