31 mars 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur la politique de la ville, à Sarcelles le 31 mars 2017.


Monsieur le député maire, cher François PUPPONI,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs les parents,
Mesdames, Messieurs les enseignants, les personnels de cette école,
Mesdames, Messieurs, jeunes citoyens qui êtes là en formation, en devenir, vous les enfants,

Nous sommes rassemblés dans un des plus beaux lieux de la République, une école et une belle école. J'allais dire une grande école, celle qui élève, celle qui construit, celle qui donne de la fierté, de la confiance et qui permet aux parents quand ils déposent leur enfant de savoir qu'il est en de bonnes mains. Une école qui permet aux enfants d'être heureux en apprenant, une école qui permet aux enseignants d'être fiers de leurs métiers, et aux personnels qui les accompagnent, de sentir qu'ils sont utiles à la République.
Alors voilà les raisons qui justifient ma présence ici à Sarcelles, parce que c'est Sarcelles et c'est une ville qui compte dans l'histoire de la République, parce que c'est une ville qui a toujours accueilli, accueilli toutes les personnes qui parfois étaient chassées, étaient pourchassées, étaient persécutées et qui cherchaient un lieu où ils savaient qu'ils pourraient être acceptés, accueillis et en même temps qu'ils pourraient y faire leur vie.
Sarcelles, des générations et des générations, vous tous les représentez ici, des générations venues d'Afrique, d'Asie, de l'Outre-mer, qui vivent ensemble parce que Sarcelles, c'est aussi ce message : tous ceux qui peuvent être différents sont semblables parce qu'ils portent la même histoire, la même ambition qui est celle de la France.
Je voulais aussi venir à Sarcelles parce que c'est vous, François PUPPONI, qui en êtes le maire et je sais combien vous vous êtes investi dans les écoles de votre ville avec le conseil municipal, puisque vous avez réhabilité toutes les écoles et les écoles que vous n'avez pas réhabilitées, vous les avez démolies et vous en avez créé de nouvelles comme ici. Le maire n'a pas voulu me montrer ce qu'était l'école avant parce qu'il était charitable.
François PUPPONI, maire de Sarcelles : On la voit au fond là-bas.
LE PRESIDENT : Des préfabriqués ou ce qu'il en reste, mais il n'avait pas besoin de me montrer ce qu'était l'école avant, il voulait me montrer ce qu'est l'école aujourd'hui et ce qu'elle sera encore demain. C'est un projet qui est le plus beau qui soit pour une ville que de bâtir des écoles, de les rénover pour offrir des chances à tous les enfants.
J'avais une troisième raison de venir ici à Sarcelles parce que François PUPPONI est le président d'un organisme qui s'appelle l'ANRU, cela ne dit rien à personne, mais l'ANRU apporte beaucoup à tout le monde et c'est grâce à son impulsion, grâce à tout ce qu'il a pu récupérer comme crédits, comme engagements financiers et ce n'est pas facile parce que dans l'état, il y en a qui gardent les crédits pour eux-mêmes. Je ne sais pas d'ailleurs ce qu'ils en font, rien de mal, ne vous inquiétez de rien, mais qui pensent qu'il ne faut pas dépenser. Or, lorsque les élus votent des budgets, lorsque le Président de la République s'engage pour des priorités, il faut ensuite que les crédits soient libérés.
Pour cela, il a fallu que François PUPPONI s'engage de deux façons : d'abord comme président de l'ANRU, cet organisme qui a permis par exemple sur cette école d'aller chercher 8 millions d'euros pour que cela coûte moins à la ville de Sarcelles et que cela puisse être un lieu qui est le plus beau qu'il soit car c'est une uvre architecturale ici. Les enfants ont le droit à la beauté, de savoir qu'ils sont dans une école où plus tard ils diraient « je suis passé par cette école, regarde comme elle est belle, mon école ». Alors, il est allé aussi chercher des crédits de la politique de la ville parce que j'ai voulu que les villes qui connaissent les populations les plus modestes soient encore davantage aidées par rapport aux autres. Ce n'est pas facile la justice, parce que chacun pense qu'il n'a pas à donner pour les autres et qu'il connaît une situation qui ne justifie pas de faire des sacrifices.
Pourtant, il y a des inégalités dans notre pays, il faut les réduire et donc il est légitime que ce soit les villes qui sont les plus fragiles avec les populations qui sont souvent les plus jeunes qui bénéficient du soutien de l'Etat plus que d'autres villes qui sont favorisées et notamment fiscalement.
Toutes les raisons m'ont conduit jusqu'ici à Sarcelles. Mais, je dois dire que je pensais simplement inaugurer une école, une belle école mais c'est bien plus qu'une belle école qui m'a été présentée. C'est plein de projets, plein de démarches éducatives. On appelle cela la réussite éducative. C'est un programme que nous avons ajouté à tout ce que fait l'Education nationale pour que dans ces écoles des quartiers populaires, on puisse amener tous les élèves vers la réussite.
Je veux féliciter tous ces enseignants, enseignants des RASED cela devait disparaître en 2012 et cela a été non seulement prolongé mais amplifié enseignants qui s'occupent des jeunes les plus en difficulté, enseignants qui ont des projets artistiques, des projets citoyens. Quand j'entends des élèves qui, venant de tous les pays du monde, arrivent à faire une uvre, une fresque qui montre ce qui nous rassemble tous, la liberté : l'égalité, la justice et puis d'autres qui ont regardé ce que pouvait être leurs origines à travers l'esclavage, sujet douloureux, et qui les a rassemblés, qui ne les a pas opposés, qui les a grandis et puis d'autres encore qui ont chanté « La Marseillaise » comme s'ils étaient sur un terrain de football au Stade de France parce que c'était justement par le football qu'ils sont venus à la citoyenneté.
Voilà, ce que peut faire une école, à la fois transmettre le savoir, c'est indispensable et en même temps, élever les enfants et le faire avec les parents parce que les parents doivent être associés au projet de l'école. Voilà toutes les raisons qui nous rendent fiers. Je pense bien sûr à la municipalité de Sarcelles, je pense à tous les personnels de l'Education nationale mais je pense aussi à tous les parlementaires qui ont voté des textes, sénateurs, députés qui se rendent compte de ce que vous en avez fait.
Et puis enfin, le Président de la République qui est fier de vous, qui est fier de ce qui se fait dans cette école, comme dans cette ville et qui se pose toujours la même question : est-ce que nous avons tenu nos engagements ? Oui, mais il ne suffit pas de tenir ses engagements. Il faut que nous puissions donner un espoir et pour ces jeunes, l'espoir, c'est l'école, c'est l'école de la République. Pour les parents, l'espoir, c'est l'enseignement, c'est l'éducation, c'est le savoir et c'est la possibilité de trouver demain un emploi.
Au terme de mon mandat, je regarde ce qui a été fait et je n'ai pas plus grande fierté que de savoir que l'école a été la priorité.
Alors je vous dis : vive Sarcelles, vive la République, vive la France et vive les enfants.