22 février 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur l'île de Futuna, à Futuna le 22 février 2016.


Messieurs les membres de la grande chefferie d'Alo,
Monsieur le président de l'assemblée territoriale,
Monsieur le député,
Monsieur le sénateur,
Monsieur le conseiller économique,
Mesdames, messieurs qui représentez ici Futuna,
Je veux vous remercier pour l'accueil que vous me réservez, pour cette cérémonie, pour ce rassemblement où je sens ici une émotion : celle de recevoir le Président de la République française.
C'est la première fois dans notre Histoire, celle qui nous unit depuis 1959, que le Président de la République française vient à Futuna, le territoire le plus lointain de l'hexagone. Futuna est au bout du monde, au bout de la France mais grâce à Futuna, la France est pleinement dans le monde.
Vous êtes ici en France et je viens ici dans mon pays. Vous êtes attachés à la République Française. Vous l'avez voulu, vos ancêtres l'ont décidé et vous le manifestez de multiples façons. Par votre engagement pour l'idéal que nous portons, par la solidarité que vous manifestez lorsque la France tout entière est blessée par des attaques venant de l'extérieur et qui vous touchent au cur. Vous êtes aussi, grâce à vos fils engagés dans notre armée, les plus présents dans l'ensemble des opérations extérieures ou même intérieures que j'ai décidées comme Président de la République.
Vous êtes aussi l'expression de la diversité française. Nous sommes un pays sans doute unique au monde puisque nous sommes présents dans tous les continents de notre planète. Nous sommes un pays-monde, voisin avec tous les autres et capable de porter un message de paix. Vous portez, vous, une culture que vos traditions rappellent et c'est la raison pour laquelle je voulais ici venir à Alo pour saluer les institutions coutumières qui contribuent à la cohésion de votre territoire.
La République, depuis cette loi de 1961, veut reconnaître justement cette particularité de Wallis et de Futuna d'avoir à la fois une assemblée territoriale élue, un député, un sénateur, un conseiller économique et en même temps, d'avoir des institutions coutumières.
Je mesure ici ce que représente ma venue. A la fois comme considération par rapport à votre territoire et en même temps, l'attente que vous avez vis-à-vis de la République. Vous l'avez dit, vous avez la caractéristique d'une île et donc vous avez à la fois la fierté d'être un territoire et, en même temps, vous êtes isolés. Vous avez donc besoin de la solidarité de l'Etat. C'est le sens de ma présence ici. Vous dire que l'Etat, que la République sont à vos côtés et vous soutiennent.
Devant la ministre des Outre-mer, qui est attentive à votre situation, je veux ici faire un certain nombre d'annonces qui correspondent à autant d'engagements. D'abord, vos ressources financières et notamment vos villages. Je rappelle que les contrats de villages sont essentiels pour la vie de Futuna. Les crédits seront donc portés au niveau de 2014 et seront sanctuarisés.
En ce qui concerne la santé, qui est ici un sujet sensible, je veux rappeler ma décision d'installer à Futuna un centre de dialyse pour éviter que les malades n'aient à se transporter à Wallis plusieurs fois par semaine ou soient même obligés d'aller vivre à Wallis. Il y aura donc ce centre de dialyse.
Mais vous m'avez parlé de la desserte aérienne et maritime. C'est un sujet particulièrement sensible car il n'y a pas de développement possible s'il n'y a pas de liaison. C'est la raison pour laquelle, au-delà de ce qu'on pourra faire pour la desserte maritime, je veux insister sur la desserte aérienne.
Un appel à candidature sera lancé en vue de la mise en place, à partir de 2018, d'une desserte pour des appareils de plus grande capacité et orientée vers Wallis et vers Fidji. Ce qui permettra non seulement des transports pour les objectifs économiques qui sont les vôtres mais permettra également le développement du tourisme. J'annonce aussi la construction d'un nouveau quai du port de Leava qui sera engagé très vite et mis en service dès l'année prochaine.
Je sais aussi les conditions de vie particulièrement difficiles à cause de ce qu'est l'enclavement et qui ne doit pas être l'oubli. C'est la raison pour laquelle je veille à ce que Futuna puisse bénéficier de l'arrivée de la téléphonie mobile. Elle se déploie depuis deux mois et se mettra progressivement et définitivement en place dans l'île, à la fin de l'année. De même, un câble sous-marin numérique desservira le territoire pour qu'il puisse y avoir une liaison vers Futuna et que vous puissiez accéder, vous aussi, aux nouvelles technologies.
Enfin, il m'a été signalé un sujet qui m'a profondément interrogé sur ce que vous subissez et sur lequel vous ne pouvez attendre plus longtemps. Il y aura donc un distributeur de billets avant la fin de l'année pour que vous puissiez enfin pouvoir vivre correctement et commercer comme vous le voulez.
Voilà, chers amis d'Alo, le sens de ma présence. Vous témoigner la solidarité de l'Etat les engagements que je prends en son nom et vous dire aussi ma fierté d'être parmi vous. Vous êtes une belle partie de la France. Vous n'êtes pas le plus grand territoire de France, j'en conviens, ni le plus peuplé, mais vous êtes la France. Et vous donnez à la France une partie de ses couleurs, une partie de sa culture, une partie de son rayonnement, et la France ne serait pas la France sans Wallis et Futuna.
C'est vrai que la charge de ma fonction pourrait m'appeler à aller dans des territoires plus peuplés. C'est vrai qu'il y a beaucoup de décisions que je dois prendre mais j'ai considéré qu'il était de mon devoir, de ma responsabilité et de ma reconnaissance de venir ici à Futuna. Sans doute parce que jamais aucun Président de la République ne l'avait fait, mais parce que vous attendiez de la République cette expression de solidarité, cette présence de celui qui décide en votre nom et qui est un des Français parmi vous. Vous Français, pleinement Français, ici dans le Pacifique et qui une fois encore montre combien nous pouvons être Français de multiples façons, et que nous portons tous et toutes le même idéal au service de la même espérance pour notre pays.
Voila pourquoi je suis heureux d'être ici parmi vous, pour remettre également les insignes de chevalier de l'Ordre national du mérite à monsieur Petelo SEA, Tuiagaifo, Roi coutumier d'Alo, et c'est pourquoi j'ai souhaité, à l'occasion de cette visite, manifester ma reconnaissance pour les éminents services que vous avez rendus, Monsieur Petelo SEA à la population d'Alo, à Futuna, depuis tant d'années.
Vous êtes né ici à Ono, en 1944, vous y avez toujours vécu, vous vous y êtes marié, vous avez élevé six enfants, vous avez mené une carrière professionnelle exemplaire, pendant plus de 40 années, en exerçant parallèlement des responsabilités coutumières. Vos qualités humaines, votre expérience, votre sagesse, vous ont valu la reconnaissance et l'appréciation de la population, et de vos pairs. Vous avez été intronisé en tant que Tuiagaifo le 17 janvier 2014. Dans l'exercice de vos hautes fonctions, vous manifestez, en toutes circonstances, votre volonté d'uvrer en étroit partenariat avec l'Etat et le territoire, pour assurer le développement de Futuna. La distinction qui vous est remise manifeste aussi la reconnaissance de la République, aux institutions coutumières dans leur ensemble, auxquelles je sais la population de Futuna profondément attachée.
Tuiagaifo, au nom de la République, je vais maintenant porter cette distinction en vous disant toute la reconnaissance de la République française.
Monsieur Petelo SEA, au nom de la République française, nous vous faisons chevalier de l'Ordre national du mérite.