8 mars 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations entre la France et l'Arménie, à Paris le 8 mars 2017.


Mesdames, Messieurs,
Je reçois avec beaucoup de plaisir Serge SARKISSIAN, le Président de la République d'Arménie. Il est déjà venu plusieurs fois ici à l'Elysée.
Mais cette visite aujourd'hui prend un caractère particulièrement symbolique, puisque c'est le 25ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et l'Arménie, au-delà de cette Journée internationale des droits des femmes. Je sais qu'en Arménie, c'est un jour férié. Donc, c'est dire l'importance qu'attache l'Arménie à la défense des droits des femmes.
Cette visite est l'occasion de rappeler la force de la relation bilatérale entre la France et l'Arménie qui est une amitié, une amitié partagée, une amitié qui est pour une part renforcée par la présence ici, en France, de concitoyens d'origine arménienne. Mais également partagée parce que nous avons reconnu le génocide, il y a déjà bien longtemps. Pour nous, c'était l'affirmation de ce que la communauté internationale ne pourra jamais accepter, c'est-à-dire la destruction d'un peuple parce qu'il est un peuple décidé, désigné à la vindicte d'un pays ou d'un autre peuple.
Mais nous avons toujours conçu cette reconnaissance du génocide arménien comme une façon de faire la paix, la paix des mémoires, mais aussi la paix entre les pays. Nous avons toujours voulu inscrire la reconnaissance du génocide arménien dans un processus plus global où nous nous intéressons, hélas, à tous les crimes qui peuvent être commis, les crimes contre l'Humanité, les crimes de guerre. C'est pourquoi nous avions voulu qu'il y ait même un texte qui puisse être voté et qui puisse punir tous ceux qui nient l'existence d'un génocide ou d'un crime contre l'Humanité.
Nous avons voulu aussi partager cette amitié parce qu'il y a des relations qui ont pris, avec l'indépendance de l'Arménie, un développement important, notamment sur le plan économique, puisque de nombreuses entreprises françaises sont venues investir en Arménie dans des domaines très différents comme l'agroalimentaire, le tourisme, la téléphonie, la distribution. Mais nous pensons que nous pouvons encore faire davantage.
C'est la raison pour laquelle le Président SARKISSIAN a eu des entretiens avec le MEDEF et il y aura encore ce soir, lors du dîner d'Etat, des contacts qui seront établis pour favoriser les investissements. D'autant plus que l'Arménie a des relations importantes avec ses voisins, je pense à la Russie, avec l'Iran, avec la Russie, puisque l'Arménie est membre de l'Union Eurasiatique et peut donc avoir des relations commerciales étroites avec les pays qui sont membres de cette Union. De la même manière que l'Arménie est liée à l'Europe et est en négociations encore aujourd'hui pour un accord.
Nous avons aussi évoqué les liens universitaires et culturels, et des accords importants ont été signés. Il existe une Université française en Arménie, elle est enrichie par des accords multiples qui ont été passés encore aujourd'hui avec des établissements de recherche et avec des centres universitaires de grand prestige en France et qui peuvent mettre à disposition de l'Arménie tous les talents, comme nous voulons recevoir encore davantage d'étudiants arméniens.
Il y a aussi le lien linguistique puisque je rappelle que l'Arménie est membre de l'Organisation internationale de la Francophonie et va d'ailleurs accueillir le Sommet de la Francophonie en 2018. C'est, je crois, une grande responsabilité qu'a voulu exercer l'Arménie dans cette période.
Nous avons le voulu aussi évoquer nos relations politiques et faire en sorte que la France puisse être utile, notamment pour le règlement du conflit du Haut-Karabagh. La France est coprésidente du Groupe de Minsk, avec les Etats-Unis et avec la Russie. Nous voulons travailler à trouver des solutions. D'abord, éviter que ne se reproduisent les incidents graves qui ont éclaté ces dernières semaines et ces derniers mois, avoir des mécanismes qui puissent assurer la vérification, de manière à ce que puissions prévenir, voire même sanctionner les actions qui pourraient être contraires à la paix.
Puis, aussi de trouver la solution politique. La France a, une nouvelle fois, montré sa disponibilité pour, avec l'Azerbaïdjan et l'Arménie et bien sûr les autres coprésidents du Groupe de Minsk, arriver à la solution durable, nécessaire, pour qu'il y ait enfin la fin de ce conflit.
Je voulais dire aussi que la visite du Président SARKISSIAN est particulièrement attendue, qu'il va être particulièrement bien accueilli, non seulement à Paris, mais aussi à Lyon, où il existe beaucoup de liens entre cette région et l'Arménie. Car, il faut savoir qu'il y a une coopération décentralisée très intense entre beaucoup de collectivités françaises et leurs homologues en Arménie.
Je veux terminer en évoquant le souvenir qui a été le mien, qui a été un extrêmement fort et qui était très émouvant, lorsque que je l'ai vécu. C'était pour l'anniversaire, le centenaire de ce drame terrible qu'a été le génocide arménien. J'étais à Erevan et j'ai ainsi, par ma présence, confirmé que la France continuerait sa lutte pour la reconnaissance.