13 octobre 2015 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur le concours international "L'Olympiade des métiers" et la formation professionnelle des jeunes en France, à Paris le 13 octobre 2015.


Mesdames, Messieurs les ministres,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les représentants ici des partenaires sociaux, des métiers, des régions,
C'est en effet la deuxième fois que je vous reçois puisque les Olympiades ont lieu tous les deux ans. La dernière fois c'était en 2013 et j'avais également tenu à inviter l'Equipe de France qui revenait de son Olympiade.
Voilà une nouvelle promotion, une nouvelle génération, une nouvelle équipe. Elle vient à son tour de concourir à Sao Paulo. La ministre me tenait informé heure par heure du déroulement des compétitions. Vous n'étiez pas moins de 45 filles et garçons à être présents pour cette Olympiade, avec tous les experts techniques que je remercie, c'est-à-dire tous ceux qui vous ont accompagnés, encadrés, conseillés pour que vous puissiez avoir le meilleur résultat.
Comme l'a dit le président, la concurrence était rude. Elle est toujours rude dans tous les domaines et là vous étiez 1 000 concurrents, 53 nations et des pays particulièrement ambitieux, la Chine, la Corée, le Brésil bien sûr qui recevait et vous avez été capables de ramener à la France neuf médailles, deux en or, qui ont été ici saluées, Baptiste GABIOT et Thomas LANDREAU, quatre en argent, trois en bronze, 18 accessits, les médaillons d'excellence.
Ce qui veut dire que deux tiers de la délégation ont été primés, ce qui est un très beau résultat. Je voulais que cette reconnaissance vous soit apportée à travers cette présence ici à l'Elysée. Je reçois à chaque fois toutes les Equipes de France, qu'elles gagnent, le plus souvent, et même quand elles perdent, mais c'est vrai que lorsqu'il y a des médailles, lorsqu'il y a des finales remportées, je fais en sorte, avec le ministre de la Jeunesse et des Sports, de les recevoir.
Aujourd'hui, vous avez plusieurs ministres. Puisqu'il y a la compétition sportive, donc le ministre de la Jeunesse et des Sports, car vous avez participé en fait à une compétition sportive, ce qui explique d'ailleurs votre stage à l'INSEP, vos encadrants, vos coaches, des qui vous ont préparés aussi à cette épreuve, il en faut.
Il y a la ministre du Travail parce qu'ici vous préparez des métiers. Vous avez cette volonté d'assurer le savoir-faire, sa transmission, sa qualité. Et puis la ministre du Commerce et de l'Artisanat, des entreprises, parce qu'il ne suffit pas d'avoir un métier, il faut aussi avoir un emploi. Il est très important que les entreprises ici présentes se soient également investies pour que vous puissiez donner le meilleur de ce que vous avez reçu comme formation, ce qui est votre talent et demain sera votre activité.
Vous avez donc eu un entrainement très poussé. Vous avez eu une formation très élevée. Vous avez ensuite participé à la compétition dans un certain nombre de secteurs, qui représentent toute la richesse de notre économie, le BTP, l'industrie, l'automobile, la cuisine, la plomberie, la bijouterie, la maintenance, la coiffure, ai-je compris, les nouvelles technologies, la pâtisserie, le végétal, bref tout ce qui fait la richesse de nos métiers, de nos services, de notre industrie, de notre artisanat.
Vous avez participé à de nombreuses sélections pour arriver là où vous avez été, c'est-à-dire aux Olympiades, sélection régionale, sélection nationale à Strasbourg. Vous êtes jeunes - ça ne durera pas !- 23 ans en moyenne, quelquefois un peu moins, quelquefois un peu plus. Vous avez pour certains déjà un diplôme, d'autres sont en formation. Il y en a même qui ont déjà un emploi. Vous êtes une Equipe de France qui doit montrer l'exemple. Montrer l'exemple de la réussite, montrer l'exemple d'un parcours, montrer l'exemple d'un effort, d'un travail pour que d'autres jeunes puissent vous suivre et se dire que c'est possible.
Tout à l'heure le président disait que l'on a parfois du mal à convaincre des parents ou des jeunes de conduire ce type de parcours et de formations et en réalité vous montrez exactement le contraire. C'est que vous avez été capables, vous, à travers une orientation d'arriver à l'excellence.
C'est très important et c'est pour cela que je vous reçois, pour que l'on puisse avoir la visibilité la plus grande de votre travail, de votre réussite, pour que d'autres générations puissent vous suivre. Vous-mêmes, vous avez un devoir d'être d'une certaine façon des ambassadeurs, de dire ce que vous avez fait, d'expliquer auprès de vous comment vous avez réussi à aller jusque là et qu'elle a été finalement la satisfaction de votre famille, de vos proches, de vos encadrants de vous voir aller jusqu'à Sao Paulo pour une Olympiade.
Vous êtes pour beaucoup, pour l'essentiel d'ailleurs, des jeunes qui ont suivi un parcours dit d'alternance. Nous sommes très attentifs au niveau du gouvernement à promouvoir l'alternance. L'alternance, ça veut dire quoi ? Ca veut dire une formation avec des cours qui sont dispensés. Cela veut dire aussi des stages, une expérience professionnelle, très tôt reçue pour être au mieux promu, et puis ensuite cela veut dire être capable d'aller de la formation au métier, du métier à l'enseignement. En ayant fait ce choix, vous montrez que l'apprentissage peut être une filière d'excellence.
Le gouvernement a décidé de développer et de valoriser l'apprentissage. Il a pris des mesures fiscales, des mesures d'allégement de cotisations sociales, des mesures de simplification administrative, qui font que par exemple un employeur qui prend un apprenti mineur, n'a aucune dépense à assurer, sans que d'ailleurs les droits de l'apprenti soient en quoi que ce soit en régression puisqu'il pourra avoir une rémunération et une couverture sociale.
Il est très important que nous puissions diffuser ce type de mesures, et la meilleure preuve, c'est que nous souhaitons avoir un objectif de 500.000 apprentis en 2017 et que nous commençons à avoir des premiers résultats. Il a fallu d'abord que l'Etat montre l'exemple, et ce n'est pas si simple : l'Etat doit recruter des apprentis, car beaucoup de ses métiers qui peuvent correspondre justement aux filières que vous représentez. L'objectif est de10.000 apprentis Nous avons aussi la volonté de convaincre des entreprises de verser leur taxe d'apprentissage aux centres de formation d'apprentis, aux lycées professionnels, pour que l'on puisse avoir ces formations en alternance.
La rentrée 2015 est encourageante, puisque, il y a une hausse des entrées en apprentissage. La campagne a démarré en juin, et elle connaît son meilleur résultat depuis quatre ans. Je veux en féliciter tous ceux qui y ont contribué. Le gouvernement, les employeurs, les secteurs professionnels, parce que c'est très important que nous puissions avoir une augmentation de 6,5 % pour la rentrée du nombre d'apprentis pour le seul secteur privé. Nous allons poursuivre cet effort, puisque grâce à vous, grâce à votre exemple, les Olympiades, on va pouvoir multiplier les salons d'orientation, multiplier également les rencontres avec les jeunes, et vous pourrez ainsi favoriser ce qui est un objectif national, augmenter le nombre d'apprentis.
Il y a des jeunes qui, hélas, ne sont pas toujours orientés comme il faut. Un peu plus de 100.000 sortent du système scolaire sans aucune qualification, sans aucune formation. Alors nous devons faire en sorte de les rattraper. C'est ce que nous faisons avec la Garantie Jeunes, qui marche bien, et qui permet à des jeunes de retrouver une formation et des stages dans les entreprises. Il y a aussi des emplois d'avenir, on va en signer 100 000 d'ici la fin 2015, et c'est très bien ainsi. Nous devons également favoriser la promotion de l'emploi partout à travers cette conviction que la reprise économique étant là, il faut que l'investissement reparte, lui aussi, et que nous ayons des embauches.
C'est vrai que nous avions beaucoup investi aussi au sens moral, même un peu financier, pour que vous puissiez avoir les Olympiades, et que nous puissions avoir les Olympiades à Paris. Alors nous avons plusieurs Olympiades, que nous poursuivons, comme objectif, notamment les Jeux Olympiques en 2024. Nous n'avons pas réussi, mais enfin, c'est partie remise, on pourra toujours revenir dans la compétition. Ce sont les Russes qui l'ont emporté : il ne faut pas que cela vous décourage, parce que ça a été une formidable mobilisation.
Nous avons fait tout ce que nous avons pu, les uns et les autres, pour nous déployer, on a même reçu ici tous ceux qui étaient supposés voter, mais ils ont été finalement insensibles à tous ces égards, montrant peut-être là leur indépendance. Mais nous avons réussi, grâce à cette mobilisation, à engager des régions, engager des secteurs professionnels dans cette perspective, et cela a donné un formidable élan, et a fait connaître aussi les Olympiades. C'est très important qu'on connaisse les Olympiades, qu'on sache ce que cela peut représenter.
Vous, les jeunes, toute votre vie, vous vous souviendrez que vous avez été à Sao Paulo pour concourir, vous aurez cette médaille, que vous montrerez à vos enfants, à vos petits-enfants, et j'espère que vous la conserverez bien, parce que ce sera un honneur pour vous, et pour beaucoup je l'ai dit une façon aussi d'avoir un diplôme qui va bien au-delà de ce qu'est un papier. Il représente un engagement, une qualification, un savoir-faire. Parce que vous avez réussi une forme de chef d'uvre, autrefois on parlait de cela pour les compagnons, c'est exactement ce que vous avez fait.
On doit transmettre, transmettre ses savoir-faire. Les savoir-faire, ils changent aussi, tout à l'heure, on remettait une médaille exceptionnelle, médaille de la Nation pour le Web design, cela change donc. Avec les nouvelles technologies, il faut savoir s'adapter. C'est votre rôle que de pouvoir anticiper, et de pouvoir allier le meilleur de la qualité professionnelle, du travail humain avec les machines d'aujourd'hui ou de demain.
Voilà pourquoi c'est très important qu'on ait cette mobilisation, et si nous n'avons pas gagné les Olympiades, vous, vous avez gagné des médailles, ce qui est déjà important. Alors le défi que je vous lance pour vous ou pour d'autres qui viendront en 2019, c'est, en Russie, de gagner toutes les médailles, ce sera la meilleure revanche à prendre.
Bonne chance. Bon courage. Et toutes mes félicitations. Et aussi, vive le travail, parce que c'est le travail qui est aujourd'hui honoré. Merci.