3 février 2015 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en l'honneur de l'équipe de France championne du monde de handball, à Paris le 3 février 2015.


Messieurs les ministres,
Monsieur le Président du Comité national olympique, cher Denis MASSEGLIA,
Monsieur le Président de la Fédération française de handball, je crois que c'est bien vous, cher Joël DELPLANQUE,
Monsieur le Directeur technique national, Philippe BANA,
Cher Claude ONESTA,
Messieurs les Champions du monde,
C'est rare d'avoir des champions du monde à l'Elysée. On peut avoir des champions de France, des champions d'Europe mais des champions du monde, c'est exceptionnel, surtout quand cela fait 20 ans que se succèdent les champions du monde et qui sont la plupart du temps français en handball.
Jamais aucune équipe de handball n'avait accroché cinq étoiles à son maillot, jamais. Je voulais rappeler que cela fait 20 ans que ça dure. Cela doit être énervant pour les autres. Je veux avoir une pensée pour eux, pour ceux qui à un moment disent qu'ils vont rencontrer l'équipe de France dans une grande compétition, que ce soit une compétition européenne, compétition Olympique ou un championnat du monde.
Ca les motive, puisque pour ces équipes-là, c'est toujours en finale que l'on tombe contre l'équipe de France. Mais ce n'est jamais la victoire pour l'instant parce qu'il faut aussi penser qu'il n'y a pas que des victoires. D'ailleurs dans votre parcours depuis 20 ans, il n'y a pas eu que des victoires même s'il y a eu des victoires exceptionnelles.
C'est vrai, comme l'a dit le président, pourquoi c'est toujours vous ? Comment vous faites ? Quelle est l'explication ? L'explication, c'est le talent, il y en a. C'est le savoir-faire, c'est l'expérience sûrement, c'est l'enthousiasme mais c'est ce qui ne fait pas forcément toujours la différence. On peut avoir le plus grand talent et ne pas gagner. On peut avoir de l'enthousiasme et pas d'expérience, l'expérience mais pas l'enthousiasme. A un moment, il faut une qualité de plus qui s'ajoute à toutes les autres : c'est l'unité, c'est le collectif, c'est le rassemblement, c'est cette capacité de penser qu'ensemble on est plus fort que séparément.
C'est ce que vous avez su créer de génération en génération avec une grande continuité puisque l'un de vous, Kentin MAHE, son père, Pascal, était déjà champion du monde, comme si cela se transmettait de génération en génération. C'est un symbole dans ce sacre qui vous a été donné au Qatar, c'est cette incroyable solidarité entre vous et entre les générations, avec des anciens, qui inspirent les plus jeunes et les jeunes qui respectent et qui perpétuent.
Je pourrais parler de plusieurs d'entre vous comme pour les distinguer mais pourquoi devrais-je les distinguer ? C'est vrai, il y a les neuf médailles de Jérôme FERNANDEZ, votre capitaine, qui est très vieux puisqu'il a 37 ans. C'est terrible d'avoir 37 ans ! Cela doit être dur à vivre 37 ans, qui a résisté à tout et qui à mon avis résistera encore à bien des années ! Il y a Thierry OMEYER, votre gardien, que l'on qualifie de « muraille infranchissable ».
C'est très important d'avoir un gardien, que ce soit un gardien des institutions ou un gardien de but. C'est important d'avoir un gardien. Je pourrais aussi comme le fait le public saluer le talent de Nikola KARABATIC et puis de Daniel NARCISSE. Je pourrais également saluer la confirmation de Valentin PORTE, l'assurance de Michaël GUIGOU et puis vous dire à chacun d'entre vous ce que votre talent représente. Mais en fait, ce qui fait votre force, c'est votre collectif.
C'est pour ça que vous avez trouvé des surnoms. On vous a trouvé des surnoms. On ne les choisit jamais soi-même, ce sont toujours les autres qui inventent. On est d'ailleurs surpris. Vous avez été « bronzés » dans un premier temps, puis maintenant, vous êtes des « experts ».
C'est bien d'être un expert ! Mais les experts sont souvent ceux qui donnent des conseils. Des experts, il y en a plein. Vous, vous êtes des experts gagnants. Vous devriez rajouter ce mot, experts gagnants, parce que c'est ce qui fait que votre science devient un art et une victoire.
Il y a aussi un encadrement avec une impressionnante régularité : deux entraîneurs en 20 ans, deux présidents seulement, le même DTN depuis 15 ans. C'est peut-être ça le secret de votre réussite, la longévité. Vous auriez eu donc tellement de raisons de vous habituer à la victoire, tellement de raisons de céder à la facilité, tellement de raisons de vous diviser. Et pourtant, vous êtes toujours restés unis parce qu'il y a eu des coups durs, des polémiques, des commentaires. Vous ne vous êtes jamais séparés les uns des autres. On ne gagne que lorsqu'on est uni, on n'avance jamais quand on est dispersé.
Il y a l'entraîneur. Ce n'est pas lui qui fait tout parce qu'il faut des joueurs mais il en fait beaucoup. Il n'en fait jamais trop contrairement à ce qu'on dit. On a beaucoup écrit sur votre caractère, cher Claude ONESTA, mais moi, je vous connais un peu, suffisamment. Vous aimez la France et vous lui ressemblez parce que vous revendiquez toujours votre liberté. Vous ne voulez jamais vous mettre totalement dans les règles même si vous les respectez. C'est cette liberté-là qui fait aussi votre force, avec une fermeté parce que lorsqu'il s'agit d'aller vers la compétition, vous êtes ferme dans vos convictions.
Vous défendez tous ensemble, avec votre entraîneur, avec votre encadrement, des belles valeurs, les valeurs de notre République, en mettant en lumière ce que le sport peut leur apporter parce que c'est aussi la responsabilité du sport. Le sport, ce n'est pas qu'une compétition. Le sport, ce n'est pas qu'une coupe que l'on peut rapporter. Le sport, c'est un exemple.
Tout à l'heure, vous l'avez très bien dit, Monsieur le Président, les étoiles, ce sont de jeunes Français qui en ont plein les yeux et qui voudront vous imiter, qui voudront vous suivre, qui voudront vous prendre pour exemple. Ce qui fait que c'est une responsabilité sur vous, être un exemple, être un modèle. Ce n'est pas facile ! Vous êtes d'abord des joueurs ! Et pourtant, le sport a cette obligation.
Je voulais aussi vous remercier. Vous avez donné de la fierté à notre pays au moment où il a traversé des épreuves, où il a souffert, où il a douté. En même temps, il a été capable de se lever pour dire son attachement à la liberté, à nos valeurs, pour exprimer une fierté d'être ensemble. Votre succès est venu s'ajouter à cette reconnaissance de ce que pouvait faire la France et je voulais vous en remercier.
Dans deux ans, c'est ici, chez nous, que vous allez défendre le titre. Là encore, ça vous fait une responsabilité de plus parce que le public français est forcément le plus exigeant alors qu'au Qatar, vous n'aviez que des partisans. Vous allez venir après que l'on ait organisé, Messieurs les ministres, l'Euro de basket cette année, l'Euro de foot l'an prochain. Ce sera donc en 2017 le Mondial de hand. D'ici là, il y aura eu le Championnat d'Europe, les Jeux Olympiques de Rio en attendant d'autres Jeux olympiques.
Autant dire que votre histoire, votre belle histoire, votre grande histoire, votre histoire qui n'a que 20 ans, continue. Je vous souhaite de porter votre maillot avec les cinq étoiles et puis de rêver vous aussi à d'autres étoiles que vous pourrez accrocher. Suivez bien l'étoile que vous vous êtes fixée, c'est l'étoile de la victoire.
Merci.