28 juin 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Interview de M. François Hollande, Président de la République, sur la décision des Britanniques de quiter l'Union européenne et la poursuite de la construction européenne, à Bruxelles le 28 juin 2016.

LE PRESIDENT : Les Britanniques ont fait un choix. A une large majorité, ils ont voulu sortir de l'Union européenne. Il faut en tirer toutes les conclusions, même si je regrette ce choix. Mais je veux le respecter. Donc, la première conclusion, c'est qu'il faut engager le plus vite possible la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et ensuite les négociations qui suivront.
Alors, quels moyens pouvons-nous déployer pour y parvenir ? Le premier moyen, c'est la conviction, je n'imagine pas un Gouvernement britannique, quel qu'il soit, ne pas respecter le choix de son propre peuple.
Ensuite, l'Europe a fait savoir qu'il fallait maintenant, le plus rapidement possible, que le Royaume-Uni dépose sa notification pour sortir de l'Union européenne, de manière à ce que nous puissions organiser sereinement les choses, dans l'intérêt du Royaume-Uni, sans doute, dans l'intérêt de l'Europe surtout.
Ensuite, nous avons aussi, en tant qu'Européens, à tirer un certain nombre de conclusions. Une nouvelle impulsion est nécessaire pour protéger nos frontières, investir davantage, nous tourner vers la jeunesse et organiser de manière plus démocratique la Zone Euro, de manière aussi à ce qu'elle puisse harmoniser les politiques fiscales et sociales.
Voilà ce que je vais défendre au Conseil européen et la position de la France je n'en doute pas sera la position qui sera retenue au niveau de l'Union européenne. Nous avons commencé à en discuter hier avec madame MERKEL et avec monsieur RENZI pour l'Italie. Je suis tout à fait confiant dans l'idée qu'il n'y a pas de temps à perdre.
Parce qu'aujourd'hui, tout le monde nous regarde. Vous êtes là, nombreux, pas simplement des Européens, aussi des représentants de la presse internationale. Tout le monde a les yeux tournés vers l'Europe, l'Europe doit prendre ses responsabilités. Elle est suffisamment forte pour agir et pour agir dans son propre intérêt.
Journaliste : Est-ce un jour historique ?
LE PRESIDENT : C'est un jour historique parce que nous devons, ici, admettre qu'un pays, en l'occurrence le Royaume-Uni, a décidé de sortir de l'Union européenne. Je sais que c'est douloureux. C'est douloureux notamment au Royaume-Uni, y compris même pour des électeurs qui ont pu voter pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Mais lorsque le peuple vote, où que ce soit, dans la démocratie, il faut respecter les choix et respecter le suffrage universel.
C'est un jour historique, mais en même temps, c'est aussi pour l'Europe l'histoire qui continue. L'Europe ne s'arrête pas. Pour le Royaume-Uni, l'histoire s'arrête avec l'Union européenne. Mais pour l'Europe, l'histoire continue. Beaucoup de peuples se posent la même question : Qu'est-ce que l'on ferait si on était confrontés à ce choix ? En regardant la situation du Royaume-Uni aujourd'hui même si je souhaite que les choses puissent trouver leur solution, notamment dans les discussions et les négociations qui vont s'engager pour la sortie mais quand même, on se dit que l'Europe, si on sait bien la mener, si on sait bien la diriger, est une chance de plus pour les peuples qui la constituent.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juin 2016