15 juillet 2015 - Seul le prononcé fait foi
Interview de MM. François Hollande, Président de la République, et Enrique Pena Nieto, président des Etats-Unis du Mexique, sur les relations franco-mexicaines, à Marseille le 15 juillet 2015.
LE PRESIDENT : C'est un plaisir d'accueillir le Président mexicain, ici, à Marseille. Il a d'abord visité une très belle usine, EUROCOPTER Marignane, qui témoigne de l'excellence industrielle française et aussi de la coopération que nous avons pu nouer avec le Mexique. Il y a en effet des hélicoptères, il y a aussi des fabrications qui sont au Mexique et que j'avais visitées, qui montrent que nous pouvons promouvoir l'emploi, et en France, et au Mexique, à travers ces appareils.
Nous sommes ensuite allés voir l'un des plus beaux sites de France, les Calanques, ce parc national qui permet, à côté de Marseille, de montrer la biodiversité et aussi la protection de notre environnement, dans la perspective de la conférence sur le climat. Je remercie encore le Président PEÑA NIETO de nous avoir soutenus pour la réussite de ce grand rendez-vous de la planète avec elle-même.
Nous sommes allés sur un splendide voilier de la marine mexicaine qui est pour quelques jours sur le port de Marseille et qui a été d'ailleurs visité par de nombreux Marseillais. Nous allons ensuite aller au MUCEM, splendide musée de la Méditerranée qui témoigne aussi de l'ouverture des cultures. Justement la culture c'est aussi ce que nous avons en partage avec le Mexique.
C'est donc une très belle visite d'Etat que le Président mexicain nous offre en venant ici. Je le recevrai demain encore à Paris. Il était sur les Champs-Elysées, avec moi, pour le défilé militaire, où des Mexicains ont également été présents et ont émerveillé tous les spectateurs et les téléspectateurs.
Une visite concentrée donc sur l'économie, l'emploi, mais également sur la culture et la coopération militaire. Pour toutes ces raisons, c'était une très belle visite, ici, à Marseille, dont je rappelle que c'est une cité qui a été fondée par les Grecs.
Enrique PENA NIETO, Président du Mexique : C'est un grand moment que la France et le Mexique traversent. Je peux vous faire le témoignage ici de notre reconnaissance envers le Président HOLLANDE. Il a été le grand moteur de cette rencontre, nouvelle rencontre entre la France et le Mexique.
C'est une preuve que nous avons maintenant un nouvel espace. C'est le sens justement des nouveaux accords que nous avons déjà commencé à signer, que nous signerons encore demain, des accords nombreux de coopération dans les domaines de l'éducation, de l'économie, de la santé, de la science et de la technologie également. Nous avons pour but de faire un chemin ensemble vers la prospérité de nos deux sociétés.
Je veux dire quelque chose d'autre. Le Mexique est très reconnaissant au Président François HOLLANDE, qui a pris l'initiative de faire en sorte qu'à la COP 21, à la fin de cette année, on aboutisse à un accord vraiment contraignant pour toutes les parties. Le Mexique est tout à fait d'accord avec cette démarche et nous accompagnerons la France là-dessus. Nous voulons travailler ensemble avec la France pour un monde meilleur.
JOURNALISTE : Le Mexique, comme le monde, regarde la Grèce. Il y aura un vote au Parlement français. Il y a un autre vote très important ce soir, au Parlement grec. Est-ce que vous êtes confiant pour la suite ?
LE PRESIDENT : J'ai voulu que l'accord qui avait été signé par l'ensemble des pays européens puisse être soumis au Parlement français, l'Assemblée nationale comme le Sénat. Je me réjouis qu'il y ait eu une très forte majorité pour adopter ce texte. Non pas parce que nous avions besoin de le faire, mais parce que nous voulions envoyer un signe avant que le Parlement grec lui-même n'ait à se prononcer. Parce que c'est le vote du Parlement grec qui va être essentiel.
Les Grecs veulent-t-ils rester dans la zone euro, comme ils l'ont dit ? Veulent-t-ils s'engager dans un processus qui va bien sûr leur permettre de recevoir beaucoup de soutien, de prêts venant de l'Europe et aussi un rééchelonnement de leur dette j'y tenais particulièrement mais aussi de faire des réformes ? C'était la condition. Je sais qu'elle est dure à justifier pour Alexis TSIPRAS qui sait que son peuple a déjà beaucoup souffert.
C'est donc un choix qui va honorer les Grecs et qui va nous engager. Si les Grecs en décident, il y aura ce programme et nous devons être aux côtés des Grecs. En même temps, nous devons faire en sorte que cette zone euro, ce qui nous appartient, cette monnaie unique, puisse être protégée. C'est ce que je veux, c'est l'intérêt de la France, c'est l'intérêt de l'Europe et le monde aussi nous regarde, vous avez raison. Les Etats-Unis, la Chine, le Mexique nous disent que cette monnaie unique, qui est une aventure exceptionnelle, qui va donner une force, qui donne une force à l'Europe, doit être préservée dans l'intérêt du monde. Nous le ferons.