23 mars 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur le rôle du Centre Léon Bérard dans le traitement des enfants touchés par le cancer, à Lyon le 23 mars 2016.


Mesdames, Messieurs,
Je veux vous dire le sens de ma présence ici avec le Président ZUMA. Le Président ZUMA et moi-même sommes engagés dans un combat qui est celui de permettre l'accès de tous aux thérapies les plus innovantes et de faire en sorte que partout dans le monde, le prix des médicaments puisse être maîtrisé, régulé, pour que les personnes malades puissent être traitées avec dignité et aussi espoir.
A l'occasion de sa visite à Lyon - puisque nous allons avoir une conférence internationale sur ce sujet - le professeur BERGERON a bien voulu que nous puissions venir ici, au Centre qui regroupe tout ce qui est pédiatrique à Lyon, avec les Hospices Civils, avec le Centre Léon Bérard. Nous sommes conscients qu'ici, nous sommes à la pointe de ce que la technologie et l'humanité sont capables de faire ensemble. Car on peut avoir les meilleures technologies, on peut avoir les meilleurs praticiens, s'il n'y a pas l'humanité de celles et ceux qui permettent, notamment pour les enfants, de les accompagner, alors nous ne pouvons pas atteindre de résultats.
Ici, vous avez des résultats exceptionnels, extraordinaires. C'est pourquoi ce Centre devrait s'appeler le Centre de l'espoir. Parce que vous donnez de l'espoir à tous ceux qui peuvent se trouver malades et je pense à ces 2 500 enfants qui, chaque année en France, sont diagnostiqués d'un cancer. Ces enfants ne sont pas tous accueillis ici, mais une bonne part l'est, puisqu'à peu près 400 à 500 enfants sont ici accompagnés, suivis, accueillis.
Je veux saluer tous les personnels, à tous les niveaux et je le fais devant la ministre de la Santé, devant le secrétaire d'état au développement et francophonie. Je pense que la ministre de la Santé peut être fière qu'il y ait ici un Centre de cette qualité et des personnels avec ce dévouement. Pourquoi ce Centre est extraordinaire et exceptionnel ? D'abord parce que les soins qui y sont délivrés sont de très haute qualité. Ensuite, parce qu'il y a une recherche qui est menée dans ce qu'on appelle un Centre, le CLIP2. Tout ce qui peut être fait pour améliorer encore nos informations, permettre d'aller plus loin dans le diagnostic et dans le traitement est fait ici.
Vous faites aussi en sorte de pouvoir accompagner les enfants tout au long de leur présence dans ce Centre. J'ai pu visiter une école oui, une école à plusieurs niveaux - qui permet de donner aux enfants les connaissances, sans qu'ils puissent être privés de ce parcours scolaire pendant la période où ils sont hospitalisés ici. Il y a aussi des activités culturelles, des activités associatives et je remercie les personnels et les bénévoles qui s'y dévouent, parce que des associations se sont mobilisées.
Ce Centre est extraordinaire aussi parce que les parents peuvent y être accueillis et c'est très important pour les parents. Tout à l'heure, je suis allé rendre visite à une enfant qui était en fin de traitement. Je crois qu'elle est en phase de guérison. Sa mère nous exprimait tout le bonheur - je dis bien le bonheur - qui a été le sien d'être ici accompagnée en lien permanent avec son enfant. On sait bien que l'affection, l'attention que l'on porte à l'enfant, à son enfant, va être un élément aussi déterminant pour la guérison.
Il y a également la médecine. Parce que pour guérir, il faut de la médecine et il faut des thérapies très innovantes. Cela fait partie du Plan Cancer que j'ai voulu mettre en uvre : le troisième Plan Cancer développe ce qu'on appelle la médecine personnalisée. C'est-à-dire une médecine adaptée à chacun, en l'occurrence ici à chaque enfant.
A côté du CLIP2 qui permet aux enfants de bénéficier des nouveaux traitements, il y a le programme AcSé : en cas d'échec, de rechute, une analyse du génome de la tumeur est faite. Elle permet un traitement ciblé. Ne m'en demandez pas trop : être Président ne signifie pas être médecin. Je fais en sorte de guérir un certain nombre de situations, mais il faut que chacun reste à sa place, c'est très important pour que le pays aille le mieux possible. Ce que je sais, ce que j'ai voulu, c'est que ce séquençage puisse permettre de mettre en uvre un traitement adapté à chaque enfant.
Tout cela coûte cher et c'est le sens du combat que nous menons. Faire qu'il n'y ait pas d'obstacles, qu'on ne puisse pas dire à une famille et à un enfant : « Ce n'est pas possible pour vous parce que c'est trop cher ». Nous sommes dans une grande démocratie, l'Afrique du Sud est aussi une grande démocratie. Chacun a en mémoire les combats qui ont été menés pour l'égalité avec Nelson MANDELA, poursuivis aujourd'hui par le Président ZUMA. Dans une démocratie, il ne peut pas être dit à une personne, quel que soit son niveau de revenus, ses origines, son parcours : « vous ne pourrez pas être soigné et guéri parce que c'est trop cher ». Nous devons agir au plan international et c'est ce que nous allons faire.
Dernier mot, parce que je l'ai voulu aussi avec la ministre de la Santé, c'est permettre que l'enfant puisse avoir le droit à l'oubli et qu'au cours de son développement, de sa vie d'adolescent, puis après durant sa vie d'adulte, que personne ne puisse lui rappeler qu'il a été malade. Que personne ne puisse empêcher qu'il puisse accéder à un emploi, à une activité quelconque, à un logement, parce qu'il aurait été malade. Nous avons introduit dans la loi ce que l'on appelle le droit à l'oubli. Pour un enfant, au bout de cinq ans, une fois qu'il a été guéri, il ne restera plus de trace de ce qu'il a pu vivre et de ce qu'il a pu surmonter. Il sera et c'est bien légitime, un citoyen comme les autres, avec les mêmes droits et avec les mêmes devoirs.
Voilà le sens de ma visite. Finalement, avec le Président ZUMA, il n'y avait qu'une raison d'être là : c'était de vous remercier, vous tous, qui vous dévouez, parce qu'il n'y a pas de plus beau regard que le regard d'un enfant qui va guérir grâce à vous. Merci.