29 mars 2017 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations franco-indonésiennes, à Jakarta le 29 mars 2017.


Monsieur le Président, je vous remercie au nom de ma délégation pour l'accueil que vous nous réservez aujourd'hui en Indonésie et qui montre bien l'importance de notre relation. Quand on parle de l'Indonésie, les chiffres impressionnent, plus de 270 millions d'habitants, un archipel de 5.000 kilomètres de long, qui compte 17.000 îles, même si toutes ne sont pas peuplées. A elles seules, ces statistiques montrent l'importance des défis que vous avez à relever, à commencer par les questions de transport, de logistique, d'aménagement et de développement. Je sais que ce sont vos priorités.
La France et l'Indonésie ont de nombreux points en commun, d'abord, des valeurs, que nous partageons, notamment la démocratie, mais également notre volonté d'indépendance. Le souci, qui est le nôtre, est de prendre nos responsabilités pour l'avenir de la planète, à commencer par la lutte contre le réchauffement climatique, et au moment où il y a certaines déclarations qui viendraient à remettre en cause l'accord de Paris, il est très important que nous puissions réaffirmer ici nos engagements.
Je veux également souligner le rôle de l'Indonésie pour les opérations de maintien de la paix, l'Indonésie est parmi les dix plus grands contributeurs avec plus de 3.000 casques bleus. Vous êtes également soucieux d'assurer le dialogue des civilisations, et si l'on rappelle que vous êtes le plus grand pays musulman, vous nous répondez que vous avez porté, par les principes constitutionnels du Pancasila, les règles de neutralité religieuse qui demeurent un modèle.
Cette visite, je l'ai évoqué, est la deuxième d'un chef d'Etat français en Indonésie, et elle intervient trente ans après celle de François MITTERRAND. Depuis, nous sommes liés par un partenariat stratégique, qui a été signé en 2011. Nous avons décidé de lui donner de nouvelles dimensions, avec des accords nombreux, qui ont été conclus, en matière de défense, de développement urbain, de recherche, d'enseignement supérieur, et de tourisme.
Nous avons néanmoins voulu identifier deux sujets majeurs, le domaine maritime, que nous considérons comme essentiel, à la fois pour la valorisation des ressources, mais aussi pour la sécurité des domaines maritimes de la France, comme de l'Indonésie. Je rappelle que la France a le deuxième espace maritime au monde, puis, le second domaine, c'est celui de la culture, de l'économie créative, des industries culturelles, du cinéma, là encore, nous avons signé des accords importants pour que nous puissions accompagner nos institutions respectives vers la promotion de la création, aussi bien en France qu'en Indonésie, partout dans le monde, parce que nous sommes pour la diversité culturelle.
L'Indonésie est également membre fondateur de l'ASEAN, c'est ici d'ailleurs que cette organisation a son siège, et au moment où nous nous interrogeons sur l'avenir de l'Union européenne, puisque, aujourd'hui même, le Royaume-Uni vient de signifier son départ, à travers l'utilisation d'un article du traité, je veux confirmer que l'Europe ira de l'avant, marquera sa cohésion et voudra encore davantage s'ouvrir vers le monde, notamment vers l'Asie du sud-est, en particulier vers l'Indonésie, parce que nous pensons que le commerce, les investissements contribuent à améliorer les relations, et surtout, à favoriser la croissance, c'est pourquoi nous écartons le protectionnisme, l'isolationnisme et le nationalisme.
Enfin, je veux souligner que la France est fière d'accueillir des étudiants indonésiens, pas assez encore, mais nous avons la vocation, à travers, ici, cette délégation qui comporte des présidents d'universités, d'accueillir davantage encore de vos étudiants et de vos chercheurs, parce que nous considérons, là aussi, que nous avons beaucoup à apporter à chacun de nos pays, à travers ces échanges scientifiques et universitaires.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, nos deux pays ont été frappés ces dernières années par des attentats terroristes, perpétrés au nom d'une conception dévoyée de l'islam. En France, comme en Indonésie, nous avons bien compris que ce qui était visé, c'était nos libertés, notre démocratie, notre façon de vivre. Ces épreuves nous ont rapprochés. Nous sommes décidés, non seulement à combattre les terroristes et la haine que ceux-ci cherchent à installer dans nos sociétés, mais aussi à lutter contre tout ce qui est exacerbation des peurs et stigmatisation et racisme.
La France est le pays d'Europe qui compte le plus grand nombre de musulmans, ils savent qu'ils pourront toujours y trouver la liberté religieuse, mais dans le respect des lois de la République, et j'ai cité l'exemple indonésien pour la vie en commun.
Voilà pourquoi je voulais venir ici, en Indonésie, pour saluer l'étroitesse de notre relation, l'ampleur de la coopération que nous voulons aujourd'hui relancer, et souligner combien ce partenariat stratégique porte sur l'essentiel, c'est la raison pour laquelle j'ai grand plaisir à lever mon verre pour le président de l'Indonésie et pour l'amitié entre nos deux pays.