22 mai 2014 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations entre la France et la Serbie, à Paris le 22 mai 2014.

LE PRESIDENT
« Mesdames, Messieurs,
Je voulais d'abord vous dire tout le plaisir qui était le mien de recevoir le Président de la République serbe. Mais ce plaisir est forcément entamé par le drame que vit la Serbie pas seulement la Serbie mais surtout la Serbie après les inondations qui se sont produites. Elles ont d'abord causé des pertes de vies 27 au moment où nous parlons et également des dégâts considérables à l'origine d'un désordre économique qui perturbe très gravement la vie du peuple serbe.
J'ai dit au Président que la France s'était portée au secours dans l'urgence. Des pompiers se sont rendus sur place, du matériel a été envoyé et une coopération humanitaire a aussi pu être diligentée.
Je lui ai dit aussi que la France était disponible pour organiser une conférence donateurs pour la Serbie et pour la Bosnie, qui ont été particulièrement frappées par les inondations. Cette conférence pourrait mobiliser, au-delà des fonds qui existent déjà aujourd'hui au plan européen, tous les concours, pour que, une fois les évaluations faites par les pays concernés, il puisse y avoir les interventions pour le financement de projets.
La Serbie doit pouvoir aussi retrouver rapidement des ressources je pense à l'approvisionnement en eau potable, en énergie. Elle doit également pouvoir faire en sorte que son économie non seulement n'ait pas trop à souffrir de ce qui s'est produit, mais puisse saisir ce drame pour une opportunité pour des investissements nouveaux.
La solidarité du peuple français à l'égard du peuple serbe est totale car il y a un lien historique culturel, humain, qui existe entre nos deux pays. Il ne remonte pas à la Première Guerre mondiale mais il va néanmoins être rappelé à l'occasion du Centenaire puisque la Serbie a été, avec la France, partie prenante de ce conflit et que nous avons eu, durant cette guerre, à participer à des opérations communes. Chacun se souvient de l'armée d'Orient et ce qu'elle a pu faire avec les soldats serbes.
Pour tenir compte de ce qu'a été l'Histoire et pour rappeler aussi le lien qui nous unit, nous avons souhaité que la Serbie puisse être représentée à l'occasion du 14 juillet prochain. Il y aura des jeunes serbes qui défileront avec le souvenir, bien sûr, des générations précédentes £ mais surtout avec l'envie commune de préparer l'avenir, d'engager l'avenir.
L'avenir de la Serbie est européen. La Serbie est candidate à l'adhésion. Il y a des procédures qui sont en cours. Chacun sait qu'elles sont particulièrement éprouvantes, puisqu'elles portent sur l'économie et les conditions politiques. La Serbie, dans le cadre des Balkans, doit avoir toutes les garanties de l'Etat de droit et du respect de la paix que nous partageons. Mais nous considérons que ces négociations doivent s'ouvrir dans un esprit qui permette la réconciliation et la paix dans cette région.
Enfin, nous avons des relations économiques entre nos deux pays et nous voulons encore les approfondir et les élargir. Il y a déjà des entreprises françaises, plus de 80, qui sont présentes en Serbie. Nous souhaitons qu'il y en ait encore davantage. Il y a de grands projets. Je pense à ce que fait Michelin en Serbie. Il y a le métro de Belgrade Nous avons, bien sûr, évoqué ces questions.
Enfin, nous avons une coopération culturelle, scientifique, linguistique autour de la francophonie. La Serbie est un pays observateur de l'Organisation internationale de la francophonie. Elle fait en sorte de développer la langue française dans les jeunes générations.
Voilà l'esprit. Un esprit de responsabilité, parce qu'il y a, dans cette région, encore trop de situations qui ne sont pas réglées. Nous pensons à la Bosnie-Herzégovine, au Kosovo ... Un esprit de solidarité aussi avec ce que vit la Serbie en ce moment. La France doit être à ses côtés. Enfin, un esprit de volonté, parce que nous voulons que la Serbie puisse rejoindre non pas simplement l'Union européenne mais l'esprit européen.
Voilà le sens de cette visite qui, je dois le dire pour ce qui me concerne, a été particulièrement émouvante, puisqu'il y avait toutes les raisons qui pouvaient justifier, de la part du Président NIKOLIC, le fait de ne pas être à Paris aujourd'hui. Tant d'urgences l'appellent dans son pays ! Il est venu et c'est un signe d'amitié que nous n'oublierons pas et, en même temps, qu'il sache bien que la solidarité de la France lui est acquise. »
TOMISLAV NIKOLIC
« Merci Monsieur le Président.
Mesdames et Messieurs,
Je remercie le Président français de son invitation, de son accueil, de son hospitalité, de son entretien très ouvert, très accueillant et compatissant pour tout ce que la Serbie a vécu la semaine dernière. La France a offert son aide pour sauver nos vies. Elle a accepté de mener une initiative pour réunir les pays du monde entier pour rassembler de l'aide pour tous les pays menacés, affectés par ces inondations.
Entre nous, il serait bien de tomber d'accord sur : comment distribuer, quel pourcentage, quelles proportions de l'aide A qui faire appel sinon à la France ? Nos ancêtres le faisaient avant nous. Lorsque la Serbie a connu des moments difficiles, il y avait la France, toujours ! La vie passe et apporte de nouveaux problèmes, de nouveaux défis Mais le peuple qui oublie ses amitiés ne mérite pas d'exister. Nous ne pouvons pas oublier, nous ne voulons pas oublier.
Nous oublions les inamitiés pas l'amitié. C'est pourquoi, Monsieur le Président, votre souhait de voir la Serbie dans l'Union européenne, c'est le souhait de la Serbie. Nos efforts pour remplir les conditions ne seront que plus forts.
En ce moment même, c'est le grand espoir de la Serbie qu'une partie des dégâts puisse être réparée grâce au fait qu'elle a décidé d'adhérer à la grande famille européenne.
L'Europe, bien évidemment, n'est pas complète sans les Balkans £ et les Balkans sans Serbie non plus. Maintenant on voit, Monsieur le Président, combien vous aviez raison lorsque vous étiez le premier partenaire des pays de l'ex-Yougoslavie dans le processus que l'on appelle « Brdo ».
La première aide est venue de Slovénie lors de cette tragédie, de la Macédoine, de la Bulgarie Avec la Croatie, on était sans cesse en contact pour voir comment franchir les obstacles. Je suis désolé de voir en Bosnie-Herzégovine moins de dommages matériels mais plus de victimes. Ceci peut servir d'enseignement, pour le système, pour l'organisation, pour sauver un Etat
Nous avons connu de gros défis. On dit 100 ans, on dit 1000 ans J'ai peur que le climat dans le monde change drastiquement et que les défis soient de plus en plus durs. C'est pourquoi il est nécessaire d'être solidaires.
Nous avons parlé, non seulement de la tragédie que la Serbie a vécue, mais aussi de la coopération économique, de l'aide de la France à la Serbie pour notre chemin vers l'Union européenne, de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, où nous avons forgé une amitié qui a été ensuite renforcée.
C'est en France que des générations d'élèves ont fait leurs études. J'ai dit au Président : « aujourd'hui le professeur n'était pas éminence, il n'a pas fait ses études à la Sorbonne ». Notre culture est élevée, notre art aussi grâce à la France.
Monsieur le Président, cette année, veuillez bien visiter la Serbie pour que nous déposions ensemble des gerbes sur le monument de la reconnaissance du peuple serbe au peuple français. Je crois que nous, en tant que responsables de l'Etat, qui écoutons des conseils, nous le méritons. On doit aider tout un chacun qui veut quelque chose de bien.
Il nous manque beaucoup de choses. Nous ne pouvons pas tout faire avec l'aide et les dons. Nous devons supporter nous-mêmes les trois quarts. En cas de problème, chaque signe de solidarité, chaque signe d'aide, c'est un signal pour l'éternité.
Je ne vous souhaite rien de tout cela, mais je vous dis que la Serbie peut vous servir dans une telle situation. Nous serons en contact permanent. La Serbie ne prie pas, n'insiste pas pour savoir si elle a un droit ou non. C'est le temps de la solidarité et non pas des prières. Je vous remercie. »